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5 juin 2022 7 05 /06 /juin /2022 16:42

   Considérons les mystères d’une si grande solennité. Car c’est en ce jour que l’Esprit-Saint est descendu avec un bruit soudain sur les disciples, et que, transformant les esprits de ces hommes charnels, il les a conduits à son amour. Tandis que des langues de feu apparaissaient à l’extérieur, au dedans les cœurs des disciples s’enflammèrent, et comme ils voyaient Dieu sous l’aspect du feu, ils devinrent avec une suavité ineffable tout brûlants d’amour. Car le Saint-Esprit est amour, et c’est pourquoi saint Jean dit : « Dieu est charité ». Celui donc qui désire Dieu de tout son esprit, possède certes déjà celui qu’il aime. Car personne ne pourrait aimer Dieu, s’il ne possédait celui qu’il aime.

   Si l’on questionne chacun de vous et qu’on lui demande : Aimez-vous Dieu ? Il répond d’un esprit assuré et avec pleine confiance : Je l’aime. Vous avez entendu au commencement de la lecture de l’Évangile, ce que dit la Vérité même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». La preuve de l’amour, c’est l’action. Aussi saint Jean dit-il encore dans son Épître : « Celui qui dit : J’aime Dieu, et ne garde pas ses commandements est un menteur ». Mais nous aimons vraiment Dieu et nous gardons ses commandements, si nous nous efforçons de réprimer en nous l’attrait des plaisirs. Car celui qui continue à s’abandonner à des désirs illicites n’aime assurément pas Dieu, puisqu’il s’oppose à lui dans sa volonté.

   « Et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui ». Considérez, quel grand honneur c’est de posséder pour hôte, dans notre cœur, Dieu venant à nous. Certes, si quelque ami riche ou très puissant devait entrer dans notre maison, la maison tout entière serait rendue nette avec la plus grande hâte, de crainte qu’il n’y eût quelque chose qui blessât les yeux de cet ami qui arrive. Qu’il ait donc soin de se purifier des souillures du péché, celui qui prépare pour Dieu la demeure de son âme. Mais voyez ce que dit la Vérité même : « Nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui ». Il vient en effet dans les cœurs de quelques-uns, cependant il n’y fait pas sa demeure, car ils ont attiré le regard divin par la componction, mais au moment de la tentation, ils oublient aussitôt ce qui les a amenés à la pénitence, et ainsi ils retournent au péché, comme s’ils ne l’avaient jamais pleuré.

   Tertullien a défini le Chrétien : un composé de corps, d’âme et d’Esprit Saint. Cette phrase semble paradoxale, mais elle doit être expliquée dans le sens où l’entendait son auteur. C’est l’Esprit Saint qui, par sa grâce, élève intérieurement l’âme à l’être surnaturel de fille adoptive de Dieu. La motion du Paraclet est donc ce qui détermine tous nos actes méritoires ; en sorte que, quand nous invoquons Jésus, quand nous gémissons à ses pieds, quand nous souffrons, quand nous agissons pour Dieu, c’est toujours le Saint-Esprit qui prie, gémit, opère en nous. En outre c’est « Lui-même qui rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Rom. 8, 16. Bien plus, c’est précisément le Spiritum Filii sui (l’Esprit de son Fils) Gal. 4,6. que Dieu a répandu en nous pour nous donner part, avec Jésus, au caractère de fils de prédilection. Ce même Esprit qui, durant notre vie, habite en nous et nous imprime l’impulsion vers le ciel, ne termine pas son œuvre à notre mort. Au dernier jour, il exige la réédification du temple mystique qu’il s’est formé dans l’âme croyante, et cela propter inhabitantem Spiritum eius in nobis « Par son Esprit qui habite en nous ».

Célébrons donc le Saint-Esprit qui devrait toujours nous animer. Amen

 

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 14:37

   Tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, n’ayant qu’un cœur et qu’une âme, et attendant la venue de l’Esprit-Saint, le prince des Apôtres qui présidait cette assemblée sainte se tourne vers nous qui attendons ici-bas la même faveur, et nous recommande la charité fraternelle. Il nous promet que cette vertu couvrira la multitude de nos péchés ; quelle heureuse préparation pour recevoir le don divin ! L’Esprit-Saint arrive afin d’unir les hommes en une seule famille ; arrêtons donc toutes nos discussions, et préparons-nous à la fraternité universelle qui doit s’établir dans le monde à la prédication de l’Évangile. En attendant la descente du Consolateur promis, l’Apôtre nous dit que nous devons être prudents et veiller dans la prière. Recevons la leçon : la prudence consistera à écarter de nos cœurs tout obstacle qui repousserait le divin Esprit ; quant à la prière, c’est elle qui les ouvrira, afin qu’il les reconnaisse et s’y établisse.

   A la veille de nous envoyer son Esprit, Jésus nous annonce les effets que ce divin Consolateur produira dans nos âmes. S’adressant aux Apôtres dans la dernière Cène, il leur dit que cet Esprit leur rendra témoignage de lui, c’est-à-dire qu’il les instruira sur la divinité de Jésus et sur la fidélité qu’ils lui doivent, jusqu’à mourir pour lui. Voilà donc ce que produira en eux cet hôte divin que Jésus, près de monter aux cieux, leur désignait en l’appelant la Vertu d’en haut. De rudes épreuves les attendent ; il leur faudra résister jusqu’au sang. Qui les soutiendra, ces hommes faibles ? L’Esprit divin qui sera venu se reposer en eux. Par lui ils vaincront, et l’Évangile fera le tour du monde. Or, il va venir de nouveau, cet Esprit du Père et du Fils ; et quel sera le but de sa venue, sinon de nous armer aussi pour le combat, de nous rendre forts pour la lutte ? Au sortir de la Saison pascale, où les plus augustes mystères nous illuminent et nous protègent, nous allons retrouver en face le démon irrité, le monde qui nous attendait, nos passions calmées un moment qui voudront se réveiller. Si nous sommes « revêtus de la Vertu d’en haut », nous n’aurons rien à craindre ; aspirons donc à la venue du céleste Consolateur, préparons-lui en nous une réception digne de sa majesté ; quand nous l’aurons reçu, gardons-le chèrement ; il nous assurera la victoire, comme il l’assura aux Apôtres.

   Nous le savons le Fils de l’homme, couronné dans son Ascension, doit régner sur le monde jusqu’à ce qu’il revienne. Mais, direz-vous, règne-t-il donc dans un temps où les princes confessent tenir leur autorité du mandat de leurs peuples, où les peuples séduits par ce prestige qu’ils nomment liberté ont perdu jusqu’au sens même de l’autorité ? Oui, il règne, mais dans la justice, puisque les hommes ont dédaigné d’être conduits par sa bonté. Ils ont effacé sa loi de leurs codes, ils ont accordé droit de cité à l’erreur et au blasphème ; alors il les a livrés à leur sens absurde et mensonger. Chez eux le pouvoir éphémère, que l’onction sainte ne rend plus sacré, échappe à tout moment aux mains qui s’efforcent de le retenir, et lorsque les peuples, après avoir roulé dans les abîmes de l’anarchie, essayent de le constituer de nouveau, c’est pour le voir crouler encore, parce que princes et peuples veulent se tenir en dehors du domaine du Fils de l’homme. Et il en sera ainsi, jusqu’à ce que princes et peuples, lassés de leur impuissance, le rappellent pour régner sur eux.

   Nous qui fûmes par nos péchés les auteurs de vos humiliations et de vos souffrances dans le cours de votre vie mortelle, nous nous unissons aux acclamations que firent entendre les Esprits célestes au moment où le diadème royal fut placé sur votre divin Chef. Nous ne faisons encore qu’entrevoir vos grandeurs ; mais l’Esprit-Saint que vous nous avez promis achèvera de nous révéler tout ce que nous pouvons connaître ici-bas sur votre souverain pouvoir, dont nous voulons être à jamais les humbles et fidèles sujets. Amen

 

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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 15:44

   Aujourd’hui, frères bien-aimés, s’achève le nombre sacré de quarante jours écoulés depuis la résurrection bienheureuse et glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle, dans l’espace de trois jours, la puissance divine releva le vrai temple de Dieu, que l’impiété des Juifs avait détruit. Ce nombre de jours, la très sainte disposition de la Providence l’a accordé en vue de notre utilité et de notre instruction, pour que le Seigneur, prolongeant durant cet espace de temps sa présence corporelle ici-bas, notre foi en la résurrection y pût trouver les preuves et la confirmation nécessaires. La mort du Christ avait beaucoup troublé le cœur des disciples, et l’engourdissement de la défiance avait pénétré dans leurs esprits, alourdis par le chagrin causé par son supplice sur la croix, par son dernier soupir, par la sépulture de son corps inanimé.

   Les bienheureux Apôtres et tous les disciples, qui avaient été alarmés par la mort de Jésus sur la croix, et avaient hésité dans la foi à sa résurrection, furent tellement affermis par l’évidence de la vérité, que, loin d’être attristés en voyant le Seigneur s’élever dans les hauteurs des cieux, ils furent au contraire remplis d’une sainte joie. Et certes, il y avait là une grande et ineffable cause de joie, alors qu’en présence de cette multitude sainte, une nature humaine s’élevait au-dessus de la dignité de toutes les créatures célestes, pour dépasser les ordres angéliques, pour être élevée plus haut que les Archanges, et ne s’arrêter dans ses élévations sublimes que, lorsque reçue dans la demeure du Père éternel, elle serait associée au trône et à la gloire de Celui à la nature duquel elle se trouvait déjà unie en son Fils.

   Puisque l’ascension du Christ est notre propre élévation, et que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé son glorieux chef, tressaillons donc dans de dignes sentiments de joie, et réjouissons-nous par de pieuses actions de grâces. Car nous n’avons pas seulement été affermis aujourd’hui comme possesseurs du paradis ; mais en la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux ; et nous avons plus obtenu par sa grâce ineffable, que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux que le venimeux ennemi avait bannis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés, et il les a placés à la droite du Père.

    Nous avons éteint silencieusement le Cierge qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Église, et avertit nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! Que de générations se sont succédé, que de générations se succéderont encore jusqu’à ce qu’il se montre de nouveau !

   Loin de lui, la sainte Église ressent les langueurs de l’exil ; elle persévère néanmoins à habiter cette vallée de larmes ; car c’est là qu’elle doit élever les enfants dont le divin Époux l’a rendue mère par son Esprit ; mais la vue de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer aussi à nous-mêmes. Oh ! Quand viendra le jour où de nouveau revêtus de notre chair, oui, la nôtre, nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur, pour demeurer avec lui à jamais ! C’est alors, et seulement alors, que nous aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés. Amen

 

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22 mai 2022 7 22 /05 /mai /2022 16:29

   Ces paroles du Seigneur : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera » demandent, malgré leur grande simplicité, quelque explication. Car pour ceux qui adressent à Dieu le Père, au nom de Jésus-Christ, des prières qui ne sont pas exaucées, (et nous sommes tous de ceux-là !), il convient de préciser que toute prière contraire aux intérêts du salut, n’est point faite au nom du Sauveur. Car par ces paroles : « En mon nom ; » il faut entendre non pas un bruit de lettres et de syllabes, mais ce que ce son signifie et ce que l’on doit comprendre avec justesse et vérité par ce son.

   Aussi celui qui pense de Jésus-Christ ce qui ne doit pas être pensé du Fils unique de Dieu ne demande pas en son nom, bien qu’il prononce les lettres et les syllabes qui forment le nom de Jésus-Christ ; car il prie au nom de celui qui est présent à sa pensée au moment de sa prière. Celui, au contraire, qui pense de Jésus-Christ ce qu’il en doit penser, celui-là prie en son nom, et reçoit ce qu’il demande, si toutefois il ne demande rien de contraire à son salut éternel : il reçoit lorsqu’il est bon pour lui qu’il reçoive. Il est des grâces qui ne nous sont point refusées, mais qui sont différées, pour nous être accordées au temps opportun. On doit donc entendre que, par ces paroles : « Il vous donnera, » notre Seigneur a voulu désigner les bienfaits particuliers à ceux qui les demandent. Tous les saints, en effet, sont toujours exaucés pour eux-mêmes, mais ils ne le sont pas toujours pour tous, pour leurs amis, pour leurs ennemis ou pour d’autres ; car notre Seigneur ne dit pas absolument : « Il donnera, » mais : « Il vous donnera. »

   « Jusqu’à présent, dit notre Seigneur, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. » Cette joie qu’il appelle une joie pleine, n’est pas une joie des sens, mais une joie spirituelle, et quand elle sera si grande qu’on ne pourra plus rien y ajouter, alors, sans le moindre doute, elle sera pleine. Nous devons donc demander au nom du Christ ce qui tend à nous procurer cette joie si nous comprenons bien la nature de la grâce divine, si l’objet de nos prières est la vie véritablement heureuse. Demander toute autre chose, c’est ne rien demander : non pas qu’il n’existe absolument autre chose, mais parce qu’en comparaison d’un si grand bien, tout ce que l’on désire en dehors de lui n’est rien.

Voilà pourquoi l’oraison de cette messe nous fait dire : « Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants, que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse. » Amen

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15 mai 2022 7 15 /05 /mai /2022 20:42

   Les Apôtres furent attristés lorsque Jésus leur eut dit : « Je m’en vais. » Ne le sommes-nous pas aussi, nous qui, depuis sa naissance en Bethléhem, l’avons suivi constamment, grâce à la sainte Liturgie qui nous attachait à ses pas ? Encore quelques jours, et il va s’élever au ciel, et l’année va perdre ce charme qu’elle empruntait, jour par jour, aux actions et aux discours de notre Emmanuel. Il ne veut pas cependant que nous nous laissions aller à une trop grande tristesse. Il nous annonce qu’en sa place le divin Consolateur, le Paraclet, va descendre sur la terre, et qu’il restera avec nous pour nous éclairer et nous fortifier jusqu’à la fin des temps. Profitons avec Jésus des dernières heures ; bientôt il sera temps de nous préparer à recevoir l’hôte céleste qui doit venir le remplacer.

   Jésus, qui prononçait ces paroles la veille de sa Passion, ne se borne pas à nous montrer la venue de l’Esprit-Saint comme la consolation de ses fidèles ; il nous la fait voir en même temps comme redoutable à ceux qui auront méconnu leur Sauveur. Les paroles de Jésus sont aussi mystérieuses que terribles ; empruntons-en l’explication à saint Augustin, le Docteur des docteurs. « Lorsque l’Esprit-Saint sera venu, dit le Sauveur, il convaincra le monde en ce qui touche le péché. » Pourquoi ? « parce que les hommes n’ont pas cru en Jésus. » Combien, en effet, sera grande la responsabilité de ceux qui, ayant été les témoins des merveilles opérées par le Rédempteur, ne se rendront pas à sa parole ! Jérusalem entendra dire que l’Esprit est descendu sur les disciples de Jésus, et elle demeurera aussi indifférente qu’elle le fut aux prodiges qui lui désignaient son Messie. La venue de l’Esprit-Saint sera comme le prélude de la ruine de cette ville déicide. Jésus ajoute que « le Paraclet convaincra le monde au sujet de la justice, parce que, dit-il, je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ». Les Apôtres et ceux qui croiront à leur parole seront saints et justes par la foi. Ils croiront en celui qui s’en est allé au Père, en celui que leurs yeux ne verront plus en ce monde. Jérusalem, au contraire, ne gardera souvenir de lui que pour le blasphémer ; la justice, la sainteté, la foi de ceux qui auront cru seront sa condamnation, et l’Esprit-Saint l’abandonnera à son sort. Jésus dit encore : « Le Paraclet convaincra le monde en ce qui touche le jugement. » Et pourquoi ? « Parce que le prince du monde est déjà jugé. » Ceux qui ne suivent pas Jésus-Christ ont cependant un chef qu’ils suivent. Ce chef est Satan. Or, le jugement de Satan est déjà prononcé. L’Esprit-Saint avertit donc les disciples du monde que leur prince est pour jamais plongé dans la réprobation. Qu’ils y réfléchissent ; car, ajoute saint Augustin, « l’orgueil de l’homme aurait tort de compter sur l’indulgence ; qu’il se donne la peine de contempler le supplice auquel sont livrés les anges superbes. »

   La séparation entre l’Église et le monde est donc formulée nettement aujourd’hui. L’Esprit de Jésus communique à l’Église cette suprême glorification que le Crucifié a méritée pour le Chef et pour les membres de son corps mystique, glorification qui maintenant enveloppe les membres d’une auréole de grâce et de sainteté, mais qui, en son temps, se transformera en un nimbe de gloire. Au contraire, le monde ‘in maligno est positus’ (est placé dans le mal). Il est envahi par l’esprit de Satan, qui est un esprit de haine, et c’est pourquoi il ne peut participer à cette vie divine de charité, dont le Paraclet est le principe et la source vive.

    Ô Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables. Amen

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8 mai 2022 7 08 /05 /mai /2022 16:20

   Il ne sera peut-être pas superflu de retracer brièvement la vie de celle que nous fêtons aujourd’hui.

   Jeanne d’Arc est née à Domrémy, autrefois du diocèse de Toul, maintenant de Saint-Dié, de parents remarquables par leur foi et l’intégrité de leurs mœurs, en 1412. Elle avait à peine treize ans et ne connaissait que les occupations du foyer, le travail des champs et les premiers éléments de la religion, quand elle fut avertie qu’elle était choisie par Dieu pour délivrer la France et la rendre à l’ancienne autorité royale. Après que, pendant cinq ans, l’Archange saint Michel et les saintes vierges Catherine et Marguerite, dont elle recevait de fréquentes visites, lui eurent appris comment elle exécuterait ce qui lui était ordonné, elle reconnut qu’elle devait obéir à Dieu. Elle demanda au gouverneur de Vaucouleurs et, après quelques refus, en obtint des hommes qui devaient la conduire au roi Charles. Elle se rend d’abord à Toul, où elle assure devant l’évêque qu’elle a fait le vœu de virginité ; ensuite elle visite par un pieu pèlerinage la basilique de saint Nicolas de Port, pour confier au patron des Lorrains le périple qu’elle a préparé ; ensuite elle gagne Nancy, où le duc Charles reçoit favorablement la pieuse jeune fille bien qu’elle l’ait accusé d’une mauvaise conduite morale, et il se recommande à ses prières.
   Obéissant aux avertissements divins, après avoir surmonté les difficultés d’un long voyage, elle arriva au château de Chinon, en Touraine, et, ayant convaincu le roi Charles de la vérité de sa mission divine, elle partit pour Orléans. En peu de jours, par un terrible assaut, elle infligea trois défaites aux ennemis, prit leurs places fortes et fit triompher son étendard. De là, après quelques faits de guerre où le secours de Dieu se manifesta de façon merveilleuse, elle conduisit Charles à Reims pour y recevoir l’onction du sacre royal. Elle ne pensa pas pour autant qu’elle devait se reposer ; mais comme elle avait reçu du ciel l’annonce que, par la permission de Dieu, elle devait tomber au pouvoir de l’ennemi, elle accepta de bon cœur ce qui devait nécessairement arriver.
   Jeanne, faite prisonnière à Compiègne, vendue aux ennemis, bientôt conduite à Rouen, y fut traduite en jugement et accusée de toutes sortes de crimes, sauf de fautes contre la chasteté. Pour Jésus, elle supporta tout avec patience. Le procès ayant été conduit par des juges très corrompus, la vierge innocente et douce fut condamnée à la peine du feu. Ayant donc reçu le réconfort de la sainte Eucharistie qu’elle avait désirée si longtemps, les yeux tournés vers la croix et répétant très souvent le nom de Jésus, elle s’envola au ciel, le 30 mai, sur la place du Marché de Rouen, n’ayant pas encore accompli sa vingtième année.       L’Église Romaine, qu’elle avait toujours aimée et à qui elle en avait souvent appelé, prit soin de la justifier de tout crime, sous le pontificat de Calixte III. Vers la fin du dix-neuvième siècle, Léon XIII permit d’introduire la cause de la Pucelle d’Orléans. Puis le Souverain Pontife Pie X la mit au rang des Bienheureuses, et Benoît XV au nombre des saintes Vierges. Enfin Pie XI, accédant aux vœux des évêques français, la déclara et institua patronne secondaire de la France, après la Très Sainte Vierge en son Assomption.

 

O Dieu, qui avez merveilleusement appelé sainte Jeanne d’Arc pour défendre la foi et la patrie, daignez accorder à votre Église, par son intercession, de vaincre les ruses de l’ennemi pour jouir d’une paix durable. Amen

 

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2 mai 2022 1 02 /05 /mai /2022 06:34

   Pie XII institua la Solennité de Saint Joseph Artisan le 1er mai, en 1955, ce qui fit disparaître l’ancienne fête du Patronage de St Joseph.

Cette fête était d’institution récente : en 1847, Pie IX avait étendu à tout le rite romain la fête du Patronage de saint Joseph, qui était d’origine carmélitaine. Elle fut fixée au 3ème dimanche après Pâques.
En 1870, après la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle, Pie IX éleva la fête à la dignité de 1ère classe.
Pie X en 1911, en changea l’intitulé comme Solennité de saint Joseph, patron de l’Église universelle et la dota d’une octave.

     La réforme du calendrier de saint Pie X, désirant libérer les dimanches perpétuellement empêchés par une fête de saint, déplaça en 1913 la solennité au mercredi précédent (le mercredi étant le jour spécialement consacré à saint Joseph dans la dévotion).

L’échec de la christianisation de la fête du travail étant patent plus de 50 ans après, et le calendrier réformé de 1969 ayant réduit la fête de saint Joseph artisan à une simple mémoire (facultative !), il nous a paru bon de rappeler l’historique de cette fête du patronage de saint Joseph, peut-être trop oublié de nos jours, d’autant que nous ne la solennisons maintenant que lorsque le 1er mai tombe un dimanche.

   C’est une règle universelle pour toutes les grâces accordées à quelque créature raisonnable : lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement de ces dons. Ce principe s’est surtout vérifié en saint Joseph, père putatif de notre Seigneur Jésus-Christ, et véritable époux de la Reine du monde, de la Souveraine des Anges. Choisi par le Père éternel pour être le fidèle nourricier et le gardien de ses plus grands trésors, c’est-à-dire de son Fils et de son épouse, il s’est acquitté très fidèlement de son office. Aussi le Seigneur lui a dit : « Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur. »
   Si vous considérez saint Joseph par rapport à toute l’Église du Christ, n’est-il point cet homme choisi et doué d’une prérogative unique, sous la garde duquel le Christ a été placé à son entrée dans le monde, et dont Dieu s’est servi pour sauvegarder l’ordre et l’honneur de cette naissance divine ? Si donc l’Église entière est redevable à la vierge mère, puisque c’est par Marie qu’elle a été rendue digne de recevoir le Sauveur, sans aucun doute, après Marie, l’Église doit une reconnaissance et une vénération singulières à saint Joseph. Il est comme la clef de l’ancien Testament, car c’est en lui que le mérite des Patriarches et des Prophètes a atteint le terme de ses espérances. Seul il possède réellement ce que la bonté divine promit à ces justes des temps anciens. Il est donc figuré avec raison par ce Patriarche Joseph, qui conserva le froment aux peuples. Cependant il le surpasse, car il a fait plus que fournir aux Égyptiens le pain de la vie matérielle ; en nourrissant Jésus avec un soin très vigilant, il a procuré à tous les élus, le pain du ciel, qui donne la vie céleste.

   Assurément il ne faut point douter que le Christ, se comportant envers Joseph comme un fils envers son père, n’ait conservé dans les cieux, ou plutôt n’ait augmenté et consommé la familiarité, le respect et la dignité très sublime qu’il lui avait accordés pendant sa vie terrestre. C’est donc avec raison que, dans la parole divine citée plus haut, le Seigneur ajoute : « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Bien que la joie de l’éternelle béatitude entre dans le cœur de l’homme, néanmoins le Seigneur a préféré dire : « Entre dans la joie », pour insinuer mystérieusement que cette joie n’est pas seulement en lui, mais qu’elle l’enveloppe de tous côtés, l’absorbe et le submerge comme un abîme sans fond. Souvenez-vous donc de nous, ô bienheureux Joseph, intercédez pour nous par le suffrage de votre prière, auprès de celui qui a passé pour votre fils ; et en même temps rendez-nous propice votre épouse, la bienheureuse Vierge mère de celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne dans tous les siècles. Amen.
 

 

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25 avril 2022 1 25 /04 /avril /2022 10:24

   Jésus dit à Thomas : « Tu as cru, parce que tu as vu ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui néanmoins ont cru ! » Paroles remplies d’une divine autorité, conseil salutaire donné non seulement à Thomas, mais à tous les hommes qui veulent entrer en rapport avec Dieu et sauver leurs âmes ! Que voulait donc Jésus de son disciple ? Ne venait-il pas de l’entendre confesser la foi dont il était désormais pénétré ? Thomas, d’ailleurs, était-il si coupable d’avoir désiré l’expérience personnelle, avant de donner son adhésion au plus étonnant des prodiges ? Était-il tenu de s’en rapporter à Pierre et aux autres, au point d’avoir à craindre de manquer à son Maître, en ne déférant pas à leur témoignage ? Ne faisait-il pas preuve de prudence en suspendant sa conviction, jusqu’à ce que d’autres arguments lui eussent révélé à lui-même que le fait était tel que ses frères le lui racontaient ? Oui, Thomas était un homme sage, un homme prudent, qui ne se confiait pas outre mesure ; il était digne de servir de modèle à beaucoup de chrétiens qui jugent et raisonnent comme lui dans les choses de la foi. Cependant, combien est accablant, dans sa douceur si pénétrante, le reproche de Jésus ! Il a daigné se prêter, avec une condescendance inexplicable, à l’insolente vérification que Thomas avait osé demander ; maintenant que le disciple tremble devant le divin ressuscite, et qu’il s’écrie dans l’émotion la plus sincère : « Oh ! vous êtes bien mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus ne lui fait pas grâce de la leçon qu’il avait méritée. Il faut un châtiment à cette hardiesse, à cette incrédulité ; et ce châtiment consisterai à s’entendre dire : « Tu as cru, Thomas, parce que tu as vu. »

   Mais Thomas était-il donc obligé de croire avant d’avoir vu ?— Et qui peut en douter ? Non seulement Thomas, mais tous les Apôtres étaient tenus de croire à la résurrection de leur maître, avant même qu’il se fût montré à eux. N’avaient-ils pas vécu trois années dans sa compagnie ? Ne l’avaient-ils pas vu confirmer par les plus divins prodiges sa qualité de Messie et de Fils de Dieu ? Ne leur avait-il pas annoncé sa résurrection pour le troisième jour après sa mort ? Et quant aux humiliations et aux douleurs de sa Passion, ne leur avait-il pas dit, peu de temps auparavant, sur la route de Jérusalem, qu’il allait être saisi par les Juifs qui le livreraient aux gentils ; qu’il serait flagellé, couvert de crachats et mis à mort ? Des cœurs droits et disposés à la foi n’auraient eu aucune peine à se rendre, dès le premier bruit de la disparition du corps. Jean ne fit qu’entrer dans le sépulcre, que voir les linceuls, et aussitôt il comprit tout et commença à croire. Mais l’homme est rarement aussi sincère ; il s’arrête sur le chemin, comme s’il voulait obliger Dieu à faire de nouvelles avances. Ces avances, Jésus daigna les faire. Il se montra à Madeleine et à ses compagnes qui n’étaient pas incrédules, mais seulement distraites par l’exaltation d’un amour trop naturel. Au jugement des Apôtres, leur témoignage n’était que le langage de quelques femmes que l’imagination avait égarées. Il fallut que Jésus vînt en personne se montrer à ces hommes rebelles, à qui leur orgueil faisait perdre la mémoire de tout un passé qui eût suffi à lui seul pour les éclairer sur le présent. Nous disons leur orgueil ; car la foi n’a pas d’autre obstacle que ce vice. Si l’homme était humble, il s’élèverait jusqu’à la foi qui transporte les montagnes.

   Or Thomas a entendu Madeleine, et il a dédaigné son témoignage ; il a entendu Pierre, et il a décliné son autorité ; il a entendu ses autres frères et les disciples d’Emmaüs, et rien de tout cela ne l’a dépris de sa raison personnelle. La parole d’autrui qui, lorsqu’elle est grave et désintéressée, produit la certitude dans un esprit sensé, n’a plus cette efficacité chez beaucoup de gens, dès qu’elle a pour objet d’attester le surnaturel. C’est là une profonde plaie de notre nature lésée par le péché. Trop souvent nous voudrions, comme Thomas, avoir expérimenté nous-mêmes ; et il n’en faut pas davantage pour nous priver de la plénitude de la lumière. Nous nous consolons comme Thomas parce que nous sommes toujours du nombre des disciples ; car cet Apôtre n’avait pas rompu avec ses frères ; seulement il n’entrait pas en part de leur bonheur. Ce bonheur, dont il était témoin, ne réveillait en lui que l’idée de faiblesse ; et il se savait un certain gré de ne le pas partager.

   Tel est de nos jours encore le chrétien entaché de rationalisme. Il croit, mais c’est parce que sa raison lui fait comme une nécessité de croire ; c’est de l’esprit et non du cœur qu’il croit. Sa loi est une conclusion scientifique, et non une aspiration vers Dieu et la vérité surnaturelle. Aussi cette foi, comme elle est froide et impuissante ! Comme elle est restreinte et embarrassée ! Comme elle craint de s’avancer, en croyant trop ! A la voir se contenter si aisément de vérités diminuées, pesées dans la balance de la raison, au lieu de voler à pleines ailes comme la foi des saints, on dirait qu’elle est honteuse d’elle-même.

   Or c’est pour ceux dont la foi est si faible et si près du rationalisme, que Jésus ajoute aux paroles de reproche qu’il adressa à Thomas, cette sentence qui avait en vue tous les hommes et tous les siècles : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » Thomas pécha, pour n’avoir pas eu la disposition à croire. Nous nous exposons à pécher comme lui, si nous n’entretenons pas dans notre foi cette expansion qui la mêlerait à tout, et lui ferait faire ce progrès que Dieu récompense par des flots de lumière et de joie au cœur. Une fois entrés dans l’Église, le devoir pour nous est de considérer désormais toute chose au point de vue surnaturel ; et ne craignons pas que ce point de vue, réglé par les enseignements de l’autorité sacrée, nous entraîne trop loin. « Le juste vit de la foi » ; c’est sa nourriture continuelle. La vie naturelle est transformée en lui pour jamais, s’il demeure fidèle à son baptême.

   Reconnaissons donc notre erreur avec Thomas ; confessons avec lui que jusqu’ici nous n’avons pas cru encore d’une foi assez parfaite. Comme lui, disons à Jésus : « Vous êtes mon Seigneur et mon Dieu ; et j’ai souvent pensé et agi comme si vous n’étiez pas en tout mon Seigneur et mon Dieu. Désormais je croirai sans avoir vu ; car je veux être du nombre de ceux que vous avez appelés heureux. » Amen

 

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18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 08:18

   Vous venez d’entendre lire dans l’évangile, que les saintes femmes qui avaient suivi le Seigneur, vinrent au tombeau avec des parfums, ayant ainsi, dans leur zèle plein d’humanité, des égards, même après sa mort, pour celui qu’elles avaient aimé vivant. Or, l’action qu’elles accomplirent nous signale quelque chose qui doit se pratiquer dans la sainte Église. Il est donc nécessaire d’écouter le récit de ce qu’elles ont fait, afin de méditer sur ce que nous avons à faire à leur imitation. Nous aussi qui croyons en celui qui est mort, nous viendrons véritablement avec des parfums à son tombeau, si, embaumés de l’odeur des vertus, nous cherchons le Seigneur avec la recommandation des bonnes œuvres. Ces femmes qui voient les Anges, ce sont celles qui sont venues avec des aromates, car les âmes qui voient les habitants de la cité céleste, ce sont celles qui se dirigent vers le Seigneur par de saints désirs et avec le parfum des vertus.

   Il faut remarquer de plus pourquoi l’Ange fut aperçu assis à droite. Que signifie la gauche, sinon la vie présente ? Que désigne la droite, sinon la vie éternelle ? De là vient qu’il est écrit dans le Cantique des cantiques : « Sa main gauche est sous ma tête et sa main droite m’embrassera. » Comme notre Rédempteur avait déjà dépassé la vie présente qui est corruptible, c’est avec raison que l’Ange ayant mission d’annoncer son entrée dans la vie éternelle, se montrait assis à droite. Il apparut couvert d’une robe blanche, parce qu’il venait proclamer la joie de notre grande fête. La blancheur de son vêtement exprime en effet la splendeur de notre solennité. L’appellerons-nous nôtre ou sienne ? Disons mieux : cette solennité est sienne et elle est nôtre. Car si la résurrection de notre Rédempteur a été notre bonheur, en ce qu’elle nous a ramenés à l’immortalité ; elle a fait aussi la joie des Anges, puisque, en nous rappelant au Ciel, elle complète leur nombre.

   Dans cette fête dont l’allégresse est commune et à lui et à nous, l’Ange apparut donc avec des vêtements blancs, parce que la résurrection du Seigneur, en nous rouvrant l’entrée du Ciel, réparait les pertes éprouvées par la patrie céleste. Mais écoutons ce que l’Ange dit aux femmes qui arrivent au sépulcre. « Ne craignez point. » C’est comme s’il leur disait ouvertement : Qu’ils craignent, ceux qui n’aiment pas l’arrivée des habitants du Ciel ; qu’ils soient effrayés ceux qui, tout, appesantis par les désirs charnels, désespèrent de pouvoir parvenir à jouir de la société de ces esprits bienheureux. Mais pourquoi craindre, vous qui, dans les Anges, reconnaissez déjà vos concitoyens ? C’est pour cela que saint Matthieu, décrivant aussi l’arrivée de l’Ange, nous dit : « Son visage était comme un éclair, et son vêtement comme la neige. » L’éclair, il est vrai, inspire la terreur ; mais la blancheur de la neige suggère de douces pensées.

   Réjouissons-nous donc en ce grand jour de fête, et que le Seigneur Jésus soit vraiment le ‘Ressuscité’ dans nos âmes. Amen

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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 07:47

   La belle fête de ce premier jour du triduum pascal, nous fait contempler et méditer les signes merveilleux de l’amour de Dieu pour l’humanité mais aussi le chemin du bonheur que Dieu ouvre devant chacun de nous. Trois signes importants nous parlent.

   Il y a la table. Il y a l’eau. Il y a le geste. Ces trois signes rappellent les trois fonctions de la grâce baptismale : prêtre, prophète et roi. C’était il y a deux mille ans. Ce soir-là, Jésus et les apôtres étaient à table.

   La table(dimension royale) c’est l’espace de la rencontre. C’est le lieu du partage. Le lieu du brassage. La table est aussi un lieu de passage. Bien souvent, dans plusieurs cultures, son rite est précédé et présidé par le labeur de la maîtresse de maison… qui annonce d’ailleurs : « on passe à table. » C’est donc un passage comme Pâque qui veut dire passage. Et l’Evangile de ce jour commence avec ces mots : avant la fête de la pâque. Alors qu’ils étaient à table, réunis pour manger et boire la coupe de bénédiction. Mais la table n’est pas simplement le lieu où chacun peut dévorer goulûment son repas pour retourner à ses jeux et occupations. Elle est un appel à vivre la communauté familiale, conjugale, ecclésiale ou amicale. C’est pour cela que dans les consignes données par le Seigneur à Moïse pour le  peuple Hébreu, Dieu dit : Que l’agneau soit mangé par la famille, la maisonnée ou avec les gens du voisinage.

   C’est ainsi que le repas devient signe pour la communauté et chemin de Communion. Dieu est communion trinitaire. Dieu est une  communauté d’amour. Le Père est l’Aimant ; le Fils est l’Aimé ; et l’Esprit saint est Amour. Ainsi, dans l’Eucharistie, dans le très saint sacrement de l’autel, « sont contenus vraiment réellement, et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ et par conséquent le Christ tout entier » (CEC1374) « On ne l’appréhende pas par les sens, disait saint Thomas d’Aquin. Mais par la foi. » Voilà pourquoi saint Cyrille d’Alexandrie écrivait : « Ne va pas te demander si c’est vrai mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui qui est la Vérité ne ment pas. »  Ici  encore c’est une question d’amour. Dans la vie qui peut vraiment aimer s’il ne croit pas du tout, en celui ou celle qui lui fait une déclaration d’amour ? Lui a tellement aimé (il les aima jusqu’au bout jusqu’à l’extrême) et il s’est offert : Corps livré sang versé. Pour nous fortifier.

   Or ce que le sacrement de l’Eucharistie révèle, c’est que Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils. (Jn3,16s) Pour nous sanctifier, nous PURIFIER.

   Ici apparaît le deuxième signe : L’eau. (dimension sacerdotale) Alors qu’ils étaient à table, Jésus prit de l’eau dans un bassin. Il ne faut pas séparer le signe de la table et le signe de l’eau. A la table est donné le corps. Mais il n’y a de corps qui vive sans eau. Ce qui est vrai physiologiquement, l’est aussi spirituellement. Car pour être accueilli à la table de la sainte communion il faut recevoir l’eau du baptême. Plus encore, Jésus disait à Nicodème que pour avoir part au Royaume il faut naître de l’eau et l’Esprit. Avoir part ? C’est exactement ce que Jésus dit  à Pierre dans l’Évangile quand Pierre proteste et se moque presque : Jésus lui dit : «  si je ne te lave pas, tu n’auras de part avec moi. Cela reste aussi vrai pour le repas. On y prend part. Pas seulement pour manger sa part et oublier les autres mais pour que chacun ait sa part. « La belle part » non palpable invisible mais réel. La part De joie, de délices, de  breuvage, d’eau et de vin, d’amitié, d’attention, de délicatesse, d’écoute, de tendresse, de compliments, de remerciements (pour celui ou celle qui a préparé et servi) de félicitations pour ceux et celles qui ont été cheville ouvrière du repas. Car il contient toujours une dimension de service.

  Le geste de Jésus. Laver les pieds. (dimension prophétique)

Les pieds, à l’opposé de la tête représentent à la fois notre force et fierté d’être debout (CHEVILLE)  mais aussi notre faiblesse (Talon d’Achille). En posant ce geste réservé aux esclaves et aux serviteurs d’autrefois, Jésus instaure un ordre nouveau. Il déclare « c’est un exemple que je vous donne. » Le commandement par l’exemple. La leçon par la vertu. L’autorité par le service. La hiérarchie par l’humilité. (c’est un exemple que je vous ai donné).

« Le commandement principal de ce Jeudi-Saint est ce souci que chacun doit avoir de servir l’amélioration du prochain. » C’est le sacrement de l’autre par excellence : Voilà le secret du bonheur à vivre, à faire. À faire comme le pain (repas), à apprécier comme la coupe, à faire comme un témoignage : N’est-ce pas pour cela que Jésus a dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ? » Amen

 

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