Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 janvier 2021 1 11 /01 /janvier /2021 10:02

   En tant que chrétiens nous avons à établir le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Aujourd’hui nous recevons l’exemple des Saints Rois Mages.

   D’abord les Mages croient à la royauté de celui dont ils ont vu l’étoile. Leur première parole en arrivant à Jérusalem : « Où est le Roi des Juifs qui est né, car nous avons vu son étoile en Orient »

Le devin Balaam l’avait annoncée : « Une Etoile sortira de Jacob, un rejeton s’élèvera d’Israël…il sortira de Jacob un dominateur » (Nombres 24,17).

   Cette royauté de celui qu’ils viennent adorer, les Mages vont la faire proclamer par Hérode, les princes des prêtres et les scribes, autrement dit par les détenteurs du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Car, à peine au courant de la démarche des Mages, Hérode réunit les interprètes authentiques de la révélation divine : « il s’enquit auprès d’eux où devait naître le Christ », le Christ c’est-à-dire l’Oint du Seigneur : le Roi était désigné par ce nom !

   Bien renseignés les Mages sont partis vers Bethléem la cité royale, car si elle a donné naissance à David, le grand Roi, c’est d’elle que sortira le Chef qui doit régir Israël mon peuple, a dit le Seigneur par son prophète. C’est alors que nos saints voyageurs vont commencer à travailler directement au règne de Notre-Seigneur. D’abord parce qu’ils se soumettent à lui corps, âme et biens «  se prosternant, ils l’adorèrent et ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent leurs présents ». Nous ne savons pas combien de temps ils purent consacrer à cette douce intimité avec Jésus, mais assez pour que repartant dans leur pays, ils aient décidé de ne plus avoir de cesse que d’autres partagent désormais leur bonheur et leur fierté d’être au service du Roi du Ciel venu sur terre pour étendre son Règne, selon ce que le prophète Daniel avait proclamé dans leurs contrées au temps de la captivité : « Le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit…il brisera et anéantira tous les royaumes de la terre et lui-même subsistera à jamais » (Daniel 2,44)

   Les Mages sont donc prêts à tout braver : c’est St Jean Chrysostome qui affirme à propos de leur entrevue avec Hérode : « alors qu’ils considéraient le roi qu’ils allaient trouver, ils ne craignaient pas le roi qu’ils avaient devant eux ; ils n’avaient pas vu le Christ et déjà ils étaient prêts à mourir pour lui ». On ne peut donc douter de ce qu’ils firent par la suite. Rapportant la très ancienne tradition qui relate le baptême des Mages par l’apôtre St Thomas et leur décision de se livrer à la prédication de l’Evangile, Dom Guéranger fait remarquer avec justesse : « Quand bien même cette tradition n’existerait pas, il est aisé de comprendre que la vocation de ces trois Princes ne devait pas se borner à visiter le Roi éternel manifesté sur la terre : une nouvelle mission, celle de l’apostolat, découlait tout naturellement de la première »

   A nous maintenant ! Le Christ nous a été révélé par la lumière de la Foi. Nous nous sommes mis en route vers lui quand nous avons appris à le connaître au cours de notre instruction religieuse. Nous avons rencontré beaucoup de gens qui ne le reconnaissent pas et qui le combattent et le blasphèment.

Nous lui présentons chaque jour notre tribut d’hommage, de prière, d’amour et de sacrifice : du moins il devrait en être ainsi.

   A partir de cela, il nous faut prendre à cœur le règne de Jésus chaque jour, dans notre vie, et pour le salut de ceux que Dieu met près de nous ; dans les grandes causes que la Sainte Eglise a proclamées et pour lesquelles elle a invité ses fils à être là (surtout en ces temps où sa voix est si souvent couverte ou changée par ceux qui prétendent la représenter !)

   On nous fait bien sentir et constater que les conditions économiques subissent un dur assaut…notre vie matérielle en pâtit et les récriminations vont leur train…
   Mais peut-on rester indifférents et inactifs devant les dures conditions faites à notre religion, alors que nous avons tant d’attachement à nos propres commodités.

Que cette solennité de l’Epiphanie enflamme notre courage et plus particulièrement offrons l’or de notre amour ardent à celui en qui nous reconnaissons notre Grand Roi ! Amen

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 11:21

   « Grand et admirable mystère ! L’enfant est circoncis, et on l’appelle Jésus. Que signifie ce rapprochement ? La circoncision semble faite, en effet, plutôt pour celui qui doit être sauvé que pour celui qui sauve ; n’est-ce pas le Sauveur qui devrait circoncire plutôt qu’être circoncis ? Mais reconnaissez ici le médiateur entre Dieu et les hommes, qui, dès les premiers jours de son enfance, rapproche les choses humaines des choses divines, ce qu’il y a de plus bas de ce qu’il y a de plus élevé. Il naît d’une femme, mais d’une femme en qui le fruit de la fécondité ne fait point tomber la fleur de la virginité. Il est enveloppé de langes, mais ces langes mêmes sont honorés par les cantiques des Anges, il est caché dans une crèche, mais il est annoncé par une étoile qui brille dans les cieux. En même temps que la circoncision prouve la vérité de l’humanité qu’il a prise, son nom, qui est au-dessus de tout nom, indique la gloire de sa majesté, il est circoncis comme un véritable fils d’Abraham, il est appelé Jésus comme le vrai Fils de Dieu.
   Mon Jésus ne reçoit pas un nom vide et sans effet, à l’instar de ceux qui l’ont reçu auparavant : porté par lui, ce grand nom n’est plus une ombre, il exprime la vérité, L’Évangéliste assure qu’il fut apporté du ciel, ce nom que l’Ange lui avait donné avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Faites attention à la profondeur de ces paroles : « Après que Jésus fut né. » Il est appelé Jésus par les hommes, lui à qui l’Ange a donné ce nom avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Il est en effet tout à la fois et le Sauveur de l’Ange, et le Sauveur de l’homme : Sauveur de l’homme, depuis l’incarnation ; Sauveur de l’Ange depuis l’instant de sa création. « II fut, dit l’Évangéliste, nommé Jésus, nom que l’Ange lui avait donné. » « Toute parole est avérée sur la déposition de deux ou trois témoins. » Et cette parole même, abrégée dans les Prophètes, se lit ouvertement dans l’Évangile qui nous montre le Verbe fait chair.

   C’est avec raison que l’enfant qui nous est né est appelé Sauveur, à sa circoncision : c’est alors effectivement qu’il commence l’œuvre de notre salut en versant pour nous son sang immaculé. Les Chrétiens n’ont donc plus à chercher pourquoi le Seigneur Jésus-Christ a voulu être circoncis ; il l’a été pour la même raison qui l’a fait naître et souffrir. Rien de tout cela n’était pour lui, mais tout était pour les élus. Il n’est pas né dans le péché, il n’a pas été circoncis pour être guéri du péché, il n’est pas mort pour son péché, mais à cause de nos fautes. « C’est le nom, dit l’Évangile, dont l’Ange l’avait appelé avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. » Il est appelé de ce nom ; ce nom ne lui est pas imposé, il lui appartient de toute éternité. C’est de sa nature propre qu’il tient d’être Sauveur : ce nom est à lui dès avant sa naissance : il ne le reçoit d’aucune créature angélique ou humaine. » (Homélie de Saint Bernard)

   Oui, « Au nom de Jésus doivent fléchir les genoux de tous ceux qui sont au ciel, sur la terre et dans les enfers ; et toute langue doit confesser que Notre-Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire du Père. » (Introït).

   « Il n’a pas été donné d’autre nom, aux hommes sous le ciel, par lequel nous devions obtenir le salut. » (Actes des Apôtres)  Amen.

 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 15:36

   Le nom propre de Dieu est AMOUR. Cette Divine Charité vient de se manifester de nouveau pour nous dans le mystère de Noël. Et puisque c’est par son Fils que Dieu nous a parlé, qu’il n’y a aucun autre nom par lequel nous devions être sauvés : mettez votre gloire à glorifier Jésus !

   Outre qu’il n’y a pas de véritable vie chrétienne sans la recherche première et primordiale de la gloire de Dieu, nous arrivons en un temps où ceux qui ne serviront pas Jésus par amour seront submergés par le flot du matérialisme, de l’impiété, de l’aveuglement spirituel ! Qu’elle résonne de nouveau à vos oreilles la terrible parole de notre maître : « Qui n’est pas avec moi est contre moi - qui n’amasse pas avec moi, dissipe tous ses biens ».

   Nous sommes tous portés à défendre nos intérêts qu’ils soient de n’importe quelle sorte : santé, prospérité, finance, réputation, promotion : cela nous porte souvent à la susceptibilité. Mais quand nous arrive-t-il de songer aux intérêts de Jésus ? Les voyons-nous compromis, ignorés, bafoués, délaissés par les infidèles, les impies, les pécheurs, ceux qui devraient être ses amis, ceux qui se prétendent l’être et agissent à l’encontre. Quelle susceptibilité en éprouvons-nous ? Quel chagrin nous ronge, quel souci se fait jour en notre esprit ? Quelle réforme cela amène-t-il en notre vie spirituelle ? Jésus est malmené, Jésus est repoussé, Jésus est trahi, Jésus est souffleté…de mille manières : où est notre sympathie ?

   Il ne faut donc pas se le cacher : celui d’entre nous qui ne s’indigne jamais des vexations subies par Jésus ne mérite plus de porter le nom de chrétien. Mais allons encore plus loin, car tous nos réflexes vont être appelés à jouer avec une spontanéité et une précision accrues ! Depuis des années, des forces cachées, mais de plus en plus actives entraînent les catholiques vers l’affadissement et la perte de leur foi : en conséquence une autre marque de notre susceptibilité pour les intérêts de Jésus sera une horreur instinctive de toutes les fausses doctrines et un tact particulier pour les découvrir.

   J’emprunte ce que je vous dis maintenant à une page lumineuse du Père Faber, dans son livre ‘Tout pour Jésus’. Converti du calvinisme, cet éloquent prédicateur et populaire auteur spirituel anglais savait de quoi il parlait. Son livre a un peu plus de 150 ans : il semble être écrit pour aujourd’hui. Je cite :

« L’intégrité de la foi constitue l’un des plus chers intérêts de Jésus ; aussi, un cœur pénétré d’un amour sincère pour son Seigneur et son Dieu, souffre-t-il au-delà de toute expression quand il entend exposer de fausses doctrines, surtout parmi des catholiques. Des idées erronées sur la personne de Jésus-Christ, du mépris pour sa grâce, la plus légère atteinte à l’honneur de sa Ste Mère, la dépréciation des sacrements, chacune de ces choses exprimées avec plus ou moins de légèreté dans le cours d’une conversation ordinaire le blesse au point qu’il en ressent même une douleur physique…quand cette pieuse horreur n’existe pas, alors, aussi vrai que le soleil brille dans les cieux, l’amour de Jésus est faible et languissant dans le cœur de l’homme ».

   Sans doute, après les tribulations de cette année 2020, aurons-nous au cours de la nouvelle année à faire preuve de ces nécessaires susceptibilités pour les intérêts de Notre-Seigneur. Je vous souhaite la grâce de les ressentir d’abord, puis, qu’elles déterminent en vous de courageux affrontements et vous amènent à un redoublement d’amour : que si la charité de beaucoup se refroidit, la vôtre s’enflamme !

   Aucune lâcheté ne résiste au pardon et à l’amour. Regardez les Saints pour vous guérir de vos faiblesses, mais qu’à leur tour les faibles vous regardent et que de cette façon le Seigneur réalise ce vœu, ce vœu unique : mettre notre gloire à glorifier Jésus ! Amen

 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 06:53

 « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu… Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous… »

   Ce que St Jean nous livre ainsi au tout début de son Evangile est infiniment mystérieux, mais tellement fondamental qu’il nous faut sans cesse y revenir. Ce “Prologue” joue par rapport au reste de l’Evangile le même rôle que l’Ouverture dans un opéra. Il contient déjà tous les thèmes de l’Evangile. Dans la Lettre aux Hébreux que nous avons entendue juste avant, St Paul nous dit : « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes, sous des formes fragmentaires et variées. Mais dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous parlé par le Fils. » Tout ce que Dieu n’avait cessé de dire depuis des siècles à travers les multiples langages humains des prophètes, des mystiques et des saints, il nous le dit à Noël en une seule parole, Jésus-Christ, son Fils.

   A ce propos, St Bernard a une belle expression : « Dans l’enfant de la crèche, Dieu nous transmet son Verbe abrégé », c’est-à-dire sa Parole condensée, concentrée. Dans ce petit enfant que la Vierge Marie vient de mettre au monde, nous avons tout.

   Avec lui, en lui, Dieu nous livre l’intégralité de ce qu’Il veut nous dire en un message que l’on pourrait dire « compact ». Nous pouvons alors affirmer que toutes les paroles, toutes les révélations et visions qui, depuis les origines du monde jusqu’à la consommation des siècles, nous transmettent quelque chose de Dieu se retrouvent intégralement dans cette définitive et absolue Parole de Dieu qu’est Jésus-Christ le Fils de Dieu devenu homme.

   Dans un texte très fort que nous aurions tous intérêt à bien garder en mémoire, saint Jean de la Croix écrit dans « La Montée du Carmel : « Concluez donc que désirer maintenant avoir des visions et des révélations, ce n’est pas seulement faire une sottise, c’est offenser Dieu, puisque par là nos yeux ne sont plus uniquement fixés sur le Christ, mais cherchent des choses nouvelles. Dieu en effet, pourrait nous répondre : Je vous ai dit tout ce que j’avais à vous dire par la Parole qui est mon Fils. Je n’en ai pas d’autre qui puisse révéler ou répandre quelque chose qui soit plus que cela. Fixez donc les yeux sur lui seul, car en lui, j’ai tout établi, en lui j’ai tout dit, tout révélé, et vous trouverez là bien plus que tout ce que vous désirez et demandez. »

   Voilà le paradoxe de Noël. En un tout-petit, un « enfant » (in-fans en latin veut dire : qui ne parle pas), Dieu nous dit tout. On risque toujours de se laisser prendre au piège des discours, de se laisser séduire par de belles paroles, d’être ballotté au gré des multiples idéologies qui agitent le monde. Tout cela n’est la plupart du temps qu’illusion, du vent, du toc… alors que la Parole essentielle, vitale, définitive, nous est donnée par ce tout petit, dans les bras de Marie. C’est lui qu’il faut écouter avec l’oreille de notre cœur, qu’il faut contempler avec les yeux de l’amour, qu’il faut, par la foi, prendre dans nos bras. En fait, devant lui nous ne pouvons que laisser tomber toutes nos grandes et belles idées, nos masques et nos déguisements, nos armures et nos duretés, pour nous faire tout petits, simples et vrais.

   Jésus nous le dira avec force : Si nous voulons entrer dans son Royaume, il nous faut l’accueillir, lui Jésus, comme un enfant. Devenir simples, légers, comme un enfant. S’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume, c’est tout simplement parce que le riche, encombré du fatras de ses richesses, gonflé de son importance, ne peut que se heurter à une porte trop petite et trop étroite. La seule issue est de faire comme le serpent qui se défait de sa vieille peau, il faut passer par la fente étroite du rocher (comprenez : l’Évangile qui nous travaille et nous rabote) afin de laisser derrière nous tout ce qui est de trop et alourdit notre marche.

   Noël, c’est toujours émouvant, intime. Mais Noël ne peut devenir pour nous une parole d’espérance et de liberté que si nous acceptons de voir l’Enfant et sa Mère avec le regard de la foi. Car, à vues humaines, rien n’est moins évident que cet enfant dans une crèche. Et cependant, pour qui accepte de l’accueillir comme la Parole définitive, totale, unique que Dieu nous adresse dans son Amour, quelle Lumière, quelle vie !

   « En Lui était la vie, était la Lumière des hommes. » « Le Verbe est la vraie Lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde. »

   A ceux qui veulent bien recevoir cette Lumière, en s’émerveillant du Don que Dieu leur fait, alors tout devient Lumière, tout devient Vie… comme cette pierre, à première vue tout ordinaire et sans valeur, qui sous les coups de qui le taille livre un diamant étincelant de mille feux.

« Dieu, personne ne l’a jamais vu. Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui nous le fait connaître. » Amen ! Joyeux Noël

 

 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 09:29

   La quatrième semaine de l’Avent c’est déjà la semaine de Noël et des fêtes qui l’accompagnent.

   La messe (Rorate coeli). Ce dimanche était, dans les temps antiques, un dimanche sans liturgie, car la célébration des Quatre-temps se prolongeait jusqu’au dimanche matin. Ce n’est que lorsque la messe des Quatre-temps fut transférée au samedi matin qu’on composa, pour le dimanche, un formulaire spécial de messe en rassemblant des textes empruntés aux messes des Quatre-temps (chants du mercredi, Évangile du samedi). La messe d’aujourd’hui se présente ainsi comme une célébration des Quatre-temps renvoyée au dimanche pour les fidèles qui n’ont pas pu venir à l’Église pendant la semaine. C’est donc une célébration des Quatre-temps pour la communauté réunie : nous jetons un regard en arrière sur le trimestre écoulé, dans des sentiments de reconnaissance et de pénitence. C’est le renouvellement de l’alliance pour le trimestre qui va commencer.

   Dans l’Épître, on nous rappelle l’ordination des prêtres. Car c’est dans la nuit de ce jour que l’ancienne Église procédait de préférence aux ordinations. Combien de prêtres et d’évêques ont pu recevoir en ce jour les saints Ordres ! Remercions-en Dieu, en ce jour, et prions pour les vocations.

   La messe, dans sa composition actuelle, est un sommaire de tout l’Avent. Une fois encore se présentent à nos yeux les trois prédicateurs de l’Avent et nous entendons les paroles typiques qui, pendant tout l’Avent, ont si souvent retenti à nos oreilles. Isaïe répète son « Cieux répandez votre rosée », Jean le Baptiste nous dit encore « Préparez les voies », et nous offrons à Marie la « salutation angélique ».

   Le Prophète Isaïe se tient au seuil (Intr.). C’est la place qui lui convient, car il appartient précisément à l’Ancienne Alliance. Nous entendons encore de sa bouche l’immortel appel de l’Avent : « Cieux répandez votre rosée et faites pleuvoir le Juste... ». Ce fut le premier stade et l’impression fondamentale de l’Avent. Nous entrons dans la nef de la maison de Dieu. Nous trouvons devant nous le second prédicateur de l’Avent, le Baptiste. Il marche devant le Seigneur, il conduit l’Époux (le Christ) à son Épouse (l’Église). Il est aussi celui qui crie dans le désert : « Préparez les voies du Seigneur. » Dans la Messe, c’est lui qui domine l’office de la lecture. C’est. son véritable rôle, car sa prédication de pénitence est la grande tâche morale de l’Avent.

   Au commencement de l’Offrande, Marie nous conduit enfin à l’autel. Elle se tient déjà dans le sanctuaire. Elle aussi est à la place qui lui convient. Isaïe en effet est Prophète, il se tient encore devant des portes fermées, sur le seuil ; le Baptiste est prédicateur de pénitence et sa place est sur l’ambon de l’avant-messe. Mais Marie incorpore la grâce ; elle nous conduit vers l’autel, sur lequel le Rédempteur descend comme il descendit dans le sein de la Vierge quand l’ange vint la saluer. C’est là le plus haut point de l’Avent ; ce sont les préliminaires de la fête de Noël. Dans le saint sacrifice et dans la communion, l’Église et l’âme sont assimilées mystiquement à la Mère de Dieu, nous devenons nous aussi des porteurs du Christ, qui doit spirituellement être enfanté en nous le jour de Noël. Ces trois figures de l’Avent nous enseignent aussi finalement le sens profond de la liturgie de la messe et du bréviaire : Isaïe représente les matines de nuit, Jean l’avant-messe, Marie le sacrifice de la messe)

Maintenant tout est accompli. Toute chair verra le salut de Dieu. Amen

 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 06:59

   La physionomie de St Jean-Baptiste est avec celles d’Isaïe et la Sainte Vierge Marie, une des trois grandes figures qui dominent l’Avent. A la fois prophète du Messie (le dernier des prophètes) et le témoin du Christ (il fut le premier à prêcher aux foules son avènement), St Jean-Baptiste, suscité par Dieu «  pour préparer les voies du Seigneur », continue de remplir auprès de nous sa mission d’autrefois. La Sainte Eglise se plaît, en ce Temps de l’Avent, à recueillir le témoignage du Précurseur, à faire siennes ses exhortations à la pénitence, et à nous proposer en exemple sa profonde humilité : comme on le prenait pour le Christ, il s’effaçait jusqu’à se déclarer indigne de dénouer seulement la courroie de sa sandale.

   Les exhortations de St Jean-Baptiste conservent toute leur portée, puisque le Sauveur, qui est venu déjà, doit « venir » encore pour beaucoup d’âmes qui continuent de l’ignorer, et que nous-mêmes nous avons à l’accueillir toujours davantage dans nos âmes : les grâces de filiation divine attachées à la fête de Noël doivent rester pour nous comme un nouvel avènement de Jésus. Nous avons tous d’ailleurs à nous préparer à l’ultime venue du Seigneur : quand il viendra nous juger, à la fin des temps, sur l’accueil que nous lui aurons fait durant notre vie. En nous adressant les appels si pressants du Précurseur, ou ceux de l’Apôtre St Paul dans l’épître d’aujourd’hui, l’Eglise assurément nous prépare à Noël, mais dans cette préparation même elle nous invite à envisager, par-delà Noël, le dernier avènement où le Christ doit venir dans tout le rayonnement de sa gloire couronner son œuvre de salut.

   La grande joie des chrétiens, celle à laquelle la liturgie nous convie aujourd’hui, c’est de voir approcher « le jour du Seigneur », où il viendra dans sa gloire pour nous introduire avec lui dans la cité des cieux. Ce grand jour, que l’Apôtre dit proche, souhaitons avec impatience que Noël nous y prépare et qu’il se réalise promptement. Tous les « venez » du Temps de l’Avent font écho, en même temps qu’à ceux des prophètes, au « veni » qui termine l’Apocalypse de St Jean : « Venez, Seigneur Jésus » ; c’est le dernier mot du Nouveau Testament.

   En signe de joie, la liturgie autorise à la grand’messe, la présence de fleurs sur l’autel, l’usage de l’orgue, et l’emploi des ornements roses (que nous n’avons pas malheureusement !) pour symboliser la joie de la Jérusalem céleste où le Christ va nous introduire à la fin des temps : «  Jérusalem, réjouis-toi d’une grande joie, car voici que le Sauveur vient à toi, alléluia » (2ème antienne des vêpres). « Per adventum tuum, libera nos, Domine », chantons-nous aux litanies des Saints : « par votre avènement, délivrez-nous, Seigneur ». Amen

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2020 1 07 /12 /décembre /2020 10:26

   Le deuxième dimanche de l’Avent met l’accent sur la vertu théologale de ce temps liturgique : l’espérance. Dans le passage de l’Epître aux Romains que nous avons tous entendu, le mot « espérance » ou le verbe « espérer » figurent à quatre reprises. Saint Paul nous dit que « tout ce qui est écrit l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance ». En quoi les Ecritures nous donnent-elles la patience et la consolation ? Saint Paul répond : « par les promesses faites à nos pères ». C’est là très précisément le motif de notre espérance : « parce que vous l’avez promis et parce que vous êtes fidèle à vos promesses ». Et quelle est cette promesse ? Par exemple, celle contenue dans l’oracle d’Isaïe : « il paraîtra le rejeton de David, celui qui s’élèvera pour régner sur les nations. Les nations espéreront en lui ». Saint Paul précise au passage que les nations, c’est-à-dire les païens que nous sommes, font l’objet de la miséricorde de Dieu. Ce qui nous rappelle, du reste, le fondement même de notre espérance : non pas la présomption de nos propres mérites, de nos seules forces, mais la toute-puissance miséricordieuse de Dieu. Voilà le fondement de notre espérance. Et, finalement, saint Paul conclut par cette phrase éblouissante comme lui seul sait nous en offrir : « que le Dieu de l’espérance vous remplisse de joie et de paix dans la foi afin que vous abondiez dans l’espérance et dans la force de l’Esprit-Saint ! » Oui, vraiment, nous voyons que l’accent est mis sur cette vertu théologale de l’espérance qui est la vertu par excellence de ce temps de l’Avent.

     Mais il reste la question : qu’espérer ? Espérer en quoi ou plutôt espérer en qui ? Dans le dialogue entre Jésus et Jean-Baptiste, dialogue par émissaires interposés rapporté au chapitre 11 de l’Evangile selon saint Matthieu, Jean-Baptiste pose la seule question vraiment pertinente : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Jean-Baptiste se fait par là même l’écho de la méprise, du malentendu et même du quiproquo des juifs contemporains de Jésus à l'égard du Seigneur. Ces juifs, en effet, attendaient un homme divin et c’est au contraire un Dieu à visage humain qui vient vers eux. Et, au fond, leur méprise c’est aussi notre propre méprise existentielle : nous voulons mettre notre bonheur en autre chose ou quelqu’un d’autre que Jésus. Par exemple, nous voulons mettre notre bonheur dans l’argent qui est si souvent source d’inquiétude ou d’injustice, l’argent qui ne peut jamais nous satisfaire car il nous enferme dans une logique de l’avoir et du toujours plus. Ou bien nous voulons mettre notre bonheur dans le pouvoir, qui est dérisoire, qui est pathétique, si nous considérons un instant que nous mourrons aussi dépendants que nous sommes nés. Ou bien nous voulons mettre notre bonheur dans les plaisirs souvent frelatés, toujours éphémères et qui abîment notre nature. Alors oui, la question qui nous est posée par Jean-Baptiste est la suivante : attends-tu autre chose ou quelqu’un d’autre que ton Sauveur ? C’est la seule question qu’il faille nous poser aujourd’hui. Et, en même temps que nous nous posons cette question, notre conscience nous révèle qu’au fond nous nous sommes fourvoyés en plaçant notre confiance, notre attente, notre espérance en autre chose ou en quelqu’un d’autre que Jésus et finalement nous sommes désabusés. Jésus va répondre à Jean-Baptiste en citant le prophète Isaïe pour montrer qu’il accomplit la prophétie - ce qui est un signe messianique - mais surtout pour signaler les conditions de l’attente et de l’espérance en question. Il s’agit en effet pour moi d’attendre comme un aveugle frappé par la cécité de mon déficit de foi. Il s’agit pour moi d’attendre comme un boiteux qui claudique tantôt vers le bien tantôt vers le mal. Il s’agit pour moi d’attendre comme un lépreux, infecté que je suis de mon impureté intrinsèque. Il s’agit d’attendre comme un sourd, opaque que je suis pour ouïr la parole de Dieu. Il s’agit d’attendre comme un mort car le péché est un principe de mort. Il s’agit d’attendre comme un pauvre car je ne suis pas capable d’opérer par moi-même mon salut. Alors, pendant ce temps de l’Avent, prenons conscience de notre pauvreté radicale. Alors, oui, l’objet et même le sujet de mon attente et de notre espérance adviendra. Amen.

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2020 2 01 /12 /décembre /2020 15:24

   En ce dimanche, nous commençons un nouveau temps liturgique qui nous conduira jusqu’à Noël. Mais ne nous trompons pas : l’Avent n’est pas seulement le temps avant Noël. Non, ce temps qui ouvre l’année liturgique nous invite à célébrer et à vivre la venue du Christ dans le monde et dans nos vies. Il nous prépare à tout ce que nous allons vivre dans l’année liturgique : la triple venue du Christ dans le temps, comme nous le proclamons à chaque messe après la Consécration. Le Christ est déjà venu dans notre monde, il a pris chair et s’est fait homme, il est mort et ressuscité : le Christ est venu. Mais nous proclamons aussi que le Christ reviendra à la fin des temps dans sa gloire : le Christ reviendra. Le Christ est venu, il viendra mais le Christ vient aussi aujourd’hui à notre rencontre, dans notre vie. Dans cette Messe que nous célébrons, le Christ ressuscité se rend présent à nous dans le pain et le vin devenus son Corps et son Sang.

Le Christ est venu, le Christ est vivant, le Christ reviendra.

   Si durant l’Avent, nous cheminons vers Noël, fête de la venue de Dieu dans notre chair – le Fils de Dieu qui naît dans notre monde – nous essayons de mieux prendre conscience que le Christ vient encore aujourd’hui pour naître dans les cœurs.

Ainsi, ce temps est un temps où nous devons éveiller – ou réveiller – notre vigilance. « L’heure est déjà venue de sortir de notre sommeil » « le Salut est plus proche de nous,… le jour est tout proche » nous dit saint Paul. Il s’agir d’accueillir aujourd’hui la venue du Christ dans nos vies, dans notre monde, dans nos communautés. L’évangile souligne que nous ne savons pas quand le Christ vient, quand le Christ frappe à notre porte, quand il vient nous interpeller, quand il vient nous appeler : Quand vous n’y penserez pas le Fils de l’homme viendra.

   De fait, Dieu prend toujours l’initiative, Dieu vient quand Il veut. Le Christ, comme sur le chemin d’Emmaüs, vient marcher aux cotés des disciples qui ne le reconnaissent pas. Il vient marcher avec nous, même si nous ne le reconnaissons pas tout de suite.

C’est pourquoi le Christ dit à ses disciples – et il insiste tout au long de l’évangile – : Veillez donc car vous ne  savez pas quel jour le Seigneur vient ! Tenez-vous donc prêts vous aussi !

Le fait que nous ne sachions pas, que nous ne nous doutions de rien peut conduire à deux attitudes. Une première attitude est l’insouciance – le divertissement  (Pascal) – où nous sommes pris par la vie du monde avec ses joies, ses peines et nous nous laissons porter par les évènements. L’autre attitude, à laquelle nous invite le Christ, même si nous ne savons pas quand le Seigneur vient : c’est la confiance, car il vient et il viendra comme il est déjà venu, il nous invite à la vigilance. Une vigilance qui est source de joie : quand on attend quelqu’un que l’on aime, on prépare déjà son cœur à sa venue.

   La vigilance, la veille, l’attente, se conjuguent avec la confiance : nous nous rappelons les paroles de Jésus avant de quitter ses apôtres : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Et rendons grâces au Seigneur qui vient, de pouvoir nous retrouver pour vivre ce temps de préparation à Noël. Amen

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2020 7 01 /11 /novembre /2020 16:46

   A l’occasion de baptêmes, de mariages, et de grands anniversaires, il était d’usage, et je crois que c’est toujours le cas, de faire une photo de famille ! Aujourd’hui, n’est-ce pas la Sainte Eglise qui nous propose une sorte d’immense photo de famille où tous les personnages sont rayonnants de bonheur et de paix ? Cette famille ce sont les Saints, les enfants de Dieu groupés autour de leur Père, de son Fils l’Unique et du Saint-Esprit, dans la lumière éclatante de l’Eglise du Ciel. Pourquoi ne considérerions-nous pas ce spectacle avec ravissement et attendrissement ?

   « Aujourd’hui, dit St Bède le Vénérable dans son sermon 18 sur les Saints, dans une liesse unique de solennité nous célébrons la fête de tous les Saints : le ciel exulte de leur réunion, la terre se réjouit de leur patronage, la Sainte Eglise est couronnée de leurs triomphes »

   Remarquons en passant ces trois indications !

1) Le ciel exulte de leur réunion (societate). Ils forment une société, ils sont associés. C’est l’évidence même. Dieu a fondé lui-même cette merveilleuse association en fournissant d’abord le séjour ; « Lorsque à l’époque des six jours (de la Création) le Créateur voulut étendre les cieux et asseoir la terre, la parer de ce qui pouvait la rendre précieuse et agréable, il se contenta d’une parole « il dit et cela fut fait » ; mais lorsqu’il voulut construire la Cité de Dieu, il déploya tous les trésors de sa sagesse, il choisit son propre Fils comme architecte, il lui commanda de travailler de ses propres mains à cette œuvre importante et de n’épargner dans son travail ni son sang, ni ses sueurs, ni ses larmes…Dans l’édification de l’immortelle demeure, il descend à des soins infinis, il épuise la profondeur de sa science, il pousse la préparation jusqu’à l’excès. » (Abbé Arminjon page 205-206)

   Le séjour étant fixé, le Seigneur se choisit ses associés : tous les hommes ont leur droit, car il n’écarte personne, mais il est aussi certain que le Seigneur essuie des refus, beaucoup de refus. A ceux qui acceptent, il manifeste une extrême bienveillance, les initiant par les révélations de son Fils, les stimulant par des grâces sans nombre : jusqu’au jour où il décide de se les attacher pour toujours.

  Et la société des saints s’en va croissant, tous se retrouvant après tant de luttes, d’efforts, de péripéties et même d’égarements et de chutes, pour se complaire désormais dans une force, une beauté que rien ne pourra plus altérer ou réduire.

2) la terre se réjouit de leur patronage (patrociniis). Ce mot patronage a un sens bien précis en latin : le patronage est le résultat de la responsabilité que prend un patron. Or le patron se charge de défendre publiquement les intérêts de certaines personnes qui prennent le nom de clients.

On reconnaît là l’admirable disposition de Dieu. Les Saints, ses associés, ont donc cette magnifique liberté de réclamer des clients, et cette suprême mission de prendre en charge les intérêts de ceux qui leur confient leurs besoins, et leur personne même.

Cette disposition nous aide à comprendre combien il nous est avantageux de recourir aux Saints du ciel et tout particulièrement à ceux que nous appelons justement nos Saints Patrons.

Ainsi sur la terre, ils font des heureux. Rien ne leur est indifférent de ce qui nous touche, rien ne leur est trop pesant de ce que nous leur confions. Mais quelle déception pour eux, si négligeant leur action nous passons outre à leur sollicitude, si nous gaspillons les biens qu’ils nous procurent. Et d’autre part quelle allégresse quand leur bienfaisante intercession est suivie de l’application à tirer profit de leurs secours, quand ils considèrent la belle montée en perfection de ceux auxquels ils se dévouent ou même le retour après un égarement, selon la parole de Jésus « Il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui fait pénitence que pour quatre vingt dix neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence ! »

3) la Sainte Eglise est couronnée de leurs triomphes.

C’est la réalité de la solennité présente. Si comme en témoigne St Paul, Jésus veut se présenter à lui-même une Eglise glorieuse, il le fait en la parant de toute la grâce, et la gloire des Saints « Vous êtes belle par l’éclat de votre vertu, vous êtes douce par l’onction de la grâce qui est répandue en vous » dit St Ambroise s’adressant à l’Eglise. Elle apparaît comme la Mère des Saints. Elle les a formés, entraînés, guidés, elle les a relevés, elle les a poussés vers les sommets de la perfection, elle les contemple dans leur victoire laquelle rejaillit sur elle et ainsi, dit encore St Ambroise « son éclat augmente jusqu’à ce que le Christ vienne en son royaume ».

La véritable vitalité de l’Eglise réside dans cette constatation : il y a encore des saints, il y a toujours des saints.

   Maintenant la conclusion nous revient à tous. Clients des saints, préparons-nous avec constance à devenir leurs associés. Ne ménageons ni notre ambition ni notre peine. La joie de la Toussaint serait factice, nos chants seraient trompeurs, notre prière serait feinte si nous n’avions pas le cœur à vivre saintement : car l’âme sainte ne connaît pas d’autre objet de ses désirs que Jésus-Christ vers qui elle aspire avec ardeur, à qui elle tend de toutes ses forces, sachant que nul ne saurait périr, si Jésus-Christ ne lui est point enlevé. Amen

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 13:54

   Dans la première encyclique de son long pontificat, le Pape Pie XII rappelait la joie et l’émotion qu’il avait ressentie 40 ans plus tôt, quand tout jeune prêtre, il avait vu paraître l’encyclique ‘Annum Sacrum’ de Léon XIII dans laquelle était prescrite la consécration du genre humain au Cœur sacré du Rédempteur. Fort de ce souvenir et empli de cette pensée le Saint Père déclarait alors saisir cette occasion « pour faire du culte au Roi des rois et Seigneur des seigneurs, comme la prière d’Introït » de son Pontificat ! Car, explique-t-il « cette consécration universelle au Christ-Roi apparaît toujours davantage au regard de notre esprit dans sa signification sacrée, dans son symbolisme riche d’exhortation, dans son but de purification et d’élévation, de raffermissement et de défense des âmes, et en même temps dans sa prévoyante sagesse visant à guérir et à ennoblir toute société humaine et à en promouvoir le véritable bien. » Voilà dans un raccourci saisissant ce qu’à la date du 20 octobre 1939, le grand Pie XII pouvait proclamer des bienfaits d’une consécration au Christ-Roi : purification et élévation - raffermissement et défense des âmes - guérison et ennoblissement et bien véritable de la société humaine.

   Qu’en a-t-on fait de cette consécration ? qu’en fait-on de ce culte au Christ-Roi ?... Qui se passionne pour le règne effectif du Christ ?

Bien sûr, en ce qui concerne les âmes, on ne peut tout de même pas répudier tout l’enseignement de Jésus. Mais le Christ-ROI ! Quant à la société humaine, aller déclarer qu’elle doit reconnaître le Christ son Roi, ce n’est pas très démocratique !

   Or ce silence sur la Royauté de Jésus équivaut déjà à une apostasie. Et déjà les fruits mortels de l’apostasie empoisonnent les individus et la société. Le monde moderne a fabriqué une morale non fondée, forgé un Code artificiel qu’il appela le « droit nouveau » et il a cru possible d’établir une société, on dit même une civilisation, sans lui donner d’assise, ni naturelle, ni surnaturelle. Les consciences individuelles, fières d’une indépendance retrouvée après qu’on eût rejeté le joug de la loi du Christ, se laïcisent de plus en plus, faisant effort pour se passer de Dieu. Pour les peuples, l’Etat n’a plus qu’une fonction : créer des Paradis où l’on puisse endormir les derniers scrupules des consciences dévoyées.

   Ne croyant plus en Dieu, les hommes ne croient plus à rien. Ne servant plus le Christ, ils ne veulent plus de chef. Les chrétiens, l’Eglise elle-même ! sont entrés dans cet effroyable jeu du monde en s’ouvrant à lui. Ce jeu s’appelle le libéralisme. Ce libéralisme qui accepte d’être avec Dieu et de n’être jamais avec Dieu : il se défend d’être contre Dieu ce qui lui permet d’affirmer encore sa ‘communion’ avec le Christ, avec l’Eglise. Or il entend acquérir des gains en dehors de la voie de Dieu quand il se fait le collaborateur naïf mais tenace et têtu des ennemis de Dieu dans le domaine de l’éducation de l’intelligence et de la volonté ( cette prétendue neutralité scolaire) comme sur le terrain social et politique (laïcisme et socialisme). En vérité il disperse les biens communs, le trésor de la Chrétienté.

   Le libéralisme est au fond une négation qui ne s’avoue pas, un refus voilé, estompé : Dieu ne s’y rencontre plus puisque ses droits ne sont plus proclamés, dressés devant la subversion.

   Une journée de fête du Christ Roi est une journée de réflexion. Car, si nous déplorons tant d’abandons, de lâchetés, de trahison autour de nous, même chez ceux qui devraient être nos lumières, craignons aussi de ne pas faire tout ce qu’il faut pour le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

   Alors cette journée sera aussi une journée de prière afin que le Seigneur nous arme de nouveau, nous fortifie et nous relance, prêts à combattre sous ses étendards, pour arriver à la victoire comme celle que célébrait cet ancien chant pascal des églises des Gaules : « secoue ces linceuls, jette ce suaire au fond du sépulcre…Délie ces générations captives dans leurs prisons souterraines. Ramène dans les hauteurs tout ce qui avait croulé dans les abîmes ». Si ce chant s’applique à Jésus notre Maître ressuscité, qui ne voit qu’il peut aussi s’appliquer à son armée fidèle chargée dans ce monde de bâtir et de rebâtir pour ce règne qui n’aura pas de fin. Amen

Partager cet article
Repost0