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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 15:59
Le cierge pascal d'après un médaillon d'une rosace de Notre-Dame de Paris!
Le cierge pascal d'après un médaillon d'une rosace de Notre-Dame de Paris!
Le cierge pascal d'après un médaillon d'une rosace de Notre-Dame de Paris!
Le cierge pascal d'après un médaillon d'une rosace de Notre-Dame de Paris!

Le cierge pascal d'après un médaillon d'une rosace de Notre-Dame de Paris!

   La résurrection du Seigneur est l’évènement central de notre foi chrétienne. Depuis la révélation du Dieu unique à Moïse au Sinaï rien ne s’était passé de comparable à la venue du Fils de Dieu parmi nous, à sa vie, à sa mort et finalement à sa résurrection que nous célébrons aujourd’hui. Raison de plus pour mettre la Résurrection au centre de notre foi personnelle comme elle est déjà au centre de la foi de l’Eglise.

   Raison de plus aussi pour bien comprendre ce qu’est la Résurrection. A l’heure où tant de syncrétismes plus ou moins conscients menacent le message évangélique, il ne faut pas que les chrétiens s’imaginent faussement que la résurrection est un retour à la vie. La résurrection n’est pas une réincarnation. La réincarnation flatterait notre envie folle de ne pas mourir. Cette envie que la plupart des êtres humains nourrissent secrètement. Ce n’est pas notre véritable espérance ! La résurrection de Jésus - et la nôtre par conséquent - ce n’est pas le reprise de ce corps et le retour à la vie que nous connaissons. Quel intérêt, mon Dieu ? Quel intérêt y aurait-il à reprendre cette vie et ses misères ?... Pour recommencer indéfiniment dans une condition peut-être encore pire ?... La résurrection, c’est l’entrée dans la gloire du Père pour une vie qui ne finit pas. Echappant désormais à la mort pour toujours. Libérée des conditions matérielles que nous connaissons. Transfigurée.

   Et c’est pourquoi - parce qu’elle est tout autre que ce que nous pouvons imaginer - la résurrection de Jésus n’a pas eu de témoins. Les peintres peuvent donc donner ici libre cours à leur imagination, mais ils ne peuvent reproduire aucun modèle ! La Résurrection n’a pas eu de témoins parce qu’elle ne pouvait pas en avoir. Lazare revenu à la vie de ce corps pouvait être vu par les siens et par n’importe qui. Il était rentré dans le cours normal de l’histoire de ce monde. Jésus entré dans la gloire échappait au contraire à l’histoire de ce monde, à la constatation des sens. La seule chose qui était constatable aux sens, c’était précisément ce qu’ont vu Pierre et Jean, après Madeleine, le tombeau vide et le linceul. Mais lui ressuscitant, non !

   Ce que les disciples ont vu, ce n’est pas la Résurrection, ce sont les apparitions du Ressuscité. Ils ne les ont pas vues d’ailleurs avec leurs yeux du corps, mais avec les yeux de leur cœur illuminés par la foi.

   Avez-vous remarqué que lorsque les disciples revoient le Seigneur pour la première fois - que ce soit Marie-Madeleine ou les disciples d’Emmaüs ou d’autres encore -, ils ne le reconnaissent pas. C’est sans doute le signe du changement intervenu en lui par son entrée dans la vie immortelle, mais c’est aussi le signe qu’il faut autre chose qu’une vue simplement physique pour accéder à lui désormais. Jésus ressuscité n’est pas vu comme on verrait un arbre ou une montagne ou une personne ordinaire. Il n’est pas vu, il se fait voir, il se montre et se donne à reconnaître. C’est lui qui prend l’initiative. Il appelle Marie par son nom. Il rompt le pain pour les disciples d’Emmaüs et c’est alors que leurs yeux s’ouvrent…

   Pour nous qui célébrons la Résurrection aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui sont différentes d’avec la condition des premiers disciples. Je ne parle pas des changements de civilisation. Plus profondément, nous n’avons pas la grâce d’accéder, même dans la foi, à la vue du Ressuscité et d’entendre ces ultimes entretiens qui achèvent la formation de leur être de disciples. Mais il y a au moins une chose qui est commune entre eux et nous, et c’est précisément notre foi au Seigneur ressuscité. Le fait que nous vivons par lui, par la grâce qu’il nous donne. Le fait qu’il est le centre de notre vie, l’objet de notre amour, la joie de notre cœur…

   Il ya justement dans l’Evangile une chose qui exprime précisément cette communauté entre eux et nous. Le rôle de Marie-Madeleine. Une femme ! C’est elle qui reçoit la première apparition du Seigneur ressuscité. Les apôtres ne viendront qu’après. Pères de l’Eglise et théologiens se sont interrogés sur la priorité de cette femme. A juste titre ils y ont vu plus que la récompense de la fidélité ou un signe d’affection. Ils ont vu en elle la figure de l’Eglise tout entière, représentante de toute la communauté des disciples à venir. Le Seigneur a réservé ses premières apparitions à l’Eglise aimante et priante, à cette communion dans l’amour qu’il avait rassemblée dès les premiers jours et qui l’accompagnait sur les routes de Palestine. Aujourd’hui encore c’est dans la mesure où nous sommes membres de cette Eglise, corps du Christ, que nous pouvons bénéficier de la foi au Ressuscité et être nourri de son corps. Puisse le Seigneur nous y garder toujours ! Amen

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18 avril 2019 4 18 /04 /avril /2019 21:03

   Nous commençons ce soir la célébration de la Pâque du Seigneur ; De la même façon que Jésus lui-même l’a commencée. Ce soir, nous faisons mémoire du dernier repas du Seigneur avec les siens.

   Avez-vous jamais remarqué, en lisant l’Evangile, le nombre d’occasions où nous voyons Jésus à table ?... Les repas avec Jésus sont généralement le signe de quelque chose d’autre qu’une simple prise de nourriture. Mais il n’y en a pas deux comme celui-ci. La preuve, c’est qu’on a retenu pour lui le nom même du repas : la Cène. Le repas du soir. Et mieux encore : la dernière Cène ! Que s’est-il donc passé ce soir-là ?...

   Il s’est passé au moins trois choses importantes. La Cène solennelle de Jésus commence par la célébration du mémorial de la Pâque ancienne. Le Seigneur est celui qui a jadis libéré son peuple de la servitude. Il continue aujourd’hui encore à nous libérer de la servitude du péché et à nous faire entrer dans la Terre promise de sa grâce. La Cène de Jésus s’inscrit dans l’histoire des hauts faits, -des merveilles, disons-le clairement- accomplis par Dieu pour nous, le peuple de l’Alliance.

   La seconde de ces merveilles est beaucoup moins éclatante. Elle est même déconcertante. Déconcertante d’humilité. Au point que d’abord les plus proches ne veulent pas en entendre parler : « Tu ne me laveras pas les pieds ! s’exclame Pierre. Non, jamais ! » Vous avez encore ce récit dans l’oreille. Il faut bien retenir la leçon : « Si donc moi ; le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi le faire les uns pour les autres. » La suite n’est pas moins claire : « Le serviteur n’est pas plus grand que le Maître…Sachant cela, heureux serez-vous si vous le faites. » Il ne suffit pas d’admirer ; il faut encore imiter. Jusqu’à la fin des temps, les disciples de Jésus se reconnaîtrons à cette humble disponibilité dans le service fraternel.

   Vous avez déjà deviné quel est le troisième mystère que Jésus instaure ce soir parmi les siens. La commémoration de la dernière Cène est aussi celle de la première eucharistie : « Prenez et mangez ! Ceci est mon corps. Faites ceci en mémoire de moi… » Nous somme si habitués à la célébration hebdomadaire, voire quotidienne, que nous risquons parfois de verser dans la routine. Il faut donc se ressaisir. C’est pourquoi la célébration de ce soir est tellement importante. Il s’agit de nous remettre sous les yeux et de nous graver dans le cœur la portée et la nouveauté absolues de ce qu’a fait Jésus ce soir-là/ Il continue de l’accomplir chaque fois que nous refaisons cela en mémoire de lui. Nous réactualisons la présence de Jésus parmi nous et nous accomplissons son œuvre de salut.

   L’eucharistie, c’est le Christ présent au milieu de nous. Présent avec cette note de proximité chaleureuse qui est la marque de cette dernière célébration festive. Certes ! Il s’est passé quelque chose de bien triste au cours de ce dernier repas. Mais on ne peut ignorer l’affectueuse amitié avec laquelle Jésus s’adresse aux siens : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous… ». On ne saurait oublier la note d’intimité et de tendresse avec laquelle Jean, l’apôtre bien-aimé, se penche sur la poitrine du Maître…On croirait même déceler dans les mots de Jésus une pointe de nostalgie : « Je ne boirai plus de cette coupe avec vous jusqu’à ce que le Royaume soit venu… ». Comme si Jésus, sachant qu’il devait quitter les siens, ne savait quoi faire pour rester malgré tout avec eux…

   L’eucharistie, c’est précisément cela : le moyen qu’a découvert Jésus pour rester en compagnie de ceux qu’il aime. L’ingéniosité divine avait déjà trouvé la façon pour Dieu de venir habiter parmi les hommes : le Verbe s’est fait homme pour vivre au milieu d’eux et partager leur condition et même leurs repas. Mais l’existence humaine est brève. Aussi brève que la fleur des champs…Jésus a donc inventé une nouvelle solution. J’oserai presque dire un ‘subterfuge’ : prolonger sa présence parmi nous grâce à l’eucharistie. Et cette fois pour toujours ! A jamais !

   Tout cela nous concerne bien sûr. La célébration de ce soir est un rappel pour chacun d’entre nous. Chacun d’entre nous est invité à traduire dans sa propre pratique ce qu’il en aura compris. Rappelez-vous ! C’est encore au cours d’un repas que s’accomplira notre dernière rencontre avec le Seigneur : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper : moi près de lui et lui près de moi. »

Qu’il en soit ainsi ! Amen

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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 18:00

   Aujourd’hui, l’Église commence à rappeler, d’une manière plus accentuée, à ses enfants, la mort rédemptrice du Christ.

   D’une manière plus accentuée. En effet, à proprement parler, le souvenir de la mort du Christ est l’objet principal du culte chrétien. Saint Paul ne dit-il pas : « Toutes les fois que vous mangerez de ce pain et boirez de ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Le saint sacrifice de la messe est donc l’annonce de la mort du Christ. Toutes les fois que nous venons à la messe, nous annonçons notre foi : Le Christ est mort pour nous et le sang de son sacrifice coule encore aujourd’hui pour nos âmes, et la chair de son sacrifice est notre nourriture pour notre vie éternelle.

   D’une manière plus accentuée. En effet, pendant le Carême, le thème de la Passion s’est maintes fois fait entendre. Sans doute la liturgie diffère ici entièrement de notre piété courante. Il s’agit du combat du Christ contre l’enfer. Il lutte contre le diable pour conquérir les âmes que son Père lui a données. C’est là une des pensées principales que nous rencontrons à travers toute la sainte quarantaine.

  Songeons aussi qu’il ne s’agit pas seulement d’une bataille livrée il y a 2000 ans, cette bataille se continue dans tous les temps. Le Christ qui lutte, combat et triomphe est le Christ mystique dans son corps, l’Église, et dans ses membres, les chrétiens. Le temps de Carême est donc un « noble tournoi » dans lequel nous ne sommes pas de pieux spectateurs, mais des chevaliers qui entrent dans la lice. Dans ce sens, le Carême est donc aussi le temps où nous nous souvenons de la mort du Christ.

   Aujourd’hui, nous entrons dans le temps de la Passion, nous penserons davantage aux souffrances du Christ. C’est le temps dont Jésus a dit : « Quand l’Époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront ». Que doit donc être ce souvenir de la Passion ?

   Il importe de nous rappeler la profonde différence entre les sentiments des anciens chrétiens et ceux des chrétiens d’aujourd’hui. Comment la piété populaire pense-t-elle à la Passion du Christ ? Elle s’en tient aux souffrances historiques du Seigneur, elle essaie de se représenter d’une manière imagée les scènes particulières des « amères souffrances », elle analyse les sentiments et les pensées du Sauveur souffrant, elle a compassion et elle pleure. Elle se demande quelles vertus le Seigneur a exercées à chaque phase de sa Passion. Comment l’imiter ? Que devons-nous apprendre de lui ? C’est pour elle la question la plus importante. Elle fait enfin de la Passion le principal motif du changement de vie : « Il est mort pour moi sur la Croix et moi, je l’ai si gravement offensé ! »

   Telles sont les pensées de la piété populaire au sujet du Seigneur souffrant. Quelles étaient les pensées de l’antique piété chrétienne que la liturgie nous a conservée ? Elle prenait de tout autres chemins. Sans doute, elle place, au centre, la Passion historique du Christ, mais elle ne s’y arrête pas ; elle s’attache davantage à l’idée et au but de la Passion et ne place le revêtement historique qu’au second plan. Le Christ nous a rachetés par ses souffrances, il a fait de nous des enfants de Dieu. C’est là le fait le plus heureux du christianisme. C’est pourquoi la piété liturgique verse moins de larmes amères ; elle peut même se réjouir. Au moment qui est apparemment le plus triste de l’année, le Vendredi-Saint, quand on adore la Croix, elle va jusqu’à chanter une hymne de jubilation : « Voici que par le bois est venue la joie dans le monde entier. » C’est pourquoi la liturgie ne parle pas volontiers des souffrances amères, mais de la beata Passio, de la Passion heureuse ou qui rend heureux... Elle voit moins le côté humain que le but de la Passion, notre salut. C’est pourquoi l’art chrétien antique ne s’est guère occupé de l’aspect douloureux, mais a exprimé surtout les pensées de la Rédemption. Depuis le Moyen-Âge, on représente de préférence Jésus attaché à la colonne de la flagellation ou bien cloué sur la Croix, le corps tordu par les angoisses de la mort. Il n’en était pas de même dans l’Église ancienne : on élevait la Croix comme un signe de victoire et de Rédemption. C’était la crux gemmata, la croix de métal précieux, ornée de pierreries. Cette Croix ne portait pas de crucifix. Ces deux croix sont justement devenues les symboles des deux conceptions de la Passion et des deux types de piété.

   Quand nous entrons aujourd’hui dans l’Église, nous voyons la Croix voilée. Nous cherchons en vain quel peut être le motif de cette manière de faire. Pourquoi, au moment même où l’on pense davantage à la mort du Christ, doit-on voiler l’image de la Croix ? On comprendrait mieux le procédé contraire : la Croix voilée pendant le reste de l’année et découverte au temps de la Passion. Or ce que nous faisons maintenant sans le comprendre est un écho de l’antique piété. Quand la Croix était encore sans crucifix et brillait d’or et de pierres précieuses, il convenait d’en voiler l’éclair à l’époque où l’Époux est enlevé : l’Église revêt ses voiles de veuve. Et c’est là un souvenir plus délicat de la Passion que l’image d’un corps torturé et suspendu à la Croix. En tout cas, la première conception correspond mieux à la noble attitude des anciens.

   On le voit donc, la piété objective porte, elle aussi, le deuil de la Passion, mais d’une autre manière. Creusons encore la différence entre la piété populaire et la piété liturgique. La première est doctrinale et sentimentale ; la seconde vise à l’action. Elle se demande moins quelles vertus et quelles doctrines doit nous enseigner la méditation de la flagellation, mais elle nous fait sentir que nous sommes les membres du corps du Christ et, dans nos épreuves terrestres, nous fait voir une participation à sa Passion. Que dit saint Paul, le docteur de la piété objective ? « De même que les souffrances du Christ abondent en nous, de même aussi, par le Christ, abonde notre consolation ». Il va même jusqu’à voir dans ses propres souffrances un complément de la Passion du Christ. C’est là une magnifique conception de la Passion. Toute la vie des chrétiens est unie au Christ ; nos souffrances et nos joies sont les souffrances et les joies du Christ.

     Et maintenant que devons-nous faire ? Faut-il abandonner nos méditations sur la Passion auxquelles nous sommes habitués depuis notre jeunesse, pour nous tourner vers la piété objective ? Cela n’est pas nécessaire. Approfondissons plutôt nos exercices précédents, en nous inspirant des conceptions de la Passion qu’avait la primitive Église. « Éprouvez tout et gardez ce qui est bon », dit l’Apôtre. Dans l’Église, les deux conceptions sont en usage et, par conséquent, recommandables. Mon intention était de marquer les différences, non pas pour critiquer une conception, mais pour mieux faire comprendre le point de vue liturgique. Amen

 

 

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31 mars 2019 7 31 /03 /mars /2019 14:39

Le quatrième Dimanche de Carême, Laetare, possède historiquement une autre appellation qui se rapporte à la lecture de l’Évangile que l’Église nous propose aujourd’hui. Ce Dimanche est en effet désigné dans plusieurs anciens documents sous le nom de Dimanche des cinq pains ; et le miracle que ce titre rappelle, en même temps qu’il complète le cycle des instructions quadragésimales, vient encore ajouter aux joies de cette journée. Nous perdons de vue un instant la Passion imminente du Fils de Dieu, pour nous occuper du plus grand de ses bienfaits : car sous la figure de ces pains matériels multipliés par la puissance de Jésus, notre foi doit découvrir ce « Pain de vie descendu du ciel, qui donne la vie au monde. » La Pâque est proche, dit notre Évangile ; et sous peu de jours le Sauveur nous dira lui-même : « J’ai désiré d’un extrême désir manger avec vous cette Pâque ». Avant de passer de ce monde à son Père, il veut rassasier cette foule qui s’est attachée à ses pas, et pour cela il se dispose à faire appel à toute sa puissance. Vous admirez avec raison ce pouvoir créateur à qui cinq pains et deux poissons suffisent pour nourrir cinq mille hommes, en sorte qu’après le festin il reste encore de quoi remplir douze corbeilles. Un prodige si éclatant suffit sans doute à démontrer la mission de Jésus ; n’y voyez cependant qu’un essai de sa puissance, qu’une figure de ce qu’il s’apprête à faire, non plus une ou deux fois, mais tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles ; non plus en faveur de cinq mille personnes, mais pour la multitude innombrable de ses fidèles. Comptez sur la surface de la terre les millions de chrétiens qui prendront place au banquet pascal ; celui que nous avons vu naître en Bethléhem, la Maison du pain, va lui-même leur servir d’aliment ; et cette nourriture divine ne s’épuisera pas. Vous serez rassasiés comme vos pères l’ont été ; et les générations qui vous suivront seront appelées comme vous à venir goûter combien le Seigneur est doux.

   Mais remarquez que c’est dans le désert que Jésus nourrit ces hommes qui sont la figure des chrétiens. Tout ce peuple a quitté le tumulte de la ville pour suivre Jésus ; dans l’ardeur d’entendre sa parole, il n’a craint ni la faim, ni la fatigue ; et son courage a été récompensé. C’est ainsi que le Seigneur couronnera les labeurs de notre jeûne et de notre abstinence, à la fin de cette carrière que nous avons déjà parcourue plus d’à moitié. Réjouissons-nous donc, et passons cette journée dans la confiance de notre prochaine arrivée au terme. Le moment vient où notre âme, rassasiée de Dieu, ne plaindra plus les fatigues du corps qui, unies à la componction du cœur, lui auront mérité une place d’honneur au festin immortel.

   L’Église primitive ne manquait pas de proposer aux fidèles cet éclatant miracle de la multiplication des pains, comme l’emblème de l’inépuisable aliment eucharistique : aussi le rencontre-t-on fréquemment sur les peintures des Catacombes et sur les bas-reliefs des anciens sarcophages chrétiens. Les poissons donnés en nourriture avec les pains apparaissent aussi sur ces antiques monuments de notre foi, les premiers chrétiens ayant l’usage de figurer Jésus-Christ sous le symbole du Poisson, parce que le mot Poisson, en grec, est formé de cinq lettres dont chacune est la première de ces mots : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

   La conséquence : ces hommes que le Sauveur venait de rassasier avec tant de bonté et une puissance si miraculeuse, n’ont plus qu’une pensée : ils veulent le proclamer leur roi. Cette puissance et cette bonté réunies en Jésus le leur font juger digne de régner sur eux. Que ferons-nous donc, nous chrétiens, auxquels ce double attribut du Sauveur est incomparablement mieux connu qu’il ne l’était à ces pauvres Juifs ? Il nous faut dès aujourd’hui l’appeler à régner sur nous. Nous venons de voir dans l’Épître que c’est lui qui nous a apporté la liberté, en nous affranchissant de nos ennemis. Cette liberté, nous ne la pouvons conserver que sous sa loi. Jésus n’est point un tyran, comme le monde et la chair : son empire est doux et pacifique, et nous sommes plus encore ses enfants que ses sujets. A la cour de ce grand roi, servir c’est régner. Venons donc oublier auprès de lui tous nos esclavages passés ; et si quelques chaînes nous retiennent encore, hâtons-nous de les rompre : car la Pâque est la fête de la délivrance, et déjà le crépuscule de ce grand jour paraît à l’horizon. Marchons sans faiblesse vers le terme ; Jésus nous donnera le repos, il nous fera asseoir sur le gazon comme ce peuple de notre Évangile ; et le Pain qu’il nous a préparé nous fera promptement oublier les fatigues de la route. Amen

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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 07:20

   La sainte Église, qui, au premier Dimanche de Carême, nous a proposé la tentation de Jésus-Christ au désert pour sujet de nos méditations, afin de nous éclairer sur la nature de nos propres tentations, et sur la manière dont nous en devons triompher, nous fait lire aujourd’hui un passage de l’Évangile de saint Luc, dont la doctrine est destinée à compléter notre instruction sur la puissance et les manœuvres de nos ennemis invisibles. Durant le Carême, le chrétien doit réparer le passé et assurer l’avenir ; il ne pourrait se rendre compte du premier, ni défendre efficacement le second, s’il n’avait des idées saines sur la nature des périls auxquels il a succombé, et sur ceux qui le menacent encore. Les anciens liturgistes ont donc reconnu un trait de la sagesse maternelle de l’Église dans le discernement avec lequel elle propose aujourd’hui à ses enfants cette lecture, qui est comme le centre des enseignements de la journée.

   Nous serions assurément les plus aveugles et les plus malheureux des hommes, si, environnés comme nous le sommes d’ennemis acharnés à notre perte et très supérieurs à nous en force et en adresse, nous en étions venus à ne pas songer souvent à leur existence, peut-être même à n’y réfléchir jamais. Tel est cependant l’état dans lequel vivent un nombre immense de chrétiens de nos jours : tant « les vérités sont diminuées parmi les enfants des hommes ». Cet état d’insouciance et d’oubli sur un objet que les saintes Écritures nous rappellent à chaque page, est tellement répandu, qu’il n’est pas rare de rencontrer des personnes aux yeux desquelles l’action continue des démons autour de nous n’est rien autre chose qu’une croyance gothique et populaire qui n’appartient point aux dogmes de la religion. Tout ce qu’en racontent l’histoire de l’Église et la vie des Saints est pour eux comme s’il n’existait pas. Pour eux, Satan semble n’être qu’une pure abstraction sous laquelle on aurait personnifié le mal.

   S’agit-il d’expliquer le péché en eux-mêmes ou dans les autres ? Ils vous parlent du penchant que nous avons au mal, du mauvais usage de notre liberté ; et ils ne veulent pas voir que l’enseignement chrétien nous révèle en outre dans nos prévarications l’intervention d’un agent malfaisant, dont la puissance est égale à la haine qu’il nous porte. Cependant, ils savent, ils croient sincèrement que Satan a conversé avec nos premiers parents et les a entraînés dans le mal, en se montrant à eux sous la forme d’un serpent. Ils croient que ce même Satan a osé tenter le Fils de Dieu incarné, qu’il l’a enlevé par les airs jusque sur le sommet du temple, et de là sur une haute montagne. Ils lisent aussi dans l’Évangile et ils croient qu’un des malheureux possédés qui furent délivrés par le Sauveur était assiégé d’une légion entière d’esprits infernaux, que l’on vit, sur la permission qu’ils en reçurent, fondre sur un troupeau de porcs et le précipiter dans le lac de Génésareth. Ces faits et mille autres sont l’objet de leur foi ; et avec cela tout ce qu’ils entendent dire de l’existence des démons, de leurs opérations, de leur adresse à séduire les âmes, leur semble fabuleux. Sont-ils chrétiens, ou ont-ils perdu le sens ? On ne saurait répondre, surtout lorsqu’on les voit se livrer de nos jours à des consultations sacrilèges du démon, à l’aide de moyens renouvelés des siècles du paganisme, sans qu’ils paraissent se rappeler, ni même savoir qu’ils commettent un crime que Dieu, dans l’ancienne loi, punissait de mort, et que la législation de tous les peuples chrétiens, durant un grand nombre de siècles, a frappé du dernier supplice.

   Depuis la promulgation de l’Évangile, le pouvoir de Satan sur les corps s’est trouvé restreint par la vertu de la Croix, dans les pays chrétiens ; mais il reprend une nouvelle extension, si la foi et les œuvres de la piété chrétienne diminuent. De là toutes ces horreurs diaboliques qui, sous divers noms plus ou moins scientifiques, se commettent d’abord dans l’ombre, sont ensuite acceptées dans une certaine mesure par les gens honnêtes, et pousseraient au renversement de la société, si Dieu et son Église n’y mettaient enfin une digue. Me frères, souvenez-vous que vous avez renoncé à Satan, et prenez garde qu’une ignorance coupable ne vous entraîne dans l’apostasie. Ce n’est pas à un être de raison que vous avez renoncé sur les fonts baptismaux : c’est à un être réel, formidable, et dont Jésus-Christ nous dit qu’il a été homicide dès le commencement.

   Mais si nous devons redouter l’affreux pouvoir qu’il peut exercer sur les corps, et éviter tout contact avec lui dans les pratiques auxquelles il préside, et qui sont le culte auquel il aspire, nous devons aussi craindre son influence sur nos âmes. Voyez quelle lutte la grâce divine a dû engager pour l’arracher de votre âme. En ces jours, l’Église nous offre tous ses moyens pour triompher de lui : le jeûne uni à la prière et à l’aumône. Vous arriverez à la paix ; et votre cœur, vos sens purifiés, redeviendront le temple de Dieu. Mais n’allez pas croire que vous ayez anéanti votre ennemi. Il est irrité ; la pénitence l’a expulsé honteusement de son domaine, et il a juré de tout tenter pour y rentrer. Craignez donc la rechute dans le péché mortel ; et pour fortifier en vous cette crainte salutaire, continuez de méditer la suite des paroles de l’Évangile de ce dimanche. Amen

  

 

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 18:12

   La messe de ce dimanche est de date récente ; (l’office du Samedi des Quatre-temps se célébrait dans la nuit du samedi au dimanche) ; elle présente, dans sa composition actuelle : un De profundis ému, et une voix d’en haut qui appelle vers les hauteurs (Épître et Évangile).

   Un De profundis. Dans les trois premières pièces de la messe, l’introït, l’oraison et le graduel, se manifeste fortement la conscience du péché. L’ennemi du genre humain règne dans notre nature inférieure. La détresse spirituelle qui vient du péché est grande, grand aussi le besoin de Rédemption. Avec ce sentiment profond de pénitence s’harmonisent parfaitement les prières graduelles, avec le confiteor que nous devons méditer, précisément dans ce temps de Carême. Le confiteor est récité aussi par les pénitents. La supplication ardente du Kyrie rentre également dans cet ordre de pensée. L’oraison contient les mêmes prières et les mêmes émotions profondes. Nous sommes dépourvus de force. La conscience de notre faiblesse est la condition préalable de toute amélioration. Nous devons faire front de deux côtés ou, plutôt, il faut que Dieu nous protège de deux côtés : à l’intérieur et à l’extérieur. Nous avons un ennemi à l’intérieur de la forteresse du cœur (le moi) ; nous avons des ennemis autour de cette forteresse (le diable, le monde). L’ennemi que nous portons dans notre cœur est particulièrement terrible. A cette chaîne de pensées s’ajoute, comme dernier anneau, le Graduel, qui décrit avec émotion la misère du pécheur : « Les tribulations de mon cœur se sont étendues ; arrache-moi, Seigneur, de ma détresse. Contemple ma misère et mes peines et pardonne-moi tous mes péchés. »

   A ce De profundis répond une voix claire qui vient du ciel : dans l’Épître et dans l’Évangile. L’Épître est tirée de la belle lettre aux Thessaloniciens. Les Thessaloniciens étaient une des communautés préférées de saint Paul ; la lettre est écrite avec un véritable amour maternel. Mais aujourd’hui, c’est notre Mère l’Église qui nous parle avec le même amour. Elle nous recommande et nous demande de mener une vie agréable à Dieu et de faire, de plus en plus, des progrès dans la vertu et la perfection. Elle nous dit une parole qui, pendant toute la semaine, doit retentir dans notre cœur : La volonté de Dieu, c’est que vous soyez saints. C’est là le but de la Rédemption, c’est la tâche de l’Église. Le Baptême, l’Eucharistie, la Confirmation, tous les moyens de salut tendent à ce but : nous rendre saints. Que veut dire cela : être saint ? Cela veut dire posséder la filiation divine, participer à la vie divine du Christ, passer de la grâce à la transfiguration. Nous sommes devenus saints par le Baptême, nous renouvelons sans cesse notre sainteté par l’Eucharistie. La sainteté est, en premier lieu, l’affaire de Dieu ; lui seul peut nous rendre et nous conserver saints. Mais, nous-mêmes, nous devons lui aplanir les voies. L’Épître nous indique deux de ces voies : la pureté et l’équité. L’âme que Dieu veut sanctifier doit être pure et chaste dans sa vie ; l’impureté détruit la sainteté. Mais Dieu demande aussi la justice et la vérité dans nos relations mutuelles. C’est encore un programme de réforme que l’Église nous présente. Cet avertissement de l’Église produit dans notre âme un double sentiment. D’abord, une nouvelle plainte (Graduel). Ah ! Que je suis donc loin encore de l’idéal de l’Église ! Contemple, Seigneur, ma misère et ma peine. Cependant, nous triomphons de ce retour vers les profondeurs et nous louons Dieu, car il nous donne la grâce de remonter et d’atteindre à la sainteté. C’est pourquoi (dans le Trait) on entend ce joyeux cantique de louange : « Heureux ceux qui observent son commandement et pratiquent la justice en tout temps ! » Nous ne pouvons parvenir à la sainteté que par un seul, celui que nous attendons à Pâques, Jésus-Christ. C’est pourquoi le Trait conclut par cette prière : Visite-nous dans ta grâce. La réponse nous est donnée dans l’Évangile de la Transfiguration. Dans l’Évangile, le Christ veut nous dire : je vous conduirai à la sainteté et à la gloire que vous montre ma Transfiguration. Tel est le sens de l’Évangile.

   Devant cet appel du ciel, pouvons-nous rester sourds ? L’Église a fait comme l’aigle qui entraîne ses petits vers le soleil. Que répondrons-nous à ces avances ? Un joyeux oui. A l’Offertoire, portons à l’autel notre obéissance et notre amour des commandements de Dieu : « J’élève mes mains vers tes commandements que j’aime ardemment. » Au Saint-Sacrifice, le Seigneur transfiguré paraît au milieu de nous ; dans la Communion, il s’unit à notre âme et la pénètre des rayons de sa gloire et de sa sainteté. Il est « mon Roi et mon Dieu. » L’Eucharistie nous donne, aussi, la force et la grâce de faire ce qui dépend de nous pour arriver à la sainteté et à la gloire, c’est-à-dire de « servir Dieu dignement par une conduite qui lui plaise. » Amen

 

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 10:32

   Au cours de ces dernières décennies, et surtout de nos jours on entend – y compris de la bouche de certains représentants de la hiérarchie de l’Eglise – des déclarations à propos de la théorie des “chrétiens anonymes”. Cette théorie affirme ce qui suit : la mission de l’Eglise dans le monde consisterait, au bout du compte, à faire naître la conscience que tous les hommes doivent avoir de leur salut en Jésus-Christ, et par voie de conséquence, de leur adoption filiale en Jésus-Christ. Car, selon cette même théorie, chaque être humain possède déjà la filiation divine dans les profondeurs de sa personnalité. Cependant, une telle théorie contredit directement la Révélation divine, telle que le Christ l’a enseignée, et que ses apôtres et l’Eglise l’ont toujours transmise au long de plus de 2000 ans, sans changement et sans l’ombre d’un doute.

« La tâche la plus urgente de l’Eglise en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle (allusions transparentes à l’écologie et aux migrations soutenues par le pape François.), à savoir de ce que le climat de non croyance en Jésus-Christ, le climat de rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer de la misère de l’esclavage spirituel de l’incroyance vers le bonheur d’être fils de Dieu, et d’une vie de péché vers l’état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin.

« Le christianisme est la seule religion voulue par Dieu. Donc, il ne peut jamais être mis côte à côte avec les autres religions, comme s’il en était complémentaire. (…) Il n’y a qu’un chemin vers Dieu, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis le chemin” (Jn 14, 6). Il n’y a qu’une vérité, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis la vérité” (Jn 14, 6). Il n’y a qu’une vraie vie surnaturelle de l’âme, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis la vie” (Jn 14, 6).

« Le Fils incarné de Dieu a enseigné qu’en dehors de la foi en Lui il ne peut y avoir de religion vraie et agréable à Dieu : “Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé” (Jn, 10, 9). Dieu a commandé à tous les hommes, sans exception, d’écouter son Fils : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-Le !” (Mc 9, 7). Dieu n’a pas dit : “Vous pouvez écouter mon Fils ou vous pouvez écouter d’autres fondateurs de religion, car c’est ma volonté qu’il y ait diverses religions”. Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d’autres dieux : “Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant moi” (Ex 20, 3) et : “Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle union y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle association entre la lumière et les ténèbres ? ou quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quelle part entre le fidèle et l’infidèle ? quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ?” (2 Cor 6, 14-16).

   « Si d’autres religions correspondaient de la même manière à la volonté de Dieu, il n’y aurait jamais eu la condamnation divine de la religion du Veau d’or au temps de Moïse (cf. Ex 32, 4-20) ; et s’il en était ainsi, les chrétiens d’aujourd’hui pourraient impunément pratiquer la religion d’un nouveau Veau d’or, puisque toutes les religions sont, selon cette théorie, des chemins qui plaisent aussi à Dieu. Dieu a donné aux Apôtres, et à travers eux à l’Eglise, pour tous les temps, l’ordre solennel d’instruire toutes les nations et les croyants de toutes les religions dans l’unique Foi véritable, en leur apprenant à observer tous ses commandements divins et en les baptisant (cf. Mt 28, 19-20). Depuis les prédications des Apôtres et du premier pape, l’apôtre saint Pierre, l’Eglise a toujours proclamé qu’il n’y a de salut en aucun autre nom, c’est-à-dire, en aucune foi sous le ciel, par lequel les hommes doivent être sauvés, mais au Nom et dans la Foi en Jésus-Christ (cf. Ac 4, 12). (…)

   « On aurait épargné le martyre aux Apôtres et aux innombrables martyrs chrétiens de tous les temps, spécialement ceux des trois premiers siècles, s’ils avaient dit : “La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu”. Il n’y aurait pas eu par exemple de France chrétienne, pas de “Fille aînée de l’Eglise”, si saint Remi avait dit à Clovis, roi des Francs : “Ne méprisez pas la religion païenne que vous avez adorée jusqu’à présent, et adorez désormais le Christ que vous avez persécuté jusqu’à maintenant”. Le saint évêque a en réalité parlé très différemment, même si c’est d’une manière assez rude : “Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré.”

   « La vraie fraternité universelle ne peut se réaliser qu’en Jésus-Christ, et précisément entre personnes baptisées. La pleine gloire de fils de Dieu ne sera atteinte que dans la vision béatifique de Dieu au ciel, comme l’enseigne la Sainte Ecriture : “Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.” (1 Jn 3, 1-2).

   « Aucune autorité sur terre – pas même l’autorité suprême de l’Eglise – n’a le droit de dispenser les fidèles d’autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ, en tant que Fils incarné de Dieu et seul Sauveur de l’humanité, en leur assurant que les différentes religions sont voulues en tant que telles par Dieu lui-même. Les paroles de Dieu restent indélébiles – car écrites du doigt de Dieu et d’une clarté cristalline : “Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu” (Jn, 3, 18). Cette vérité a valu jusqu’à maintenant pour toutes les générations chrétiennes, et elle restera valide jusqu’à la fin des temps, indépendamment du fait que certaines personnes dans l’Eglise, en notre temps si capricieux, si lâche, si avide de sensationnel et si conformiste, réinterprète cette vérité dans un sens contraire à sa formulation évidente, présentant ainsi cette réinterprétation comme si elle constituait une continuité du développement de la doctrine.  Amen

 

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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 11:12

   L’Eglise a célébré depuis le premier dimanche de l’Avent le premier volet du mystère du salut, le Mystère de l’Incarnation. Elle considère à partir d’aujourd’hui le second volet, celui du Mystère de la Rédemption.

 

   Il importe donc de bien saisir ce célèbre passage de l’Évangile que nous venons d’entendre, et d'apprécier les motifs qui ont porté l'Eglise à le placer en ce jour. Considérons d'abord les circonstances dans lesquelles le Sauveur prononce cette parabole, et le but d'instruction qu'il s'y propose directement. Il s'agit d'avertir les Juifs que le jour approche où leur loi tombera pour faire place à la loi chrétienne, et de les disposer  à accueillir favorablement l'idée que les Gentils vont être appelés à former alliance avec Dieu. La vigne dont il est ici question est l'Eglise sous ses différentes ébauches, depuis le commencement du monde, jusqu'à ce que Dieu vînt lui-même habiter parmi les hommes et constituer sous une forme visible et permanente la société de ceux qui croient en lui. Le matin du monde dura depuis Adam jusqu'à Noé ; la troisième heure s'étendit de Noé jusqu'à Abraham ; la sixième heure commença à Abraham pour aller jusqu'à Moïse ; la neuvième heure fut l'âge des Prophètes, jusqu'à l'avènement du Seigneur. Le Messie est venu à la onzième heure, lorsque le monde semblait pencher à son déclin. Les plus grandes miséricordes ont été réservées pour cette période durant laquelle le salut devait s'étendre aux Gentils par la prédication des Apôtres. C'est ce dernier mystère par lequel Jésus-Christ veut confondre l'orgueil judaïque. Il signale les répugnances que les Pharisiens et les Docteurs de la Loi éprouvaient en voyant l'adoption s'étendre aux nations, par les remontrances égoïstes que les ouvriers des premières heures osent faire au Père de famille. Cette obstination sera punie comme elle le mérite. Israël, qui travaillait avant nous, sera rejeté à cause de la dureté de son cœur; et nous, Gentils, qui étions les derniers, nous deviendrons les premiers, étant faits membres de cette Eglise catholique, qui est l’Épouse du Fils de Dieu.

   Telle est l'interprétation donnée à cette parabole par les saints Pères, notamment par saint Augustin et saint Grégoire le Grand; mais cet enseignement du Sauveur présente encore un autre sens également justifié par l'autorité de ces deux saints Docteurs. Il s'agit ici de l'appel que Dieu adresse à chaque homme pour l'inviter à mériter le Royaume éternel par les pieux labeurs de cette vie. Le matin, c'est notre enfance; la troisième heure, selon la manière de compter des anciens, est celle où le soleil commence à monter dans le ciel: c'est l'âge de la jeunesse ; la sixième heure, par laquelle on désignait ce que nous appelons Midi, est l'âge d'homme; la onzième heure précède de peu d'instants le coucher du soleil : c'est la vieillesse. Le Père de famille appelle ses ouvriers à ces différentes heures ; c'est à eux de^ se rendre, dès qu'ils ont entendu sa voix ; mais il n'est pas permis à ceux qui sont conviés dès le matin de retarder leur départ pour la vigne, sous le prétexte qu'ils se rendront plus tard, lorsque la voix du Maître se fera entendre de nouveau. Qui les a assurés que leur vie se prolongera jusqu'à la onzième heure ? Lorsque la troisième sonne, peut-on compter même sur la sixième ? Le Seigneur ne convoquera au travail des dernières heures que ceux qui seront en ce monde lorsqu'elles viendront à sonner; et il ne s'est point engagé à adresser une nouvelle invitation à ceux qui auront dédaigné la première.

   Voilà précisément l’appel de l’Eglise à nous préparer au Carême qui approche pour mériter les grâces de notre Rédemption. Amen

 

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3 décembre 2018 1 03 /12 /décembre /2018 06:55

   Le temps de l’Avent dans lequel nous entrons aujourd’hui a comme finalité de nous préparer aux fêtes de la Nativité du Fils de Dieu le 25 décembre, mais pas seulement. Le temps de l’Avent nous prépare à 3 venues essentielles du Seigneur dans notre vie : celle qui s’est déroulée dans l’histoire, il s’agit de la naissance de Jésus ; celle qui ne cesse de se dérouler dans notre temporalité : Dieu ne cesse de venir à nous de multiples manières, je vais surtout m’arrêter sur cet aspect-là pour aujourd’hui, et dernière venue du Seigneur : celle à la fin des temps, venue que nous attendons et à laquelle nous nous préparons.

   Pour nous préparer à la venue du Seigneur : il s’agit de nous réveiller et de réveiller en nous le désir de Dieu. St Paul le dit dans la lecture : « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de notre sommeil. » L’Evangile l’évoque aussi : « Tenez-vous donc prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Nos manières de vivre peuvent avoir comme conséquence de nous endormir ou de nous laisser endormir. C’est le sens de l’évocation des modes de vie au temps de Noé : « On mangeait, on buvait, on se mariait. » Oui, tout va bien dans le meilleur des mondes…sauf qu’on vit sans Dieu. On se laisse conduire par la vie, par les évènements. C’est le risque que nous courons lorsqu’une société met Dieu de côté. Et, lorsque Dieu est mis de côté, il est toujours remplacé…par n’importe quoi !

   Deux exemples peuvent illustrer l’endormissement dont je parle. Regardez ce qui fait notre actualité en ce moment : le monde politique. Il y a quelque chose de pas très juste dans ce que nous voyons, de tout bord politique que ce soit. C’est qu’on a l’impression qu’on attend de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie ! Dit autrement, on a remplacé l’attente du Messie par l’attente de sauveurs : hommes politiques, sportifs… Souvenez-vous il y a quelques années de l’élection de M. Barak Obama ! C’était le Messie, le Sauveur : une ère nouvelle allait s’ouvrir de justice et de paix. C’est en ces termes réellement qu’on parlait de cette nouvelle présidence. Maintenant, on passe de l’autre côté : M. Trump, c’est le diable… Si Dieu était présent dans nos sociétés, on n’attendrait pas de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie. Et on se laisse endormir et manipuler. Attention à l’anesthésie des consciences ! Ces dérives sont le révélateur de l’absence de Dieu et d’un endormissement général.

   Un autre phénomène caractérise l’endormissement général de notre monde : les écrans. La place que prennent internet, les écrans de tout genre, source d’information, les ordinateurs, les jeux. Ces activités sont chronophages : elles mangent notre temps. Et alors, bien souvent, nous n’avons plus de temps pour prier, le temps pour Dieu. Il faut saisir la grâce du Temps de l’Avent pour prier plus régulièrement, plus généreusement, plus gratuitement, pour réveiller en nous le désir de Dieu, de sa venue et de sa rencontre.

   Depuis sa Résurrection, Jésus ne cesse de venir à nous. Pour nous préparer à rencontrer le Seigneur dans notre vie, au terme de notre vie, il faut tout d’abord apprendre à le reconnaître lorsqu’Il se manifeste dans notre vie actuelle. Et bien souvent, nous ne nous en rendons pas compte de manière immédiate. C’est après coup que nous nous interrogeons et que nous nous disons : mais peut-être le Seigneur me disait-Il quelque chose à travers cet évènement ?

   Quand nous parlons de prière, il est important aussi de relire sa vie en présence de Dieu, à la lumière de Dieu, à l’image de la Vierge Marie qui « gardait et méditait tous ces évènements dans son cœur. » Pour ce faire, il faut se souvenir de plusieurs choses. Tout d’abord, quand on est chrétien, rien n’est le fruit du hasard. Dieu est partout. Ensuite, il faut garder dans son cœur que Dieu habite de sa présence nos rencontres, nos échanges et tous les évènements que nous vivons. Même les plus incongrus et incompréhensibles ; et je dirais même : surtout les plus incongrus et les plus incompréhensibles! C’est souvent dans le temps que l’on se rend compte de la densité, de la profondeur que révèle telle ou telle rencontre, tel ou tel évènement. Et c’est en les méditant dans son cœur, en les présentant au Seigneur, en regardant ce qui en a découlé, que l’on s’ouvre à ce que le Seigneur nous a dit ou nous a donné.

   Ce travail spirituel de relecture de sa vie va nous conduire non seulement à nous ouvrir aux multiples venues du Seigneur dans notre vie, mais aussi ce travail va creuser en nous le désir de rencontrer Dieu. C’est ainsi que l’on devient de plus en plus disponible à la venue du Seigneur et disponible à l’imprévu.

   Deux mouvements se rencontrent : celui de Dieu d’abord qui vient à nous : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » et celui de l’homme qui marche vers Dieu : « Des peuples nombreux se mettront en marche vers la montagne du Seigneur. » C’est en fait, en nous ouvrant aux multiples venues du Seigneur dans notre vie, que nous avançons et allons vers Lui. Notre marche vers Dieu ne se fait qu’à la mesure de notre ouverture à ses venues.

   Profitons de cette première semaine de l’Avent pour nous réveiller de nos torpeurs, pour soigner nos temps de prière, pour prendre le temps de relire nos journées, nos vies, en n’oubliant pas de présenter au Seigneur tout ce que nous ne comprenons pas ou n’avons pas compris. Le temps de l’Avent est le temps de marche vers la Lumière. Que la Vierge Marie nous aide à nous ouvrir à cette Lumière qui éclaire et révèle la présence de Dieu en nous. Amen !

 

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26 novembre 2018 1 26 /11 /novembre /2018 07:51

Le Fils de l’homme vient avec grande puissance et grande majesté.

   N’est-ce pas un coup de maître de la part de l’Église de faire passer sous le regard de notre esprit, au dernier dimanche de l’année liturgique, l’acte final du drame de la rédemption, le retour du Christ ? Comment nous comporter devant ce grand événement qui doit nous intéresser tous puisque nous y assisterons tous ? Que dit l’histoire à ce sujet ? Nous pouvons distinguer trois périodes : celles du Christ, de l’antiquité chrétienne et du Moyen Age.

a) Le Christ parle souvent de son retour ; et il le fait d’une façon particulièrement détaillée dans son grand discours eschatologique auquel est emprunté l’Évangile d’aujourd’hui. Le chrétien vivant avec l’Église devrait connaître ce discours, du moins son analyse. Le Christ n’entend pas alors satisfaire notre curiosité ; le but de son discours est de donner à la vie chrétienne un puissant développement. Il atteint, en effet, son point culminant dans cette pensée : l’heure de la fin est incertaine (cela est vrai aussi de la mort ; la mort est le retour du Christ pour chacun). La grande conséquence est celle-ci : « Nous devons être toujours prêts. Pour souligner plus fortement cette conséquence, le Christ emploie quatre paraboles qui toutes ont le même sens : celles du voleur, de l’intendant, des vierges sages et des vierges folles, et des talents.

b) Quelle est l’attitude de l’antiquité chrétienne en face du retour du Christ ? Nous le savons. Elle attend le retour du Seigneur avec un ardent désir. Elle va, joyeuse, à la rencontre du Seigneur, avec la couronne des vierges et la palme des martyrs. Maranatha, c’est-à-dire : Viens, Seigneur, était le refrain de toutes ses prières.

c) Tout autre est l’attitude du Moyen Age. Une crainte salutaire faisait trembler à la pensée du jugement dernier. Le « Dies irae » de la messe des morts nous donne une idée de l’intense émotion du Moyen Age. « Ah ! Que dirai-je, malheureux que je suis ? à quel défenseur me vouer, quand des justes eux-mêmes manquent d’assurance ? Je suis là en accusé ; la honte fait rougir mes joues... »

d) Et nous ? L’antiquité avait le désir ; le Moyen Age, la crainte ; nous n’avons ni l’un ni l’autre. Nous ne parvenons pas à concevoir le désir ; la crainte ne remplit pas notre cœur. Nous n’avons plus l’enthousiasme de l’antique Église, mais nous n’avons pas non plus la foi naïve du Moyen Age. Que devons-nous faire ? Revenons à la pensée du Sauveur sur le jugement : Soyons toujours prêts ! La vie à la lumière du second avènement. Adaptons cette préoccupation à l’édifice divin de notre foi. Nous croyons au second avènement ; c’est aussi cette foi qui est l’objet des méditations de l’Église dans la liturgie. Comme elle nous rappelle la possibilité de devenir, en considérant le second avènement, riches en fruits de bonnes œuvres, la possibilité de croître dans la patience et la persévérance (Ép.) ! En vérité, ce sont des pensées que nous ne pouvons jamais oublier ; l’Église fait succéder l’acte à la parole. Nous rappeler ces pensées était le but de l’avant-messe ; mais le Saint-Sacrifice met à notre portée, sous une forme mystique, le retour du Seigneur ; car le Saint-Sacrifice est déjà lui-même un retour du Seigneur ; à la vérité, sous une autre forme. C’est un retour par la grâce : « mes pensées sont des pensées de paix et non de châtiment. » Mais c’est aussi un jugement. Le jugement de punition, il l’a pris sur lui dans sa mort qui est maintenant commémorée. Pour lui l’arrêt de mort sur la croix ; pour nous cette parole : « Venez, les bénis de mon Père... » Amen

 

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