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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 07:11

   La fin approche de plus en plus : le royaume de Dieu parvient à la maturité parfaite. Extérieurement, il ressemble à l’arbre puissant, les peuples de la terre habitent dans ses branches. Intérieurement, il pénètre, comme le levain, l’homme tout entier. Nous apportons notre concours à ce double travail par le saint apostolat et notre sanctification personnelle. A l’approche de la fin de l’année liturgique, faisons un examen de conscience pour voir si nous méritons, nous aussi, la louange que notre mère, l’Église, nous adresse dans l’Épître.

   On éprouve une consolation sans pareille quand on suit, en qualité de chrétien, le développement et l’activité de l’Église à travers les siècles. Elle est sortie du cénacle comme un petit grain de sénevé, puis s’est propagée sans arrêt, d’abord à Jérusalem, ensuite en Palestine, pour être portée plus tard par saint Paul dans le monde païen. Au premier siècle, il n’y a déjà plus une ville de l’empire romain où elle n’ait posé le pied. 300 ans de persécutions n’ont pas pu arrêter sa marche pacifique ; le sang des martyrs fut la semence des chrétiens. La voici qui parvient chez les peuples germaniques ; toujours le même spectacle : peu de siècles après, ils étaient devenus chrétiens. Et ce n’était pas là une simple croissance extérieure, mais aussi une transformation intérieure. La face du monde s’est véritablement renouvelée. Pensons seulement à l’esclavage, à la condition de la femme, de l’enfant. Le christianisme a vraiment agi comme un levain dans le monde.

   Pourtant, si édifiante que soit cette contemplation, pour nous, amis de la liturgie, elle est encore trop extérieure. Le grain de sénevé est le Christ mystique qui atteint la taille d’un arbre puissant. Chaque saint, qui lui a été incorporé par le baptême, forme un rameau et le demeure après sa mort. Le nombre des élus est déterminé par Dieu ; aussitôt que le dernier rameau sera fixé sur l’arbre du Christ mystique, la mission de l’Église sera terminée. Maintenant, à la fin de l’année liturgique, nous regardons l’arbre pour voir dans quelles proportions le sénevé s’est développé. — Le levain, c’est la vie divine en nous ; elle doit pénétrer tous les domaines. Les saints nous font mieux comprendre ce que cela signifie. Toute leur vie en a été pénétrée. Mais nous avons trouvé la voie pour réaliser, nous aussi, personnellement, cette double parabole. Il convient particulièrement à la fin de l’année liturgique de nous demander : Comment le Christ a-t-il grandi en nous ? Comment a-t-il agi en nous à la manière d’un levain ? Ici, nous pouvons nous faire l’application de l’Épître : avons-nous « une foi agissante, un amour prêt au sacrifice, une espérance ferme en Notre Seigneur Jésus Christ ? » — Encore une pensée : L’Eucharistie est aussi un grain de sénevé ; elle est le levain. Tous les dimanches, le Divin Semeur jette ce grain dans notre âme et, pendant la semaine, ce grain doit devenir un arbre qui porte feuilles, fleurs et fruits. Tous les dimanches, la « femme », l’Église, mêle à la farine de l’âme le levain de l’Eucharistie (le mot fermentum désignait, dans la primitive Église, l’Eucharistie envoyée par le Pape) ; maintenant notre âme a besoin d’un levain. C’est le rôle de l’Eucharistie : elle n’est pas un arbre, ni un pain levé, mais un petit grain et un levain ; elle est une force et une grâce qui ne deviennent efficaces qu’avec la collaboration de la volonté humaine.

   Puisse donc la messe d’aujourd’hui, semblable au levain, agir en nous, « en nous purifiant, en nous renouvelant, en nous dirigeant, en nous protégeant » (Secr.). Amen

 

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 17:54

« Ramassez l’ivraie pour la brûler, portez le bon grain dans mon grenier. »

   Ce dimanche, célébré à la fin de l’année liturgique, présente dans son Évangile de très belles pensées. Que signifiait l’Évangile de l’ivraie dans le temps après l’Épiphanie ?

L’interprétation de la parabole se divise en trois parties :

 Les semailles du froment et de l’ivraie.

 La conduite du maître envers l’ivraie pendant la croissance.

 La récolte ou moisson.

 

   Au temps de l’Épiphanie, c’est plutôt la seconde partie que nous considérions. Nous voyions le Christ, en Juge et Roi sage et patient, laisser croître et mûrir la bonne et la mauvaise semence. Mais, maintenant, à l’automne liturgique où nous avons les yeux fixés sur la fin de la vie et du monde, le Seigneur nous montre le ciel et l’enfer. L’Église soulève aujourd’hui le voile de l’au-delà ; elle nous fait jeter un regard dans l’abîme fumant de l’enfer, et aussi lever les yeux vers les bienheureux dans le ciel. En outre, l’Église nous apprend à comprendre le mystère du mal ; car, justement dans les derniers temps, à la fin du monde, le mal relèvera encore une fois la tête. Enfin nous pensons que, aujourd’hui aussi, à la messe, le Christ veut jeter dans nos âmes la bonne semence, le froment divin ; celui-ci doit croître dans une vie bien chrétienne (pensée de Pâques).

    Les chants psalmodiques sont du XXIIIe dimanche après la Pentecôte ; ils nous sont donc déjà connus. Quiconque aime approfondir ces morceaux les entend résonner de tous les thèmes de l’automne liturgique (depuis la crainte et le pèlerinage terrestre jusqu’à la nostalgie et au désir du ciel). Les lectures nous montrent deux images de l’Église qui s’opposent, l’une gracieuse, l’autre sévère, une image idéale et une image réaliste. Dans l’Épître, saint Paul nous décrit l’idéal de la vie chrétienne. C’est une communauté de saints que pare toute une couronne de vertus ; la charité y commande en reine, à sa suite marche la paix du Christ. L’Apôtre nous fait jeter un regard sur la vie cultuelle et sur la vie privée. La parole de Dieu règne dans toute sa richesse au sein de cette communauté ; nous l’entendons chanter des psaumes et des cantiques spirituels ; mais, en leur particulier, ses membres vivant en toutes choses au nom de Jésus. L’Évangile nous montre une image toute différente : nous voyons encore une communauté de chrétiens, mais là avec des faiblesses humaines, des péchés, ainsi que de graves scandales, de la tiédeur, de l’indifférence, de la jalousie chez les chrétiens ; nous en éprouvons de la peine. Toutefois le Sauveur nous aide à résoudre le problème du mal dans l’Église et dans les âmes.

    En ce qui nous concerne, efforçons-nous de réaliser parfaitement en nous et autour de nous l’image idéale ; en ce qui concerne les autres, essayons d’imiter la patience de Dieu à l’égard du mal et à ne pas nous en scandaliser ; mais pensons aussi à l’enfer. Amen

 

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 16:56

   Il arrive parfois que trois des dimanches après l’Épiphanie, qui, en raison de la date précoce de Pâques, avaient été omis, sont intercalés ici entre le XXIIIe et le dernier dimanche après la Pentecôte. Cette translation nous fournit une remarque importante sur la structure des textes liturgiques. Le texte de la messe, avec les lectures et oraisons, est repris au complet ; seuls, les chants psalmodiques sont différents. De là il résulte que les chants psalmodiques expriment l’esprit d’un temps, tandis que les lectures de ce temps peuvent emprunter leurs pensées à d’autres temps. Examinons seulement ce dimanche. Que voulait dire l’Évangile de la tempête dans le temps qui suit l’Épiphanie ? C’était avant tout une puissante épiphanie, c’est-à-dire une manifestation du Fils de Dieu au monde ; mais c’était aussi une transition normale entre le cycle de Noël et la fête de Pâques : A Noël, le Christ a édifié Sion (l’Église) et il apparaît dans sa majesté ; toutefois, il n’est pas venu « apporter la paix, mais le glaive ». -La ville de Dieu est environnée par les ténèbres, comme la barque par les vagues et la tempête. — Tout autres sont les pensées que nous offre l’Évangile maintenant à la fin de l’année : la barque au milieu des vagues mugissantes, c’est l’Église au cours des temps, spécialement à la fin ; quant à l’apaisement de la tempête, c’est la parousie, le retour du Seigneur dans sa majesté. Oui, la tempête de l’enfer sera apaisée d’un seul coup ; le Seigneur, qui paraît maintenant dormir, se lèvera dans son Église et il se fera un grand calme.

   A la vérité, les deux dimanches, aussi bien le dimanche après l’Épiphanie que le dimanche après la Pentecôte, se rejoignent dans la pensée de Pâques, car chaque dimanche est une fête pascale. La scène de la tempête sur la mer est l’image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ à Jérusalem, mais aussi la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Et, si, pendant toute la semaine, nous avons été agités par la tempête et par les vagues, à la messe du dimanche, le Seigneur monte dans la barque, il commande à la tempête et réalise la paix de la résurrection. Chaque dimanche nous procure une part de cette paix pascale de l’âme. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du baptême au dernier combat et à la victoire. Amen

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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 17:55

  « Quoadusque signemus servos Dei nostri in frontibus eorum »

[(Attendez) que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu]

 

   Nous savons l’importance d’un cachet sur une pièce : il la rend authentique, en garantit l’origine et la sincérité. On a été longtemps à marquer également les animaux (on le fait toujours) et les humains eux-mêmes quand ils devenaient la propriété d’un nouveau maître.

   Saint Jean tient compte de cette coutume et, sous la révélation de Dieu, nous montre les Anges chargés de cette tâche vis-à-vis des élus promis à la Vie du Royaume céleste. Symbole ? Peut-être ! Mais réalité aussi, car le Seigneur veut reconnaître les siens et les Pères de l’Eglise (St Augustin, St Léon) ont parlé du baptême comme le moment choisi où les fidèles de Dieu seraient marqués du sceau divin : ainsi rappellent-ils à ceux qui ont quitté la familiarité de Dieu qu’ils sont semblables aux déserteurs qui, d’une part, ne pourront plus jamais passer inaperçus, et qui, d’autre part, seront rejoints et punis pour leur lâcheté ou leur trahison.

   Ainsi, tous, nous sommes au nombre des « choisis », ainsi, tous, nous avons reçu une empreinte, ainsi, tous, nous sommes destinés à la gloire des Saints !

   Notre foi nous permet de fixer notre regard vers l’immense et glorieuse assemblée dans laquelle nous avons à prendre place. Profitons de ces quelques instants pour nous approcher davantage de cette vision. L’hymne des Vêpres de la Toussaint nous fait l’analyse des foules célestes au milieu desquelles nous trouverons notre place.

   Bien entendu, seule, unique par le choix, la fonction et la gloire, il y a la Vierge Marie, patronne, mère et avocate. Puis se détachent les chœurs des anges. St Paul nous disait au 21èmedimanche après la Pentecôte, que nous avions à lutter contre les dominateurs du monde des ténèbres : ici nous sommes mis en présence des légions bienheureuses, leur réclamant d’éloigner de nous les dommages passés, présents et futurs.. Viennent ensuite les Apôtres et les Prophètes : leur mission nous est connue. Allez, annoncez, leur disait Jésus….avertissez, criez, enjoignait le Seigneur à ses prophètes sous l’Ancienne Alliance. Hélas, tant et tant se bouchent les oreilles, négligent de s’instruire, se laissent distraire des enseignements essentiels de la Foi !... Y aura-t-il assez de larmes de regret ?

 Mais la foule s’épaissit : voyez la pourpre éclatante des courageux martyrs et la tenue immaculée de ces multitudes de saints qui au jour le jour dans le secret de leur vie, dans la ferveur de leur charité ont montré, prouvé leur fidélité attentive et persévérante, comme les étonnants soldats du Christ avaient fait éclater sous les outrages, les coups, la torture, la force invincible de leur foi intrépide.

   Sachons contempler et profiter des exemples magnifiques de ces Saints innombrables qui nous attendent au Paradis.

   Pour terminer, je vous invite à vous réjouir avec moi de ce qu’en ce jour de Toussaint, (5ème anniversaire de mon installation), à l’issue de cette Messe, un petit Antoine va être marqué du sceau du chrétien en recevant le sacrement du baptême. Prions pour lui, pour ses parents, pour ses parrain et marraine.

Bonne fête à tous. Amen

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 18:54

   Il me reste, aujourd’hui, en cet exposé sur les indulgences, à vous parler de la nouvelle discipline qui régit les indulgences. J’aurai, malheureusement, du mal à le faire avec précision : je manque en effet du document indispensable qui est intitulé « Enchiridion indulgentiarum » (Recueil des Indulgenes) . Je vous donnerai cependant quelques indications assez nettes que j’ai pu glaner çà et là !...et à l’occasion, je vous fournirai plus tard quelques autres précisions sur les indulgences que vous pouvez couramment gagner.

   Une remarque d’abord : je vous ai rappelé les deux catégories d’indulgences = plénières et partielles. Mais je me dois de vous dire aussi que les indulgences sont applicables soit aux vivants soit aux morts, soit indifféremment à l’une ou l’autre catégorie : c’est celui qui accorde l’indulgence qui décide de cette application ; cependant nul ne peut appliquer à un autre vivant les indulgences qu’il a gagnées pour lui-même !

   Les indulgences sont appliquées aux vivants par mode d’absolution, c’est-à-dire que le vivant étant sous la juridiction directe de l’Eglise, reçoit d’elle une diminution au moins, sinon une suppression totale de la peine due à ses péchés par le gain des indulgences.

   Les défunts, eux, se voient appliquer les indulgences par mode de suffrage, c’est-à-dire qu’échappant à la juridiction de l’Eglise, puisqu’ils sont désormais dans une autre vie et directement sous le coup de la justice de Dieu, ils ne peuvent recevoir de nous que l’aide de notre intercession.. Mais l’indulgence a une supériorité sur la prière privée : en effet, elle comporte un acte de charité spécial, supplémentaire, du fait que le fidèle se désiste en faveur du Purgatoire de ce fruit appelé satisfactoire dont il pouvait bénéficier pour lui-même. Et puis n’oublions pas qu’à ce moment-là l’Eglise met en œuvre les richesses de son propre trésor.

   Une première conclusion s’impose donc, que je place tout de suite ici : soyons empressés à secourir nos défunts par ce moyen des indulgences. Voici ce qu’écrivait jadis Mgr Gegout, qui a longtemps dirigé l’œuvre de St François de Sales : « Lorsque nous perdons les êtres que nous avons aimés…nous sommes enclins à les ‘canoniser’ tout de suite, à les voir déjà au ciel plutôt qu’au Purgatoire »

   Oui, sous prétexte de ne pas heurter ni effrayer l’assistance des sépultures, on ne veut plus parler des peines de l’au-delà ; on ne souligne que l’entrée au royaume de Dieu (ose-t-on encore parler du Paradis, du Ciel ?) et on traduit dans les oraisons ‘peines de l’enfer’, par un modeste et inoffensif ‘souffrances au séjour des morts’. Que deviennent en tout cela la justice et la sainteté de Dieu ? Nous n’avons pas, nous autres, à condamner nos semblables, mais nous n’avons pas le droit pour autant d’édulcorer l’Evangile et d’élargir inconsidérément et malhonnêtement ce que Jésus a appelé la voie étroite, resserrée, qui conduit à la vie : or tant de gens prennent le large (comme on dit) vis-à-vis de Dieu et de la foi ? Alors…

   Aujourd’hui, je n’ai pas à parler de l’enfer : on ne peut d’ailleurs plus rien pour les damnés. Mais parlons du Purgatoire et écoutons de nouveau Mgr Gegout : « C’est Dieu seul, qui, à l’heure de sa justice, ouvre le ciel à ses élus. Mais nous pouvons, par les indulgences, faire sonner plus tôt pour eux une heure de miséricorde. »

   Revenons à nous autres, maintenant !

Le nombre des concessions d’indulgences a été notablement réduit : cela pour mettre davantage en évidence l’action personnelle du fidèle – en donnant, au lieu d’une longue liste de pratiques étrangères à la vie du fidèle, plus de place à ce qui rend leur vie plus utile et plus saine.

    Un exemple vous le fera comprendre. Il y avait jusqu’à cette réforme de Paul VI, des indulgences attachées à de très courtes formules de prières appelées ‘oraisons jaculatoires’. Désormais ces oraisons devront être « le complément d’un acte au cours duquel le fidèle accomplira ses devoirs ou supportera les épreuves de sa vie ». Le nouveau recueil des indulgences incite et conduit à la perfection chrétienne dans les circonstances ordinaires de la vie. Je resterai aujourd’hui sur cette vue très générale. Cependant, au passage, je vous signalerai quand même que le chrétien qui fait maigre le vendredi avec l’intention de s’astreindre à en faire vraiment une pénitence, gagne une indulgence partielle…Sans doute sourirez-vous avec moi de cette façon acrobatique de rattraper de la main gauche ce qu’on avait laissé tomber de la main droite !...

   En réformant les indulgences, l’Eglise s’est proposée trois objectifs :

-réaffirmer le pouvoir qu’elle possède de remettre la peine temporelle due au péché.

-nous rendre et accroître en nous l’estime de ce précieux moyen de satisfaire plus pleinement à la justice de Dieu.

-encourager notre piété et promouvoir notre sanctification puisque la mesure de l’indulgence doit dépendre des dispositions que nous aurons apportées à l’obtenir.

   Alors que l’on tient tant à ses biens, qu’il serait désolant de négliger ces trésors qui sont à portée de notre volonté. « Marchez donc d’une manière qui soit digne de Dieu, portant des fruits en toute sorte de bonnes œuvres ! » Amen

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 14:07

   Vous ayant rappelé que la doctrine des indulgences repose d’une part sur la vérité des peines que nous encourons en conséquence de nos péchés et d’autre part sur la réalité du corps mystique et de la communion des Saints, nous saisirons aisément le mécanisme et le profit des indulgences.

   En effet, nous garderons présentes à la mémoire

-la dette toujours renouvelée que nous avons à éteindre à la suite de nos fautes : les indulgences nous aideront à la combler.

-la richesse mise à notre disposition par les mérites de Jésus, de la Sainte Vierge et de tous les Saints, que nous aurons d’ailleurs aussi à cœur d’augmenter par nos propres bonnes œuvres.

   Il y a deux espèces d’indulgences : l’indulgence plénière et l’indulgence partielle. La différence se manifeste dans ces deux adjectifs : alors que l’indulgence plénière remettrait entièrement, en principe, la peine temporelle due aux péchés, l’indulgence partielle ne la remet qu’en partie.

   Vous remarquerez que je prends beaucoup de précaution pour jauger, peser les résultats des indulgences plénières. C’est qu’il faut se souvenir ici d’abord de ce qu’était au point de départ l’indulgence. L’Eglise détermina la remise de la peine due au péché par référence aux tarifs pénitentiels qui étaient en vigueur au moment où la pratique des indulgences fit son apparition. Or, je vous l’avais précisé, ces pénitences se trouvaient alors souvent lourdes : l’indulgence arrivait donc pour en dispenser en tout ou en partie. Maintenant que les anciennes pénitences sont abolie, peut-on juger que le gain d’une simple indulgence a autant d’efficacité que ces œuvres  vraiment astreignantes ? Il y a discussion entre les théologiens !...

   On ne peut douter qu’une remise de peine voulue par l’Eglise ait une répercussion sur les décisions de Dieu, mais il demeure qu’on ne peut se substituer à la volonté et à la justice très sainte de Dieu !

   Et puis, il faut encore faire une remarque. Même si l’on peut penser qu’il soit loisible de gagner de véritables indulgences plénières -(et il est des cas où cela parait absolument évident : songez aux grands jubilés par exemple)- il reste cependant qu’elles pourront n’être gagnées que partiellement en raison de l’imperfection des dispositions de celui qui l’obtient.

   Et cela m’amène tout naturellement à vous parler des conditions requises pour gagner une indulgence. Je ne parle ici que de l’indulgence plénière, et je ne précise que les conditions absolues (ne pouvant parler des autres qui varient selon les déclarations du pape qui publie l’indulgence). Ont seuls capacité de gagner pour eux-mêmes les indulgences ceux qui ont reçu le baptême et sont en communion avec l’Eglise (en sont donc exclus les excommuniés) ; ils doivent être de plus en état de grâce : c’est pour cela que l’on rappelait l’obligation de la confession pour beaucoup de ces indulgences. Il arrivait souvent aussi que la communion soit une des conditions requises. Maintenant dans la nouvelle réglementation on trouve toujours ces trois conditions : confession, communion, prière à l’intention du Souverain Pontife. Mais pour bien en faire saisir l’importance et sans doute aussi pour assurer toute l’efficacité désirable aux indulgences, il est spécifié qu’à ces conditions doit être jointe la volonté d’exclure tout attachement à n’importe quel péché, même véniel.

   Il me semble qu’avec cette dernière disposition nous touchons, même nous tenons la clé qui nous permet d’ouvrir cette mystérieuse porte derrière laquelle trop de chrétiens orgueilleux ou malveillants ont cru que se dissimulait un trafic illégal ou qu’on y abusait de la crédulité d’âmes naïves, porte mystérieuse qui s’ouvrait pour d’autres chrétiens mal informés sur une galerie de distributeurs automatiques où il suffisait d’introduire la monnaie demandée pour obtenir l’article désiré.

   Le gain d’une indulgence plénière rejoint tout ce qu’il y a de plus pur, de plus droit dans une conscience chrétienne bien formée. Elle sait qu’il faut choisir de faire la volonté de Dieu selon l’engagement que nous en donne Jésus « ce sont ceux qui font la volonté de mon Père qui entreront dans le Royaume des cieux. » Cette volonté s’exprime par cette injonction « Soyez saints, parce que je suis Saint » dit le Seigneur. Et c’est pourquoi, on évitera soigneusement tout ce qui lui déplaît, tout ce qui s’oppose à cette essentielle séparation qui caractérise la sainteté, séparation, arrachement à la volonté mauvaise, au mal délibéré. Et vous jugerez, et nous jugerons que ce n’est pas tâche facile, mais bien redoutable et ardu labeur.

   Nous compléterons notre exposé par quelques rappels des principales indulgences que nous pouvons gagner avec l’esprit qui doit nous animer dans les pratiques qu’elles réclament de nous désormais.

   Pour aujourd’hui, nous nous en tiendrons à ces dernières considérations que je développais devant vous et que je ne crains pas de rapprocher de ce contentement que St Paul éprouvait devant la très louable attitude de ses Thessaloniciens à qui il écrivait « nous rendons grâces à Dieu nous rappelant l’activité de votre foi, l’empressement de votre charité, la constance de votre espérance de la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ » Quand une vie chrétienne se distingue de cette façon, toute réglée selon les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, comment ne jouirait-elle pas sûrement de l’indulgence de Dieu qui reconnait alors à tout coup celui qu’il a élu. Ainsi en soit-il pour nous tous !

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 13:36

   Je vous ai tracé, dimanche dernier, un bref aperçu historique de la question des indulgences. Il pouvait et devait nous amener à comprendre cette pratique telle qu’elle se réalise présentement. Aussi, aujourd’hui, examinerons-nous en détail la doctrine des indulgences.

   En aucun domaine de notre foi, nous ne devons demeurer sinon ignorants, du moins trop incomplètement renseignés, ce qui nous expose à l’erreur ou à des approximations proches de l’erreur. Refusons-nous donc à cette dommageable ‘suffisance’ !

   Le mot indulgence contient, dans son radical, le mot ‘doux’. D’un sentiment de bienveillance il nous acheminera à une attitude de ménagement et à la décision de pardonner à un coupable. En fait c’est bien à cela qu’aboutit l’indulgence entendue au sens technique propre à l’institution pénitentielle dont nous avons précédemment parlé.

   Définissons donc en termes simples, mais authentiquement, l’indulgence ou les indulgences : « C’est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due aux péchés déjà pardonnés quant à la faute, rémission qui est accordée par l’Eglise en dehors du sacrement de Pénitence. »

   Cette définition nous fait ressortir que la doctrine des indulgences est liée à deux vérités fondamentales :

1) La première concerne les peines encourues par le pécheur en conséquence de son péché. Le péché qui s’oppose à la sainteté de Dieu, qui manifeste une révolte contre son autorité, tombe sous le coup de sa justice : il doit être expié. Vous connaissez la différence entre péché mortel et péché véniel. Si le péché est mortel et que le pécheur meurt dans l’impénitence, il demeure dans l’état de séparation totale d’avec Dieu, c’est la damnation éternelle…Mais si ce péché (ou les péchés) mortel a été remis par le sacrement de pénitence (ou dans son impossibilité par la contrition parfaite jointe au propos de recourir au sacrement) le pécheur se voit réconcilié avec Dieu, libéré de la menace d’une sanction éternelle, mais tout de même tenu d’offrir à Dieu une réparation proportionnée à son offense. Dans le cas de péchés véniels (et nous en commettons souvent) la réparation est moindre sans doute, mais elle est aussi à assurer.

   Comment donc le pécheur s’acquittera-t-il de sa dette ?

De plusieurs manières : -d’abord en cette vie : nous connaissons des peines consécutives au péché=les souffrances, les misères, les épreuves, la mort enfin ; il y a là des acceptations à faire. Il y aura aussi l’offrande de pénitences recherchées, volontaires. De même, la prière, l’accomplissement d’œuvres méritoires amassent pour nous des trésors dans le ciel.

-définitivement : si, au moment de la mort, le pécheur n’a pas éteint complètement sa dette, il lui restera encore un moyen de la solder (et il ne pourra échapper à ce moyen extrême) : ce seront les souffrances purificatrices du Purgatoire.

   De tout ce que je viens de dire, il ressort donc une première vérité : même absous, le péché doit encore être réparé par une juste pénitence.

2) J’en arrive à une deuxième vérité fondamentale à laquelle et liée la doctrine des indulgences : c’est le dogme de la communion des Saints. Tout en étant des êtres doués d’une individualité totale (ce qu’on oublie facilement en ce temps de collectivisation à outrance), nous sommes cependant en vertu de notre création et de notre rédemption des êtres unis par un lien surnaturel. S’il et vrai qu’il y a eu une solidarité de péchés de tous les hommes en Adam, il est aussi vrai qu’il existe une solidarité de salut et de grâce en Jésus-Christ qui nous a rachetés et nous unit en Lui.

   Nous participons tous à la même vie et l’accès aux mêmes biens nous est ouvert : ces biens nous pouvons nous les imaginer aisément, ils constituent ce qu’on a coutume d’appeler le « trésor de l’Eglise » : nous trouvons là, les mérites infinis de Jésus, ceux surabondants de la Vierge Marie, et la part merveilleuse de tous les Saints. Nous sommes arrivés à destination, si j’ose dire, nous voilà devant une richesse dans laquelle nous sommes autorisés à prendre une part plus ou moins importante, plus ou moins profitable, selon les possibilités qui vont nous être octroyées et selon les mérites que nous aurons à faire valoir à leur attribution. Nous en reparlerons dimanche prochain.    

 

   Pardonnez, nous vous en supplions, Seigneur, les offenses de vos peuples ; afin que, par votre bonté, nous soyons délivrés des liens des péchés que notre fragilité nous a fait commettre. Amen

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 07:12

   Je vous avais déjà averti que je vous entretiendrai des indulgences. Je le fais avec une certaine appréhension ! Non pas parce que c’est une question qui n’est plus de mode...mais parce que la présentation des indulgences requiert une grande précision dans les termes pour qu’elles soient bien comprises, et nécessite aussi un exposé assez détaillé pour qu’il devienne capable de bien éclairer cette partie assez mal connue de notre doctrine catholique. Il n’est donc pas question d’épuiser ce sujet aujourd’hui. Je procéderai par ordre : en faisant un petit historique des indulgences, en donnant ensuite la doctrine, en distinguant leurs espèces et les conditions de leur gain, en énonçant enfin la discipline actuelle qui les concerne.

   HISTORIQUE

   Sans doute eut-on, dès les temps apostoliques, un sens aigu du péché. Les appels des apôtres à la conversion, à la fuite des vices, à la honte qu’il y aurait pour les ‘saints’ à retourner à leurs erreurs, ces appels sont manifestes dans les épîtres...et ils seront aussi le fait des premiers écrivains ecclésiastiques, les Pères de l’Eglise. « La rémission des péchés est lente, laborieuse, imparfaite, anxieuse, ne s’obtenant que par la satisfaction et la prière, sans qu’il puisse jamais être question d’une véritable compensation ou d’un droit strict devant Dieu. » Cette attitude se montre bien conforme à une saine compréhension de la sainteté de Dieu et au sérieux de la Rédemption effectuée par Jésus, qui, si elle est surabondante, ne peut pas pour autant s’accommoder d’un gaspillage qui serait au fond une insulte à l’œuvre du Christ.

   Un fait important va donner le départ historique aux indulgences. Durant les persécutions des 3 premiers siècles, il y eut des chrétiens qui faiblirent en trahissant leur foi et aussi leurs frères. Quand poussés par le repentir, ils sollicitaient leur réintégration dans l’Eglise, ils étaient astreints à une longue pénitence. On les voit alors souvent solliciter de leurs frères qui vont subir le martyre de les faire participer à leurs mérites et même de leur accorder des « lettres de recommandations » pour obtenir plus rapidement de l’évêque leur réconciliation avec l’Eglise. Il y a en ce fait une indication précieuse : c’est cette « compensation » obtenue par les coupables, les tombés (lapsi), auprès de ceux qui au contraire se montraient fermes, purs jusqu’à la mort.

   Pendant de nombreux siècles, la pénitence imposée par l’Eglise aux pécheurs demeure extrêmement dure et onéreuse. Mais déjà à l’époque de l’invasion des barbares apparaît la pénitence tarifée qui laisse place à des commutations de peines ou des « rachats ». Puis va se généraliser le don des « absolutions » : il s’agissait alors d’un souhait, d’une prière d’intercession en vue de la rémission des péchés. Cette prière d’intercession se retrouvera plus tard bloquée avec l’acte de réconciliation du pécheur effectué dans le sacrement de Pénitence, car celui-ci n’était pas un inconnu : mais il avait, avant tout pour but de réconcilier le pécheur avec Dieu et son Eglise, sans que pour autant on envisage la satisfaction ou réparation pour les péchés. Cette satisfaction serait acquise par les œuvres satisfactoires imposées aux pénitents par leurs confesseurs. C’est à ces œuvres satisfactoires que s’appliqueront ensuite les « absolutions extra-sacramentelles » qui finiront par prendre le nom d’indulgences, pour supprimer en tout ou en partie ces œuvres imposées aux pénitents.

   Dès lors l’histoire des indulgences va connaître des fortunes diverses. Se multipliant, elles connaîtront parfois un véritable trafic. On sait que ces abus seront une des occasions de la révolte de Luther. Le concile de Trente qui entreprit la ‘Contre-Réforme’ réagit vigoureusement et Saint Pie V supprima toutes les indulgences aumônes et en interdit le commerce sous peine d’excommunication. Ces tristes périodes passées ne se retrouvèrent plus. Mais pour certains catholiques il en est resté comme une espèce de suspicion. Il leur semble que les indulgences ont trop l’air d’un trafic, non plus entre les hommes, mais bien avec le Seigneur lui-même. Nous verrons ce qu’il faut en penser ! Dès aujourd’hui sachons que nous n’avons pas le droit de mépriser les indulgences, à plus forte raison de les considérer comme négligeables ou superflues.

   Voici en effet ce passage du texte de la profession de Foi à laquelle est tenu un curé au jour de son installation : « Je confesse que Jésus-Christ a donné à son Eglise le pouvoir d’accorder des indulgences et que l’usage en est très salutaire au peuple chrétien. »  Amen

 

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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 18:12

   La lecture de l’Evangile de ce jour, St Luc (17, 12-19) est un extraordinaire éloge de la foi. Le Seigneur lui-même reconnaît à la foi du lépreux reconnaissant la force de la guérison et du salut.

   Regardons de plus près ce récit de la guérison des dix lépreux : il contient en effet une leçon tout à fait singulière. Vous savez ce que signifie le fait que le Seigneur Jésus envoie vers les prêtres les lépreux qui lui demandent la guérison ? La purification des lépreux par les prêtres est un des rites les plus anciens et les plus célèbres de la Loi de Moïse. Lorsqu’il envoie les dix lépreux se présenter aux prêtres, le Christ les invite, en fait, à suivre les prescriptions de la Loi. Ils obéissent tous les dix à celui qu’ils considèrent comme Maître et vont effectivement chez les prêtres pour accomplir le rite de la purification. Mais voilà qu’en route, ils se sentent libérés de la lèpre. Parmi ces dix miraculés, neuf poursuivent la route vers les prêtres de la Loi : en faisant ce choix, ils vont jusqu’au bout de ce que le Seigneur leur a demandé. Mais un seul désobéit à l’ordre du Christ, rebrousse son chemin et court remercier Jésus dont il sait qu’il est l’auteur de sa guérison. Et voilà que le Christ non seulement ne le blâme pas, mais au contraire est déçu par l’attitude des neuf autres. Quelle réaction paradoxale : les neuf autres miraculés ne font-ils pas ce que Jésus lui-même leur a prescrit, en allant voir les prêtres ? Celui qui revient vers Jésus et ne va pas accomplir le rite prescrit par la Loi, ne désobéit-il pas à la fois à Moïse et au Christ ? Pourtant, c’est lui qui a mérité l’éloge du Seigneur et non pas les neuf autres, trop conformistes.

   Mes frères, ne faut-il pas déduire de ce récit que le Seigneur attend de nous non pas une obéissance aveugle à des prescriptions de la loi, mais la foi ? Qu’il attend de nous non pas un attachement irrationnel aux rites et aux usages religieux, mais la reconnaissance ? La gratitude spontanée de celui qui a reçu de lui la guérison et le salut lui est infiniment plus chère que tous les rituels. L’action de grâce simple, improvisée, sincère lui est bien plus agréable qu’une observance conventionnelle de coutumes religieuses.

   Il est possible de commencer par se diriger vers l’accomplissement de la Loi, comme les dix lépreux dont nous a parlés l’Evangile, mais la guérison nous vient non pas au bout du chemin, mais en cours de route, parce qu’elle est grâce, don gratuit du Dieu miséricordieux. Nous sommes encore bien loin d’avoir atteint la sainteté et la perfection, pourtant, Dieu nous offre d’ores et déjà le salut et le Royaume. Dès que nous en sommes conscients, abandonnons tout le reste et accourons vers le Seigneur afin de le remercier spontanément, en toute simplicité, avec une confiance et une audace des fils pour le don qu’il nous offre en échange de notre foi à laquelle il accorde une force extraordinaire de guérison et de purification. C’est ce que nous, chrétiens, faisons chaque dimanche, lorsque, laissant tomber tout le reste, nous n’avons qu’un désir, c’est de nous réunir pour rendre grâce à Dieu qui nous sauve au moyen de notre foi. Amen

 

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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 12:45

   « En vérité, il n’y a rien qui ne me délecte mieux mais aussi il n’y a rien qui me terrifie davantage que de faire un sermon sur la gloire de la Vierge Marie. » Ainsi s’exprime St Bernard dans son 4ème sermon sur l’Assomption… Si un saint qui a laissé une œuvre spirituelle considérable, si un dévot de Notre-Dame qui a mérité à bon droit le titre de ‘Chantre de Marie’, si donc un tel docteur craint de s’engager sur un tel terrain, combien me sera-t-il délicat d’aborder une fois de plus la louange de la Sainte Vierge. Au texte que je vous citais en commençant, St Bernard ajoutait : « Voici que si j’ai à louer en Marie la virginité, alors semblent s’offrir à moi une multitude de vierges après elle ; si j’ai à proclamer son humilité, ils s’en trouvent plus ou moins qui, à l’école de son Fils, sont devenus doux et humbles de cœur ; si je veux magnifier l’étendue de sa miséricorde, se présentent des hommes aussi bien que des femmes de miséricorde ».

   D’où vient ce soudain pessimisme de St Bernard ? serait-ce que parce que d’autres fidèles ont réalisé les vertus qu’il énumère qu’il prend peur de louer Marie ? Sans doute faut-il voir dans ce passage de notre docteur une sorte de précaution oratoire. Mais aussi sans doute une préparation de réponse à ceux qui font volontiers cette objection : de Marie on exalte trop les grandeurs.

   Oui d’autres saints ont été attentifs aux appels de Dieu, fidèles à leur vocation. Il ne s’agit pas de minimiser leurs mérites. C’est pourquoi St Bernard les met en évidence. Mais il va nous être proposé aussi de considérer l’absolue dignité et la souveraine grandeur de Notre-Dame qui lui valurent en même temps de porter à une perfection exceptionnelle le trésor des vertus déposées en Elle.

   « Il y a une seule chose, continue St Bernard, dans laquelle on n’a vu personne la précéder semblablement ni personne la suivre, c’est d’avoir les joies de la maternité avec l’honneur de la virginité. C’est le privilège de Marie, ile ne sera pas donné à d’autre ; c’est un privilège unique, mais par suite on ne peut le décrire »

   Qu’est-ce à dire qu’on ne peut le décrire ! Bien sûr il y a un fait connu de nous tous, chrétiens dignes de ce nom : c’est que nous reconnaissons en Marie la Mère du Fils de Dieu en même temps que la Vierge Immaculée : ‘béni soit le nom de Marie Vierge et Mère’ disons-nous au Salut du St Sacrement. Pas les deux états l’un après l’autre, mais l’un et l’autre en même temps : après l’enfantement vous êtes demeurée Vierge inviolée, chantons-nous au temps de Noël ; et voilà le mystère qui se dresse, le privilège inconnu jusqu’alors et indicible, indescriptible, parce qu’unique. Mais il est nécessaire de le signaler, de le rappeler, d’y rapporter notre foi et notre louange, car cela aussi devient objet de négation ou de suspicion, et on entoure parfois, de nos jours, ce mystère d’un silence complice d’un dédain répugnant !

   Oh ! disons mes frères à la Mère de Jésus, Fils de Dieu, notre admiration pour sa maternité divine, à la mère des hommes notre joie pour son universelle bonté, à la Vierge intacte (Virgo intemerata) l’honneur que nous lui reconnaissons et que nous défendons car on ne laisse jamais insulter sa mère !

   Et sans doute pourrons-nous alors achever le texte de notre saint docteur. Nous y trouverons exprimés avec une admiration qui nous enchantera, si nous avons assez de sens spirituel, cet amour délicat pour la Sainte Vierge. Vous comprendrez aussi et pourquoi et de combien elle dépasse tous les saints dont le même écrivain disait tout à l’heure que nous retrouvions en eux de semblables vertus : « Cependant, si tu fais bien attention, tu trouveras en Marie non seulement ce privilège, mais encore les autres vertus absolument uniques elles qui semblaient être communes. Car quelle pureté angélique oserait-on comparer à cette virginité qui fut digne de devenir le sanctuaire du Saint-Esprit et la demeure du Fils de Dieu ? Et combien grande et précieuse la vertu d’humilité quand elle se trouve devant une telle pureté, une telle innocence, une telle conscience sans défaut, bien plus devant la plénitude d’une telle grâce. Pour quelle raison cette humilité et cette particulièrement grande humilité, ô bienheureuse ? Elle est tout à fait digne de celle sur qui le Seigneur arrêterait ses regards, de celle dont le Roi du ciel désirerait la beauté, de celle par le très suave parfum de qui il serait attiré depuis le séjour éternel qu’il occupait au sein de son Père. »

   Ainsi a parlé St Bernard, ainsi a approuvé l’Eglise, ainsi ont admiré les vrais fils de Marie. Joyeuse fête de l’Assomption, Amen

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