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26 décembre 2017 2 26 /12 /décembre /2017 06:53

   Noël ! C’est le jour où nous contemplons l’Enfant-Dieu, l’Enfant Jésus dans la crèche. Sous prétexte de dépouillement esthétique, faut-il ne mettre dans la crèche que l’Enfant Jésus seul ? La chose s’est effectivement produite par le passé… L’Enfant Jésus seul, tout seul ! sans Marie, ni Joseph. Sans bergers ni moutons, bien sûr, ni rien de tout ce qu’on met autour - pas même le bœuf ni l’âne gris…

   Il faut le dire carrément : c’est une idée aberrante. Ce n’est pas une question d’appréciation artistique ou de pittoresque. C’est une idée fausse. La représentation de la crèche n’a pas seulement pour but de témoigner de l’abaissement de Dieu jusqu’aux hommes, mais aussi de son enracinement parmi eux. Il a dressé sa tente et il a habité au milieu de nous. Il n’est pas venu pour un court séjour comme un étranger de passage pour une brève visite. Il a demeuré parmi nous. Comme l’un des nôtres. Il a donc voulu avoir un père et une mère, et même une famille-un peu envahissante parfois peut-être…IL a eu aussi tout un cercle d’amis auxquels il était tendrement attaché (cf. ses larmes à la mort de Lazare…)

   Représenter un Christ enfant seul, sans aucune attache terrestre, c’est nier implicitement cet enracinement charnel. Malgré son apparence de bébé, c’est laisser entendre qu’il est tombé du ciel comme l’imaginent les récits apocryphes. C’est nier son insertion dans l’histoire des hommes, celle de leurs souffrances et de leurs peines, comme celle de leurs joies. C’est aussi oublier qu’il est venu pour sanctifier tout cela et que le Verbe en prenant notre chair a voulu montrer la dignité de la personne humaine. Les plus grands théologiens soulignent même qu’en naissant d’une famille humaine, le Verbe a voulu montrer la sainteté du mariage.

   Il y a parfois des actes plus significatifs que bien des paroles. Surtout dans le domaine religieux. Dans sa naïveté qui prête parfois à sourire, la représentation traditionnelle de la crèche est lourde d’un enseignement profond sur l’essentiel de notre foi chrétienne. Elle est l’illustration concrète de ce que dit l’apôtre Jean : «  Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie…nous vous l’annonçons. » La crèche offre une splendide leçon de théologie révélée.

   L’incarnation du Verbe n’est pas comme l’ont pensé certains hérétiques du passé une pure apparence, une rêverie imaginaire et sans consistance. En prenant le chemin de tous les hommes pour venir au monde, Dieu le Verbe témoigne lui-même de la réalité de sa présence parmi nous et des servitudes qu’il a assumées du même coup. Le Maître du temps et de l’histoire a voulu se plier aux exigences du temps et passer neuf mois dans le sein de sa mère, avant de se soumettre encore à la nécessité de grandir et de devenir adulte. Avant de se soumettre aussi à la terrible loi de la souffrance et de la mort… La croix qui surplombe tant de crèches ou d’images de la Nativité est moins anachronique qu’on ne le croirait. C’est le symbole anticipé de la destinée de tout homme que le Verbe a aussi voulu partager…Partager pour la transfigurer. Chantons notre Enfant Jésus : Puer natus in Bethleem, Amen, alléluia.

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26 décembre 2017 2 26 /12 /décembre /2017 06:51

   En cette veille de Noël, voici un thème de réflexion dont vous n’aurez pas trop de peine à vous souvenir. C’est un bien commun de la tradition chrétienne, mais je l’emprunte directement à un mystique allemand du 18ème siècle, Angelus Silesius. Poète, il s’est exprimé sous la forme de courtes sentences qui condensent au mieux la pensée et s’inscrivent plus facilement dans la mémoire. J’aime bien son distique sur Noël, que voici :

« Jésus aurait beau naître à Bethléem cent fois

Si ton cœur ne l’accueille il ne vient pas pour toi. »

   La forme naïve ne saurait cacher la profondeur de la pensée. Jésus naissant au monde des hommes apporte avec lui un potentiel infini de renouvellement. Mais cette énergie sans pareille reste inutilisée et inefficace aussi longtemps que je ne la fais pas mienne par ma volonté libre. La nouvelle naissance ne se produit pas ailleurs que dans mon cœur. Tout, autour de moi, pourrait bien être nouveau, je reste dans mon vieillissement, usé, fatigué, aussi longtemps que je n’accepte pas de changer. Je dois entrer moi-même dans la nouveauté qu’inaugure la venue de Dieu parmi nous.

   Comment puis-je le faire ?... St Paul nous a donné la réponse depuis longtemps : « Devenez les imitateurs de Dieu ! » Et les Pères de l’Eglise répètent à l’envie : « Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu. » La grâce que nous apporte l’Enfant-Dieu agit au plus profond de nous-mêmes pour nous transformer à son image. Mais à ce don doit correspondre aussi notre réponse. Nous avons à mener une vie digne de ce Dieu qui se donne ainsi à nous pour nous faire semblable à lui. L’image se doit d’agir d’après son modèle.

   Le modèle est venu partager notre condition humaine. La réciprocité de l’échange invite donc l’image à partager la condition de Dieu. C’est l’aspect le plus clair. On ne saurait pourtant oublier que l’imitation du modèle divin invite aussi à partager la condition de l’homme. Si je veux mener une vie chrétienne digne de ce nom, je dois tenir compte de cette double dimension. Je ne puis me réfugier dans la seule dimension « verticale » avec Dieu sous peine d’en rester à l’incontrôlable d’une vie spirituelle seulement « représentée », imaginée, une vie dont on ne pourrait vérifier l’authenticité. L’amour du prochain reste en définitive le critère le plus certain de l’amour de Dieu. Mais je ne peux pas davantage en rester au seul plan « horizontal » de la rencontre de l’homme, car celle-ci n’aura sa pleine densité que dans la mesure où elle sera fondée sur Celui qui, en l’homme, passe l’homme. Le mystère de Noël est au fond celui de cette double communion poussée en Jésus à un niveau proprement inégalable.

   Par la venue de Jésus, Emmanuel, Dieu-avec-nous, a été réalisée la possibilité pour l’être humain d’être avec Dieu. Et même la possibilité pour nous d’atteindre Dieu à travers l’homme. Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. On peut donc sans peine aucune faire une application très pratique du verset d’Angelus Silesius. Accueillir mon frère, si je le fais au nom de Jésus -et même si parfois je le fais sans le savoir-, c’est aussi accueillir Jésus. Ne pourrions-nous pas alors donner à ce vers une suite qui ne le trahirait pas :

« Jésus à Bethléem n’est venu qu’une fois

Mais si ton cœur l’accueille il vient toujours pour toi. »

Amen

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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 05:57

   Le livre qui contient le texte des Evangiles (et s’il ne contenait que ces textes il s’appellerait alors l’Evangéliaire) est en place, au pupitre du côté du nord pour les raisons que nous avons exposées.

    Le célébrant chante le Dominus vobiscum, puis annonce en quel évangile est pris le texte. Si ce texte est le début d’un des 4 évangiles, il emploie la formule « Initium sancti Evangelii secundum… », si le texte est tiré du corps de l’évangile, il dit Sequentia (suite…) mot dont nous avons déjà parlé. En même temps, de son pouce, il fait le signe de la Croix sur le premier mot du texte et se signe lui-même sur le front, sur les lèvres et sur la poitrine. Les fidèles qui se tiennent alors debout en font autant. Signe de croix sur le front pour marquer que nous ne rougissons pas de l’Evangile (le front est le siège de la fierté ou de la honte)-sur la bouche parce qu’il faut confesser par la parole ce qu’on croit de cœur-sur la poitrine pour signifier qu’on veut y attacher sa volonté et en faire la règle de sa conduite. Ainsi devient-on ‘témoins de l’Evangile’…vous serez mes témoins ! C’est pendant ce temps que l’on chante l’acclamation « Gloria tibi Domine !Gloire à toi Seigneur ! »

S’il y a l’encens, on encense alors le livre selon la règle suivante : au milieu, puis à gauche, puis à droite.

Alors le prêtre emploie une autre formule qui vous est bien connue : in illo tempore, en ce temps-là. Cette formule imprécise montre que l’on puise dans l’évangile un texte qui n’a pas de date précise. Par contre, quand le texte indique un moment bien marqué, on débute immédiatement le texte : ainsi fait-on, par exemple, au 4ème dimanche de l’Avent où le passage de l’Evangile selon St Luc commence par ces paroles : « La quinzième année de l’empire de Tibère César… ». Vous n’aurez pas ce texte cette année, puisque le 4ème dimanche de l’Avent coïncide avec la Vigile de Noël !!!

On a plus alors qu’à écouter : faisons-le avec profit !

Je vous cite ce bel avertissement de Saint Augustin : « Ecoutons l’Evangile, comme si le Seigneur parlait Lui-même. Ne disons pas : Heureux ceux qui ont pu le voir, car plusieurs de ceux qui l’ont vu, l’ont fait mourir. Et plusieurs d’entre nous qui ne l’ont pas vu, ont cru. Les précieuses paroles qui sont sorties de sa bouche sont écrites pour nous, sont conservées pour nous, sont récitées pour nous et le seront pour ceux qui nous suivront. Le Seigneur est en-haut, mais le Seigneur est de même ici comme Vérité. Son corps ressuscité peut être en un endroit, sa vérité est partout. »

   La lecture ou le chant de l’Evangile achevé les assistants disent : « Laus tibi Christe, Louange à toi ô Christ ». La nouvelle liturgie fait chanter cette acclamation. Effectivement, il est bien juste que l’on dise d’une manière solennelle et sentie tout son contentement de cette lecture de l’Evangile et de louer Jésus qui par sa parole est venu dissiper nos ténèbres. Les Chanoines de la Mère de Dieu nous ont légué cet usage de chanter cette formule : bienheureuse entorse au missel que nous utilisons !

Pendant ce temps, le célébrant a embrassé le début du passage qu’il a lu dans le livre et a prononcé ces paroles : « Per evangelica dicta deleantur nostra delicta=Que par ces paroles de l’évangile soient effacés nos péchés. »

Delicta signifie faute, péché, délit : l’Eglise n’entend pas absoudre les fautes graves par la lecture de l’Evangile, mais comme c’est un sacramental sa vertu purifie des fautes vénielles.

   Cette remarque pour amorcer notre conclusion : Saint Luc raconte ce fait que de partout arrivaient des foules pour écouter Jésus et être guéries de leurs maladies, de leurs langueurs, dit le mot latin.

La langueur est souvent pire qu’une maladie, elle est un état dans lequel on peut être retenu, état déprimant, sinon inguérissable, du moins très difficile à combattre : il vaut mieux souvent une vraie maladie, nette, bien caractérisée.

   Ne soyons pas de ceux qui se traînent ainsi dans l’indécision, la médiocrité, la paresse spirituelle. Saint Augustin dit qu’on mettait souvent l’évangile sur la tête des malades pour leur apporter la guérison (pratique que j’ai connu dans ma jeunesse lors de pèlerinages…) Qu’on le mette aussi (et surtout) dans le cœur afin qu’il se détache de la fausseté et du mensonge si contraire et si dommageable à l’ardeur chrétienne. Amen

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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 05:51

 

Je vous parlais dimanche dernier de la prière du prêtre avant l’Evangile. Dans les messes tout à fait solennelles où le prêtre est accompagné d’un diacre, à qui il revient de chanter l’Evangile, celui-ci va demander la bénédiction au célébrant en employant cette formule : «  Jube, domne, benedicere ». Pour votre documentation, deux mots sont à relever dans cette formule qui signifie : ordonnez, seigneur, de me bénir. Jube, est ici une forme de politesse. Plutôt que de dire : Bénissez-moi, on semble dire au prêtre avec respect et humilité : commandez-vous à vous-même de me bénir. Délicatesse de langage. Il y a autre chose. C’est d’un lieu bien élevé que devait être proclamé l’Evangile : je l’ai déjà nommé : l’ambon. Celui-ci finit par prendre une grande place architecturale et devint une véritable passerelle qui enjambait le chœur quand même il ne devenait pas une véritable clôture. Cette passerelle, cette clôture prit le nom de jubé en raison de ce que le diacre prononçait, de là, son ‘Jube domne benedicere’.

   Quelques églises en France ont gardé cette construction qui se trouve être remarquable, mais bien encombrante parfois parce que cachant une grande partie du chœur de l’église. A Paris, on a le célèbre jubé de St Etienne du Mont, l’église où est le tombeau de Ste Geneviève, près du Panthéon. Je cite encore le jubé de l’abbaye de la Chaise-Dieu, de l’église Ste Madeleine de Troyes. Beaucoup de cathédrales ont eu un jubé qui a disparu au cours de l’histoire…

   Jube, domne… Domne, c’est le deuxième mot dont je veux vous parler : domne, est un diminutif de Domine : Dominus , donne domnus. Les anciens chrétiens réservaient pour Dieu le mot Dominus et donnaient le diminutif, domnus, aux Saints ou aux personnes jouissant d’une haute considération. Ainsi dans la règle de Saint Benoît il est indiqué que l’Abbé, le Supérieur du monastère, qui est censé agir au nom du Christ et tenir sa place, sera appelé Domnus, ce qui a donné en français l’appellation ‘Dom’, d’abord donc réservé à l’abbé puis qui s’est progressivement étendue à tous les religieux prêtres soumis à la règle bénédictine.

   Ces renseignements nous ont écarté de notre explication touchant l’Evangile. J’y reviens.

   Quand le prêtre doit assumer lui-même sa lecture, il demande la bénédiction au Seigneur : Jube Domine benedicere ; et il poursuit, tenant compte de la demande de purification qu’il avait précédemment formulée : « Que le Seigneur soit dans mon cœur et sur mes lèvres afin que j’annonce son Evangile avec dignité et de la manière qui convient ». Alors, il reçoit le livre des mains du cérémoniaire qui a été le prendre sur l’autel et il le pose sur sa poitrine, le tenant en dessous sur ses deux mains. L’ancien usage qui a été maintenu dans les églises d’Orient veut que l’Evangile soit porté très haut, presque à bout de bras.

   On se rend alors au pupitre lequel est placé à gauche dans le Chœur. Cette situation est symbolique. Dans une église orientée, comme l’est la nôtre, l’évangile va donc prendre position en direction du nord. Pourquoi ? C’est du nord que souffle un vent appelé Aquilon dès l’antiquité. On a même gardé ce mot pour désigner la Nord lui-même. Ce vent est sec et froid, il représentera l’action de Satan, le souffle du mauvais esprit qui dessèche les cœurs et les raidit contre l’amour de Dieu.

   Donc en posant l’évangile du côté du Nord, on se propose de dissiper par la parole de Dieu les mauvaises impressions du souffle de l’Aquilon, c’est-à-dire du démon.

   Quand, à la messe basse, le prêtre lit l’Evangile, il prend soin, pour la même raison que, sur l’autel le livre ne soit pas parallèle à l’autel, mais incliné pour faire, le plus possible, face au Nord.  On pourrait argumenter d’une autre raison. En portant le livre de l’Evangile vers le côté gauche des assistants on leur rappelle que c’est la place des pécheurs. Jésus le précise dans sa description du jugement dernier : le roi mettra à sa gauche les méchants. Mais en attendant ces redoutables assises, Jésus a annoncé qu’il était venu appeler non les justes, mais les pécheurs. Que ceux-ci donc, alors que Jésus se tourne vers eux, se hâtent de venir à Lui.

   Je n’en ai pas terminé avec l’Evangile. Pas de surprise à avoir : c’est Jésus lui-même, par sa parole, et on a tout intérêt à s’arrêter longuement à contempler notre Maître. Nous poursuivrons donc notre étude… Amen.

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5 décembre 2017 2 05 /12 /décembre /2017 17:20

   En ce premier dimanche de l’Avent, nous voici parvenu, dans notre commentaire de la Messe, à l’Evangile. La lecture de l’Evangile est le sommet de l’Avant-Messe, ou comme on dit maintenant, de la Liturgie de la Parole.  Chacun le sent et j’ajouterai chacun le sait. Longtemps dans les missels à la disposition des fidèles, tels par exemple ceux que l’on offrait aux enfants de la Communion Solennelle, l’Evangile était le seul texte placé dans la partie réservée aux dimanches et aux fêtes.

   Evidemment le mot Evangile désigne d’abord le texte entier écrit par quatre écrivains sacrés : St Matthieu, St Marc, St Luc et St Jean. Ce mot Evangile vient de la langue grecque ευ-αγγελιον ‘la bonne nouvelle’ si bien qu’on en restreint parfois le sens au seul enseignement de NSJC : on dit : Jésus prêche l’Evangile. A la messe la lecture de l’Evangile sera aussi bien celle d’un épisode de la vie de Jésus, d’un de ses miracles ou d’un passage de son enseignement (par exemple une parabole).

   Nous aurions beaucoup à dire sur cette lecture du Saint Evangile et il n’est pas facile d’adopter un ordre précis pour en parler. Je crois que le mieux est d’examiner le déroulement des cérémonies qui accompagnent la proclamation de l’Evangile pour signaler, en même temps, quelques particularités intéressantes.

   Ce que je vais vous dire maintenant ne correspond pas à ce que vous voyez ici habituellement, car faute de moyen en personnel le prêtre reste toujours à l’autel ; mais dans la liturgie solennelle, pendant la fin du chant de l’Alléluia ou du Trait, le célébrant quitte le siège qui lui est réservé dans le chœur et se dirige vers le milieu de l’autel, au bas des degrés. Il est accompagné du cérémoniaire, du thuriféraire et de deux acolytes. C’est donc une véritable procession qui s’organise pour accompagner le livre des Evangiles. Le prêtre s’incline profondément et prononce une belle prière très adaptées : « Purifiez mon cœur et mes lèvres, Dieu tout-puissant, vous qui avez purifié les lèvres du prophète Isaïe avec un charbon en feu. Ainsi daignez me purifier par votre bienveillante miséricorde afin que je puisse annoncer dignement votre Saint Evangile ». Cette prière touche la vocation du prophète. Il est dans le Temple et voilà que le Seigneur lui apparaît sous une forme humaine, siégeant sur un trône élevé à la manière d’un roi oriental. Il est entouré de créatures aux ailes multiples que le prophète appelle des Séraphins. C’est normalement la hiérarchie des anges les lus élevés en dignité : leur nom signifie « les brûlants ». Ces anges élèvent la voix pour chanter ce chant qui sera désormais repris indéfiniment : le Sanctus. Saint, saint, saint est le Seigneur des armées : toute la terre est remplie de sa gloire !

   Le prophète est anéanti : Malheur à moi, je suis perdu. Au lieu de cette expression St Jérôme a traduit, ‘parce que je me suis tu’, annonçant que la suite du texte : ‘je suis un homme aux lèvres souillées’, laisserait supposer qu’Isaïe se serait rendu coupable d’un silence qu’il aurait fallu rompre pour la gloire de Dieu. C’est alors que l’un des Séraphins armé d’une pincette saisit un charbon embrasé de l’autel des parfums, en touche la bouche du prophète en lui déclarant : ‘ton iniquité est enlevée, ton péché est expié’. Alors le Seigneur prend la parole : ‘Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? Dans un élan que rien n’entrave Isaïe proclame : ‘Me voici, envoyez-moi !’

   Pareillement donc, le prêtre a conscience en ce moment précis de son indignité : car il convient à celui qui va annoncer la parole sainte d’avoir des lèvres pures et d’être irréprochable dans ses paroles comme dans ses actions. Nous continuerons dimanche prochain. Amen

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 08:10

   Je pense qu’il est très utile de consacrer une étude spéciale à ces chants qui suivent la lecture de l’épître. Beaucoup, en effet, n’en saisissent pas le pourquoi et se demandent, de plus, ce que signifient ces mots par lesquels on les désigne.

   Pourquoi ces chants ?

Disons qu’ils devraient correspondre à un besoin. Après une lecture on a normalement besoin de faire une pause au cours de laquelle on réfléchit à ce qui a été lu. Ces chants constituent un intermède, surtout qu’une autre lecture au moins suivra celle de l’épître. Cet usage remonte même à l’office de la synagogue : dans l’intervalle des lectures on chantait un psaume.

   Dans l’Eglise il s’est assez rapidement appelé « GRADUEL ». Ce mot vient du latin gradus qui désigne les marches, les degrés. L’habitude, en effet, s’établit qu’un chantre, puis plusieurs chantres prennent possession, pour chanter, des marches qui accédaient à la petite tribune où se faisaient les lectures (tribune nommée ambon).

   Le Graduel est constitué de deux versets d’un psaume. Normalement c’est le premier verset qui doit porter le nom de Répons, du latin responsum - car ayant été exécuté par les chantres il devait être repris, comme une réponse, par la foule. Puis les chantres passent au 2ème verset lequel achevé est suivi d’une seconde reprise du premier. Mais il faut dire que la mélodie qui accompagne ces versets ne permet pas à toute une foule non préparée de s’y associer. C’est pourquoi il nous arrive quelquefois, devant la difficulté où la longueur de la pièce de chanter les deux versets du graduel sur la ligne mélodique d’un psaume ! Faisons tout de suite remarquer que les mélodies du graduel sont souvent admirables : il suffit pour s’en convaincre de les entendre dans le chœur d’une abbaye bénédictine ou autre où l’on a su les conserver.

   Le Graduel est suivi d’un autre chant : l’Alléluia, du moins une grande partie de l’année. Alors que le Graduel faisait référence à la lecture de l’Epître, par les sentiments qui y sont exprimés, l’Alléluia prépare à la lecture de l’Evangile, la bonne nouvelle. Elle va ainsi trouver des cœurs bien disposés, acclamant le Seigneur qui fait son entrée au milieu de son peuple. On remarquera que durant le temps pascal, le Graduel laisse la place à un autre alléluia, plus important que le deuxième dans sa présentation musicale.

Durant les temps de pénitence et aux messes des morts, l’alléluia est remplacé par une autre pièce musicale appelée Trait, du mot latin tractim qui signifie exécuté d’un trait, sans interruption…il n’y a pas dans cette pièce de répons, de reprise. Les traits sont souvent assez longs. Le 1er dimanche de Carême il est constitué de la presque totalité du psaume 90 - au dimanche des Rameaux par le psaume 21. Il semble que le Trait constitue dans sa forme et dans sa mélodie le plus ancien des chants d’intermède, de pause dont nous parlons aujourd’hui.

   Il faut encore dire un mot d’une autre pièce que nous trouvons, maintenant rarement, mais qui eut une grande vogue : la séquence ou prose. Le mot séquence, du latin sequentia, veut dire suite. A une époque ancienne (9èmes.) on chargea la dernière voyelle ‘a’ de l’alléluia, d’un certain nombre de notes qui alla croissant. Ainsi la mélodie s’achevait sans paroles mais avec ce seul ‘a’ prolongé comme un long murmure de jubilation. C’est ce ‘jubilus’ que l’Eglise a conservé. Mais voilà que naquit l’idée de mettre sous ces notes des paroles qui, au début, ne furent pas assujetties à la métrique de la versification : d’où leur nom de prose qui signifie discours libre. Il nous reste les séquences ou proses de Pâques, de la Pentecôte, du Saint-Sacrement, de la fête des Sept douleurs de la Sainte Vierge, le Stabat Mater, et le fameux Dies irae des morts. Les Propres diocésains et les livres monastiques en conservent encore de fort belles qu’il est possible d’exécuter au Salut du St Sacrement, par exemple.

   Je me suis efforcé d’être complet et clair dans la nomenclature et le sens de ces chants pour que vous ne perdiez ni votre latin, ni votre souffle devant tant de diversité.

   Même si leur exécution entraîne beaucoup de difficultés, soyons sensibles à leur mélodie quand elle a la chance d’être bien exécutée et à leurs paroles qui, elles, constituent toujours une bonne base de méditation et un appel à un élan du cœur pour une digne louange de Dieu. Amen

 

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 08:02

   

COMMUNAUTE SAINT-PIE V

DES HAUTES-ALPES

 

Centre Diocésain Pape François

9, rue Capitaine de Bresson

 

05000GAP

 

 

 

 

 

 

 

 

Chers Paroissiens,

 

 

 

Par la présente, nous vous informons que la visite de Monseigneur MALLE à notre communauté a été reportée.

 

 

 

Celle-ci aura lieu :

DIMANCHE 14 JANVIER 2018.

 

 

 

Dès à présent, nous vous invitons à retenir cette date et comptons sur votre présence.

 

 

 

A cet égard, nous vous adresserons les renseignements concrets en temps opportuns.

 

 

 

Bien à vous.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                              Le Président,

                                                                                              Jean BERNARD

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20 novembre 2017 1 20 /11 /novembre /2017 07:34

  Il y a quelques mois, en vous présentant le début de la liturgie de la messe, je vous disais que le vestibule en était ce qu’on appelait traditionnellement la Messe des Catéchumènes, et que celle-ci comprenait deux parties,

-dans la première l’homme va à la rencontre de Dieu, dans la seconde, Dieu se penche vers l’homme.

-dans la première, l’homme parle à Dieu par sa prière, dans la seconde, Dieu parle à l’homme par l’enseignement.

   A la parole de l’homme dans la prière, répond la parole de Dieu dans les Lectures et la prédication.

   Nous en arrivons donc aujourd’hui à l’Epître. Ce mot qui vient du latin epistola qui signifie ‘lettre’ parce que le plus souvent tirée d’une lettre d’un apôtre ; sinon on l’appelle lectio = lecture quand elle est tirée d’un passage de l’Ancien testament ou d’un texte du Nouveau Testament non évangélique (comme les Actes des Apôtres ou l’Apocalypse)

   Dans la Synagogue le service divin consistait principalement dans la lecture de La Loi et des Prophètes.

   Primitivement il y eut trois lectures :

-une de l’Ancien Testament

-une du Nouveau Testament (Epître ou Actes des Apôtres ou Apocalypse)

-enfin une de l’Evangile.

  C’est justement ce qui a été repris dans la nouvelle présentation de la Liturgie de la Messe.

Dans le missel que nous utilisons, il arrive quelquefois que la messe comporte trois lectures, comme les mercredis des Quatre-temps. Le samedi des Quatre-temps il y en a exceptionnellement Sept ! car c’était à l’origine un office nocturne comparable à la Vigile pascale ou à celle de Pentecôte.

  Dans la liturgie solennelle, la lecture de l’Ancien Testament est confié à un Lecteur, tandis que l’Epître est chanté par un Sous diacre.

  Si le prêtre célébrant seul reste à l’autel pour ces lectures, normalement la lecture se fait à un pupitre lectrinum, ou en français : lutrin. (cf. Boileau !), ou encore à un ambon, comme on en voit encore dans les basiliques romaines, et que la liturgie moderne à remis en honneur.

  Ces lectures sont introduites par de petites formules, comme Fratres, ou Carissimi ; la lecture des livres prophétiques commence par Haec dicit Dominus : Ainsi parle le Seigneur.

Pendant la ou les lectures, ainsi que pendant l’Epître, on est assis.

  A la fin des lectures le peuple ou le servant répond : Deo Gratias. Assentiment et action de grâce pour le message divin qui vient de nous être transmis à haute voix. (On pourrait ajouter qu’il est fort souhaitable que les lecteurs soient formés pour se faire bien comprendre, ce qui est loin d’être toujours le cas, et ce qui anéantit le sens et le but de la liturgie de la parole, laquelle pourtant prend de plus en plus de place quant à la durée par rapport au sacrifice dont nous aurons à parler bientôt si Dieu nous le permet.)  Amen

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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 06:50

St Cyrille de Jérusalem, catéchèse baptismale.

Qu’il s’agisse d’étudier la foi ou de la confesser, recevez et retenez seulement celle qui vous est transmise à présent par l’Eglise, celle qui a toutes les Ecritures pour remparts. Or, tous ne peuvent lire les Ecritures ; les uns à cause de leur ignorance, les autres parce que leurs occupations les éloignent de la connaissance. Pour que cette ignorance n’entraîne pas la perte de l’âme, nous renfermons dans un petit nombre de versets toute la doctrine de la foi.

   Il faut que vous reteniez cette foi comme un viatique pendant toute votre vie et n’en acceptiez aucune autre. Même pas si nous-mêmes, ayant changé, venions à dire le contraire de ce que nous enseignons maintenant ; même pas encore si un ange mauvais, transfiguré en ange de lumière, tentait de vous égarer. Si quelqu’un, même nous, même un ange du ciel, vient annoncer un Evangile différent de celui que vous avez reçu maintenant, qu’il soit pour vous un maudit.

   La foi dont vous venez maintenant d’entendre le texte (le Credo), gardez-la dans votre mémoire. Recevez aussi quand le moment sera venu, sur chacun de ses articles, le témoignage des divines Ecritures. Car ce n’est pas le caprice des hommes qui a composé ce résumé de la foi ; on a choisi les points les plus importants, à travers toute l’Ecriture, pour récapituler l’ensemble de la foi. Et de même que la semence de moutarde renferme dans une petite graine de nombreux rameaux, de même ce symbole de la foi, en peu de mots, enveloppe toute la science de la piété contenue dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

   Faites donc attention, mes frères, gardez l’enseignement qui vous est transmis maintenant, et gravez-le sur les tables de vos cœurs.

   Veillez religieusement à ce que l’ennemi ne vienne vous dépouiller dans un moment de négligence, à ce qu’un hérétique ne déforme pas une des vérités qui vous ont été transmises. Car la foi est comparable à de l’argent que l’on doit mettre à la banque, comme nous venons de le faire (en vous transmettant le symbole). Dieu vous demandera compte de ce qu’on vous a confié. Comme dit l’Apôtre, je vous en adjure, devant Dieu qui donne vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ qui a rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle profession de foi : gardez sans tache cette foi qui vous a été transmise, jusqu’à la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ.

   Un trésor de vie vient de vous être livré. Le Maître réclamera le dépôt qui lui appartient, au temps de sa manifestation que fera paraître aux temps fixés le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs ; le seul qui possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir. A lui, gloire, honneur et puissance pour les siècles des siècles. Amen

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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 07:04

(Je vais reprendre le commentaire des Rites et Prières de la Messe, interrompu de puis le mois de juillet. Je m’étais arrêté au Dominus vobiscum qui suit le Kyrie et le Gloria ! et qui introduit l’oraison.)

   Dans les missels cette première oraison porte ce nom oraison ou encore collecte. Dans la liturgie moderne, on voit plutôt oraison sur l’assemblée. Expliquons-nous.

   Oraison, du latin oratio est le terme dont se servent les missels romains d’avant la réforme liturgique.

 Oratio, en latin signifie, discours. C’est donc le premier sens du mot oraison. Il a encore ce sens en français quand on parle par exemple des fameuses « oraisons funèbres » de notre grand Bossuet, qui étaient, de fait des discours prononcés à l’occasion de la mort de certains grands personnages.

   L’oraison serait donc un discours. Je n’hésite pas à dire oui ! C’est un discours miniaturisé en quelque sorte, car il contient les éléments essentiels qui font un véritable discours, à la manière dont le concevaient les auteurs romains. L’oraison possède aussi les qualités du génie de la langue latine qu’on retrouve chez les grands orateurs : la clarté, la mesure, le sens pratique, la gravité, la concision et la densité. Vous savez que j’aime le latin et c’est pourquoi je suis un admirateur des oraisons du missel romain.

   Voulez-vous me suivre quelques instants pour que vous puissiez saisir la belle ordonnance de l’oraison : elle comprend, en général 5 parties :

1)l’adresse, car un discours a au moins un auditeur. Ici, l’auditeur c’est Dieu et pratiquement toujours Dieu le Père. Alors l’oraison commence par le mot Dieu, ou Seigneur auquel on ajoute parfois quelques adjectifs qualificatifs : tout-puissant,-éternel-miséricordieux.

2)le motif pour lequel on lui tient un discours : quand on célèbre une fête, en général c’est l’occasion de cette fête qui fournit le motif - sinon on remontrera à Dieu telle ou telle raison pour laquelle on s’adresse à Lui. On peut encore appeler cette partie du discours le « considérant ».

3)la demande, car on ne s’adresse à quelqu’un de considérable, de puissant, de riche que pour en obtenir quelque faveur.

4)le but que l’on assigne à la demande faite précédemment, ce but pouvant tourner à la gloire du sollicité aussi bien qu’à l’avantage du sollicitant.

5)la péroraison ou conclusion qui sera pratiquement toujours la même : dans l’oraison c’est la référence à Jésus Christ qui nous a dit lui-même de prier en son nom.

   Tous les oraisons ne sont pas construites absolument et invariablement sur ce modèle : mais on y retrouve obligatoirement une partie des éléments que je viens de vous exposer.

   Il faudrait passer à un exercice pratique ? mais ce serait un peu long, et puis vous avez tous les éléments pour l’accomplir par vous-mêmes…

   Je vous disais que cette oraison porte aussi le nom de collecte. C’est sa plus ancienne dénomination. Elle lui vient de ce fait dont je vous ai entretenu précédemment en vous parlant des églises stationnales à Rome que mentionnent nos missels au cours du Carême.

   Les chrétiens se réunissaient dans une église désignée à l’avance et de là se rendaient à une autre en laquelle ils stationneraient (d’où le nom d’église stationnale) pour célébrer le culte divin. En se rendant à cette église, en procession, ils chantaient des litanies et à l’arrivée commençait la messe. L’église de départ était donc celle de la réunion. C’est là qu’était prononcée l’oraison appelée ‘ad collectam’). On remarquera que le fait de l’appeler ‘oraison sur l’assemblée’ ne sonne quand même pas faux puisqu’elle était de fait prononcée en présence de la communauté réunie et en sa faveur.

   Lorsque le prêtre dit l’oraison, il étend les bras. C’est l’attitude ancienne de la prière. Nous prions plutôt maintenant les mains jointes. Ce sont deux attitudes qui correspondent à un état d’esprit différent : les mains jointes signifient le recueillement, l’effort, l’application de l’homme aux choses de Dieu : c’est la piété considérée de la part de l’homme. Les mains ouvertes et étendues expriment plutôt l’empressement à ouvrir notre cœur à la grâce, l’assurance que tout vient de Dieu : c’est la piété considérée de la part de Dieu.

   A l’oraison dite ou chantée par le prêtre, le peuple ajoute le mot Amen ! Je reviendrai sur ce mot : il exprime ici un consentement à ce que la prière a exprimé. Il faut donc que le cœur et les dispositions pratiques de la vie ne démentent pas cette ratification. Après ce qui a été exprimé, que vaudrait l’amen de l’avare, de l’hypocrite, du coléreux vindicatif, de l’ambitieux, du sensuel ? Ce serait une contradiction, un outrage à Dieu, une témérité, un endurcissement ou une routine désespérante.

   Il faut donc entrer généreusement dans le sens de l’oraison : qu’elle change nos cœurs et améliore nos dispositions. Je vous souhaite d’avoir chaque semaine tout le loisir d’y penser et de vous y conformer. Amen

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