Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 06:37

   Durant les dimanches d’été, je m’efforce de vous faire connaître quelques saints qui jalonnent le calendrier. Aujourd’hui, comme je vais m’absenter bientôt pour prendre du repos, je fais un saut dans le calendrier pour vous parler de Saint Laurent Justinien. Sa vie est absolument remplie de traits extraordinaires résultant de son tempérament extrêmement heureux et porté à la plus exquise humilité, résultant aussi d’une très admirable sainteté qui s’appuyait sur une mortification hors pair.

   Il naquit à Venise en l’année 1381. Sa famille, les Justiniani, semblerait être descendante du très célèbre empereur de Constantinople Justinien qui, s’il eut des faiblesses de par son autoritarisme, fut un chrétien des plus sérieux et a laissé dans le monde deux principaux monuments, l’un de son génie d’empereur chrétien, le Code Justinien, l’autre de son sens de la magnificence dans l’art chrétien : la basilique Ste Sophie de Constantinople.

   Sa mère, restée veuve à 24 ans avec 5 enfants, avait quelque appréhension de voir son enfant si jeune, donner en même temps des marques de maturité, ce qui, pensait-elle, dégénèrerait un jour en orgueil. Aussi le grondait-elle souvent, mais pour s’entendre répondre par son petit Laurent qu’il chercherait à mieux faire et d’ailleurs, avait-il un jour ajouté « Ne craignez pas, maman, vous me verrez quelque jour serviteur de Dieu. » C’était une véritable prophétie. D’ailleurs la vie de notre saint fourmille de ces annonces qui toujours se réalisèrent à la lettre.

   Avec l’équilibre spirituel qui le caractérisait, Laurent, quand il eut atteint l’âge de fixer définitivement sa vie, ne voulut rien entreprendre mal à propos. Il mit en balance d’une part les biens de la fortune, l’avenir matrimonial, les honneurs, tout ce que sa naissance pouvait lui faire espérer dans le monde et du monde ; et d’autre part les jeûnes, les veilles, les soumissions et autres rigueurs de la vie pénitente à laquelle il s’était habitué depuis son enfance. C’est alors que se tournant vers une image de Jésus en Croix il dit ces paroles « Seigneur, vous êtes mon espérance ; c’est là que vous m’avez trouvé un asile assuré ».

   Il alla donc frapper à la porte du monastère St Georges où se trouvait un de ses oncles, et il prit rang parmi les religieux. « Il ne fit pas à demi ce sacrifice, mais tout de bon, se prescrivant dès lors une rigueur de vie qu’il a toujours observé jusqu’à la fin ».

En voilà une petite énumération de ces renoncements dans lesquels le monde voit une douce folie :

Renoncer à s’approcher du feu quand il faisait froid, s’abstenir de boire quand il faisait chaud, disant alors à ses frères en religion « comment supporterons-nous les flammes du purgatoire, si nous n’endurons pas d’être altéré ? », recevoir sans protester les fausses accusations, accepter le mépris de ceux qui l’avaient honoré, quand il s’en allait quêter dans la ville.

   Sa patience était admirable : souffrant des écrouelles (humeurs froides) qui lui rongeaient le cou, il se laissait trancher et brûler les excroissances sans manifester de plaintes. Un jour que, devenu plus vieux, le chirurgien hésitait à le soumettre à son traitement barbare, le saint lui dit « Coupez hardiment. Votre rasoir n’égalera pas les lames ardentes qu’on appliquait sur les membres des saints martyrs »

Mais St Laurent montrerait surtout sa haute vertu dans une charge que par 3 fois il avait refusée. Le pape Eugène IV le nomma évêque de Venise : il était alors âgé de 51 ans. Pour autant il n’allait rien retrancher de sa façon de vivre : aliments les plus communs - un lit des plus durs - une cour des plus réduite : deux religieux, l’un avec lequel il récitait son office - l’autre qui lui servait de vicaire général. Son premier soin était celui des pauvres, mais prêtre et évêque, il tenait à la bonne organisation de l’Eglise : réformant son clergé - augmentant le nombre de ceux qui seraient astreints à célébrer dignement le culte - développant les maisons religieuses - jugeant avec une grâce particulière, comme c’était alors le cas, les différends qui étaient portés à son tribunal.

N’allons pas croire que pour autant il n’eut que des admirateurs : la rage s’emploie à discréditer les saints. Quand on se plaignait devant lui d’affaires où ses ennemis cherchaient à le discréditer, il se contentait d’affirmer : « Ne vous affligez pas, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui es plus intéressé que moi dans cette affaire, aura soin de son honneur »

Le Pape aurait bien voulu en faire son conseiller. Pour la renommée de la ville de Venise (du moins c’est ce que fit ressortir St Laurent au doge et à toute la république) le successeur d’Eugène IV, Nicolas V érigea l’évêché en patriarcat.

On cite beaucoup de maximes de St Laurent Justinien, je vous en fais connaître deux : « La vraie science a deux parties : l’une de savoir que Dieu est toutes choses et l’autre que l’homme n’est rien »

« La charge d’un évêque est plus difficile à remplir que celle d’un général d’armée »

C’est en la fête de Noël 1454 que le serviteur de Dieu souhaita jouir de la divine présence de Jésus qui déjà s’était plusieurs fois manifesté à lui. Il fut pris d’une violente fièvre qui le réduit à la dernière extrémité. Il refusa d’avoir un lit plus commode que celui qui lui servait habituellement prétextant que « Mon Seigneur Jésus-Christ n’est pas mort couché sur la plume »

Digne par ses pointes d’humour de son grand saint Patron, le diacre Laurent, il allait dire encore à ceux qui l’assistaient « Mes enfants, jusqu’aujourd’hui ce n’a été que jeu, mais maintenant c’est tout de bon ; l’Epoux approche, il faut aller au-devant de lui » Et levant les yeux au ciel il dit amoureusement : « Je viens à vous, ô bon Jésus ». C’était le 8 janvier de l’an 1455, il avait 74 ans. On fixa sa fête à la date de son élévation à l’épiscopat, le 5 septembre. Amen

Partager cet article
Repost0
6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 06:58

   Le protestantisme venait d’étaler à travers l’Europe ses dévastations de toutes sortes. La situation était des plus noires. Le concile de Trente n’avait pas encore été convoqué et le grand Saint Pie V était un jeune homme de vingt ans quand Saint Gaëtan vit approuvé par le Pape Clément VII un institut original qu’il venait de fonder.

   Gaëtan de la noble famille de Thienne naquit à Vicence en 1480. Sa mère le consacra à la Vierge Marie dès avant sa naissance. Il fut remarquable, tout petit enfant, pour son amour des pauvres : il avait mille tours pour se procurer l’argent nécessaire à faire ses aumônes. Ordonné prêtre, il n’eut rien de plus pressé que de fonder des hôpitaux pour ses chers pauvres et il servait de ses mains les malades les plus atteints. Il en fut récompensé un jour de Noël où Notre-Dame lui apparut et lui remit l’Enfant-Jésus entre ses bras.

 Cependant une autre préoccupation accaparait l’esprit de Gaëtan. Le peuple fidèle était laissé lui aussi dans un lamentable état de pauvreté spirituelle. Ses prêtres étaient tombés dans un état de dégradation telle que l’ordre ecclésiastique paraissait ‘misérablement défiguré’. Gaëtan imagina de fonder un ordre religieux original. Jusqu’à présent on avait connu des moines vivant dans des monastères, à l’abri du monde. St François d’Assise avait lancé d’autres moines dans le monde, les faisant prêcher et mendier : le mouvement avait pris de l’ampleur.

   Saint Gaëtan pensa qu’il fallait introduire un levain régénérateur dans la pâte du clergé déficient. Ses religieux, qui prenaient le nom de « Clercs réguliers » ne différaient pas des autres prêtres ni par leur costume, ni par leur genre de vie. Mais bien formés, tenus par leurs vœux, ils arriveraient comme des soldats éprouvés au milieu de troupes hésitantes. Gaëtan s’ouvrit de son projet à l’évêque de Théate, Pierre Caraffa (le futur Paul IV) et les Clercs réguliers, de ce fait, prirent le nom de Théatins, qu’ils ont gardé.

Les desseins du nouvel institut étaient clairs :

1) donner un modèle de la réforme des clercs

2) faire renaître dans le clergé la parfaite pauvreté des apôtres et des premiers disciples de Notre-Seigneur, car nos Théatins s’engageaient à ne pas même demander l’aumône, attendant de quoi vivre de la charité spontanée des fidèles

3) rétablir la propreté des églises et des autels et la majesté des saintes cérémonies

4) animer les fidèles à la fréquentation des sacrements

5) annoncer la parole de Dieu d’une façon savante et pieuse

6) visiter les malades pour les disposer à recevoir les sacrements

7) accompagner les malfaiteurs au supplice

8) poursuivre partout les hérésies.

Un surnom fut donné à St Gaëtan de son vivant « Venator animarum » le chasseur des âmes. Comment douter qu’il en fut ainsi par ce qu’il avait entrepris personnellement et par ce que son institut devenait capable de faire.

Pour bien connaître notre saint, il faudrait parler aussi de sa vie spirituelle : il était fréquent qu’il priât jusqu’à huit heures de suite, tout baigné de larmes. Il ne ménageait pas son corps qu’il entourait de durs cilices et qu’il flagellait impitoyablement. Il avait la faveur d’extases et de ravissements fréquents.

   Sa grande dévotion allait à la Très Sainte Vierge Marie qu’il joignait toujours à son Fils et quand il prononçait le nom de Jésus il ajoutait, Fils de Marie.

La pauvreté qui avait conquis son cœur demeurait sa compagne et il désirait mourir dans le plus grand dénuement. Lorsque tombé grièvement malade, le médecin venu le visiter voulut le faire coucher sur un matelas : Moi, sur un lit mollet, dit-il, à Dieu ne plaise ; je veux  et je dois mourir sur la cendre : c’est le moins que je puisse faire après que Jésus-Christ est mort sur une croix, percés de clous et d’épines. Il était arrivé au monde consacré à la Vierge, Notre-Dame dans une dernière vision vint chercher l’âme de son dévot enfant. C’était à Naples, le 7 août 1547.

Dieu n’avait pas voulu que son serviteur pût constater ici-bas un véritable relèvement de la Saint Eglise. Le concile de Trente qui avait été assemblé fut transféré à cause de la peste, les désordres avaient continué en de nombreux endroits et il n’y avait presque plus d’apparence qu’ils pussent finir bientôt. Cependant la résurrection était proche. St Gaëtan y avait travaillé grandement.

 Nous ne manquerons pas de prier St Gaëtan de nous aider à travailler, nous aussi, au relèvement de la Sainte Eglise.

Prière pour les prêtres

Réforme de nos mœurs

Vigilance pour ne pas céder à l’esprit et aux modes du monde

Attachement à la Sainte Eucharistie et à son véritable culte, et à son respect traditionnel

Amour de la Sainte Vierge. Amen

Partager cet article
Repost0
30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 07:20

   Alphonse-Marie de Liguori, (le Saint de notre semaine), naquit d’une famille noble de Naples, en 1696. Il est de bon ton, maintenant de se moquer des historiens qui, dans leurs vies de saints, les représentent munis, de toutes les vertus dès leur jeunesse. Pourquoi, au moins, en certains cas, n’en serait-il pas ainsi. On s’extasie devant des enfants dits prodiges par leurs talents innés ! Dieu ne pourrait-il pas, de son côté, prédestiner ses saints par des exemples de vertus peu ordinaires. De fait, St Alphonse donna de bonne heure des marques évidentes d’un choix divin. Enfant, il dédaignait les jeux pour entraîner ses petits camarades à la piété ; jeune homme, il faisait ses délices de la visite des malades dans les hôpitaux et du Seigneur dans ses églises. A ces dispositions d’ordre surnaturel, s’adjoignait une intelligence précoce, et à 16 ans, il était déjà docteur en droit tant ecclésiastique que civil. Devenu avocat, il lui fallut perdre un jour une cause pour renoncer à sa carrière et se décider à entrer dans le clergé. Il fut ordonné prêtre à l’âge de 30 ans. Un premier ministère auprès des montagnards abandonnés allait le déterminer à se vouer à l’apostolat des campagnes. 6 ans après son ordination, il fondait la Congrégation du Très Saint Rédempteur (Rédemptoristes) et parallèlement une congrégation féminine. Il allait appuyer toute sa prédication sur une prise en estime de la prière et de l’oraison qu’il faisait appliquer aux plus simples fidèles…à tel point de succès que le pape Benoît XIV, mis au courant, adressa à l’épiscopat une encyclique dans laquelle il disait « Si l’on ne veut pas voir la désolation régner dans tous les cœurs, il faut enseigner au peuple la prière et la pratique de l’oraison. »

   C’est alors aussi qu’il va commencer à se distinguer comme moraliste. Devant lui, comme St Vincent de Paul plus tôt, il trouve l’hérésie janséniste. Le jansénisme se faisait fort de ramener la société chrétienne à une pureté supérieure, qui devenait en fait irréalisable. Par contre, s’établissait un courant de relâchement qui risquait lui aussi la perte des âmes.

   St Alphonse écrivait « les uns mènent les âmes à leur perte, par le relâchement, les autres par le découragement » des théologiens adoucissant la loi jusqu’à endormir les pécheurs dans le vice, d’autres chargeant les consciences de commandements nouveaux dépassant l’humaine faiblesse.

Il s’appliquera, dans un livre célèbre, la « Theologia moralis » à constituer une vaste encyclopédie de toutes les questions certaines ou controversées : il en traite 4.000, examinant les théories de 8.000 théologiens. Son ouvrage contient 80.000 citations tirées de 800 auteurs. Ces chiffres pour vous donner une idée du travail d’un saint qui avait fait le vœu de ne pas perdre un seul moment de libre !

Ce qui ne l’empêche pas de continuer à prêcher, d’écrire de livres pour défendre les dogmes catholiques, de collationner des méditations, à mettre en lumière dans un autre ouvrage célèbre les « Gloires de Marie » qu’il aime d’une tendre et constante dévotion. On a de lui des ouvrages de vie spirituelle, religieuse et sacerdotale. Il compose des traités de prédications, des cantiques spirituels. Les sermons qu’on a gardés de lui sont fort nombreux ainsi que sa correspondance.

   A l’âge de 66 ans, il est nommé évêque de Ste Agathe des Goths, petit diocèse des environs de Naples. Il y sera 13 ans « réformant son séminaire, faisant une guerre implacable à l’ignorance et au laisser-aller de son clergé, renouvelant les mœurs chrétiennes dans le peuple : tout est mené de front et soutenu par une vie qui surabonde d’austérité pour soi, d’héroïque charité pour le prochain ».

   En 1775, le Pape Pie VI accepte sa démission. Mais il a encore 12 ans à vivre (un saint jésuite, St François de Hiéronymo avait prédit à ses parents, quand il était tout petit, qu’il atteindrait 90 ans). Notre saint désire se retirer au milieu de ses fils rédemptoristes. Là va l’attendre la dernière grande épreuve. Le Pape, trompé par une misérable calomnie, retranche les maisons de la congrégation qui se trouvent dans le Royaume de Naples, il les retranche donc de l’Institut que St Alphonse avait fondé. Son existence est désormais celle d’un proscrit. Dieu achève la purification de cette grande âme et récompense suprême, ses fils séparés se retrouveront près de son lit de mort et referont leur unité autour de son tombeau.

Mort en 1787, dès 1796 sa cause est introduite à Rome. Les choses allèrent relativement vite pour lui : déclaré bienheureux en 1816, canonisé en 1839, il était proclamé docteur de l’Eglise en 1871.

   Que retenir de tout ceci qui est déjà considérable. Puisque St Alphonse s’est tant appliqué à enseigner et à recommander la prière, soyons des âmes de prière : « Mon but principal, écrit-il dans son ouvrage sur ce sujet, a été d’instruire tout le monde de la puissance et de la nécessité de la prière afin que chacun s’y applique avec plus de soin et de zèle s’il désire se sauver ; car s’il y a tant d’âmes malheureuses qui perdent la grâce, continuent de vivre dans le péché et finissent par se damner, c’est parce qu’elles négligent de prier et de recourir à Dieu. Le pis est, je ne puis me lasser de le répéter, que peu de prédicateurs et peu de confesseurs prennent sérieusement à tâche de recommander à leurs auditeurs ou à leurs pénitents l’usage de la prière, sans laquelle il est impossible d’observer les commandements de Dieu et de persévérer dans la grâce. »

   Et puisque cette semaine nous commencerons ce mois où nous fêterons la glorieuse Assomption de Marie, écoutons encore St Alphonse nous dire : « Puisque Marie aime tant son Dieu, il est certain qu’elle ne désire rien tant de ses serviteurs que de les voir aimer Dieu de toutes leurs forces ». Déployons une partie de nos forces dans la prière, comme le fit Notre- Dame. Amen

Partager cet article
Repost0
22 juillet 2018 7 22 /07 /juillet /2018 21:31

   Cette semaine nous admirerons les desseins de Dieu sur Sainte Anne, Mère de la Bienheureuse Vierge Marie. Elle est célèbre et chère au cœur des vrais fidèles  cette bonne grand’mère de Jésus.

Pourtant les documents authentiques manquent qui pourraient nous parler d’elle sans crainte d’erreur !

   Il faut recourir à ces textes dont je vous ai déjà parlé qu’on appelle les évangiles apocryphes. Ces récits ont été ramassés après les 4 évangiles seuls reconnus comme authentiques par l’Eglise. Ils sont parsemés de beaucoup de fantaisies, de naïvetés, de merveilleux à sensation. Cependant, on ne saurait leur dénier toute valeur. Ils ont certainement recueilli des bribes de traditions vénérables…et ils ont eu une influence profonde sur l’art chrétien, notamment au Moyen-âge. Notre époque a oublié ces textes et bien peu de personnes connaissent leur existence, à plus forte raison leur contenu.

   Le nom des parents de Marie a été possédé depuis la plus haute antiquité chrétienne : Joachim et Anne. Ce nom Anne, comme tous les noms hébreux a une signification : il veut dire « grâce ». Et comme la grâce désigne un don de Dieu, on peut aisément comprendre combien ce nom convenait à celle qui nous donnerait la « pleine de grâce ».

D’ailleurs la naissance de Marie, serait elle-même une grâce pour Anne qui était stérile et comme Elisabeth, mère de Jean-Baptiste, avancée en âge.

   Or pour les Juifs, le fait de ne pas avoir d’enfant, revêtait l’allure d’une véritable malédiction. Les textes apocryphes nous représentent donc Joachim se rendant au désert pour y faire pénitence et prier, pendant que Anne pleure à la maison et prie elle aussi. Un ange de Dieu apparaît alors à chacun des époux pour les rassurer et leur promettre une progéniture. Joachim revient vers sa femme, celle-ci va au-devant de son époux et la rencontre a lieu à la Porte Dorée du Temple, celle qui était tournée vers l’Orient. Cette scène  a été reproduite des milliers de fois dans des œuvres de toutes sortes au cours du Moyen-âge (peinture, sculpture, émail, vitrail…

« Ainsi, dit Dom Guéranger, c’est de la chair de Ste Anne que prit un corps celle en qui Dieu prit chair à son tour ; c’est de son lait qu’elle fut nourrie, c’est de sa bouche que tout inondée qu’elle fût directement de la divine lumière, elle reçut les premières et pratiques notions de la vie. Ainsi, elle a créé un tabernacle à Dieu : c’était la devise que portaient, autour de l’image d’Anne instruisant Marie, les jetons de l’ancienne corporation des ébénistes et des menuisiers, qui, regardant la confection des tabernacles de nos églises, où Dieu daigne habiter, comme son œuvre la plus haute, avait pris Sainte Anne pour patronne et modèle auguste ».

   Mais il faut aussi entendre St Jean Damascène s’écrier dans un sermon sur la Nativité de la Sainte Vierge : « Béni soit-il (le Seigneur) lui qui a donné la fécondité à celle qui était stérile, en y ajoutant, don suprême, l’heureuse conception de la Vierge qui fut Mère de Dieu, selon la chair, dont le sein fut véritablement le ciel, puisqu’en lui habita celui qu’aucun espace ne saurait contenir. »

   Parmi toutes les manifestations du culte de Sainte Anne, il ne faut pas manquer de parler de celle qui nous touche de plus près, le pèlerinage d’Auray. C’est pendant les années 1623-1624-1625 au village de Keranna près d’Auray que Ste Anne se montra à Yves Nicolazic et lui fit trouver une statue qui avait été honorée là dans des temps très reculés. Sainte Anne d’Auray allait devenir un grand centre de pèlerinage !

Il y en a d’autres… N’oublions pas que la ville d’Apt, en Provence, s’honore d’avoir reçu en dépôt le saint corps de l’aïeule du Christ.

Nul doute que la France, qui a eu tant de marques de le la prédilection divine, a été gâtée par tous les membres de la divine famille du Seigneur : Jésus lui-même qui fit de notre pays, la Fille Aînée de son Eglise et lui réserva les secrets de son Sacré-Cœur ; la Vierge Marie qui mit si souvent le pied chez nous et qui est notre Reine ; Saint Joseph qui descendit lui aussi en Provence à Cotignac au 17ème siècle ; enfin Sainte Anne.

Cette semaine est comprise en la fête de Sainte Marie-Madeleine et de Saint Marthe : si elles ne faisaient pas partie de la famille de Jésus, elles étaient de ses amis les plus intimes - et toutes deux, avec Lazare, débarquèrent elles aussi en Provence. Quelle suite de prévenances !

 Prions cette semaine pour notre Patrie : « Ô vous, dit Dom Guéranger, dans sa prière à Saint Anne, ô vous qui comme le Christ, aimez les Francs, continuez-nous cet amour, tradition de famille pour nous si précieuse. »  Amen

Partager cet article
Repost0
16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 06:17

Durant la période des vacances, je vous parlerai de quelques saints qui jalonnent le calendrier de l’été.

   En choisissant, parmi les saints fêtés au cours de la semaine, notre grand Saint Vincent de Paul, je ne me suis pas caché la difficulté que c’était de parler de lui le temps de quelques minutes. Sa vie terrestre qui dura 79 ans se trouva remplie de tant d’œuvres qu’il est absolument téméraire de vouloir la résumer sans risquer de donner de l’activité de ce saint une idée trop incomplète et surtout, je dirai, les richesses de son esprit et de son œuvre furent telles qu’on les déprécierait immédiatement en ne la faisant pas paraître en tous les domaines où elle se manifesta.

   Et pourtant il vaut mieux exposer quelques pierres précieuses d’un trésor que de le laisser ignoré ou simplement caché : c’est déjà une merveille pour les yeux et un contentement. Alors essayons de proclamer quelques-unes des gloires de Monsieur Vincent, comme on l’appelait et comme on l’appelle encore.

   Saint Vincent de Paul fut un bon pasteur. Il avait été pâtre dans son enfance et avait appris à aimer les déshérités d’une région qui comptait beaucoup de pauvres gens : les Landes. Mais surtout, en grandissant, il considéra combien la misère spirituelle faisait encore plus de ravages, tout particulièrement dans le peuple des campagnes. « Celui-ci, dit Dom Guéranger, n’avait pour le relever qu’un clergé le plus souvent abandonné comme lui de ses chefs - indigne en trop de lieux - rivalisant presque toujours avec lui d’ignorance ».

Il devint donc lui-même missionnaire…mais comme il fallait faire vite et grand, il fonda sa fameuse Congrégation connue sous le nom de « Prêtres Séculiers de la Mission ». Pensant en outre qu’il était urgent de rétablir un clergé digne de ses charges, il établit des Grands Séminaires pour la formation des futurs prêtres ; des conférences sacerdotales pour l’instruction du clergé ; des exercices préparatoires aux Saints Ordres pour les jeunes gens qui ne pouvaient pas rejoindre les séminaires si peu nombreux. Sa place privilégiée auprès de la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, lui permit aussi de surveiller étroitement la répartition des biens ecclésiastiques et des charges tant des églises que des monastères qui se trouvèrent confiés aux plus dignes.

Disons d’un mot que la restauration de la disciple ecclésiastique, selon les vœux et les prescriptions du Concile de Trente, allait connaître une impulsion qui seule pouvait restituer un ordre de sainteté dans notre malheureux pays si profondément atteint par l’hérésie protestante et la décadence qui s’ensuivit dans la foi et la morale.

Saint Vincent de Paul est, bien entendu, surtout connu par ses œuvres qu’on a l’habitude d’appeler « de charité ».

Certes il multiplia à l’infini ses interventions en faveur de toutes les souffrances possibles et imaginables. On ne peut en parler ici !

 Il sera plus directement utile d’en connaître le mobile : cette vertu de charité qui est si mal connue et si mal comprise à présent.

Car ou bien on n’ose plus prononcer ce mot, comme étant synonyme d’une intervention blessante pour la dignité du prochain - ou bien, on l’emploie à tort et à travers pour désigner, par contre, toute attitude de bonté, de compréhension, d’entraide.

La charité de Saint Vincent de Paul est la vraie charité, la vertu théologale de charité. Celle-ci vient de Dieu et retourne à Dieu, soit afin que Dieu soit aimé pour lui-même, soit que le prochain soit aimé pour l’amour de Dieu.

   Il faut le lire : « Ce qui se fait pour la charité se fait pour Dieu. Il ne nous suffit pas d’aimer Dieu, si notre prochain ne l’aime pas aussi ; et nous ne saurions aimer notre prochain comme nous-mêmes si nous ne lui procurons le bien que nous sommes obligés de nous vouloir à nous-mêmes, c’est à savoir l’amour divin, qui nous unit à celui qui est notre souverain bien. Nous devons aimer notre prochain comme l’image de Dieu et l’objet de son amour, et faire en sorte que réciproquement les hommes aiment leur très aimable Créateur ». Nous sommes bien loin de cette philanthropie si à l’ordre du jour et qui n’a rien de chrétien parce que la Foi n’inspire pas ses actes : l’attitude et les écrits de St Vincent de Paul nous rappelleront donc à nous-mêmes que si l’on peut admirer humainement les actes de bonté naturelle accomplis par beaucoup de nos contemporains, nous n’avons pas le droit pour autant de les assimiler à la vertu de charité qui ne se réalise que dans un authentique amour de Dieu et n’a de valeur surnaturelle qu’en lui.

J’aurais aimé pour finir parler de l’attitude de St Vincent de Paul devant l’hérésie de son temps : le Jansénisme, qui étendait outrageusement les conséquences du péché originel à tel point que l’homme en avait gardé une volonté impuissante à faire le bien et déterminée nécessairement au mal.

St Vincent avait des amis parmi les Jansénistes : ils cherchèrent à le faire passer dans leur secte. Il dit lui-même avoir d’abord cherché à leur opposer l’autorité du St Concile de Trente, mais « voyant qu’ils continuaient toujours, au lieu de leur répondre, je récitais tout bas mon Credo : et voilà comme je suis demeuré ferme en la créance catholique. »

A l’opposé de la secte janséniste qui voulait réformer l’Eglise tombée dans la décadence de la foi et des mœurs, il y a depuis le 19ème siècle la secte moderniste qui veut que l’Eglise prenne le « goût » du monde et la précipite dans la décadence. Nous sommes affligés de tant de choses vues ou entendues…discussions hélas inutiles… Récitons notre Credo, apprenons ou réapprenons notre Catéchisme. Amen

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 06:39

   Dimanche dernier nous avons fêté le Précieux Sang de Notre-Seigneur. Dans le prolongement de cette fête, je veux vous livrer quelques réflexions.

On nous parle, dans beaucoup de revues, des vocations, et lorsqu'on parle du prêtre, jamais (ou presque jamais) il n'est fait allusion au saint sacrifice de la messe. Or la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ était de monter sur l'autel de la croix. C'était la mission que le Père lui avait donnée : c'était son heure. Et c'est cette mission-là qu'il veut donner aux prêtres : "Faites ceci en mémoire de moi". Voilà ce que nous devons faire. Eh bien ! dans toutes les revues qui ont parlé des vocations dernièrement, il n'y est jamais question du saint sacrifice de la messe ! Quelle est donc la mission du prêtre ? Ils ne le savent plus ! ».

Cette réflexion, que l'on croirait faite hier, date en réalité de juin 1978, il y a tout juste quarante ans. Et il faut espérer qu'elle n'est plus d'actualité : que la prédication sur les vocations, au cours de cette année 2018, et en prévision du synode, va relier le prêtre et la messe, la messe et le prêtre.

Car, il existe une relation transcendantale entre le prêtre et le sacrifice de la messe : le prêtre est fait d'abord, et essentiellement, pour célébrer la messe.

Sans doute, le prêtre fait autre chose : il prêche l'Évangile ; il guide et gouverne les âmes ; il répand la charité autour de lui ; il manifeste en sa vie le rayonnement du Christ, etc. Tout cela, il doit le faire, ce sont des éléments essentiels de sa vocation, de sa mission. Et pourtant, un laïc, un religieux pourrait réaliser cela, au besoin en recevant mission de l'évêque, comme nous le voyons dans plusieurs épisodes de la vie de saints qui n'étaient pas prêtres.

Mais célébrer le sacrifice de la messe, seul le prêtre le peut, et personne n'est en mesure de le suppléer ou de le remplacer. Or, en cette réalité sublime du sacrifice de la messe se réalise toute la Révélation, le mystère de la foi, l'achèvement des mystères de l'Incarnation et de la Rédemption, toute l'efficacité de l'apostolat.

Il est donc absolument essentiel, pour susciter des vocations puis les cultiver, et également pour que les prêtres persévèrent dans leur vocation, de manifester d'abord le lien entre sacerdoce et messe, ensuite la sublimité de ce divin sacrifice, enfin le rôle unique que tient le prêtre à cet égard.

Plus un jeune homme aura conscience qu'il sera ordonné prêtre en vue de la messe, afin de célébrer la messe pour la gloire de la sainte Trinité et le salut du monde, plus il pourra se sentir attiré et enthousiasmé par la vocation.

   Une négligence à cet égard serait mortelle pour l'Église.

Une autre réflexion : La lecture évangélique d’aujourd’hui (Matth., vu, 15-21) nous enseigne la prudence surnaturelle dans le discernement des voies de Dieu, Pour connaître la vertu d’une personne, la règle la plus sûre est de regarder ses œuvres. Les paroles bonnes et saintes coûtent peu, et le démon lui-même sait citer avec une onction apparente la sainte Écriture. Ce qui importe, c’est de se vaincre soi-même, pour accomplir la sainte volonté de Dieu. Aujourd’hui surtout que la fausse gnose oppose à la doctrine traditionnelle catholique de soi-disant  maîtres, pour satisfaire leur démangeaison d’entendre (magistros prurientes auribus) comme le prévoyait déjà l’Apôtre, cette règle est très importante pour distinguer tout de suite les vrais maîtres des faux. Dans ce but, il faut avant tout tenir compte de ce qu’est vraiment la vie spirituelle, c’est-à-dire non pas une joyeuse promenade sportive, mais une marche militaire vers la vie éternelle. Il n’est donc pas question de dilettantisme, mais il s’agit d’accomplir un devoir ardu.

De plus, il faut observer aussi quelle est l’autorité de celui qui se présente aux autres comme maître de vérité. Pour accomplir dignement ce ministère, il faut d’abord pratiquer et vivre ce qu’on veut enseigner aux autres par la parole, en sorte que la prédication la plus efficace soit le bon exemple. En tout cas, les belles théories ne suffisent pas, et soit pour la propre sanctification personnelle, soit pour celle d’autrui, les bonnes œuvres, et les œuvres très bonnes sont requises. Que Dieu nous guide par son Esprit Très Saint. Amen

 

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 06:49

   Dans la réforme liturgique accomplie sous Saint Pie X, on fixa à ce jour du 1er juillet la fête du Précieux Sang, déjà instituée sous Pie IX et attribuée au premier dimanche de juillet.

   Le sens de cette fête est analogue au sens de celle du Sacré-Cœur. Le Sang représente le prix de la commune rédemption que l’amour de Dieu ne voulut pas être inférieur à Lui-même. Il existe une relation intime entre le Cœur et le Sang, non seulement parce que, au dire de saint Jean, du Cœur blessé de Jésus jaillit après sa mort le sang et l’eau ; mais parce que le premier calice où ce Sang divin fut consacré et vivifié fut le Cœur du Verbe incarné.

   Le sang divin, le prix de la Rédemption.

Cette fête populaire dépasse le Vendredi-Saint, le jour de la mort du Seigneur, les fêtes de la Croix et la fête du Sacré-Cœur ; elle met devant nos yeux la valeur immense du divin sang rédempteur. Tout le mois de juillet est consacré au « Précieux Sang » (c’est intentionnellement que cette fête a été placée le premier jour du mois).

Cette fête n’appartient pas à la liturgie strictement classique car elle est née de la réflexion, de la méditation. L’antique liturgie aime dans ses fêtes l’action plutôt que la pensée. D’un autre côté cette fête correspond aux aspirations de l’âme moderne qui s’attache si volontiers à la méditation de la Passion du Christ. Cette fête a en outre l’avantage de nous placer au centre même de notre foi, la Rédemption. Conformément à cet esprit, nous allons rassembler les Images différentes que l’Église, au bréviaire et au missel, nous donne du Précieux Sang. Nous les partagerons en trois groupes : 1. Images figuratives, extraites de l’Ancien Testament ; 2. Images historiques, l’histoire du Précieux Sang du Seigneur ; 3. Images symboliques

1. Trois images figuratives.
-  a) L’Église nous ramène au berceau de l’humanité. Caïn et Abel offrent chacun un sacrifice. Le sacrifice d’Abel est agréable à Dieu, mais pas celui de Caïn. Ce fut l’origine du péché de jalousie et finalement du fratricide. La terre altérée but le sang d’Abel. Mais le sang cria vengeance contre le meurtrier. C’est une figure du sang du Christ qui, sur le Calvaire, crie non pas vengeance mais rédemption.
-  b) Quelques millénaires plus tard. Le peuple d’Israël est opprimé par les Égyptiens. Dieu ordonne au peuple d’immoler un agneau pascal et d’enduire de son sang les montants des portes. L’ange de la mort passera devant ces maisons sans entrer. Mais, là où les portes ne seront pas marquées de sang, tous les premiers-nés masculins seront tués, depuis le premier-né du roi jusqu’à celui de la servante. Ce sang sur les montants des portes est une figure du sang du Christ. « Le sang d’un agneau peut-il sauver un homme ? Non ; mais il a de la puissance comme figure du sang rédempteur ». Quand le meurtrier voit le seuil de notre âme marqué du sang du Christ, il passe sans s’arrêter ; notre âme est sauvée.
-  c) Le Prophète Isaïe voit, dans sa vision, un homme qui écrase des raisins dans le pressoir (C’était la coutume en Orient de piétiner les raisins rouges dans le pressoir). Le Prophète interroge cet homme : « Pourquoi ton vêtement est-il si rouge ? » « J’ai dû fouler seul le pressoir, et parmi les peuples personne n’est avec moi ». Celui qui foule le pressoir est le Christ dont l’habit est rougi par le sang rédempteur.

2. Images historiques. — L’Église nous montre les premières gouttes de sang qui brillèrent sur le couteau le jour de la circoncision de Jésus. Sur le mont des Oliviers, nous voyons, dans la nuit, au clair de lune, le visage divin couvert du sang de l’agonie. L’infortuné Judas, désespéré, jette dans le temple l’argent du sang ; « J’ai trahi le sang innocent ». L’Église nous conduit ensuite à la colonne de la flagellation et nous montre le Seigneur dans sa plus profonde humiliation. Sous les coups cruels, le sang divin jaillit de tous côtés sur le sol. Le Christ est conduit devant Pilate. Celui-ci montre à la foule le corps ensanglanté : Ecce homo. Nous marchons à travers les rues de Jérusalem et nous suivons les traces sanglantes qui nous conduisent jusqu’au Golgotha. Du bois de la Croix ruisselle le sang. Un soldat ouvre le côté du Seigneur, et il en coule du sang et de l’eau.

3. Deux images symboliques.
-  a) Adam dort d’un sommeil extatique. Dieu ouvre son côté, prend une côte et en forme Ève, la mère des vivants. Nous considérons en esprit le second Adam, l’Adam divin, le Christ. Il dort du sommeil de la mort. De son côté ouvert coulent du sang et de l’eau. C’est le symbole du baptême et de l’Eucharistie, le symbole de la seconde Ève, la mère de tous les vivants. Par le sang et l’eau le Christ voulait sauver tous les nombreux enfants de Dieu et les mener à la fin éternelle.
-  b) Nous voyons une cérémonie du culte juif au jour de la Fête de l’Expiation. Le grand-prêtre pénètre une fois par an dans le Saint des Saints, et asperge l’arche d’alliance avec le sang des taureaux et des boucs en signe d’expiation pour les péchés du peuple. L’Église nous présente cette image en lui donnant une signification plus élevée : le grand-prêtre divin, le Christ, entre une fois pour toutes, le Vendredi Saint, dans le Saint des Saints du ciel, qui n’est pas fait de main d’homme ni aspergé avec le sang des taureaux et des boucs ; il procure au peuple avec son propre sang une éternelle rédemption. Cette image est mise sous nos yeux par l’Épître du jour

Une image finale : L’Église nous conduit au dernier acte du sacrifice. Nous voyons un office célébré au ciel : au centre, sur l’autel, l’Agneau, immolé mais vivant, empourpré de son sang ; autour de lui, la foule innombrable des élus, en vêtements blancs, lavés dans le sang de l’Agneau. La foule des saints chante l’hymne de la Rédemption : « Vous nous avez rachetés par votre sang, nous qui venons de toute tribu, de tout peuple, de toute nation ! » — Maintenant, de la méditation passons aux actes. Nous sommes assez heureux pour posséder réellement parmi nous ce Divin Sang, pour l’offrir au Père céleste en faveur des âmes du monde entier ; oui, nous pouvons le faire fructifier. Amen

 

Partager cet article
Repost0
25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 17:29

   On parle beaucoup de St Jean-Baptiste au moment de l’Avent. On souligne alors son rôle préparatoire, sa transparence. Son effacement aussi. Il disparaît quand sa tâche est accomplie. Ce n’est que justice. Par définition, le Précurseur est tout entier tourné vers Celui qui vient. A la limite, on négligerait presque de parler de lui et de sa grandeur propre. Je ne sais si St Thomas d’Aquin a éprouvé lui aussi cette impression, mais il consacre de très belles lignes à la signification de la personne du fils de Zacharie. J’aimerais vous faire partager ce beau texte, dont la méditation en vaudra sans doute bien d’autres.

   « La mission de Jean est de rendre témoignage. Il faut souligner que tout ce que Dieu fait -les hommes aussi bien que toutes choses-, il le fait pour lui-même…Non certes pour s’enrichir de quoi que ce soit, car ‘il n’a pas besoin de nos biens’, mais pour manifester sa bonté en toutes ses œuvres, puisque c’est ‘par elles que sont rendues visibles à l’intelligence sa puissance éternelle et sa divinité’. Toute créature devient donc ainsi témoin de Dieu puisque toute créature est un certain témoignage de la bonté divine. Ainsi la grandeur de la création est un témoignage de la toute-puissance divine et sa beauté est un témoignage de sa sagesse. Mais certains hommes sont l’objet d’un dessein de Dieu particulier. De sorte qu’ils rendent témoignage à Dieu non seulement matériellement, en tant qu’ils sont, mais bien spirituellement par leurs œuvres bonnes. C’est pourquoi tous les saints sont les témoins de Dieu dans la mesure où par leurs œuvres bonnes Dieu est glorifié devant les hommes…Il y a plus, ceux qui participent aux dons de Dieu non seulement en eux-mêmes par la grâce et en faisant le bien, mais encore en les transmettant aux autres par leur enseignement, leur influence et leurs exhortations, ceux-là sont les témoins de Dieu d’une manière spéciale.

   Jean est donc venu pour témoigner, c’est-à-dire pour transmettre aux autres les dons de Dieu et annoncer sa louange. Cette mission de Jean, cette mission de témoigner est très élevée, car nul ne peut témoigner de quoi que ce soit que dans la mesure où il y participe…Et donc rendre témoignage à la vérité divine est le signe de la connaissance que l’on a de cette vérité. C’est pourquoi même le Christ a exercé cette mission : « Je suis né et venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Cependant, autre est la manière du Christ, autre celle de Jean. Le Christ exerce ce témoignage comme comprenant la lumière même, mieux comme étant la lumière subsistante. Jean l’exerce seulement comme participant de cette lumière. C’est pourquoi le Christ rend parfaitement témoignage et manifeste parfaitement la vérité, alors que Jean et les autres saints le font seulement dans la mesure où ils participent à cette vérité divine. Grande est donc la mission de Jean, à la fois par sa participation à la lumière divine, et par sa ressemblance au Christ qui lui aussi a exercé cette mission : « Voici que je l’ai donné en témoin aux peuples, pour chef et pour maître aux païens. » Texte magnifique de St Thomas, un peu ardu peut-être ?

   Quand il parle de St Jean-Baptiste et de sa mission, St Thomas d’Aquin ne peut jamais s’empêcher de penser à sa propre mission de prédicateur et à celle de son ordre. Les allusions sont assez précises, et elles sont prescrites à l’ordre dominicain comme un idéal qui reste toujours à atteindre.

   Mais nous retrouvons aussi la grandeur commune à tout baptisé : être témoin de la sainteté du Christ. Ce merveilleux privilège est un don de grâce qui appelle un comportement en conséquence. « Vous serez saints comme je suis saint, dit le Seigneur. » Prions donc ensemble aujourd’hui St Jean-Baptiste pour que Dieu nous fasse la grâce de nous approcher tant soit peu de cet idéal. Amen

Partager cet article
Repost0
4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 06:15

   Pour rappel, la fête Dieu ou solennité du Corps et du Sang du Christ est bien, dans le calendrier romain, au jeudi qui suit la Trinité. On ne la fête dans beaucoup de pays que le dimanche suivant uniquement parce que le jeudi de la Fête Dieu n’est pas férié. Dans les monastères en particulier, la fête Dieu est bien fêtée le jeudi et non pas le dimanche.

LA Fête-Dieu est la fête de la présence réelle du Christ

   Différence essentielle entre le Catholicisme (l’Orthodoxie) et le Protestantisme. Croire en cette présence réelle du Corps et du Sang du Christ, après les paroles de la consécration (et l’épiclèse, dans les rites surtout orientaux) reste une condition sine qua non de recevoir l’Eucharistie. Nos églises catholiques ont toujours le Saint-Sacrement, pendant la Messe et au tabernacle, en dehors du « sacrifice eucharistique ». Malheureusement, nous n’avons pas ici le temps de rapporter les mots expressifs de saint Cyrille de Jérusalem sur la présence réelle dans l’Eucharistie. Voici la référence : vingt-deuxième catéchèse ou quatrième catéchèse mystagogique. Une seule phrase nous suffit (nr. 1) : « Lors donc que la propre parole (du Christ) déclare au sujet du pain : « Ceci est mon corps », qui osera encore hésiter » (ou douter ou nier ?)

   Si nos églises sont vides, souvent, c’est parce que la splendeur, la majesté, le respect du Seigneur présent ont été estompés, à coup de « familiarité », désinvolture, manque de foi dans « le mystère de la foi », et aussi comme suite à la réduction ou la disparition de la Confession. Cette protestantisation, plus ou moins voulue ou consciente, a déjà eu ses fruits amers. Le manque d’égard au Corps du Christ a dévalué le corps humain aussi ; le manque de confession a fait déchaîner le mal, sans frein, sans regret, sans honte, sans vergogne.

    Quelle tristesse, quel crime, que de vendre nos églises où le Christ a été réellement présent ! Et les votes de pays autrefois catholiques comme Malte et l’Irlande, en faveur de l’avortement, des unions gay et de l’euthanasie (au Portugal), doivent nous réveiller et nous faire faire un bon examen de conscience : qu’avons-nous fait de nos fidèles, de la pastorale, de la catéchèse, de nos écoles, de nos églises, de notre baptême, de notre Eucharistie, de nos enfants trop souvent agressés près de nos autels ?! (sans généraliser toutefois !)

   La désignation de cette solennité, en français, comme « la Fête-Dieu », par excellence, dans une identification avec Dieu, dans Sa présence réelle, est fort significative. Cette expression émouvante Fête-Dieu, comme « la Chandeleur » etc, dénotent « la civilisation de la foi » qui est aussi celle « de l’amour » (Jean-Paul II), source et racine de la culture « occidentale ». Un auteur moderne vient de confirmer la déclaration du vice premier ministre hongrois : « Si l’Europe veut survivre, qu’elle garde son héritage chrétien », qu’elle garde ses églises ! Et, puisque « la charte universelle des droits de la personne humaine » a donné lieu à beaucoup d’équivoques, et que la « laïcité » a été exploitée en faveur de l’athéisme et de l’islam, il est grand temps, dit cet auteur, « de secouer la poussière sur les Bibles et les faire sortir des placards » !

   Ne l’oublions pas pour un instant : le sommet de l’Alliance est l’Eucharistie : dans le Corps de l’Agneau divino-humain est scellé ce pacte nouveau et éternel, donc définitif (pas question d’avoir le Coran, foncièrement antichrétien, comme troisième alliance !). Plus besoin de sang d’animaux, ni pour les sacrifices ni pour les alliances ! Or, « la fête du Sacrifice », islamique, célébrant l’immolation du bélier par Abraham au lieu de son fils, marque une régression par rapport à l’Eucharistie et au Calvaire.

   Le Christ est le seul médiateur pour la bonne raison que c’est seulement en son Sang à Lui que cette Alliance nouvelle a été scellée ; nouvelle et éternelle et pas seulement « deuxième Alliance », comme si la différence avec « la première Alliance » était simplement question de nombre et de chronologie. La différence est essentielle, substantielle, irréductible : aucune comparaison !

« Ceci est mon corps… ceci est la coupe de mon sang » (Mc 14, 12 s)

Répétons en frémissant ces divines paroles ! Réaffirmons la présence réelle après la transsubstantiation ! Non, le prêtre n’est pas seulement un conseiller, un accompagnateur des fidèles, mais un « compagnon » au sens étymologique, qui a le même pain  que ses ouailles !  Il n’est pas davantage seulement distributeur de ce pain (ce qu’un diacre ou un autre fidèle pourrait être), mais aussi et surtout un consécrateur, un sacrificateur, mais sans violence et sans effusion de sang.  Sainte Thérèse de Calcutta a dit, en parlant de la Visitation : « Marie, immédiatement après avoir reçu Jésus, est allée, en toute hâte, le donner à Jean ! »

   Nous aussi, recevons le Christ et donnons-Le aux autres. Certainement, nos églises seront remplies, par le retour des anciens et l’entrée de nouveaux fidèles ! Plus besoin de vendre Jésus et l’église, comme Judas ! Amen

 

Partager cet article
Repost0
27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 20:03

   « Nul n’a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, nous l’a fait connaître. » Voilà la vérité tout entière à laquelle l’Esprit-Saint doit nous conduire. Aussi est-il parfaitement logique que la Fête de la Sainte Trinité suive celle de la Pentecôte.

   Il y a une manière de parler du Christ qui ne voit en lui qu’un simple maître de morale. Quand on ne le réduit pas à une espèce de superguérisseur ! C’est une caricature. Lui-même voit les choses tout autrement et ne le laisse pas ignorer. Certes ! Il est venu faire le bien. Mais ce sont les œuvres du Père qu’il accomplit et c’est le Père qu’il représente auprès de nous. Au point de pouvoir dire : « Qui m’a vu a vu le Père. » Au point de résumer par là toute son œuvre : « Père, j’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donnée à faire… J’ai manifesté ton nom aux hommes…Je leur ai révélé ton nom et leur révélerai. »

Révélé, révélerai…le présent et le futur pour signifier que Jésus est et sera toujours le médiateur concret par lequel nous accédons au Père - même dans la vision bienheureuse.

   A considérer les choses de cette façon, on s’aperçoit vite que ce n’est pas seulement le Fils qui révèle le Père. Le Père lui-même révèle le Fils. « Nul ne va au Père que par moi », dit Jésus à Philippe. Mais il dit aussi : « Nul ne vient à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. »

L’évangile de Jean rejoint ici celui de Matthieu. Quand Pierre proclame sa foi en Jésus comme « Fils du Dieu vivant », le Christ lui réplique : « Cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. » Il y a une profonde réciprocité dans l’action révélatrice du Père et du Fils. Seuls le Père et le Fils peuvent se dévoiler mutuellement, car seuls ils ont l’un de l’autre une connaissance capable de garantir la vérité de leur dire : « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. »

   Mais c’est là précisément que nous retrouvons l’Esprit-Saint. Car si l’on ne va au Père que par Jésus, c’est dans l’Esprit-Saint. St Paul est très clair ici : « Par lui, le Christ, nous avons en un seul Esprit accès auprès du Père. » S’il est vrai qu’il fallait que Jésus s’en aille pour nous envoyer l’Esprit, il est vrai aussi que « nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’ que sous l’action de l’Esprit-Saint3. Ainsi quelque soit la personne divine par laquelle nous commençons à parler de notre Dieu, elle nous renvoie toujours aux deux autres. Notre Dieu n’est pas solitaire. Il agit toujours de concert dans la symphonie des trois. Il ne peut que déjouer par le fait même toute tentative d’approche individualiste ou toute entreprise de révélation qui prétendrait ignorer cette loi de la communion trinitaire.
   Souligner cela n’a rien de gratuit. C’est l’explication ultime du lien de la communion ecclésiale à la mission apostolique. La mission de répandre l’Evangile n’est pas l’affaire de simples individus, mais bien celle de l’Eglise dans son ensemble et sa réussite en dépend directement. Je veux dire qu’il faut que la sainteté de la communion ecclésiale soit une réalité perceptible pour rendre son témoignage crédible. Sans quoi, le mystère du Dieu trinitaire restera à jamais voilé à ceux-là même à qui nous voudrions le faire connaître. Si notre Dieu est communion, il ne peut être connu que par et dans la communion. C’est la raison même de l’Eglise comme corps du Christ, comme peuple, et, à l’intérieur de l’Eglise, de toutes ces communions relais que sont les familles, les communautés religieuses, les groupements de toutes sortes…Il faut qu’à tous ces niveaux-là l’amour soit assez vivant pour provoquer à tous les âges la réflexion des païens du temps de Tertullien : « Voyez comme ils s’aiment ! »

   De nouveau nous retrouvons ici le Saint-Esprit. Nous le savons bien, c’est lui qui nous rassemble dans l’unité - comme l’âme fait l’unité du corps ! Il poursuit ici encore l’œuvre même de Jésus, « venu pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ». Cette unité à laquelle le Christ attache tant de prix : « Qu’ils soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé…Qu’ils soient parfaitement un et que le monde sache que tu m’as envoyé. » L’enchaînement de la pensée est parfaitement clair : si l’unité de la communion révèle que le Christ est vraiment venu de Dieu, c’est bien ainsi que l’Esprit-Saint réalise son propre rôle de révélateur. Puisque c’est par lui que nous confessons : « Jésus est Seigneur ! » A cette lumière on comprend mieux les expressions de St Paul : un seul corps, un seul Esprit, un seul Seigneur, un seul Dieu et Père de tous qui est au-dessus de tout, par tous et en tous…Du corps ecclésial dispersé dans l’univers nous remontons au Père par le Fils dans l’Esprit. Amen

Partager cet article
Repost0