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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 06:37

   Durant les dimanches d’été, je m’efforce de vous faire connaître quelques saints qui jalonnent le calendrier. Aujourd’hui, comme je vais m’absenter bientôt pour prendre du repos, je fais un saut dans le calendrier pour vous parler de Saint Laurent Justinien. Sa vie est absolument remplie de traits extraordinaires résultant de son tempérament extrêmement heureux et porté à la plus exquise humilité, résultant aussi d’une très admirable sainteté qui s’appuyait sur une mortification hors pair.

   Il naquit à Venise en l’année 1381. Sa famille, les Justiniani, semblerait être descendante du très célèbre empereur de Constantinople Justinien qui, s’il eut des faiblesses de par son autoritarisme, fut un chrétien des plus sérieux et a laissé dans le monde deux principaux monuments, l’un de son génie d’empereur chrétien, le Code Justinien, l’autre de son sens de la magnificence dans l’art chrétien : la basilique Ste Sophie de Constantinople.

   Sa mère, restée veuve à 24 ans avec 5 enfants, avait quelque appréhension de voir son enfant si jeune, donner en même temps des marques de maturité, ce qui, pensait-elle, dégénèrerait un jour en orgueil. Aussi le grondait-elle souvent, mais pour s’entendre répondre par son petit Laurent qu’il chercherait à mieux faire et d’ailleurs, avait-il un jour ajouté « Ne craignez pas, maman, vous me verrez quelque jour serviteur de Dieu. » C’était une véritable prophétie. D’ailleurs la vie de notre saint fourmille de ces annonces qui toujours se réalisèrent à la lettre.

   Avec l’équilibre spirituel qui le caractérisait, Laurent, quand il eut atteint l’âge de fixer définitivement sa vie, ne voulut rien entreprendre mal à propos. Il mit en balance d’une part les biens de la fortune, l’avenir matrimonial, les honneurs, tout ce que sa naissance pouvait lui faire espérer dans le monde et du monde ; et d’autre part les jeûnes, les veilles, les soumissions et autres rigueurs de la vie pénitente à laquelle il s’était habitué depuis son enfance. C’est alors que se tournant vers une image de Jésus en Croix il dit ces paroles « Seigneur, vous êtes mon espérance ; c’est là que vous m’avez trouvé un asile assuré ».

   Il alla donc frapper à la porte du monastère St Georges où se trouvait un de ses oncles, et il prit rang parmi les religieux. « Il ne fit pas à demi ce sacrifice, mais tout de bon, se prescrivant dès lors une rigueur de vie qu’il a toujours observé jusqu’à la fin ».

En voilà une petite énumération de ces renoncements dans lesquels le monde voit une douce folie :

Renoncer à s’approcher du feu quand il faisait froid, s’abstenir de boire quand il faisait chaud, disant alors à ses frères en religion « comment supporterons-nous les flammes du purgatoire, si nous n’endurons pas d’être altéré ? », recevoir sans protester les fausses accusations, accepter le mépris de ceux qui l’avaient honoré, quand il s’en allait quêter dans la ville.

   Sa patience était admirable : souffrant des écrouelles (humeurs froides) qui lui rongeaient le cou, il se laissait trancher et brûler les excroissances sans manifester de plaintes. Un jour que, devenu plus vieux, le chirurgien hésitait à le soumettre à son traitement barbare, le saint lui dit « Coupez hardiment. Votre rasoir n’égalera pas les lames ardentes qu’on appliquait sur les membres des saints martyrs »

Mais St Laurent montrerait surtout sa haute vertu dans une charge que par 3 fois il avait refusée. Le pape Eugène IV le nomma évêque de Venise : il était alors âgé de 51 ans. Pour autant il n’allait rien retrancher de sa façon de vivre : aliments les plus communs - un lit des plus durs - une cour des plus réduite : deux religieux, l’un avec lequel il récitait son office - l’autre qui lui servait de vicaire général. Son premier soin était celui des pauvres, mais prêtre et évêque, il tenait à la bonne organisation de l’Eglise : réformant son clergé - augmentant le nombre de ceux qui seraient astreints à célébrer dignement le culte - développant les maisons religieuses - jugeant avec une grâce particulière, comme c’était alors le cas, les différends qui étaient portés à son tribunal.

N’allons pas croire que pour autant il n’eut que des admirateurs : la rage s’emploie à discréditer les saints. Quand on se plaignait devant lui d’affaires où ses ennemis cherchaient à le discréditer, il se contentait d’affirmer : « Ne vous affligez pas, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui es plus intéressé que moi dans cette affaire, aura soin de son honneur »

Le Pape aurait bien voulu en faire son conseiller. Pour la renommée de la ville de Venise (du moins c’est ce que fit ressortir St Laurent au doge et à toute la république) le successeur d’Eugène IV, Nicolas V érigea l’évêché en patriarcat.

On cite beaucoup de maximes de St Laurent Justinien, je vous en fais connaître deux : « La vraie science a deux parties : l’une de savoir que Dieu est toutes choses et l’autre que l’homme n’est rien »

« La charge d’un évêque est plus difficile à remplir que celle d’un général d’armée »

C’est en la fête de Noël 1454 que le serviteur de Dieu souhaita jouir de la divine présence de Jésus qui déjà s’était plusieurs fois manifesté à lui. Il fut pris d’une violente fièvre qui le réduit à la dernière extrémité. Il refusa d’avoir un lit plus commode que celui qui lui servait habituellement prétextant que « Mon Seigneur Jésus-Christ n’est pas mort couché sur la plume »

Digne par ses pointes d’humour de son grand saint Patron, le diacre Laurent, il allait dire encore à ceux qui l’assistaient « Mes enfants, jusqu’aujourd’hui ce n’a été que jeu, mais maintenant c’est tout de bon ; l’Epoux approche, il faut aller au-devant de lui » Et levant les yeux au ciel il dit amoureusement : « Je viens à vous, ô bon Jésus ». C’était le 8 janvier de l’an 1455, il avait 74 ans. On fixa sa fête à la date de son élévation à l’épiscopat, le 5 septembre. Amen

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