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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 14:50

   Nous venons de lire une longue page d’Evangile, la plus longue de toutes celles qui nous sont citées en cours d’année. D’une manière habituelle, les fidèles disent de ce passage du saint Evangile : c’est l’Evangile de la fin du monde. Cette dénomination est en partie exacte…mais en partie seulement. Car aussi bien les auteurs spirituels que les écrivains ecclésiastiques (dont les plus anciens portent le titre de ‘Pères de l’Eglise’)-aussi bien que les interprètes les plus qualifiés et les plus sérieux que nous nommons exégètes, tous s’accordent pour reconnaître dans ce texte deux parties bien distinctes.

   Une partie touche la ruine de Jérusalem – l’autre partie effectivement la fin du monde. Il y a donc pour une claire compréhension de ce texte à distinguer ce qui revient à chacun de ces deux évènements. C’est la première difficulté.

   Ainsi qu’on l’a marqué la ruine de Jérusalem est, non pas la fin du monde, mais la fin d’un monde, ce monde dominé par l’élection du peuple d’Israël qui devait recevoir le Sauveur et devenir par le fait même le flambeau du monde. Or Israël est déchu de sa prérogative en raison du rejet qu’il a opéré : St jean nous le dit en deux lignes au début de son Evangile : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » Israël va donc disparaître et le signe tangible sera la ruine de Jérusalem et de son Temple. Jésus prévient et donne des signes : on pourra dons prévoir cette ruine « comme on escompte la venue de la belle saison d’après l’éveil printanier d’un figuier » - apprenez cette comparaison tirée du figuier…on pourra donc avant la catastrophe prendre la fuite et se mettre à l’abri. D’ailleurs la ruine n’est pas éloignée « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive ! » Les évènements ayant eu lieu, il nous est d’autant plus facile d’en reconnaître l’annonce dans le discours de Jésus.

   Quant à l’autre partie de la prophétie : elle concerne la fin du monde, de ce monde que nous habitons, coïncidant avec le dernier avènement du Fils de l’homme. Nous allons d’abord noter qu’aucune date même approximative ne nous en est donnée. Lorsque Jésus eut fini son discours, les disciples l’interrogèrent : Dites-nous quel sera le signe quand toutes ces choses seront près de s’accomplir ?-La réponse de Jésus : « Pour ce jour et cette heure personne ne les connait, pas même les Anges du ciel : il n’y a que le Père » (Comprenons que Jésus, Fils de Dieu, ne peut ignorer le jour où il paraîtra sur les nuées du ciel-cependant, comme révélateur des secrets de son Père, il n’a pas reçu mission de nous révéler ce temps). Et même Jésus va fournir une référence historique pour s’expliquer « comme aux jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. Car, comme ils étaient aux jours d’avant le déluge, mangeant et buvant, se mariant et mariant leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et qu’ils ne surent rien de la venue du déluge jusqu’à ce qu’il arriva et les emporta tous : ainsi sera l’avènement même du Fils de l’homme. »

   Mais que faut-il penser des signes précurseurs que Notre Seigneur énumère dans son discours ? Il semblerait, vu l’insistance avec laquelle Jésus avertit ses fidèles que certains de ces signes n’apparaîtraient pas comme tellement décisifs que l’on puisse en tirer un indice certain de l’approche de la fin du monde. Ainsi quand Jésus dit : parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira -(cette déclaration précède le passage que nous avons lu) que peut-on dire sinon que notre temps actuel pourrait bien sembler en passer par là : la perte de la foi attisée par les faux prophètes qui sont légion en notre monde, d’autant plus dangereux et ‘performants’ qu’on en retient que ce qui flatte les foules, cette perte de la foi, et donc de la vérité, entraîne immanquablement celle de la charité, c’est-à-dire, en premier lieu, l’amour de Dieu qui est oublié, absent, en attendant d’être renié et repoussé.

   Jésus prévoit aussi l’annonce de son Evangile « Cet Evangile du Royaume sera prêché dans le monde entier en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin ». Il est aisé de constater que la diffusion de l’Evangile a été pratiquement universelle. Mais que constate-t-on aussi : que de plus en plus la contestation se répand dans les rangs même du catholicisme, faisant fi de toute la tradition de l’Eglise, de son enseignement, de son autorité, de l’éducation qu’elle avait su donner pour pratiquer la piété et la morale.

   Si Jésus n’en parle pas ici, l’apôtre Saint Paul, lui, annonce solennellement la conversion des Juifs : « Par leur chute, le salut est arrivé aux Gentils…si leur chute a été la richesse du monde que ne sera leur plénitude…leur réintégration sinon une résurrection ? » Apparemment ce point du programme ne se réalise pas ! pour le moment !

   Enfin, il y a l’apparition de l’Antéchrist et l’apostasie qu’elle entraînera, qui dépassera celle que nous connaissons et que nous subissons actuellement. De ceci nous reparlerons sans doute…

   Je n’ai encore rien dit des phénomènes qu’on appellerait maintenant cosmiques, auxquels Notre Seigneur semble donner une grande importance. Ces phénomènes toucheraient le soleil, la lune, les étoiles ; saint Luc y ajoute la mer et ses flots, toutes choses qui feraient « sécher les hommes de frayeur (nous lirons ces paroles dimanche prochain). Je n’en ai rien dit parce qu’il semble que ces phénomènes seraient les derniers avant l’apparition du ‘signe du Fils de l’homme’ et l’arrivée de Jésus lui-même.

   Cette vision eschatologique est certainement difficile à interpréter ; ce terme ‘eschatologie ‘vient du grec « ta eschata » qu’on traduit en français « les dernières choses » et qui s’applique donc à la fin du monde. De nos jours, on ne peut nier que le chrétien moyen soit peu préoccupé de problèmes eschatologiques. Hélas !oui. Mais prenons y garde : d’autres s’en occupent et le nombre croissant de sectes qui préparent leurs adeptes à la fin du monde est en croissance continuelle. Il ne s’agit pas, de notre côté, de faire de la surenchère. Mais, si en fêtant le dernier dimanche d’octobre la Royauté de NSJC nous savions qu’elle ne sera pleine et entière que dans son Royaume, le Ciel ; nous devons en préparer en quelque sorte la proclamation solennelle qui aura lieu en ces jours-là où il reviendra avec puissance et majesté sur les nuées du ciel au-dessus de cette terre qu’il a arrosée de son Sang.

   Ce que Dieu veuille que nous fassions avec un réel enthousiasme. Amen

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 17:16

   La page d’Evangile de ce dimanche est brève et j’ose dire archi-connue. Nous en ferons cependant un nouveau profit parce que son commentaire détaillé pourra apporter quelques précisions auxquelles le lecteur ou l’auditeur n’est pas habitué. Les Pharisiens, (c’est le parti religieux influent en Israël), viennent d’entendre une déclaration de Jésus qui ne peut pas leur faire plaisir : il a raconté une parabole, la parabole des vignerons homicides qui se sont appropriés la vigne de leur Maître non seulement en en gardant les fruits, mais qui ont de plus battu ou tué ceux qui venaient de la part du Maître en demander le rapport. Même le propre fils connaîtra l’injustice de ces exploitants puisqu’ils se jetèrent sur lui et le massacrèrent. Après avoir posé une question tout à fait à propos : « Quand le Maître de la vigne se présentera que fera-t-il à ces vignerons » les Pharisiens répondent spontanément (je dirai innocemment) « Il frappera sans pitié ces misérables et louera sa vigne à d’autres vignerons »…Les interlocuteurs de Jésus ne s’attendaient pas à la suite : après leur avoir cité le prophète Isaïe, Jésus ajoute : « Je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté et qu’il sera donné à un peuple qui en produira les fruits ». Les Pharisiens enragent : ils ne s’attendaient pas à cette conclusion : leur détermination grandit : il faut se débarrasser de ce maudit prophète, ils songent à mettre la main sur lui…mais ils craignent la réaction du peuple qui admire Jésus. Alors il faut trouver autre chose et cette autre chose, c’est notre évangile de ce matin : compromettre Jésus sur un plan politique ! Les Pharisiens n’osent pas paraître : ils envoient des Hérodiens : leur nom indique que ces gens sont des courtisans d’Hérode (Antipas). Les vrais juifs n’aimaient pas cette dynastie des Hérode dont se servait l’occupant romain. En faisant les doux yeux à l’occupant romain, ils espèrent un jour obtenir leur autonomie, Pilate le gouverneur, de son côté, se sert d’eux comme des dénonciateurs virtuels.

   Il faut voir avoir quelle mielleuse hypocrisie ils se présentent à Jésus, cherchant à gagner sa confiance par des compliments dont bien entendu ils ne croient pas un mot : « Maître, nous savons que vous êtes plein de vérité et que vous enseignez la voie de Dieu sans tenir compte de personne. » Une vraie patelinade qui amène pourtant une question brutale et parfaitement compromettante « Est-il permis de payer le tribut à César ou non ? » Allez demander à un contribuable français « est-il permis de payer vos impôts ? » En fait de permission….si ce contribuable en use, il subira la contrainte.

   Les adversaires de Jésus mélangent volontairement les plans : ils savent bien qu’on ne leur fera pas grâce de l’impôt, du tribut (comme on l’appelle), mais en tant qu’Israëlites, fils du peuple choisi de Dieu, au-dessus de tous ces païens, y a-t-il une obligation morale à fournir des subsides à ces occupants de malheur, à leur reconnaître une autorité sur eux et eux une allégeance ? Jésus est pris au piège. Il ne peut répondre oui sans passer pour un mauvais Israëlite, un transfuge, un collaborateur. S’il répond non, il devient un provocateur, un insoumis, un résistant et les romains sont très chatouilleux en matière d’impôts : l’un des contemporains de Jésus, un certain Judas, avait essayé une grève d’impôts : il lui en coûta la vie.

   L’Evangile nous rapporte par le détail la réplique de Notre Seigneur. Avec un calme imperturbable, il demande qu’on lui montre un denier. C’est une pièce d’argent : or les Romains ne permettaient pas aux Juifs de frapper la monnaie des métaux précieux : tout juste des pièces de bronze qui portaient des images de plantes ou d’animaux. La pièce qu’on lui tend porte l’effigie de César (sans doute celle de Tibère, l’empereur régnant…mais tous les empereurs s’appellent César). Ils ont tirés la monnaie romaine de leur ceinture : donc ils s’en servent, donc ils reconnaissent (sans doute à leur corps défendant) mais ils reconnaissent l’empereur romain comme le souverain du pays. Le piège s’est refermé sur eux : Rendez à César ce qui est à César !

   Jésus ne tranche pas le débat politique : il ne veut pas se mêler de questions politiques. Il ne refuse pas cependant de reconnaître un pouvoir de fait, qu’aucun d’ailleurs de ses interlocuteurs n’a l’imprudence de nier. « C’est comme ça, c’est comme ça »

   Cependant Jésus ne s’arrête pas à cette considération. Il élève le sujet sur un terrain bien plus élevé en ajoutant : « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». Bien sûr, personne ne s’attendait à ce supplément…d’information. La fête du Christ-Roi m’a permis un commentaire de cette dernière parole! Pour le moment nous allons nous séparer de ces Hérodiens penauds et déconfits. Ils n’étaient pas seuls et si l’Evangile dans la suite du récit (que nous n’avons pas lue) remarque : « Cette réponse les remplit d’admiration et ils s’en allèrent » on doit logiquement supposer que ce n’étaient pas les Hérodiens qui admiraient, mais les autres témoins de l’épisode, dont certains ne durent pas se priver d’éclater de rire, ce qui n’était après tout que la monnaie de leur pièce !

   Et j’ajouterai que pour nous, il ne faut pas perdre l’occasion quand elle se présente de rire aussi des imprudences, des naïvetés, de la mauvaise foi des ennemis de Dieu. On n’a pas toujours à se laisser submerger par l’insolence de nos adversaires. Réjouissons-nous, quand Dieu le permet, de voir se dégonfler l’assurance d’un adversaire bouffi d’orgueil. Amen

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 11:05

   La Liturgie, en son automne, nous montre de nouveau le Christ à son retour, cette fois-ci comme roi miséricordieux et magnanime dans le pardon, sévère dans le jugement. Si nous voulions définir ce dimanche, ce serait : la vie chrétienne à la lumière du second avènement.

   Le second avènement du Christ est le grand jour de la reddition des comptes ; Dieu est royal dans le pardon ; il est prêt à pardonner ici-bas les péchés si nous pratiquons le pardon dans la charité. Si donc nous voulons obtenir un jugement de miséricorde, nous devons nous assurer dès ici-bas la possession de la charité qui pardonne, afin qu’elle plaide pour nous. Ceux qui sont durs et impitoyables seront sévèrement punis. L’acte magnanime que le Roi Jésus a accompli jadis en mourant sur la croix est rappelé aujourd’hui au Saint Sacrifice ; il nous remet la dette immense de nos péchés ; en retour de ce don, nous devons pratiquer l’amour du prochain.

   L’Offertoire de cette messe est particulièrement beau ; il constitue aujourd’hui tout un récit : la patience de Job, une illustration de l’Épître. Ce Job patient, c’est l’Église ; c’est nous aussi ; il représente les combats de la vie ; l’enfant de Dieu est sur terre un enfant disgracié que « Satan cherche afin de le tenter ». Par conséquent, ne nous attendons pas à trouver le bonheur sur terre ; la souffrance est une grande grâce de Dieu qui nous permet de demeurer sur terre en étrangers; que les amertumes de la vie soient notre offrande au Saint Sacrifice. Et dans l’antienne de la communion, notre âme laisse échapper un cri d’ardent désir vers la terre de notre espérance, hors du champ de bataille de la vie d’ici-bas.

   La messe de ce dimanche peut être illustrée par une image formant triptyque : au milieu, le divin Juge à son second avènement (Ev.) ; d’un côté, le combattant revêtu de son armure, au mauvais jour (Épître) ; de l’autre, Job, l’homme patient (Off.). En découlent trois leçons : la Vie chrétienne à la lumière du second avènement, en rapport avec : a) l’amour du prochain (le pardon dans la charité), b) le combat dans la tentation, c) la patience dans les souffrances.

a) Au milieu se tient donc le Juge éternel ! Il nous faut examiner la saisissante image. Le Juge si miséricordieux et pourtant si sévère ! D’un mot il nous remet l’énorme dette — mais nous ne voulons pas pardonner aux hommes leurs légères offenses. Tout se révolte en nous devant cette comparaison, et nous considérons comme une juste satisfaction que l’homme impitoyable soit puni. Et pourtant, cet homme, c’est nous ! Leçon : Nous devons pratiquer le pardon charitable si nous voulons trouver un juge clément. Le Christ a fixé cette leçon dans le Notre Père...

b) La vie est un combat ; ce fut le thème de plusieurs dimanches après la Pentecôte ; toutefois, il est exposé aujourd’hui en considération de la fin. C’est la volonté de Dieu que nous gagnions le ciel en combattant  (« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »). Nous sommes dans l’Église militante. L’ennemi, c’est le démon, le monde, la chair, le moi. Toutefois, dans ce combat nous ne sommes pas seuls. L’Église nous arme (l’épître nous revêt d’une armure complète). La messe du dimanche est la meilleure école de combat pour le combat de la semaine : La parole de Dieu, dans la première partie de la messe, est pour nous bouclier et épée ; le sacrifice et la communion nous donnent force et grâce. L’immolation du Christ est l’expression la plus haute du combat héroïque de notre chef, le Christ, sur le champ de bataille du Golgotha.

   L’Église nous donne donc une triple leçon à la lumière de la justification passée : pratiquons le pardon charitable ; combattons le bon combat et persévérons dans la patience comme Job. Amen

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 17:08

   Pour vous parler, en ce jour de Toussaint, il m’a semblé bon de me servir du texte que l’Eglise cite dans l’Office Divin au 2ème nocturne des Matines. Ce texte est tiré du Sermon 18, intitulé ‘des Saints’, qui a pour auteur Saint Bède le Vénérable. Ce saint nous est peu connu : il vécut de 673 à 735, d’une famille anglo-saxonne. Il commença à écrire vers l’âge de 30 ans époque de son ordination sacerdotale. Travailleur infatigable, il fut estimé de toute l’Angleterre, consulté y compris par les évêques et les rois. Son tombeau se trouve dans l’imposante cathédrale romane de Durham, devenue malheureusement anglicane. Le titre de Vénérable qu’il reçut dès l’antiquité était une sorte de canonisation populaire qui lui a été conservée. Le pape Léon XIII l’a inscrit au rang des Docteurs de l’Eglise. Voici donc le début de son sermon sur les Saints :

   « Aujourd’hui, bien-aimés frères, nous célébrons, dans l’allégresse d’une solennité commune, la fête de tous les Saints. Leur société réjouit les cieux, leur protection console la terre, leur triomphe couronne la sainte Église. Plus 1a profession de leur foi a été ferme dans les tourments, plus ils ont d’éclat dans la gloire. Car la violence du combat s’augmentant, l’honneur des combattants s’est aussi accru. »

   Saint Bède s’attarde ensuite sur le cas des martyrs. Sans doute se souvient-il que la fête de la Toussaint fut d’abord la fête de ceux qui versèrent leur sang pour le Seigneur :

 « Les diverses tortures du martyre rehaussent le triomphe, et des souffrances plus affreuses ont procuré de plus délicieuses récompenses. Notre mère l’Église catholique, répandue au loin dans tout l’univers, à qui Jésus-Christ, son chef, apprit par son exemple à ne craindre ni les outrages, ni les croix, ni la mort, s’est de plus en plus fortifiée, non par la résistance, mais par la patience. Pour encourager toutes ces légions d’illustres athlètes, jetés en prison comme des criminels, et pour les animer tous à soutenir le combat avec la même ardeur et un courage égal, elle leur a inspiré la sainte ambition d’un glorieux triomphe. »

   Puis Saint Bède fait une mention spéciale des Vierges. N’aurait-il en vue que les femmes qui ont gardé la virginité. Il ne semble pas. La virginité s’étend à tous ceux qui s’efforcent de préserver leur âme du péché mortel : dans ce sens, elle s’applique aux hommes comme aux femmes. « La paix comme les combats ont leurs fleurs » Tous ne sont pas appelés au don du sang, tous sont appelés à une couronne glorieuse.

   Saint Bède va terminer par une considération générale qui nous permettra, en ce jour, de placer notre existence dans la véritable perspective du combat spirituel auquel nous sommes confrontés pour notre bien le plus précieux : celui de la récompense glorieuse du ciel.

   « L’immense et ineffable bonté de Dieu a même eu soin de ne pas prolonger le temps des travaux et du combat, et de ne le faire ni long, ni éternel, mais court, et pour ainsi dire, d’un moment. Elle a voulu que les combats et les travaux fussent pour cette vie passagère et vite écoulée ; les couronnes et les récompenses du mérite, pour la vie éternelle ; que les travaux finissent promptement, que la récompense des mérites durât toujours ; qu’après les ténèbres de ce monde, il fût donné aux Saints de jouir de la plus resplendissante lumière, et de posséder une béatitude plus grande que le cruel excès de toutes les souffrances. Et voilà ce qu’atteste l’Apôtre quand il dit : « Les souffrances du temps n’ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous. »

   Et maintenant, regardons autour de nous ! Dans notre église d’abord : nous sommes une assemblée de fidèles : nous avons voulu célébrer la fête de Tous les Saints, qui est d’obligation. Nous l’avons voulu parce que nous croyons au Ciel : aujourd’hui c’est la fête du Ciel où nous honorons nos frères aînés. Sans doute nous faut-il cependant élargir notre désir du Ciel, en faire l’objet fréquent de notre pensée, sinon nous nous montrons négligents, presque indifférents vis-à-vis de ce qui est notre destinée et notre véritable séjour.

   Regardons hors de notre église. Nous voyons aujourd’hui beaucoup de nos semblables se rendre dans les cimetières. Ils y vont remplir un devoir de souvenir, d’affection. Ils vont honorer leurs défunts. Mais ces honneurs peuvent-ils toucher ces corps sans vie ? Ces visiteurs se posent-ils des questions sur une survivance de ces disparus ? Hélas, sans doute bien peu ! Ils ne sont pas venus d’abord, ici, dans l’église, se remémorer que la mort ne détruit pas, qu’elle dispose (sans doute douloureusement, mais sûrement) à acquérir une habitation éternelle dans les cieux : la condition c’est la fidélité, la constance dans la foi.

   Et puis, il y a tous les autres, qui aujourd’hui vont aller à leurs affaires, comme tous les autres jours, sauf peut-être qu’ils bénéficient d’un congé. S’arrêteront-ils, l’espace de quelques secondes à se demander : pourquoi la Toussaint ? Il faudrait que nous souffrions de cette ignorance ou de cette indifférence ou même de ce rejet de toute réflexion !

   « Vous mes Saints qui, vivant dans la chair, avez combattu, je vous rendrai le salaire de votre peine » (répons VI de Mat.) nous dit le Seigneur par la Sainte Eglise. Amen

 

 

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 07:34

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». 

Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ! N’est-ce pas là, pleinement, l’objet de la Fête de la Royauté de Jésus ? Quand on parle de royauté, on prend la précaution d’en distinguer la nature : la monarchie absolue, lorsque la royauté est exercée par un monarque  (elle n’a pas de limite dans l’exercice du pouvoir), la monarchie élective (on choisit son monarque), la monarchie tempérée (on y fixe des limites), la monarchie constitutionnelle (soumise à des lois promulguées par une assemblée). La royauté de Notre Seigneur est du type monarchie absolue. Rien ne vient limiter son pouvoir, car en tant que Dieu il est Maître absolu, - en tant qu’homme il reçoit de son Père une puissance qui ne peut être emportée par qui que ce soit, par quoi que ce soit, qui lui assure un règne que rien ne peut bouleverser = nous venons de chanter cela dans l’Alleluia. Et Jésus s’en fait gloire : avant de quitter ses Apôtres au jour de son Ascension il le réaffirme : Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Ce sera la perpétuelle entreprise de ses ennemis, leur inguérissable angoisse, que de chercher à faire basculer cette réalité, dure pour eux, trop dure : il leur faudra faire appel à la seule puissance qui ose se dresser contre celle du Christ, la puissance satanique ; C’est pourquoi notre temps est un temps satanique, le temps du satanisme que l’on voit multiplier ses actions en multipliant ses lieux d’influence…au point que nous n’y faisons plus attention ! En établissant la fête du Christ-Roi le pape Pie XI voulait s’opposer au laïcisme qui prétend se passer de Dieu ; le laïcisme a été toujours plus loin, il a nié Dieu, après avoir combattu contre lui (mais pourquoi fallait-il combattre quelqu’un qui n’existait pas ???) Mais incapable d’une véritable nouveauté, le laïcisme a retrouvé son Dieu et on est arrivé à la religion de l’homme, l’homme est Dieu, son propre Dieu. Cette monstrueuse erreur sera fatale, elle est déjà fatale : les multiples folies dans lesquelles sombre notre société contemporaine en sont le plus fidèle exposé.

   Nous voilà convoqués en ce jour pour exalter le Règne de Jésus. Il nous demande d’aller à Lui, d’adhérer à Lui comme le sarment adhère au cep de vigne : c’est vital. Ecoutez Saint Augustin : « De peur que le sarment ne crût pouvoir produire quelque petit fruit par lui-même, le Sauveur, après avoir dit que le rameau uni au cep produira de grands fruits, n’ajoute pas que sans cette union il en produira peu, mais qu’il ne produira rien. Ni peu, ni beaucoup, rien n’est possible à l’homme pour le salut qu’à la condition rigoureuse de son union avec le Christ qui est la Vigne… Le sarment a ceci de particulier qu’étant retranché de la vigne il n’est propre à aucun usage…Autant ce bois qui se serait couvert de pampres et de raisins et qui aurait produit le vin généreux, aurait acquis de gloire en demeurant dans la vigne, autant il devient méprisable s’il n’y demeure pas. L’alternative inévitable pour le sarment, c’est la vigne ou le feu » Ainsi commente Saint Augustin, ainsi parle Jésus.

   Pour moi-même, pour la Sainte Eglise dont je suis l’enfant, pour le monde sauvé par le Sang de Jésus-Christ, je me dois de rendre à mon Seigneur et mon Dieu l’hommage de toute ma personne « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».

   Dans un certain nombre de sanctuaires d’Orient une peinture se retrouve dans l’abside du sanctuaire. On y voit un évêque étonné, stupéfait, c’est St Pierre d’Alexandrie : devant lui c’est Jésus nu et comme transi de froid. L’évêque l’interroge de son regard plein d’émotion : Jésus lui répond : « C’est Arius, l’impie Arius qui m’a dépouillé de ma tunique ». Souvenons-nous qu’Arius fut le premier des grands hérésiarques en refusant de reconnaître la divinité en NSJC. En nos temps, le même Jésus, dépouillé de sa divinité et de sa royauté par la main glaciale d’un nouvel arianisme, apparaît à nos regards. Chacun de nous s’écriera-t-il comme les prêtres à qui St Pierre d’Alexandrie raconta sa vision « Tant qu’il me restera un souffle de vie, j’élèverai la voix contre l’impie Arius ». Et si ce n’est pas Arius qui s’élève maintenant contre Jésus, ce sont tant de ses disciples qui bien des siècles après reprennent son blasphème. Oui, Seigneur mon Roi, tant qu’il me restera un souffle de vie je m’élèverai contre cette impiété qui nous enserre de toute part et je sais que votre secours ne nous manquera pas dans l’accomplissement de cette tâche. Amen

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 18:43

   Nous sommes des invités dans la salle de festin de l’Église.

   Ce dimanche nous présente une magnifique image de l’automne liturgique : Nous voyons une salle de festin brillamment éclairée, où sont assis de nombreux invités, revêtus d’habits d’une blancheur éclatante. Dans l’attente, tous portent leurs regards vers la porte qui doit s’ouvrir à tout instant pour laisser entrer le Roi venant rendre visite aux invités ; les invités, c’est nous, chrétiens ; la blanche robe nuptiale, c’est le vêtement baptismal de la filiation divine ; le roi qui arrive, c’est le Seigneur dont le retour est attendu. La grande préoccupation de notre vie doit être de posséder la blanche robe nuptiale ; c’est l’homme nouveau que nous devons revêtir dans la vraie justice et sainteté (Épître) ; c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu (Oraison).

   Dans cette messe souffle bien l’esprit de l’Église antique : dans les souffrances et les afflictions extérieures, sous les blancs vêtements de la pureté, elle attend avec impatience le retour du Seigneur. Pourtant l’Introït présente une scène toute différente : A l’entrée dans l’église, le Christ vient à notre rencontre et nous adresse une parole de consolation, mais aussi l’avertissement suivant : « Ne soyez pas tristes si vous avez encore actuellement beaucoup à souffrir ; je suis avec vous, je suis votre Dieu et bientôt votre suprême bonheur. » Puis il lève le doigt en signe d’avertissement : « n’ayez qu’un souci ; gardez mes commandements ! ».

   L’Oraison est une prière de pèlerins : nous nous élançons d’un coup d’aile léger vers la céleste patrie ; et pourtant le démon et la mauvaise nature se pendent, comme des poids de plomb, à notre âme et à notre corps ; nous prions pour être délivrés des obstacles afin de « pouvoir accomplir d’un cœur libre la volonté de Dieu ».

   L’Épître nous trace le devoir le plus important de notre vie : « revêtir l’homme nouveau dans la justice et la sainteté », c’est-à-dire « la robe nuptiale » dont il est question dans l’Évangile ; nous devons dépouiller le vêtement du péché, le vieil homme, avant le « coucher du soleil » (avant que se couche le soleil de la vie) ; nous devons pratiquer la charité, « car nous sommes membres » du corps du Christ.

   Le Christ nous parle dans l’Évangile. L’allégorie de la robe nuptiale est avant tout un enseignement : Il ne suffit pas d’appartenir par la foi à l’Église (de prendre place dans la salle du festin), nous devons encore mener une vie conforme à la volonté de Dieu, revêtir par conséquent la robe nuptiale de la grâce. Les noces désignent l’œuvre du salut ; le Christ est l’Époux, l’Église est l’Épouse ; nous, chrétiens, nous sommes les invités. La visite du roi désigne le retour du Christ ; la robe nuptiale, la grâce sanctifiante. Il n’y a guère d’autre image qui puisse mieux que celle-ci caractériser notre vie chrétienne. Mais l’Évangile est aussi l’image de la messe du dimanche : la salle du festin brillamment éclairée, c’est la maison de Dieu dans laquelle l’assemblée des « invités aux noces » est maintenant réunie. La Sainte Eucharistie est le festin nuptial, à la fois image et gage du festin nuptial du ciel. Ici encore, le Roi apparaît et rend visite aux invités ; c’est la préfiguration de son futur retour. C’est ainsi que la parabole se réalise dans notre messe du dimanche. Toutes nos préoccupations doivent tendre à ne pas être des invités dépourvus de la robe nuptiale.

   Nous pouvons et nous devons donc voir dans les trois phases principales l’essentiel de la vie du chrétien : les noces sont l’œuvre de la rédemption que nous voulons nous appliquer ; la robe blanche est la grâce de la filiation divine que nous voulons garder en observant les commandements, et notre fin est le retour du Seigneur qui se présente à nos yeux comme le but essentiel de notre vie, et que nous pouvons, par la miséricorde divine, anticiper à chaque messe.

   Remarquons que de nombreux passages (Intr., Or., Comm., Postc.) insistent sur l’accomplissement des commandements. De la sorte seulement nous pourrons aller, avec la robe blanche du baptême, au-devant du Roi qui vient. Et que nous fêterons dimanche prochain. Amen

 

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 17:12

   Le Christ annonce aujourd'hui dans l'Évangile le pouvoir de pardonner et la foule émerveillée, plus consciente que les scribes et les pharisiens, glorifie Dieu.

   Le pardon des péchés, c'est l'arrêt de la loi de cause à effet, de la "loi du Karma", c'est le dépassement de la loi, son effacement. Si l'on cherche des miracles, voilà bien le miracle par excellence ! Voilà la puissance foudroyante apportée par le Christ; nous ne sommes pas seulement greffés par Lui à la puissance du Saint-Esprit pour nous déifier ; Il nous a encore donné la puissance d'arrêter les fruits du mal; Il ne nous a pas donné seulement le pouvoir de vivifier, Il nous a donné aussi le pouvoir d'anéantir le mal. Étant Dieu-Homme, ayant reçu du Créateur le pouvoir de lier et de délier, Il n'emporte pas avec Lui ce pouvoir, mais Il le donne à ses disciples et ses successeurs :

"Ce que vous lierez sera lié, et ce que vous délierez sera délié dans les Cieux..."

   Redoutable puissance ! Comment notre Seigneur, connaissant l'infirmité des hommes, a-t-Il pu leur donner cette puissance ! Car nous connaissons dans le cours des siècles des prêtres qui ont lié au moment où ils devaient délier, qui ont délié au moment où ils auraient dû lier, qui ont excommunié à tort, qui ont pardonné avec légèreté. C'est un fait: parmi les prêtres, il y a eu, comme il y aura, des hommes inférieurs, des pécheurs, des hommes vicieux, des criminels.  

   Des âmes ont été liées à tort par des prêtres et elles sont tombées dans l'abîme, et d'autres, déliées trop facilement, qui se perdaient; et pas seulement des âmes, mais des peuples qui, au lieu de s'élever, à cause de leurs prêtres, tombaient aussi dans les abîmes...

   Ah, comment, Vous, notre Seigneur, qui connaissez les hommes, avez-Vous pu donner ce pouvoir à des mains fragiles, à des mains incertaines ? En ce dimanche priez, mes frères, priez ardemment pour tous les prêtres; oui, priez pour eux; en eux, vous avez les clefs du Royaume, mais en eux, aussi, vous pouvez avoir la perte de vos âmes ! Voilà pourquoi, dans la Liturgie, l'Église prie pour les évêques et les prêtres d'abord, ce n'est pas seulement parce que ce sont des chefs, mais parce qu'ils ont tellement besoin de prières, ayant reçu ce pouvoir redoutable…

   Pourquoi Dieu a-t-Il confié cette puissance terrible entre des mains humaines si fragiles, si imparfaites ? Vous avez tous déjà la réponse dans votre cœur, vous la connaissez... c'est parce que Dieu, dès le commencement, a donné la liberté aux hommes...

   Le salut ne vient pas seulement de Dieu, mais de l'homme. Cette confiance qui paraît si risquée, Dieu ne l'a pas seulement donnée aux prêtres, Il la fait à toute l'humanité, à chaque homme Il donne le terrible pouvoir de transfigurer le monde ou de le détruire, de le vivifier ou de le tuer. Cette puissance redoutable est donnée à chacun de nous sous une forme ou sous une autre; chacun peut faire de son image divine, de son esprit, une image de sainteté ou de mal. Dieu a donné à l'homme, cette créature à part, préférée, la liberté de profaner, détruire, ou sauver, vivifier. Dieu, en créant le monde, a prévu notre liberté.

   Ah, vous me direz : pourquoi justement cette liberté ? Pourquoi nous donne-t-Il cette responsabilité, cette liberté qui mène à des catastrophes, à la mort ? Pourquoi ne sommes-nous pas naturellement attirés comme des fleurs par le soleil ? Pourquoi pas un Paradis obligatoire, où nous n'aurions pas à choisir de difficiles chemins ? mais sans la liberté, on ne peut pas avoir l'amour. L'amour est libre. Pour que le monde ait la possibilité d'aimer Dieu, il doit être libre. Dieu s'est proposé à l'homme pour être aimé; Il a préféré donner la liberté à l'homme, et par lui au monde, pour qu'il ait la possibilité de l'amour...

   On peut donner des richesses, des honneurs, des biens, à un homme sans son consentement; on ne peut pas créer l'amour sans liberté. C'est au nom de l'amour que Dieu donne la liberté. Et, oui mes frères, toutes ces chutes, ces catastrophes, ces malheurs, sont bien peu de chose en définitive, sont bon marché pour avoir la possibilité d'aimer Dieu, d'aimer tout court. Si nous n'avions pas connu les souffrances, la mort, le péché, nous n'aurions pas connu l'amour. Choisissons, acceptons simplement, préférons les souffrances avec l'amour à la béatitude sans l'amour, car l'amour est infiniment supérieur à la perfection naturelle. Amen.

 

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 06:22

    « Vous êtes juste, ô Seigneur, et droit est votre jugement. Avec votre serviteur pourtant, qui se confie à votre bonté et vous supplie de ne pas entrer en jugement avec lui selon votre écrasante sainteté, agissez selon votre miséricorde, laquelle, dans la vie présente, est au-dessus de toutes vos œuvres. » C’est la prière que nous avons chantée dans l’Introït.

   Dieu agit avec nous selon nos préférences. Si nous exerçons durement nos droits sur le prochain, si nous ne voulons pas lui pardonner les offenses qu’il nous a faites, si nous ne pratiquons pas la charité envers les malheureux, nous pousserons Dieu à employer, au jugement dernier, la même mesure de sévérité dont nous aurons usé, durant notre vie, à son égard et envers nos frères, membres de son Corps mystique. Si au contraire, nous défiant de la justice de notre cause, nous voulons faire appel à sa miséricorde, exerçons-la d’abord, cette miséricorde ; c’est précisément à cela que nous invite l’Apôtre, quand, au nom du Seigneur, il nous enseigne à devenir imitateurs de Dieu, comme des fils aimants.

   La collecte de ce jour est d’une exquise beauté, et définit fort bien cette démangeaison de curiosité spirite qui infecte la société contemporaine. Il semble à beaucoup que le spiritisme représente une réaction contre le matérialisme, et ils ne voient pas, illusionnés qu’ils sont, que le démon, pour tromper les âmes et leur nuire, se transfigure en ange de lumière céleste et cache ses funestes mensonges sous une enveloppe de vérité. Or l’Église définit en deux mots la nature de ce fatal mouvement spirite et théosophique qui rencontre actuellement tant d’adeptes : contagion diabolique. Et c’est là un terrible jugement du Seigneur. Qui ne veut pas s’humilier devant la sagesse même de Dieu qui se révèle par l’intermédiaire de l’Église, colonne et soutien de l’éternelle vérité, celui-là mérite d’être humilié par les mensonges du démon et d’en être victime.

   Le passage de l’épître aux Éphésiens (4, 1-6) nous suggère énergiquement aujourd’hui le concept de l’unité de la famille chrétienne, unité fondée sur l’identité de l’Esprit qui vivifie tous les membres du corps mystique de Jésus-Christ. Un est le Seigneur, une la foi, un le baptême... et un aussi l’évêque. Oui autrefois, dans le cirque, les Romains en tumulte répondirent ainsi à l’hérétique empereur Constance quand celui-ci leur proposa de garder en paix tant le pape légitime que l’antipape Félix II, qu’il avait auparavant fait opposer à Libère, confesseur invincible de la foi de Nicée…

   L’Evangile de saint Matthieu (22, 34-46), que nous venons d’entendre, traite du précepte suprême de la Loi, que Jésus place dans l’amour de Dieu et du prochain. Il faut remarquer que le Sauveur avait été interrogé relativement au précepte principal du code judaïque. S’il désigne ici Dieu et le prochain comme les deux termes de l’amour, en réalité pourtant l’amour est unique, puisqu’on doit aimer le prochain d’une charité surnaturelle, pour l’amour de Dieu, en tant qu’il est quelque chose de Dieu et qu’il lui appartient. La soi-disant philanthropie qui veut déchristianiser la charité chrétienne, ne s’élève aucunement à cet ordre surnaturel. Elle est, en outre, une vaine tentative, parce que, faisant abstraction de Dieu, fin dernière de la charité chrétienne, elle ne propose pas à l’homme de motif d’aimer son semblable jusqu’au sacrifice et, par conséquent, plus que soi-même. Non seulement elle n’en donne pas de motif, mais la charité laïque elle-même n’a pas les énergies suffisantes pour atteindre le but qu’elle se propose. De fait, la nature humaine est généralement égoïste ; en outre, parmi nos semblables, il en est beaucoup qui, par leurs qualités physiques ou morales ne se recommandent point à notre amour. Comment faire pour nourrir dans notre cœur une si grande affection pour ce peu recommandable prochain ? Ici le laïcisme ne peut donner aucune réponse ; bien plus, il est, pratiquement, en complète faillite. Nous le voyons tous les jours avec tous ses comités de bienfaisance, qui recueillent parfois des sommes considérables pour les pauvres, sans qu’on puisse jamais savoir où va en réalité tout cet argent.

   Combien différent est au contraire le spectacle qu’offre au monde l’Église catholique, le Pontificat Romain, ce Siège que d’un mot très heureux Ignace le Théophore appela jadis le Président de la Charité. Il n’est pas de douleur humaine, physique ou morale, à laquelle l’Église catholique, au moyen de ses membres de choix, des corporations religieuses surtout, n’apporte un soulagement, qu’elle n’adoucisse, qu’elle ne dissipe le mieux possible. Il y a des ordres réguliers qui, par un vœu spécial, s’engagent à se constituer prisonniers pour délivrer les esclaves, à servir les lépreux des Indes, les pestiférés, tous les rebuts de la société humaine. De telles œuvres accomplies sans cesse, et sur une vaste échelle, par des milliers et des milliers de personnes de toute condition et de tout sexe, dépassent évidemment les forces humaines et, il faut en convenir, démontrent que la source de cette charité catholique est vraiment divine. Voilà de quelle manière l’Église accomplit, avec une sainteté héroïque, jusqu’au sacrifice, le double précepte de la dilection envers Dieu et le prochain. Envers Dieu elle s’affirme surtout par la divine liturgie ; envers le prochain par les œuvres que nous venons de signaler.

   Oui, Jésus dans l’Eucharistie est terrible pour les démons, qu’il enveloppe des flammes de sa sainteté et de sa justice. Il est terrible pour les impies, qui, à l’exemple de Judas, avec le morceau de pain de la dernière Cène absorbent Satan pour leur propre condamnation. Avec les pauvres, au contraire, lesquels, dans la simplicité de leur cœur, entourent son autel et lui offrent le Sacrifice d’un esprit purifié et fervent, Jésus-Eucharistie est suave et doux ; car, plein de condescendance et connaissant leur pauvreté, il leur met Lui-même entre les mains ce qu’ils lui offriront : « de tuis donis ac datis offerimus tibi hostiam puram ».

   La liturgie appelle l’Eucharistie le remède de l’éternité, parce qu’elle est une anticipation, une garantie, un gage, de ce bien immense que Dieu nous réserve dans le ciel, et qui apportera remède et fin à tous les maux qui s’entrecroisent sur le sentier de notre exil. Amen

 

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 17:59

   Le Rosaire a été donné par la Sainte Vierge à Saint Dominique en 1214 pour convertir les Albigeois. Tandis que Saint Dominique priait pour la conversion des Albigeois, la Sainte Vierge lui apparut : -« Sais-tu, mon cher Dominique, de quelle arme la Sainte Trinité s’est servie pour réformer le monde ? - Oh, Madame, vous le savez mieux que moi, car, après votre Fils Jésus-Christ, vous avez été le principal instrument de notre salut. - Sache que la principale pièce de batterie a été le psautier angélique, qui est le fondement du Nouveau Testament ; c’est pourquoi, si tu veux gagner à Dieu ces cœurs endurcis, prêche mon psautier. » (le rosaire contient autant d’Ave que les psaumes du Psautier). Suite à une prédication sur le Rosaire, les gens se convertirent. Les pécheurs endurcis pleurèrent leurs péchés. Aussi, tout le reste de sa vie, Saint Dominique prêcha le Rosaire.

   Cette belle prière est composée de trois parties, qui sont consacrées à honorer les différents états de la vie de Notre-Seigneur.

   Le Rosaire nous permet : - de ne pas oublier ce que le Christ nous a enseigné : la vie de Jésus est toute entière dans le Rosaire. On médite sur son Incarnation, ses souffrances et sa mort (Rédemption), et sur sa Résurrection. - Cela nous permet de mieux connaître (et non seulement savoir) Jésus-Christ.

- Chaque mystère nous remet à l’esprit les vertus chrétiennes à demander. Plus on pense à ces mystères, plus ils nous deviennent familiers.

-Nous obtenons des grâces pour pratiquer ces vertus et imiter Jésus-Christ, nous sommes embrasés de l’amour de Jésus-Christ.

- Par le rosaire, nous sommes victorieux de tous nos ennemis. « Mon fils, dit la Sainte Vierge à Saint Dominique, ne vous étonnez pas de ne pas réussir en vos prédications. Car vous labourez un sol qui n’a pas été arrosé par la pluie. Sachez que, quand Dieu voulut renouveler le monde, il envoya d’abord la pluie de la salutation angélique ; et c’est ainsi que le monde fut réformé. Exhortez donc les hommes, dans vos sermons, à réciter mon Rosaire, et vous en recueillerez de grands fruits pour les âmes ». La Sainte Vierge dit un jour au vénérable Dominique, chartreux, en 1481 : « Toutes les fois qu’un fidèle récite, en état de grâce, le Rosaire avec la méditation des mystères de la vie et de la passion de Jésus-Christ, il obtient pleine et entière rémission de tous ses péchés. » Le 16 juillet 1999, il a été écrit dans le manuel des indulgences : Une indulgence plénière est accordée au fidèle qui

1°) Récite pieusement le Rosaire marial dans une église ou un oratoire, ou en famille, dans une communauté religieuse, au sein d’une association de fidèles et en général lorsque plusieurs se retrouvent pour une fin honnête ; 2°) S’unit pieusement à la récitation de cette prière par le Souverain Pontife, retransmise par la télévision ou la radio. Dans les autres cas, l’indulgence est partielle. Les cinq dizaines doivent être récitées sans interruption ; il faut, en plus de la prière vocale, méditer les mystères, dans la récitation publique, on doit énoncer les mystères. « Aucun de ceux qui persévèrent dans le rosaire ne sont damnés ; car Marie obtient à ses dévots serviteurs une vraie contrition de leurs péchés, par laquelle ils en obtiennent le pardon et l’indulgence » disent les démons à Saint Dominique.

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus écrivait : On peut tout obtenir par le Rosaire - c'est une longue chaîne qui relie le ciel et la terre ; une des extrémités est entre nos mains et l'autre dans les mains de la Sainte Vierge. Tant que le Rosaire sera récité le Bon Dieu ne pourra abandonner le monde car cette prière est toute puissante sur son cœur.

   Le pape Jules III ne disait-il pas : Le Rosaire nous a été donné pour ouvrir toutes grandes les portes du ciel ?

   « Les peuples chrétiens obtiennent chaque jour par le moyen du Rosaire d’immenses bienfaits » (Urbain IV) « Le Rosaire est un véritable trésor de grâces. Si vous désirez avoir la paix dans votre cœur, la paix dans votre foyer, la paix dans votre pays natal, récitez le Rosaire en famille. » Pie IX. Pie XII a accordé une indulgence plénière chaque fois que le rosaire sera dit en présence du Saint Sacrement. Saint Charles Borromée rendit la récitation du rosaire obligatoire dans les collèges, les séminaires…

   Si beaucoup ne récitent pas le rosaire, c’est parce qu’ils ne connaissent pas sa valeur. Le rosaire est très facile. Bien sûr ce n’est pas obligatoire, mais le pape, les saints l’ont beaucoup recommandé. Qui de vous mourrait de soif à côté d’une bouteille d’eau à sa disposition ? Il faudrait avoir perdu la tête ! Est-ce que c’est une prière ennuyeuse ? Si on trouve que c’est ennuyeux, c’est qu’on n’a pas appris à bien le dire. On aurait bien voulu être près de Sainte Bernadette, qui parlait à la Sainte Vierge ! Eh bien dans le chapelet, nous parlons réellement, véritablement à la Sainte Vierge. Si on sait qu’on parle vraiment à la sainte Vierge, on ne risque pas de s’ennuyer ! (« La foi, c’est parler à Dieu comme à un homme » dit le Saint Curé d’Ars). Alors ayons la foi et parlons à notre Mère en toute confiance. Amen

 

 

 

 

 

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 14:24

   Pour répondre aux disciples qui l’interrogent, Jésus appela un « petit enfant » et le plaça au milieu d’eux. Voilà ce que les disciples qui espèrent grandir en sainteté doivent devenir. Dans le Royaume, Jésus est incontestablement « le plus grand », parce qu’il s’est fait le plus petit, il n’a rien retenu pour lui, pas même le rang qui l’égalait à Dieu, et il s’est fait homme, nous ouvrant les chemins de la vie. Le Fils Unique de Dieu, engendré du Père avant les siècles, est descendu à Nazareth, entre Marie et Joseph, pour « grandir en sagesse en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52).
   Aujourd’hui, Jésus met sous nos yeux un petit enfant, celui que nous avons à devenir ; celui qui révèle notre identité profonde. Nous sommes tous appelés à devenir les fils bien-aimés du Père. « L’Esprit Saint lui-même affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Dieu, dans sa bonté, le veut ainsi. C’est pourquoi il nous est nécessaire de devenir comme des petits enfants : il nous faut répondre à la disponibilité de Dieu qui se donne lui-même éternellement par une disponibilité capable d’accueillir ce don divin à chaque instant.
   Cette disposition de cœur n’est pas un état, elle est une marche, un apprentissage ; on n’est enfant de Dieu qu’en cherchant toujours à le devenir. On ne le devient qu’en gardant les yeux fixés sur le Christ, notre modèle et notre route. Il nous faut apprendre à ne rechercher que la joie de notre Père des Cieux. Notre seul but, notre seule inquiétude, notre seule récompense est de faire la joie de notre Père. C’est ce qu’on appelle le don de soi. C’est aussi entrer dans la vie divine. La grandeur des fils du royaume est d’être les « héritiers de Dieu », ceux qui reçoivent de lui la capacité de tout donner par amour. Alors débarrassé de soi, le cœur unifié, on comprend la grandeur des enfants de Dieu, on découvre l’Enfant divin et ses trésors de simplicité et de grâce.
   Telles sont les « nouvelles lumières », les « sens cachés et mystérieux » que sainte Thérèse de Lisieux a conquis dans sa marche de géant. Sa connaissance des mystères du royaume lui faisait éprouver que tout vient de Dieu, que tout retourne à Lui et demeure en Lui, pour le salut de tous, dans un mystère d'amour miséricordieux. Tel est le cœur de l’enfance spirituelle.

   L’esprit d’enfance lui faisait adresser cette prière au Seigneur Jésus : « Ô Petit Enfant ! Mon unique Trésor, je m'abandonne à tes Divins Caprices, je ne veux pas d'autre joie que celle de te faire sourire. Imprime en moi tes grâces et tes vertus enfantines, afin qu'au jour de ma naissance au Ciel, les anges et les saints te reconnaissent en ta petite épouse ».

   La « petite Thérèse » s’adresse ainsi à ceux qui veulent découvrir la « petite voie » : « Consentez à être ce petit enfant. Par la pratique de toutes les vertus, levez toujours votre petit pied pour gravir l'escalier de la sainteté. Vous n'arriverez même pas à monter la première marche, mais le bon Dieu ne demande de vous que la bonne volonté. Bientôt vaincu par vos efforts inutiles, il descendra lui-même et vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son royaume ».
   Sainte Thérèse, vous dont la bonté et la pureté d’âme ont vaincu le cœur du Père, apprenez-nous à devenir comme le petit enfant que Jésus nous donne en exemple. Intercédez pour que l’Esprit d’enfance nous assiste dans ce grand projet de Dieu qu’est notre sainteté. Que nous sachions rester disponibles, en tout temps, à l’action de Dieu qui se donne à nous, sans rien retenir pour lui. Amen.

 

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