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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 07:00

   L’on ne peut s’empêcher, en parcourant les différentes parties des messes et de l’office de l’Avent, d’être frappé de ces appels au Messie pressants et répétés : « Venez, Seigneur, ne tardez plus - Le Roi qui va venir, venez, adorons-le - Le Seigneur est proche, venez adorons-le - Venez, Seigneur, pour nous sauver - Mettez en œuvre votre puissance, Seigneur, et venez - O Adonaï, chef de la maison d’Israël, venez pour nous racheter par la puissance de votre bras - O clef de David et sceptre de la maison d’Israël, venez et tirez de sa prison le prisonnier des ténèbres et des ombres de la mort - O Soleil levant, splendeur de la lumière éternelle, venez et illuminez ceux qui gisent dans les ténèbres et l’ombre de la mort - O Roi des Nations et objet de leurs désirs, venez sauvez l’homme que vous avez formé du limon de la terre - O Emmanuel (Dieu avec nous), notre Roi et notre législateur, venez nous sauver, Seigneur notre Dieu. »

   Le Messie attendu est donc le Fils de Dieu lui-même, c’est le grand Roi libérateur qui vaincra Satan, qui régnera éternellement sur son peuple et que toutes les Nations serviront. Et c’est précisément parce que la miséricorde divine s’étend non seulement à Israël mais aussi à tous les Gentils (Païens), que nous devons faire nôtre ce « Veni » et dire à Jésus : « O Pierre angulaire qui réunissez en vous les deux peuples, venez ! » Et lorsqu’il sera venu, nous serons tous ensemble guidés par ce divin Pasteur. « Il paîtra son troupeau, dit Isaïe ; de son bras il rassemblera ses agneaux et il les portera dans son sein, lui le Seigneur notre Dieu ».

   Cet avènement du Christ annoncé par les Prophètes et auquel aspire le peuple de Dieu est double ; c’est tout à la fois l’avènement de miséricorde où le divin Rédempteur est apparu sur la terre dans l’humble condition de son existence humaine, et l’avènement de justice où il apparaîtra plein de gloire et de majesté à la fin du monde comme Juge et suprême Rémunérateur des hommes. Les Voyants (Prophètes) de l’Ancien Testament n’ont pas séparé ces deux avènements ; aussi la liturgie de l’Avent, qui nous rapporte leurs paroles, parle-t-elle tour à tour de l’un et de l’autre. Notre-Seigneur lui-même, dans l’évangile de ce premier dimanche de l’Avent, par exemple, passe sans transition de son premier avènement au second ; et St Grégoire, dans son homélie sur l’évangile du 3ème dimanche de l’Avent, explique que St Jean-Baptiste, le précurseur du Rédempteur, est en esprit et en vertu, Elie, le Précurseur du Juge.

   Ces deux avènements n’ont-ils pas du reste le même but. Car « si le Fils de Dieu s’est abaissé jusqu’à nous en se faisant homme (1er avènement), c’est pour nous faire remonter jusqu’à son Père, en nous introduisant dans son royaume céleste (2ème avènement). Et la sentence que le Fils de l’homme, à qui est remis tout jugement, portera, lorsqu’il viendra une seconde fois en ce monde, dépendra de l’accueil qu’auront fait les hommes à sa première venue ici-bas. « Cet enfant, dit Siméon, est établi pour la ruine et le relèvement d’un grand nombre et comme signe de contradiction. » Le Père et l’Esprit rendent témoignage au Christ, attestant qu’il est le Fils de Dieu, et Jésus lui-même le prouve par ses paroles et par ses miracles ; il appartient aux hommes de faire leur, ce triple témoignage du Dieu en trois personnes et de décider ainsi eux-mêmes de leur sort futur.

   Et c’est pourquoi, parallèlement à l’avènement de l’Enfant-Dieu, l’Eglise nous parle, au temps de Noël et de l’Epiphanie, de l’accueil qui lui fut réservé : accueil des humbles bergers juifs, accueil des puissants rois-mages, prémices des nations païennes qui entreront dans l’Eglise à cause de leur foi en Jésus, tandis que les Juifs orgueilleux seront rejetés.

   Pendant tout ce Temps de l’Avent, la Sainte Eglise a constamment en vue le double avènement du Sauveur : sa naissance à Bethléem, dont le rayonnement toujours actuel doit s’étendre jusqu’à la fin des temps, et son retour au jugement denier lorsqu’il viendra « condamner les coupables aux flammes et convier les justes à entrer en son paradis » (Hymne de matines). Toute la messe de ce jour nous parle de ce double avènement, de miséricorde et de justice. Quelques pièces se rapportent indifféremment à l’un et à l’autre (Intr. Or. Grad. All.), d’autres font allusion à la naissance de notre divin Rédempteur qui se fit dans l’humilité (Comm. Postc.), d’autres enfin parlent de sa venue comme Roi dans tout l’éclat de sa puissance et de sa majesté (Ep. Ev.)

   L’accueil que nous faisons à Jésus maintenant qu’il vient nous racheter commande celui qu’il nous fera lorsqu’il viendra nous juger. Préparons-nous donc aux fêtes de Noël par de saintes aspirations et par la réforme de notre vie, afin d’être prêts aux assises suprêmes d’où doit dépendre notre sort pour l’éternité. Ayons confiance, car « aucun de ceux qui attendent le Sauveur ne sera confondu » (Intr. Grad. Off.). Amen

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 07:49

  Rendre à Dieu ce qui lui revient et respecter religieusement en nous tout ce qu’il a mis de lui-même, c’est la leçon la plus profonde qui se dégage de l’évangile de la messe d’aujourd’hui. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Prononcée à propos de l’effigie de César sur une pièce de monnaie, cette sentence du Christ est devenue, dans la prédication chrétienne en particulier, le thème de développements singulièrement pressants sur tout ce que nous devons à Dieu en raison des dons incomparables dont il nous a comblés.

   « Nous sommes la monnaie de Dieu, frappée à son effigie, dit St Augustin, et Dieu réclame sa monnaie comme César réclame la sienne ». « Cette image, qui est notre âme, insiste Bossuet, repassera un jour par les mains et devant les yeux de Jésus-Christ. Il dira encore une fois en nous regardant : de qui est cette image et cette inscription ? et notre fond lui répondra : de Dieu. C’est pour lui que nous étions faits : nous devions porter son empreinte. Le baptême la devait avoir réparée, et c’était son effet et son caractère. Mais que sont devenus ces divins traits que nous devions porter ? L’image de Dieu devait être dans ta raison, ô âme chrétienne ! toi, tu l’as noyée dans l’ivresse ; toi tu l’as plongée dans l’amour des plaisirs ; toi, tu l’as livrée à l’ambition ; toi, tu l’as rendue captive de l’or, ce qui est une idolâtrie ; toi, tu l’as sacrifiée à ton ventre dont tu as fait un dieu ; toi, tu lui as fait une idole de la vaine gloire : au lieu de louer et bénir Dieu nuit et jour, elle s’est louée et admirée elle-même. En vérité, en vérité, dira le Sauveur, je ne vous connais pas ; vous n’êtes pas mon ouvrage, et je ne vois plus en vous ce que j’y ai mis. Vous avez voulu vous faire vous-même à votre mode : vous êtes l’ouvrage du plaisir et de l’ambition ; vous êtes l’ouvrage du diable dont vous avez fait les œuvres, que vous avez fait votre père en l’imitant. Allez avec celui qui vous connaît et dont vous avez suivi les suggestions ; allez au feu éternel qui lui a été préparé. Ô juste juge ! Où serai-je ? Me reconnaîtrai-je moi-même, après que mon Créateur m’aura méconnu ? » (Méd. Sur l’Evangile, 39ème jour)

C’est ainsi qu’il nous faut interpréter l’évangile de ce dimanche qui est l’un des derniers de l’année ecclésiastique où l’Eglise nous rappelle les derniers temps du monde. L’épître parle également des exigences du Sauveur lorsqu’à la fin des temps il viendra nous juger. Mais plus encourageant que Bossuet, St Paul rappelle que pour peu que nous nous y prêtions, « Dieu, qui a commencé en nous l’œuvre bonne, en poursuivra l’accomplissement jusqu’au jour du Seigneur » ; C’est Dieu qui nous travaille et qui nous sauve, et notre collaboration consiste à mener généreusement notre vie chrétienne, pour être, au jour du Christ, purs, irréprochables, et justes d’une justice qui nous vient de Lui. Si le Seigneur tient compte de nos iniquités, qui pourra subsister devant lui ? (Intr.). Mais le Seigneur est l’appui et le protecteur de ceux qui mettent en lui leur espérance. (Alléluia), et dans sa miséricorde il exauce tous ceux qui crient vers lui (Comm.).

   Profitons de ces rappels du jugement dernier pour renouveler notre confiance en Dieu, et pour nous préparer, par la pratique même de notre vie chrétienne, à nous présenter devant lui tout transformés par l’œuvre de salut qu’il y aura accomplie. Amen

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 07:45

   Le Cycle liturgique se termine avec cette dernière semaine de l’année ecclésiastique, et avec lui le rappel de toute l’histoire du monde…Le Bréviaire comme le Missel attirent notre attention aujourd’hui sur la fin du monde et le jugement dernier.

   Dans l’évangile, Jésus commence par évoquer la prophétie de Daniel qui annonce la ruine totale et définitive du Temple de Jérusalem et de la nation juive par l’armée romaine. Cette abomination de la désolation est le châtiment que le peuple d’Israël a encouru pour avoir mis le comble à son infidélité en rejetant le Christ. On sait comment cette prophétie s’est réalisée quelques années après la mort du Sauveur ; la tribulation fut telle à ce moment que si elle avait duré longtemps aucun Juif n’aurait échappé à la mort, mais pour sauver ceux qui se convertirent à la suite d’une si rude leçon Dieu abrégea le siège de Jérusalem. C’est ainsi qu’il fera à la fin du monde dont la destruction de Jérusalem n’a été que la figure. « Alors », c’est-à-dire lors de l’avènement du Christ, il y aura des tribulations bien plus angoissantes encore : des imposteurs, parmi lesquels l’Antéchrist, feront des prodiges sataniques pour se faire passer pour le Christ ; de nouveau, explique St Jérôme, l’abomination de la désolation régnera dans le temple, car « l’homme d’iniquité et d’opposition s’élèvera, selon la parole de St Paul, contre tout ce qui est appelé Dieu, et il poussera l’audace jusqu’à s’asseoir dans le Temple et se faire passer lui-même pour Dieu »,mais ici encore, Dieu abrégera ces temps de malheurs afin que les élus ne soient pas induits en erreur.

Au reste ne vous y méprenez pas, dit le Sauveur, car ce ne sera pas comme la première fois, dans les voiles du mystère et dans un petit coin du monde, mais d’une manière éclatante et partout à la fois, que le Fils de l’Homme apparaîtra, avec la rapidité de l’éclair. Alors tous les élus iront à sa rencontre. Son avènement sera marqué par des cataclysmes de toutes espèces dans le ciel et sur la terre, et toutes les tribus d la terre verront dans le ciel le signe éclatant de la croix et le Fils de l’homme venant avec une grande puissance et une grande majesté.

C’est pourquoi l’Eglise nous exhorte, par la bouche de l’Apôtre dans l’épître, à nous conduire d’une manière digne du Seigneur et à fructifier en toutes sortes de bonnes œuvres, afin que, fortifiés par sa puissance glorieuse, nous supportions tout avec patience et avec joie, remerciant Dieu le Père de nous avoir introduits dans l’héritage par le sang rédempteur de son Fils bien-aimé.

   A la fin des temps, pleinement vainqueur de ses ennemis qui ressusciteront pour leur châtiment, et roi sans conteste de tous les élus qui attendaient son avènement pour entrer, corps et âme, dans la gloire de l’éternité, le Christ remettra à son Père ce royaume qu’il a conquis au prix de son sang, comme l’hommage parfait du chef et de ses membres. Et ce sera alors la véritable Pâques, le plein passage dans la vraie terre promise, et la prise de possession à tout jamais, par Jésus et par tout son peuple du royaume de la Jérusalem céleste où dans ce Temple, qui n’est pas fait de main d’homme, règne le Dieu souverain en qui nous mettrons tous notre gloire et dont nous célébrerons le nom à jamais. Amen

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 06:46

   Le Temps après la Pentecôte est le symbole du long pèlerinage de l’Eglise vers le ciel, et les derniers dimanches, qui en sont comme les dernières étapes, nous font entrevoir la fin des temps. Au Bréviaire on lit les prophètes qui annoncent la fin du monde.

   Lorsque les Chaldéens eurent emmené les Juifs en captivité à Babylone, Jérémie parcourut les ruines de Jérusalem en exhalant ses Lamentations. Mais il prophétisa aussi l’avènement du Messie qui devait restaurer toutes choses. Ezéchiel prophétisa en plein exil la volonté de Dieu de sauver son peuple. Daniel, qui était aussi parmi les captifs de Babylone, déclare au roi Nabuchodonosor que la petite pierre qu’il a vue en songe renverser la statue d’or, d’argent, de fer et d’argile, et devenir elle-même une grande montagne, est en réalité la figure du Christ dont le royaume consumera tous les royaumes et subsistera éternellement.

   Le prophète Osée, quant à lui, annonça que Dieu mettrait fin au royaume d’Israël et qu’à un peuple qui n’était pas son peuple il serait dit : Vous êtes les fils du Dieu vivant, et qu’ensuite les fils de Juda  et les fils d’Israël se réuniraient ensemble et se donneraient un seul chef : paroles, dit St Augustin, qui sont une prophétie de la vocation des Gentils et de la réunion définitive des Juifs et des Gentils, à la fin du monde, en un seul et grand peuple racheté par le Christ.

   Toute la messe d’aujourd’hui s’éclaire à la lumière de ces prophéties. L’Introït est emprunté à Jérémie qui annonce la fin d’une captivité dont celle de Babylone n’était que la figure. Quel encouragement ne devons-nous pas trouver dans cette pensée : un jour viendra qui marquera la fin de notre exil et l’Eglise, en nous le rappelant, tient à nous assurer que « les pensées du Seigneur sont des pensées de paix ». Le Graduel est un chant de délivrance. Le De Profundis de l’Alléluia, repris à l’offertoire, est un appel lancé dans la détresse mais sûr d’être exaucé (Comm.)

   St Paul nous invite dans l’épître à abandonner le goût des choses de la terre pour nous attacher à celles du ciel, et à vivre ainsi déjà dans le ciel « dont nous sommes les citoyens et d’où nous attendons le Sauveur ». L’Eglise, qui fait écho à son appel, en nous demandant de « rester ferme dans le Seigneur », se souvient aussi de la faiblesse humaine pour nous faire implorer de Dieu le pardon de nos péchés et son aide pour n’y pas retomber (Or. et Postc.)

L’évangile, qui est un double récit de guérison et de résurrection, dit également la grande miséricorde et la puissance du Seigneur ; la fin du monde, en même temps que la manifestation de la justice divine, sera la révélation d’une rédemption incomparable dont les miracles du Christ peuvent ici-bas nous donner quelque idée mais dont la claire vue seule pourra nous révéler toute la grandeur et l’étendue.
   Cette œuvre immense de salut, songeons que nous y sommes mêlés et qu’elle se joue actuellement pour nous. Demandons à Dieu avec l’Eglise qu’il daigne, dans sa bonté, « continuer en nous l’œuvre que, sans mérite de notre part, il y a commencée ». (Secr.) Amen

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3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 18:22

   La vie chrétienne est un combat où la gloire de Dieu et le salut de son peuple sont engagés. Dans ce combat que tout chrétien doit mener, apportons la même ardeur que les Macchabées ; souvenons-nous que pour nous comme pour eux, c’est la foi de nos pères qui est en jeu, le patrimoine de notre vie spirituelle, ce que nous devrions avoir de plus précieux. Toutes ces richesses qui nous viennent de Dieu et que, faibles humains, nous portons en nous dans des vases d’argile, sont sans cesse menacées par les forces du mal qui luttent contre Dieu. Le combat se mène non pas contre des hommes, dit St Paul, mais contre le monde des esprits mauvais dont l’action est singulièrement puissante et pernicieuse. Et l’Apôtre de nous inviter à nous armer, pour cette lutte, des armes mêmes de Dieu. (Ep.)

   L’introït de la messe nous invite à la confiance : « Tout est soumis à votre bon vouloir, Seigneur, et nul ne peut résister à votre volonté, car c’est vous qui avez fait toutes choses : le ciel, la terre, et toutes les créatures, vous êtes le maître de l’univers ». Le Graduel, la communion expriment les mêmes sentiments d’espérance invincible au milieu des pires adversités : on se sent affermi par ces calmes appels à un Dieu tout-puissant qui s’emploie à nous seconder. Fût-on soumis aux dures épreuves par où dut passer le saint homme Job, dont l’Eglise nous parlait il y a quelques semaines et que l’offertoire d’aujourd’hui nous rappelle encore, qu’il faudrait, comme lui, rester fidèle et redoubler de confiance en Dieu plutôt que de désespérer.

   L’Eglise, qui sait les durs combats que nous avons à livrer, nous met sur les lèvres de magnifiques prières où les appels les plus pressants se doublent d’une incomparable sécurité (Voyez les trois oraisons de cette messe).

Il reste cependant qu’en dépit de l’aide divine nous sommes trop lâches et trop inconstants pour mener la lutte sans jamais faiblir. C’est alors plus que jamais qu’il faut savoir faire appel à Dieu et recourir à la miséricorde divine. L’évangile nous rappelle qu’elle est sans mesure et ne peut nous manquer, à la condition que nous sachions nous-mêmes pardonner du fond du cœur à ceux qui nous ont offensés. Amen

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3 novembre 2019 7 03 /11 /novembre /2019 18:21

   Nous voici parvenus à la fête de Toussaint. Nous avons peut-être du mal à en faire une fête joyeuse. Toutes ces visites aux cimetières réveillent en nous de douloureux souvenirs. En ce jour, beaucoup se sont mis en route vers la terre de leur famille pour se souvenir de ceux qui nous ont précédés. Toutes ces fleurs que nous avons déposées sur les tombes de nos défunts veulent témoigner de l’affection que nous leur portons.

   C’est vrai, nous ne pouvons pas faire moins un jour de Toussaint. Mais nous pouvons faire beaucoup mieux. Cette journée est bien plus que celle du souvenir. C’est surtout la fête de l’avenir. La sainteté c’est en effet l’avenir proposé par Dieu à tous les hommes. Nous sommes tous appelés à devenir des saints. Le problème c’est que, trop souvent, nous parlons bien mal de la sainteté ; nous nous en faisons une fausse image. Nous imaginons les saints comme des êtres lointains, bien au-dessus de nous, qui ont accomplis des performances extraordinaires à coups de renoncements et de sacrifices exceptionnels.

   La première chose que nous ne devons jamais oublier, c’est que Dieu seul est saint. C’est lui qui marque et qui rassemble le peuple élu. C’est lui qui offre à tous, le véritable bonheur. Tous ces hommes et ces femmes qui ont été reconnus saints, étaient des gens comme nous. Ils ont connu comme nous les limites de la nature humaine. Mais ils se sont livrés tout entiers, avec leurs qualités, leurs défauts et leurs passions au dynamisme de Dieu et à son amour passionné. Tous ces morts que nous pensions emportés dans la tourmente sont avec Jésus dans le bonheur de son Royaume. Ils ont obtenu la récompense de leur amour et de leur fidélité. Ce message est important pour notre époque troublée et bouleversée. Accueillons-le comme un appel à réchauffer notre espérance.

   Les chrétiens d’aujourd’hui comme ceux d’autrefois ont besoin de héros et de modèles. N’oublions jamais qu’avant d’être mis sur un piédestal, les saints ont cheminé comme chacun de nous. Leur vie a été un combat contre les forces du mal. Ce que Dieu a réalisé pour chacun d’eux, il le veut aussi pour nous. Nous partageons avec eux la même vocation. Pour y parvenir, Jésus nous montre le chemin. C’est l’évangile qui vient d’être lu.

   « Heureux les pauvres de cœur ! » Ne nous y trompons pas. Cette pauvreté dont parle Jésus n’est pas la misère. La pauvreté est toujours un fléau contre lequel il nous faut lutter. L’hiver qui arrive est là pour nous le rappeler. Le bonheur des pauvres de cœur dont parle Jésus, c’est tout autre chose. Et il ne concerne pas que la vie future ; il est surtout pour la vie présente : Jésus promet le bonheur immédiat à ceux qui ne sont pas pleins d’eux-mêmes mais qui sont aptes à accueillir le Royaume de Dieu. Ici la pauvreté est avant tout une disposition du cœur.

   Pour comprendre toute la portée de ces béatitudes, c’est vers le Christ que nous devons nous tourner. Il est le pauvre de cœur qui attend tout de Dieu et qui choisit de lui être fidèle jusqu’au bout. Il est le doux, celui qui relève la femme adultère sans brusquer ses accusateurs. Il ne cherche pas à mettre les coupables dans l’embarras ; et surtout il se réjouit quand il rencontre des gens de bonne volonté (Zachée qui s’est engagé à rembourser ses victimes et à partager avec les pauvres). Il est le miséricordieux qui se penche vers les misères physiques et morales et qui cherche à les apaiser. Il est l’artisan de paix qui invite sans cesse à pardonner et qui a donné l’exemple sur la croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Quant à être persécuté, il suffit de lire la Passion pour s’en rendre compte. Lui le Fils de Dieu a été condamné au nom même de Dieu.

   Ces béatitudes de l’évangile sont avant tout un portrait de Jésus lui-même. Elles nous montrent le chemin pour parvenir au vrai bonheur. Accueillons-les comme un appel à nous laisser modeler par lui à son image. Alors, tous ensembles, nous dessinerons son portrait. Comme un vitrail, nous reflèterons sa lumière pour que tous les hommes nos frères puissent être attirés par Lui.

Quelqu’un a dit que la Toussaint c’est la « séance de rattrapage ». Elle nous annonce la destinée glorieuse de tous les membres du Peuple de Dieu, non pas les purs mais les pécheurs sauvés, les pécheurs que Dieu veut combler de sa sainteté à lui. Marie, la Reine de tous les saints est toujours là pour nous ramener inlassablement vers le Christ. C’est avec elle que tous les saints ont appris à tout recevoir comme un don gratuit du Fils. Et c’est avec elle qu’ils vivent actuellement cachés dans le secret du Père.

   En union avec la foule immense de tous les saints du ciel et avec tous les chrétiens du monde entier, chantons notre action de grâce au Seigneur. Et nous lui demandons qu’il nous donne force et courage pour faire de notre vie une marche vers lui, vers ce Royaume qu’il a préparé pour tous ceux et celles qui acceptent de le suivre. Amen

 

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 07:26

   Nous fêtons aujourd’hui le Christ-Roi, fête voulue par Pie XI, pour lutter contre cette grande hérésie de notre temps : le laïcisme qui organise la vie sociale comme si Dieu n’existait pas...

Qu’est-ce que ce règne du Christ ?

   Le cœur de la doctrine que veut rappeler Pie XI par l’institution de cette fête est que, contrairement aux erreurs propagées par le laïcisme, le Christ est véritablement le souverain des sociétés humaines, qu’il s’agisse des sociétés politiques, économiques, culturelles, etc.

   Il ne s’agit pas d’une simple fiction, d’un titre hyperbolique, d’une image purement pédagogique. Il ne s’agit pas d’une chose éthérée, vaporeuse, lointaine, évanescente, inconsistante. La royauté du Christ signifie bien ce qu’expriment les mots. Le Christ est réellement roi, concrètement roi, donc il possède le pouvoir de commander, qui se résume dans les trois prérogatives classiques : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Et comme le Christ est le roi universel, ce commandement réel, effectif, s’exerce sur les individus, sur les familles et sur toutes les sociétés, y compris les États nationaux et les instances internationales.

   Contrairement aux affirmations fausses du laïcisme, la royauté du Christ, étant réelle et concrète, a tout à faire dans la vie de la cité. Cette royauté signifie que le Christ a un droit effectif de commander les hommes et les sociétés humaines, et que les hommes et les sociétés humaines doivent effectivement reconnaître cette royauté, la respecter et la mettre en œuvre quotidiennement.

   Voici un exemple très simple de ce qu’entraînerait le règne du Christ dans notre société actuelle, capitaliste : « Les problèmes économiques et sociaux seraient résolus si la vertu de tempérance, plus encore que la vertu de justice, était pratiquée par tout le monde. Le mépris des choses de ce monde, la mesure en toutes choses, dans tout ce qu’il faut employer ici-bas, dans tous les biens dont il faut user : voilà la tempérance. Si tout le monde pratiquait la vertu de tempérance, la vertu de justice serait vite résolue. Mais parce qu’on ne veut plus pratiquer la vertu de tempérance, parce que tout le monde recherche davantage de biens, toujours davantage de jouissance à n’importe quel prix, dans n’importe quelles conditions, alors la jalousie, l’envie se mettent dans le cœur des hommes, et ainsi la lutte se répand dans le monde entier. De même, si ceux qui possèdent comprenaient davantage qu’ils doivent, eux aussi, user avec modération des biens de ce monde, ils pourraient se montrer plus généreux envers ceux qui manquent » (Mgr Lefèvre, 7 janvier 1973).

   La base de cette doctrine du règne du Christ, rappelée par Pie XI, est claire. D’une part, la société humaine est une créature de Dieu et, comme telle, doit rendre un culte à Dieu. D’autre part, la société humaine forme l’homme, comme nous le voyons a contrario aujourd’hui, où une société laïciste forme des hommes laïcisés, apostats de leur baptême. Évangéliser, c’est christianiser les âmes, mais aussi imprégner les institutions d’esprit chrétien. A l’inverse, des institutions imprégnées d’esprit chrétien contribuent à christianiser les âmes, donc à évangéliser. Autrement dit : à peuple chrétien, État chrétien ; mais aussi : à État chrétien, peuple chrétien.

   Comme la haine antichrétienne et le laïcisme montent sans cesse, comme l’espace social de la foi se rétrécit, comme notre foi est sans cesse agressée par l’immoralité, le blasphème, le naturalisme, le pape Pie XI veut nous inciter à nous réveiller, à résister, à entrer en esprit de résistance face au mal et à l’erreur. Et même, plus fort encore, il veut nous inciter à entreprendre courageusement la reconquête de la société au Christ, la reconstruction de la chrétienté, même si matériellement, bien sûr, la chrétienté contemporaine va être en partie différente de la chrétienté antique ou médiévale.

   Plus que jamais chantons ces acclamations carolingiennes :

Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. Amen

 

 

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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 08:16

   L’Évangile qu’on vient d’entendre a fait donner plus spécialement le nom de ‘Dimanche des conviés aux noces’ au dix-neuvième Dimanche après la Pentecôte. Dès le commencement néanmoins de la série dominicale qui prend son point de départ à la descente de l’Esprit-Saint, (la Pentecôte), l’Église proposait à ses fils l’enseignement évangélique qu’elle offre aujourd’hui derechef à leurs méditations ; au deuxième Dimanche après la Pentecôte, elle empruntait à saint Luc l’exposé de la parabole du grand repas aux nombreux invités, que saint Matthieu, précisant davantage, appelle maintenant le festin des noces.

   « Dieu le Père, dit St Grégoire, a fait les noces de Dieu son Fils, lorsqu’il l’unissait à la nature humaine dans le sein de la Vierge, et plus encore lorsqu’au moyen de l’Incarnation il lui a uni la Sainte Eglise. Il a envoyé deux fois ses serviteurs pour inviter ses amis aux noces : les prophètes, qui ont annoncé l’Incarnation du Fils de Dieu comme devant arriver, et les apôtres qui l’ont présentée comme étant un fait accompli. A la dernière heure, l’Eglise, qui pour le moment reçoit indistinctement quiconque se présente, fera la discrimination des bons et des méchants. Lorsqu’on est invité aux noces de ce monde, on change de costume pour montrer qu’on participe à la joie de l’épouse et de l’époux ; nous qui prenons part aux noces du Verbe, qui avons foi en l’Eglise, qui nous nourrissons des Saintes Ecritures et qui nous réjouissons e l’union de l’Eglise avec Dieu, revêtons donc notre cœur de la robe écarlate de la charité qui est la véritable robe nuptiale réclamée par Dieu. » (Homélie de matines)

    St Paul de son côté, nous dit dans l’Epître, qu’il faut se dépouiller du vieil homme comme on ôte un vieux vêtement et se revêtir du Christ comme on met un vêtement nouveau. Chez les anciens, « revêtir un vêtement » c’était entrer dans l’état et la fonction dont ce vêtement n’était que le symbole extérieur ; « revêtir le Christ », c’est donc renoncer aux passions, à toutes les convoitises dont nous avons hérité comme enfants d’Adam, et vivre désormais de la vie même du Christ et conformément à la loi de charité qu’il nous a donnée.

   Remarquons, pour conclure, que malgré sa qualité d’Épouse chérie du Fils de Dieu, l’Église n’en est pas moins sujette ici-bas aux tribulations. Les ennemis de l’Époux, ne pouvant plus atteindre directement le Seigneur, portent sur elle leur rage. Le Seigneur voit dans ces épreuves, supportées par l’Église avec amour, un nouveau trait de cette conformité qu’elle doit avoir avec lui en toutes choses ; il la laisse donc souffrir en ce monde, se contentant de la soutenir toujours et de la sauver, comme le dit l’Offertoire, au milieu des maux qui vont croissant autour d’elle. Que Notre-Dame du Rosaire en soit toujours la protectrice. Amen

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14 octobre 2019 1 14 /10 /octobre /2019 07:44

   Ce dimanche, qui prend place dans nos missels après le samedi des Quatre-temps de septembre, était autrefois vacant. La liturgie des ordinations de la veille se prolongeant, en effet, jusqu’au dimanche matin, il n’y avait pas de messe propre au dimanche même.

   Lorsqu’on n’attendit plus le samedi soir pour célébrer la messe d’ordinations, on emprunta, pour ce 18ème dimanche après la Pentecôte, la messe qui avait été composée au 6ème siècle pour la dédicace de l’église St Michel à Rome et qui fut célébrée le 29 septembre. Aussi tous les chants se rapportent-ils à la consécration d’une église. « Je fus dans la joie quand on me dit : nous irons dans la maison du Seigneur » (Verset de l’introït et Graduel). « Moïse consacra un autel au Seigneur » dit l’offertoire. « Entrez dans les parvis du Seigneur, et adorez-le dans son saint temple », ajoute la communion.

En ces derniers dimanches de l’année liturgique où l’Eglise va nous rappeler avec insistance le retour du Christ, lorsqu’il viendra à la fin des temps pour nous introduire dans la maison de son Père, tous ces chants qui nous parlent du temple de Dieu sont une évocation du ciel, le temple éternel où tous les peuples sont appelés à entrer.

   Appartenir à l’Eglise c’est déjà être entré dans la maison du Seigneur et puiser à plein aux richesses du salut que le Christ nous y départit : St Paul le rappelle et en rend grâces à Dieu dans l’épître ; mais en un sens très réel aussi, la maison du Seigneur c’est la Jérusalem du ciel où il nous reste à entrer après avoir appartenu à celle de la terre et nous y être préparés « au jour de l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Ep.). Nous jouissons déjà dans l’Eglise, de la paix, la vraie paix du Christ promise par les prophètes, et l’Eglise nous la fait demander encore pour en jouir un jour en plénitude (Intr., Grad.). L’Eglise de la terre, c’est la cité des cieux qui déjà se construit. Nous y bénéficions, par le ministère des prêtres (rappel des ordinations), du pardon des péchés que le Christ est seul à pouvoir nous remettre (Ev.), du Sacrifice de la messe et de l’Eucharistie qui nous donnent de participer de plus en plus à la vie divine et nous préparent à la vie éternelle (Secr., postc.).

Dans l’Evangile, en effet la paralysie, qui enlève le mouvement au corps, est une image du péché qui ôte la vie à l’âme. « Oh ! si nous voulions voir, dit St Pierre Chrysologue, la paralysie qui envahit notre âme, ou considérer notre âme privée de vertus et remplie de vices, de quel éclat le Christ ne brillerait-il pas à nos yeux et comment alors ne pas recourir aux remèdes qu’il s’empresse de nous donner ? »

   N’oublions jamais que, malgré notre misère, nous sommes appelés à la sainteté. Amen

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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 17:29

   Dans la vie de l’Église, les rapprochements historiques peuvent être dangereux; ils sont toujours féconds lorsque c’est la liturgie de l’Église qui les porte.

   Le 7 octobre 1571, les galères chrétiennes défaisaient la flotte turque, à Lépante. Pour la première fois, l’avancée ottomane vers l’Occident était arrêtée. Le Pape St Pie V avait placé cette croisade sous le patronage de Notre Dame du Rosaire, et c’est à Elle que fut aussitôt imputée cette victoire inattendue: « Ce n’est pas notre puissance et nos armes, mais Notre Dame du Rosaire qui nous a valu la victoire ». D’où son nom de Notre Dame de la Victoire. Deux ans plus tard, le 7 octobre 1573, Grégoire XIII instituait la fête liturgique de Notre Dame du Rosaire, afin de stimuler dans toute l’Église le culte du Rosaire.

   430 années plus tard, en octobre 2001, Jean-Paul II a invité de nouveau les chrétiens, de façon particulièrement pressante à prier le Rosaire durant le mois d’octobre. Alors que se déchaîne la violence la plus diabolique et que montent les rumeurs de guerre, nous sommes tous invités à une supplication instante en faveur de la Paix, par l’intercession de Notre Dame du Rosaire, Notre Dame de la Paix.

   Notre Dame de la Victoire, Notre Dame de la Paix: ne nous y trompons pas; derrière la diversité des contextes historiques, c’est un seul et même but vers lequel tend la prière chrétienne, la Victoire de la Paix. Lorsque la guerre, la haine, la violence menacent de tout emporter, les chrétiens, à l’école de l’Évangile, pressentent que le salut ne peut pas venir de la force des armes. Certes, il est légitime de se défendre, de tout faire pour mettre hors d’état de nuire envahisseurs et terroristes; c’est même un devoir. Mais le risque est grand, alors, d’ouvrir le cycle infernal de la vengeance; de mettre notre confiance dans nos chars et nos chevaux, dans nos avions et nos missiles, alors que de telles armes humaines sont incapables de produire une victoire qui soit une vraie paix, n’engendrant que plus de frustrations chez les vaincus.

   Si les chrétiens se tournent vers Marie, c’est qu’ils savent, dans la foi, qu’un tel combat et une telle victoire ne peuvent être que spirituels. Ce vrai combat n’est pas entre des bons et des méchants, entre des pays, des cultures, des religions…. Le combat véritable se déroule dans les cœurs, au plus intime de chaque homme. Aujourd’hui, plus encore qu’au XVIe siècle, nous percevons combien les enjeux politiques sont complexes, imbriqués, mêlés de bien et de mal, et que les meilleures causes sont souvent gâtées par les égoïsmes les plus douteux et cyniques. Ainsi du mythe si dangereux d’une supériorité de l’Occident menacé par la sauvagerie des autres parties du monde restées primitives.

    La violence, la haine et la guerre trouvent leur origine dans le cœur de chaque homme lorsque le Christ n’y est pas présent pour mener lui-même le combat de l’amour et de la paix. Il n’y a de paix véritable que dans le Christ et par Lui, Lui qui a offert sa vie, une fois pour toute, afin d’extirper du cœur de l’homme les forces du péché et de la mort. C’est une illusion vaine et idolâtre, pour l’homme, de se croire capable de remporter par lui-même, par sa force, son intelligence et sa pugnacité, le combat de la paix. Seule la grâce du Christ, en qui tous les hommes sont réconciliés avec Dieu et entre eux, peut remporter la victoire de la paix. Cette paix ne se trouve nulle part ailleurs que dans le Règne du Christ, Prince de la paix qui doit régner sur les cœurs comme sur les nations.

   Voilà pourquoi il est si urgent pour nous, chrétiens qui connaissons l’Évangile de la Paix et en sommes les serviteurs pour toute l’humanité, de déployer avec ardeur cette arme privilégiée de la Paix qu’est, dans la tradition de l’Église, la prière mariale du Rosaire.

   Le Rosaire, par sa nature répétitive et litanique, est d’abord une prière de pauvreté, la prière des pauvres. Point n’est besoin d’être très avancé sur les chemins de la mystique, de la théologie ou de charismes particuliers pour la pratiquer. Des mots simples et faciles, inlassablement répétés car reçus de la Parole de Dieu elle-même: voilà son secret de pauvreté. Tout comme la victoire de la paix ne dépend pas de nos avions et de nos missiles sophistiqués, mais de la grâce du Christ agissant dans les cœurs, de même, l’efficacité de cette prière pour la paix n’est pas suspendue à des techniques ésotériques ou initiatiques réservées à quelques uns, mais à l’humilité aussi démunie que confiante d’un cœur qui s’abandonne à la seule force de Dieu. Voilà la supplication des enfants de Dieu, incapables de gagner la paix par eux-mêmes, mais certains que Dieu entend la prière de ceux qui crient vers lui du fond de leur détresse: Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs.

   Il n’est aucun cœur d’homme, aucun de ces cœurs pour lequel le Christ est mort et ressuscité, qui ne puisse être atteint par la maternité de Marie. Et cela tout particulièrement en dehors des frontières visibles de l’Église, là où l’Évangile n’est pas entendu explicitement et où les sacrements ne peuvent pénétrer. Quand l’Église de la terre reste démunie pour atteindre les hommes, la grâce de Dieu se sert inlassablement de la médiation de Marie pour toucher les cœurs, les convertir intérieurement et faire ainsi avancer le règne de la paix.

   La menace d’un embrasement général de la planète, aujourd’hui, pèse autant sinon plus que la menace ottomane au XVIe siècle, toujours sous le même décor de guerre religieuse masquant des rivalités de puissance. Il nous revient, à nous chrétiens, disciples du Christ renés de l’eau et de l’Esprit, de recourir aux seules armes de paix vraiment efficaces: la conversion et la prière. Nous convertir, c’est laisser la grâce de Dieu imprimer en nous, toujours davantage, l’image de Jésus, l’Agneau de Dieu qui nous offre la paix par le sacrifice de lui-même sur la croix. Prier, c’est laisser la supplication envahir nos cœurs, dans la certitude que la paix est un don de Dieu, non pas une conquête du génie de l’homme.

   Qui nous donnera le salut? Sûrement pas la force de nos armées; encore moins notre indifférence sceptique ou nos peurs primitives. Que Notre Dame du Rosaire, Reine de la Victoire et de la Paix, nous aide à entrer résolument, par notre conversion et notre prière, dans le grand combat de la paix, celui que le Christ a inauguré, mené et remporté pour toute l’humanité. Amen

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