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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 07:15

   L’Ecriture ne nous a révélé les noms que de trois d’entre les anges : Gabriel qui veut dire « la force Dieu », Raphaël « Dieu guérit », et Michel « Qui est comme Dieu ? » L’Eglise les célèbre maintenant tous les trois ensemble, mais, traditionnellement, le 29 septembre est la fête de saint Michel archange. En effet, le martyrologe hieronymien célèbre, au 29 septembre, « à Rome, au sixième mille, sur la voie Salaria, dédicace de la basilique de saint Michel. »

   La seule signification du nom du saint archange Michel nous indique le rôle qui lui est échu depuis le commencement jusqu’à la fin des temps. A la tête des armées célestes, il rejeta Lucifer des cieux, au moment de ce grand déchirement où s’ouvre le porche tragique de l’histoire ; Lucifer qui, oubliant son état de créature, ne veut pas servir les desseins de Dieu, est repoussé par la victorieuse question de Michel : Qui est comme Dieu ?

   La force de saint Michel archange ne procède pas de la cuirasse ou des armes étincelantes que notre impuissance à représenter les réalités spirituelles lui attribue, mais de son amour de Dieu qu’il proclame. Cet amour que les bons anges ont pour Dieu ne consiste pas seulement à vouloir l’adorer, le servir et lui plaire, mais aussi, et peut-être surtout, à se mettre au service de l’homme, en sachant que, par le mystère de l’Incarnation du Verbe divin, cette créature moins parfaite que lui, lui deviendra supérieure. Il faut en convenir, même si l’on peut considérer que les anges sont membres du Christ, il faut convenir qu’ils ne le sont pas aussi parfaitement que les hommes, puisqu’ils n’ont pas avec lui cette identité d’espèce et cette solidarité en vertu desquelles la grâce s’écoule du Christ en nous, d’un mouvement en quelque sorte naturel. De plus, n’ayant pas péché, ils n’ont pas eu besoin de la Rédemption et la grâce leur a été conférée indépendamment du sacrifice du Sauveur. Dieu nous dit, affirme saint Jean Chrysostome : « Je commande aux anges, et toi aussi par les prémices (le Christ). Je suis assis sur le trône royal, et toi aussi par les prémices. ‘Il nous a ressuscités avec lui, est-il écrit, et assis avec lui à la droite du Père.’ Les chérubins et les séraphins et toute l'armée céleste, les principautés, les puissances, les trônes et les dominations t'adorent à cause des prémices.1 »

   Si, à la seule question de saint Michel, les cieux s’ouvrirent pour laisser choir Lucifer et ses démons éternellement maudits, la lutte, bien loin de se terminer, devint comme le moteur de l’histoire et saint Paul, dans un texte fameux, nous rappelle ces combats terribles que ne cessent de se livrer les puissances invisibles autour de nos âmes. Si saint Michel archange fut, avant l’origine des temps, le chef des cohortes célestes, il est raisonnable de croire qu’il est encore et jusqu’à la fin du monde, le stratège de cette guerre implacable où nous sommes engagés. « Toutes les fois, dit saint Grégoire le Grand, qu’il s’agit d’une œuvre de merveilleuse puissance, c’est Michel que l’on nous dit envoyé, pour que son intervention même et son nom nous donnent à entendre que personne ne peut faire ce que Dieu seul a le privilège de faire. L'antique ennemi, qui a désiré par orgueil être semblable à Dieu, disait : J'escaladerai les cieux, par-dessus les étoiles du ciel j'érigerai mon trône, je ressemblerai au Très-Haut. Or, l'Apocalypse nous dit qu'à la fin du monde, lorsqu'il sera laissé à sa propre force, avant d'être éliminé par le supplice final, il devra combattre contre l'archange Michel : Il y eut un combat contre l'archange Michel.2 »

   Si vous pensez que les temps sont mauvais et que nous sommes affrontés à de formidables systèmes qui, s’arrogeant le droit de réviser la Loi divine, veulent emprisonner les âmes pour les rendre incapables de vivre avec Dieu en esprit et en vérité, qui pourriez-vous mieux appeler à votre secours que saint Michel archange ? La sublime question qui nomme l’Archange, Qui est comme Dieu ? ne s’adresse pas au seul Lucifer, ni même à ses seuls anges, elle s’adresse aussi à chaque homme et, singulièrement, aux chefs des peuples.

   Si l’affreuse bête de l’Apocalypse dont les exploits funèbres remplissent les derniers temps, recule devant l’archange saint Michel, ce n’est point seulement parce qu’il crie sa formidable question, mais parce qu’il est lui-même cette question. Nous aussi, à son imitation, devenons cette question redoutable qui terrasse les démons ; crions-la aux ténèbres répandues sur le monde, par notre attention à la parole de Dieu, par notre stricte observance et par notre pratique cultuelle. Crions-la en appliquant notre intelligence à la vérité révélée que l’Eglise nous enseigne, en soumettant notre volonté aux commandements divins que l’Eglise nous rappelle, en nourrissant nos vies des grâces que le Seigneur nous a préparées et que l’Eglise nous distribue.

   Nous demandons que saint Michel nous protège et nous voulons gagner avec lui le combat contre les puissances démoniaques, alors battons-nous avec ses armes en étant, à la face du monde, de ceux qui proclament que nul n’est comme Dieu. Sachons-le bien, nous ne nous battons pas, quoi qu’il puisse nous en paraître, contre des hommes, sous leurs systèmes immondes qui offensent la face du Tout-Puissant ; ce sont les démons qui agissent et ceux-là, nous n’en serons pas vainqueurs par des discours, par des suffrages électoraux, par des finesses diplomatiques ou par les armes du monde, mais par la pénitence, la prière, le sacrifice et l’observance.

   Puissent nos cœurs s’ouvrir largement au mystère de l’archange saint Michel de sorte qu’il nous aide à devenir plus droits, plus forts et plus purs, témoins incorruptibles de la vérité divine qui demande notre aveu. Amen

 

 

 

 

 

 

 1 Saint Jean Chrysostome : commentaire de la première épître de saint Paul à Timothée, XV).

2 Saint Grégoire le Grand : homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques.

 

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23 septembre 2019 1 23 /09 /septembre /2019 07:20

   En songeant à la malice de Satan, l’Eglise nous fait demander d’être sans cesse protégés contre les attaques des démons (Secr.). Job fut réduit à un tel état, que le saint homme de Dieu put s’écrier : « Le séjour des morts est devenu ma maison ; j’ai préparé ma couche dans les ténèbres ; j’ai dit à la pourriture : tu es mon père, et aux vers : vous êtes ma mère et ma sœur. Mes chairs se sont consumées comme un vêtement rongé par les vers et mes os se sont collés à ma peau ». L’Eglise applique aux défunts le pressant appel que Job fit alors à ses amis : « Ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la main du Seigneur m’a frappé » ; mais son appel resta sans réponse, et Job, abandonné de tous sur la terre, affermit son espérance en Dieu, et se tournant vers lui, il s’écria : « Je sais que mon Rédempteur est vivant et que je ressusciterai de la terre au dernier jour, que je serai de nouveau revêtu de ma peau et que dans ma chair je verrai mon Dieu. Je le verrai moi-même et mes yeux le contempleront. Cette espérance repose dans mon sein ». Devant tant d’héroïque confiance, le Seigneur accueillit alors la prière de son serviteur ; « mettant fin aux maux dont il souffrait, il lui rendit le double de ce qu’il possédait auparavant et pendant ses dernières années, Job reçut de l’Eternel plus de bénédictions encore qu’il n’en avait reçu dans les premières ».
   L’Eglise, que Job représente, a conscience d’être sans cesse l’objet des attaques du démon, et elle prie Dieu, « sans qui elle ne pourrait se maintenir », de toujours la purifier, la protéger, la conduire et la défendre (Or.). Ses appels font écho à la prière de Job, par l’aveu d’une indigence totale, mais doublée de l’espérance invincible de qui sait la puissance de Dieu, en même temps que sa fidélité et sa bonté pour ceux qui l’invoquent (Int., Grad., All., Off.)
   L’épître de St Paul est tout entière consacrée à stimuler notre fidélité aux inspirations de l’Esprit-Saint : « Si nous vivons dans l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit », c’est-à-dire soyons humbles, doux, charitables envers ceux qui tombent, en nous rappelant que nous sommes faibles et qu’en face du Souverain Juge nous porterons le poids de nos fautes personnelles. Rétribuons généreusement en bien temporels (argent, nourriture, vêtements) ceux qui nous prêchent la parole de Dieu (cette parole qui donne la vie), et ne relâchons pas, car Dieu ne permet pas qu’on se moque de lui impunément. Ne nous lassons jamais de faire le bien. Evitons les œuvres charnelles qui sont le manque de charité, l’orgueil, l’avarice et la luxure, car ceux qui commettent le péché sont morts à la vie de la grâce et ne moissonneront que la corruption. Semons des œuvres vivifiées par l’esprit surnaturel et nous moissonnerons la vie éternelle.
   Les Pères se sont plu à voir dans la veuve de Naïm pleurant sur la mort de son fils (Ev.), un symbole de l’Eglise pleurant sur ceux de ses enfants dont l’âme se meurt dans le péché. Mais les larmes et la prière de l’Eglise sont toutes-puissantes sur Notre-Seigneur : venu sur la terre pour relever les âmes qui gisaient dans la mort du péché : il est tout prêt à leur pardonner et à les ressusciter à la vie de la grâce.
   « Si la résurrection de ce jeune homme comble de joie la veuve, sa mère, dit St Augustin, notre mère la Sainte Eglise se réjouit aussi en voyant chaque jour les hommes ressusciter spirituellement. On pleure des morts visibles, et on ne s’occupe pas, on ne s’aperçoit même pas de tant de morts invisibles ! Mais Celui qui connaît ces morts s’occupe d’eux ; et seul à les connaître, il est seul aussi à pouvoir leur rendre la vie » (Matines)
  Que Dieu nous accorde à tous de développer toujours davantage en nous la vie surnaturelle que nous avons reçue lors de notre baptême. Amen

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16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 07:26

« Il y a des hommes tout à la passion des biens passagers, ignorant les biens éternels ou y étant insensibles, dit St Grégoire le Grand. Sans regret des biens d’en-haut qu’ils ont perdus, ils se félicitent, les malheureux ! de posséder ceux d’ici-bas. Formés pour la lumière de la vérité, ils n’y élèvent jamais les yeux de l’âme ; jamais un désir, un élan vers la contemplation de l’éternelle patrie. S’abandonnant aux jouissances où ils se sont jetés, ils affectionnent comme étant leur patrie un triste lieu d’exil, et au sein des ténèbres ils sont tout aussi joyeux que si une brillante lumière les éclairait. Les élus, au contraire, aux yeux de qui les biens passagers n’ont aucune valeur, recherchent ceux pour lesquels leurs âmes ont été créées. Retenu dans ce monde par les liens de la chair, chacun d’eux cependant se transporte en esprit au-delà de ce monde et prend la résolution salutaire de mépriser ce qui passe avec le temps  et de désirer les choses qui demeurent ».

   L’Ecriture Sainte nous présente Job comme le type de l’homme détaché des biens de cette terre : Job souffrit avec patience et dit : « Si nous avons reçu les biens de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas les maux ? Dieu m’a donné ces biens, Dieu me les a ôtés ; que le nom du Seigneur soit béni ! »

   La messe de ce dimanche s’inspire de ces mêmes pensées. L’Esprit-Saint que l’Eglise a reçu aux fêtes de la Pentecôte, a formé en nous un homme nouveau qui s’oppose aux tendances du vieil homme, qui sont : les convoitises de la chair et la recherche des richesses par lesquelles on peut les satisfaire. L’Esprit de Dieu est un esprit de liberté qui, en nous rendant enfants de Dieu, notre Père, et frères de Jésus, Notre-Seigneur, nous dégage de la servitude du péché et de la tyrannie de la cupidité. « Ceux qui sont au Christ, écrit St Paul, ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises. Marchez donc selon l’Esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair, car la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair ; ils sont opposés l’un à l’autre » (Ep.) « Nul ne peut servir deux maîtres, dit aussi Jésus, car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la richesse. »

   Il convient toutefois de préciser que ce que Dieu condamne, ce n’est pas la richesse (en elle-même, car il en faut bien pour vivre !) mais l’attachement aux biens de cette terre et leur mauvais emploi.

  St Augustin explique très bien : « Quiconque est esclave des richesse est soumis à un maître dur et m »chant. Tout entier à ses convoitises, il subit la tyrannie du démon. Et certes, il ne l’aime pas, car qui peut aimer le démon ? Mais cependant il le supporte. D’autre part il ne hait pas Dieu, car personne, dans le fond de sa conscience, ne peut haïr Dieu, mais il le méprise, c’est-à-dire qu’il ne le craint pas, comme s’il était assuré d’être pardonné. L’Esprit-Saint met en garde contre cette négligence et cette sécurité pernicieuse, lorsqu’il dit par le Prophète : ‘Mon fils, la miséricorde de Dieu est grande’ (Eccl. 5,5), mais sache ‘que la patience de Dieu t’invite à la pénitence’ (Rom. 3,4)… Si donc quelqu’un veut aimer Dieu et faire en sorte de ne pas l’offenser, qu’il ne pense pas pouvoir servir deux maîtres ; qu’il ait une intention droite sans aucune duplicité. C’est là l’idée qu’il faut se faire de la bonté du Seigneur ; cherchez donc Dieu dans la simplicité et la droiture de votre cœur » (3è noct.)

   Cherchons donc avant tout le royaume de Dieu et sa justice et le reste nous sera donné par surcroît (Ev., comm.), comme nous y invitent tous les chants de cette messe qui sont l’expression d’une confiance totale et d’un abandon filial entre les mains de Dieu. Amen

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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 11:21

   « Lorsque Salomon était captivé par l’amour des choses du monde, dit St Jean Chrysostome, il les croyait grandes et admirables ; il y consacrait beaucoup de peine et de soin, édifiant des palais magnifiques, amassant beaucoup d’or, poursuivant tout ce qui peut donner plaisir et satisfaction. Mais, dès que, rentré en lui-même, il put, comme d’un abîme ténébreux, regarder vers la lumière de la vraie sagesse, alors il poussa cette exclamation sublime et digne du ciel ‘Vanité des vanités, et tout est vanité’. Et pourtant un si grand amour de la sagesse n’était pas exigé de Salomon qui vivait sous l’ancienne Loi ; mais nous…Que nous demande-t-on ? rien de moins que de mener une vie pareille à celles des Vertus célestes, qui sont tout intelligence et incorporelles » (2ème nocturne)

   Et en effet, notre vie, tout entière orientée vers l’au-delà doit sans cesse s’animer de foi, d’espérance et de charité, pour ne s’attacher qu’aux promesses divines et aimer ce que Dieu nous a commandé. (Or.)

   Toute la messe d’aujourd’hui a précisément pour but d’augmenter notre foi en Jésus qui seul peut nous tirer de notre misère et nous sauver. Déjà sous l’Ancien Testament, dit St Paul, c’est la foi au Christ qui sauvait. Il y avait bien la Loi, mais une loi impuissante à sauver par elle-même, et dès avant la Loi, Abraham fut sauvé par sa foi. (Ep.). L’évangile donne le même enseignement. Dix lépreux font appel au Christ, qui les guérit tous de la lèpre, mais un seul revient après sa guérison, animé d’une foi qui lui vaut d’être guéri aussi de la lèpre du péché. « Les neufs autres, dit St Augustin, auraient cru s’abaisser en remerciant ; et en ne remerciant pas, ils sont réprouvés et rejetés…, tandis que l’unique qui rend grâce est approuvé et recueilli par l’unique Eglise. C’est ainsi que les Juifs perdirent par leur orgueil le royaume des cieux où règne la plus grande unité » (Matines)

   Les chants de cette messe : Introït, Graduel, Alléluia, Offertoire, sont autant d’appels confiants basés sur notre foi au Christ, et exprimés dans les termes mêmes où l’ancien Israël se réclamait de l’alliance et des promesses pour s’en remettre à Dieu des secours de salut dont il avait besoin. Notre foi fait de nous les vrais fils d’Abraham et les héritiers de la promesse que Dieu lui avait faite de le bénir dans sa postérité ; l’Eglise ne manque pas de nous le rappeler ; elle le fait aujourd’hui comme elle l’a déjà fait le Samedi Saint et comme presque chaque fois qu’elle évoque la foi des baptisés : « O Dieu, Père Souverain des croyants, qui multipliez sur toute la terre les enfants de la promesse, et donnez à Abraham de devenir le père de toutes les nations, accordez à vos peuples d’entrer dignement dans la vie chrétienne à laquelle vous les conviez. »

   Que Notre-Dame en ce jour de sa Nativité nous conduise sans cesse dans la voie du ‘Fiat’ qui a fait toute sa vie. Amen

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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 11:19

   L’Esprit-Saint qui anime l’Eglise fait également de tous les fidèles les enfants de Dieu. C’est lui qui leur donne cet « esprit d’adoption des enfants » qui leur fait dire à Dieu en toute vérité « Abba, Père », et qui les constitue « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ ». Mais pour mériter d’entrer un jour dans les tabernacles éternels (Ev.), il faut dès ici-bas, vivre en fils et se laisser conduire en tout par cet Esprit de Dieu qui doit être le véritable inspirateur de notre vie. C’est là la véritable sagesse des chrétiens, celle que l’Eglise nous fait demander dans la belle oraison de la messe d’aujourd’hui, et dont l’évangile nous dit qu’elle pousse la prévoyance de l’au-delà jusqu’à rivaliser d’habileté avec les « enfants du siècle » dans l’usage qu’ils font des richesses de la terre.

   Les lectures du Bréviaire continuent l’histoire de Salomon commencée dimanche dernier. La sagesse du grand roi s’était employée à construire au Seigneur un Temple digne de sa gloire. Ce fut la grande œuvre de Salomon. Il mit trois ans à en faire préparer les matériaux : pierres énormes, cèdres, cyprès et toutes sortes de bois précieux, de l’or massif pour les candélabres et les vases sacrés, et des plaques d’or qui devaient recouvrir les autels et orner jusqu’aux plafonds du sanctuaire. Quand tout fut préparé, on commença la construction ; elle dura sept ans, et lorsque les travaux furent achevés, Salomon fit de grandes fêtes pour consacrer solennellement le Temple du Seigneur. C’est à ces fêtes de la dédicace que Salomon prononça la grande et magnifique prière que la Bible nous a conservée et qui a inspiré maints passages de notre liturgie de la dédicace des églises.

   Les pièces de chant de la messe d’aujourd’hui résument à souhait les sentiments qui animaient Salomon dans son œuvre et dans sa prière : une grande idée de la majesté de Dieu et du respect dû aux lieux qu’il sanctifie par sa présence (Intr., All.), avec une confiance inébranlable dans la protection divine et dans l’immense bonté du Seigneur qui toujours relève son peuple et exauce sa prière (Int., Grad., off., comm.)

   Puissions-nous avoir toujours ce même respect quand nous entrons dans nos églises… Amen

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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 06:54

   Le Bréviaire romain achève aujourd’hui l’histoire de David et commence celle de Salomon. Les deux grands rois d’Israël font figure de sages : David, dans sa vieillesse, tout entier à son repentir et n’ayant plus d’ardeurs que pour le culte du Seigneur ; Salomon, le bien-aimé du Seigneur, dépositaire de sa sagesse, le plus sage en même temps que le plus magnifique des rois. En montant sur le trône de David son père, Salomon, qui n’avait que dix-sept ans, avait demandé à Dieu de lui donner la sagesse, pour discerner le bien du mal et être à même de conduire son peuple dans ses voies. Et Dieu avait répondu : « Puisque c’est là ce que tu demandes, puisque tu ne demandes pour toi ni une longue vie, ni les richesses, ni la mort de tes ennemis, et que tu demandes l’intelligence pour exercer la justice, voici, j’agirai selon ta parole. Je te donnerai un cœur sage et intelligent, si bien qu’il n’y aura eu personne avant toi et qu’on ne verra jamais personne de semblable à toi. Je te donnerai en outre ce que tu n’as pas demandé, de la richesse et de la gloire, de telle sorte qu’il n’y aura pendant toute ta vie aucun roi qui soit ton pareil. Et si tu marches dans mes voies en observant mes lois et mes commandements, comme l’a fait David, ton père, je prolongerai tes jours. » La promesse de Dieu se réalisa au point de faire de Salomon un grand monarque dont on admirait la sagesse et recherchait l’alliance. Roi pacifique, Salomon est une figure du Christ, le prince de la Paix acclamé par toutes les nations (Intr.) ; sage entre tous les rois, il présage le Fils de Dieu, la Sagesse incarnée qui fera définitivement la séparation du bien d’avec le mal et conduira son peuple dans les voies du Très-Haut.

   Ces voies nous sont connues. Mieux encore que Salomon, Jésus a enseigné la vraie sagesse qui est la doctrine de l’Evangile. Mais il faut nous attacher à suivre cette doctrine avec la droiture et l’entièreté des vrais serviteurs de Dieu ; l’épître et l’évangile d’aujourd’hui nous le rappellent : ce n’est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de Dieu ; St Paul voudrait nous voir apporter la même logique dans notre fidélité à Dieu, pour lui appartenir sans partage, que d’autres mettent, pour leur malheur, à s’adonner au péché. La vraie sagesse est là, dans la sévérité et la fidélité au service de Dieu. Ici encore, David et Salomon nous sont une leçon : Salomon ne sut pas rester fidèle à Dieu, et sa gloire humaine, pourtant si grande, se trouva bientôt réduite à rien. En dépit de sa faute, David est plus grand, tant fut sincère son repentir et entière sa conversion ; il fait figure de saint, et sa piété vibrante inspire encore, dans les psaumes, la prière des chrétiens.

   Demandons à Dieu de nous maintenir dans les voies de sa justice, en écartant de notre vie tout ce qui peut nous nuire et en nous accordant tout ce qui doit nous servir (Or.). Amen

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22 juillet 2019 1 22 /07 /juillet /2019 07:31

« Il donna à ses disciples les pains pour les distribuer »

   Une pensée domine toute la liturgie de ce jour : il faut tuer en nous le péché par un profond repentir et demander à Dieu de nous donner sa force pour n’y plus retomber. C’est le baptême qui nous a fait mourir au péché et c’est l’Eucharistie qui nous donne l’énergie divine nécessaire pour persévérer dans le chemin de la vertu. L’Église, toute pénétrée encore de la pensée de ces deux sacrements qu’elle a conférés à Pâques et à la Pentecôte, aime à en parler dans le « Temps après la Pentecôte ». Au Bréviaire, les lectures du 1er nocturne racontent, sous la forme d’un apologue, la gravité de la faute commise par David. Si pieux qu’il fût, ce grand roi, voulant épouser une jeune femme de grande beauté, nommée Bethsabée, avait ordonné qu’on envoyât son mari Urie au plus fort d’un combat contre les Ammonites afin qu’il fût tué, et lorsqu’il s’en fut débarrassé de la sorte, il épousa Bethsabée dont il eut un fils. Le Seigneur lui envoya alors le prophète Nathan pour lui faire comprendre à l’aide d’une parabole, la gravité de son péché : et l’avertir de la part du Seigneur : «  De ta propre maison, je ferai lever sur toi le malheur ! » David, alors, saisi de repentir, dit à Nathan : « Hélas ! J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan reprit : « A cause de ton repentir le Seigneur te pardonne ; tu ne mourras point. Mais voici le châtiment : le fils qui t’a été donné mourra ». A quelque temps de là l’enfant mourut. Et David, dans sa douleur, alla se prosterner le cœur contrit et humilié dans la maison du Seigneur. — « David, commente S. Ambroise, ne put supporter longtemps le poids du péché qui pesait sur sa conscience : par une prompte confession accompagnée d’un immense regret, il alla s’en décharger aux pieds du Seigneur qui, touché d’une pareille douleur, lui pardonna. Le commun des hommes, lorsque les prêtres ont lieu de les reprendre, aggravent leur péché en cherchant soit à le nier, soit à l’excuser ; et il y a pour eux chute plus grande, là même où l’on espérait les voir se relever. Mais les Saints du Seigneur, qui brûlent de continuer le pieux combat et de fournir jusqu’au bout la carrière du salut, s’il leur arrive de faillir, moins par préméditation que par faiblesse humaine, ils se relèvent plus ardents à la course, et stimulés par la honte de la chute, ils la compensent par de plus rudes combats. Si bien que leur chute, au lieu de les avoir retardés, n’a servi qu’à les aiguillonner et à les faire avancer plus vite » (2e nocturne).

   La messe complète à souhait, pour notre vie chrétienne, cet enseignement de l’Écriture et du Bréviaire. S. Paul rappelle dans l’épitre, que morts au péché par le baptême, nous avons à vivre désormais d’une vie nouvelle où le péché ne devrait plus avoir aucune part. Il nous arrive pourtant, par faiblesse humaine, de pécher encore, et notre attitude alors doit être, en pareil malheur, d’implorer le pardon de Dieu (Grad.) de manière à pouvoir de nouveau entourer son autel et chanter ses louanges (Comm.). Dieu ne peut manquer, si nous l’invoquons ainsi, d’exaucer nos prières et d’affermir nos pas dans la voie de ses commandements (Off.), puisqu’il se fait la force de son peuple, son rempart et son guide (Intr.). L’évangile nous indique la source divine où nous pouvons sans cesse aller puiser la force dont nous avons besoin pour suivre le Christ jusqu’au ciel sans défaillir en chemin. Le récit de la multiplication des pains est une figure de l’Eucharistie, qui est notre viatique non seulement pour la fin de notre vie, au moment d’aboutir, mais tout le long du chemin. En nous identifiant avec la Victime du Calvaire, la communion parachève en nous les effets du baptême en nous donnant la force de ne plus retomber dans le péché et nous faisant vivre toujours davantage d’une vie toute à Dieu, qui est la loi même des baptisés. Amen

 

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 07:28

« Réconcilie-toi d’abord avec ton frère ». (Évangile).

La liturgie de ce Dimanche est consacrée au pardon des injures.

   L’Épitre et l’Évangile de ce jour prêchent le grand devoir du pardon des injures. « Soyez donc unis de cœur dans la prière, ne rendant point le mal pour le mal, ni l’injure pour l’injure », dit l’Épitre. « Si tu présentes ton offrande à l’autel, dit l’Évangile, et que tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère. » — David, oint roi sur Israël par les vieillards à Hébron, prit la citadelle de Sion, qui devint sa cité, et y plaça l’arche de Dieu dans le sanctuaire (Com.). Ce fut la récompense de sa grande charité, cette vertu indispensable pour que le culte rendu par les hommes dans ses saints parvis soit agréé de Dieu (id.) Et c’est pour cela que l’Épître et l’Évangile remarquent que c’est surtout lorsque nous nous réunissons dans la prière qu’il faut que nous soyons unis de cœur.

   Sans doute, comme le montrent l’histoire de Saül et la messe d’aujourd’hui, la justice divine a ses droits, mais, si elle exprime une sentence qui est un jugement final, ce n’est qu’après que Dieu a vainement épuisé tous les moyens inspirés par son amour. Le meilleur moyen d’arriver à posséder cette charité, c’est d’aimer Dieu, de désirer les biens éternels (Or.) et la possession du bonheur (Ép.) dans les palais célestes (Com.) où l’on n’entre que par la pratique continuelle de cette belle vertu.

    Selon l’Épître : La vertu chrétienne par excellence est la charité qui met en pratique les différentes vertus énumérées par Saint Pierre d’après le Ps. 33, v. 8 et 9 et qui, lorsqu’elle s’exerce à l’égard de ceux qui nous persécutent comme chrétiens, est une véritable apologie de la religion. Elle nous vaudra d’avoir des jours heureux dans le ciel (Com.)

   Selon l’Évangile : Jésus condamne non seulement le meurtre extérieur, (particulièrement d’actualité !), mais le motif intérieur qui nous y porte et qui est la colère en tant qu’elle produit le désir de nous débarrasser du prochain. Cette colère a trois degrés, dit S. Augustin. Le premier est quand on retient dans son cœur le mouvement qui s’y est produit (Post.), le second quand on l’exprime par une exclamation, le troisième quand on le manifeste par la parole (Ép.). A ces trois degrés correspondent trois sentences, au caractère de plus en plus grave (Matines). « Le vrai sacrifice, dit S. Jean Chrysostome, c’est la réconciliation avec son frère ». « Le premier sacrifice, qu’il faut offrir à Dieu, ajoute Bossuet, c’est un cœur pur de toute froideur et de toute inimitié avec son frère » (Médit. 14e j.). Que Dieu nous y aide ! Amen

 

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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 19:13

Sous la conduite de la Providence, l’Église sert Dieu avec joie dans une sainte paix (nous disait l’oraison). C’est ce que nous montre aussi l’Évangile, choisi en raison de la proximité de la fête des Saints Pierre et Paul. C’est en effet la barque de Pierre que Jésus choisit pour prêcher, c’est à Simon qu’il ordonne d’avancer au large et c’est lui qui, sur l’ordre du Maître, jette ses filets qui se remplissent jusqu’à se rompre. C’est Pierre enfin qui, saisi d’étonnement et d’effroi, adore son Maître et qui est choisi par lui comme pêcheur d’hommes. « Cette barque, explique S. Ambroise, S. Matthieu nous la représente battue des flots, et S. Luc nous la montre remplie de poissons ; ce qui nous dépeint les fluctuations de l’Église à son berceau, et sa prodigieuse fécondité dans la suite. Elle ne court aucun danger la barque qui porte la sagesse et qui vogue au souffle de la foi. Et que pourrait-elle craindre, ayant pour pilote celui en qui l’Église est affermie ? Le péril se rencontre là où il y a peu de foi ; ici sécurité, car l’amour est parfait » (3e Noct.).

   En commentant un Évangile fort semblable à celui-ci (v. Mercredi de Pâques) où S. Jean raconte une pêche miraculeuse qui eut lieu après la résurrection du Sauveur, S. Grégoire écrit : « Que figure la mer, sinon le siècle présent où les vicissitudes et les agitations de cette vie corruptible ressemblent à des flots qui sans cesse s’entrechoquent et se brisent ? Que représente la terre ferme du rivage, sinon la perpétuité du repos éternel ? Parce que les disciples se trouvaient encore parmi les flots de cette vie mortelle, ils travaillaient sur mer. Et comme notre Rédempteur avait dépouillé la corruptibilité de la chair, il se tenait, après sa résurrection, sur le rivage » (3eme Noct. du Mercredi de Pâques). En S. Matthieu, Notre Seigneur compare aussi « le royaume des cieux à un filet jeté en mer et qui ramasse toutes sortes de poissons. Et lorsqu’il est plein, les pêcheurs le tirent et s’étant assis au bord du rivage ils gardent les bons et rejettent tous les mauvais ».

   Le baptême était de même représenté dans les Catacombes par un pêcheur qui retirait un poisson hors de l’eau. Ce sera donc le rôle de l’Église, dont Pierre est le chef, « de pêcher des hommes », c’est-à-dire de délivrer les âmes de tous les dangers qu’elles courent dans le monde figuré par la mer. « Nouvelle méthode de pêcher, assurément, dit S. Jean Chrysostome, car les pêcheurs tirent les poissons hors de l’eau pour leur donner la mort, mais nous, nous lançons nos filets dans l’eau et ceux que nous prenons sont vivifiés », « Les filets des Apôtres, dit S. Grégoire dans l’homélie de ce jour, ne détruisent pas ceux qu’ils prennent, mais les réservent et, du fond de l’abîme, les font venir à la lumière ; ils élèvent vers les hauteurs ceux qui sont agités dans les bas-fonds ».

   Dans la barque de Pierre que secouent les flots agités et les tempêtes de ce monde, mettons toute notre confiance en Jésus. Il nous sauvera par son Église des attaques du « fort armé », le démon, comme il sauva par David l’armée d’Israël que défiait le géant Goliath. Amen

 

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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 07:37

   Dans une église de Rome (mais je ne sais plus laquelle) se trouve une émouvante mosaïque qui représente Pierre embrassant Paul, en lui disant : " Paul, mon frère ! "

   Pierre et Paul nous rappellent que l'Eglise est l'Assemblée, la communauté de ceux qui se reconnaissent frères... et ils se reconnaissent frères non pas malgré leur différences, mais au cœur même de leurs différences personnelles et culturelles. Et nous le savons, entre Pierre et Paul ce ne fut pas toujours l'entente cordiale. Rudement ils s'affrontèrent à Antioche, ce qui les amena à définir des champs d'apostolat distincts, l'un annonçant le Christ aux Juifs, l'autre partant évangéliser les païens.

   Si tant de choses séparaient Pierre et Paul, une chose les unissait profondément, intimement : leur amour absolu, passionné de Jésus. Un amour que Pierre a confessé le premier : « Tu sais tout, Seigneur, tu sais bien que je t'aime » (Jean 21, 7). L'amour qui faisait vivre Paul : «Pour moi, la vie, c'est le Christ. Pour Lui j'ai tout perdu. » (Philippines 1, 27).

   Pierre et Paul nous rappellent que Jésus, Jésus Christ est le fondement de toute fraternité, que la fraternité n'est pas donnée d'emblée mais c'est un don à demander, à recevoir chaque jour. Oui, il est possible d'être frères!

   L'évangile de ce jour nous relate un moment significatif du cheminement spirituel de Pierre. La scène se passe aux alentours de Césarée de Philippe, lorsque Jésus pose une question aux disciples: « Pour vous qui suis-je ? » La réponse de Pierre : « Tu es le Messie » porte en germe la future confession de foi de l'Eglise. Et nous connaissons la réponse de Jésus : « Bienheureux, Simon fils de Jonas ! » Cette béatitude est la même que celle de Marie : « Bienheureuse celle qui a cru... » Cette béatitude est pour nous aussi. A nous aussi Jésus dit : « Bienheureux êtes-vous, vous qui essayez de garder l'Évangile dans toute sa pureté, sa fraîcheur et qui continuez à le proposer avec un enthousiasme renouvelé aux hommes et aux femmes de votre temps ! »

   « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Sans doute, Pierre n'avait pas encore compris le contenu profond de la mission messianique de Jésus. En effet Pierre attend un Messie, un homme divin qui accomplira les attentes du peuple en imposant à tous sa toute-puissance.

   Paul, venu étudier la Loi de Moïse auprès du grand rabbi Gamaliel, considérant tout d'abord  inacceptable le message des premiers chrétiens, il se mit à les persécuter. Puis saisi par le Christ sur le chemin de Damas, il consacre toute son énergie au service du Christ et de l'Évangile, jusqu'au don suprême de sa vie.

   Comme Pierre, nous aussi nous avons le désir de suivre Jésus bien décidés à porter la croix avec lui et à boire le calice jusqu'à la lie. Amen

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