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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 15:07

   Une première fois, aux jours de son premier avènement, l’Homme-Dieu, se servant pour cela de César Auguste, avait dénombré la terre : il convenait qu’au début de la rédemption, fût relevé officiellement l’état du monde. Et maintenant, l’heure a sonné d’un autre recensement, qui doit consigner au livre de vie le résultat des opérations du salut. « Pourquoi ce dénombrement du monde au moment de la naissance du Seigneur, dit saint Grégoire en l’une des Homélies de Noël, si ce n’est pour nous faire comprendre que dans la chair apparaissait Celui qui devait enregistrer les élus dans l’éternité ? » Mais plusieurs s’étant soustraits par leur faute au bénéfice du premier recensement, qui comprenait tous les hommes dans le rachat du Dieu Sauveur, il en fallait un deuxième et définitif, qui retranchât de l’universalité du précédent les coupables. Qu’ils soient rayés du livre des vivants ; leur place n’est point avec les justes.

    Toute à l’allégresse cependant, l’Église en ce jour ne considère que les élus ; comme c’est d’eux seuls qu’il est question dans le relevé solennel où nous venons de voir aboutir les annales de l’humanité. Eux seuls, par le fait, comptent devant Dieu ; les réprouvés ne sont que le déchet d’un monde où seule la sainteté répond aux avances du Créateur, de son amour infini. Sachons prêter nos âmes à la frappe divine qui doit les conformer à l’effigie du Fils unique, et nous marquer pour le trésor de Dieu. Quiconque se dérobe à l’empreinte sacrée, n’évitera point celle de la bête ; au jour où les Anges arrêteront le règlement de compte éternel, toute pièce non susceptible d’être portée à l’actif divin ira d’elle-même à la fournaise, où brûleront sans fin les scories.

   Vivons donc dans la crainte recommandée au Graduel : non celle de l’esclave, qui n’appréhende que le châtiment ; mais la crainte filiale qui redoute par-dessus tout de déplaire à Celui de qui nous viennent tous les biens, dont la bonté mérite tout amour. Sans rien perdre de leur béatitude, sans diminuer leur amour, les Puissances angéliques et tous les bienheureux se prosternent au ciel en un saint tremblement, sous le regard de l’auguste et trois fois redoutable Majesté.

   Si proche du ciel est aujourd’hui la terre, qu’une même pensée de félicité emplit les cœurs. L’Ami, l’Époux, le divin Frère des fils d’Adam revient lui-même s’asseoir au milieu d’eux et parler de bonheur. Venez à moi, vous tous qui peinez et souffrez, chantait tout à l’heure le Verset de l’Alléluia, cet écho fortuné de la patrie, qui pourtant nous rappelait notre exil. Et aussitôt, en l’Évangile, est apparue la grâce et la bénignité de notre Dieu Sauveur. Écoutons-le nous enseigner les voies de la bienheureuse espérance, les délices saintes, à la fois garantie, avant-goût, du bonheur absolu des cieux.

Au Sinaï, Dieu, tenant le Juif à distance, n’avait pour lui que préceptes et menaces de mort. Au sommet de cette autre montagne où s’est assis le Fils de Dieu, combien différemment se promulgue la loi d’amour ! Les huit Béatitudes ont pris, en tête du Testament nouveau, la place qu’occupait, comme préface de l’ancien, le Décalogue gravé sur la pierre.

   Non qu’elles suppriment les commandements ; mais leur justice surabondante va plus loin que toutes prescriptions. C’est de son Cœur que Jésus les produit, pour les imprimer, mieux que sur le roc, au cœur de son peuple. Elles sont tout le portrait du Fils de l’homme, le résumé de sa vie rédemptrice. Regardez donc, et agissez selon le modèle qui se révèle à vous sur la montagne.

   La pauvreté fut bien le premier trait du Dieu de Bethléhem ; et qui donc apparut plus doux que l’enfant de Marie ? qui pleura pour plus nobles causes, dans la crèche où déjà il expiait nos crimes, apaisait son Père ? Les affamés de justice, les miséricordieux, les purs de cœur, les pacifiques : où trouveront-ils qu’en lui l’incomparable exemplaire, jamais atteint, imitable toujours ? Jusqu’à cette mort, qui fait de lui le chantre des persécutés pour la justice ! suprême béatitude d’ici-bas, en laquelle plus qu’en toutes se complaît la Sagesse incarnée, y revenant, la détaillant, pour finir avec elle aujourd’hui comme en un chant de triomphe !

L’Eglise n’eut point d’autre idéal ; à la suite de l’Époux, son histoire aux divers âges ne fut que l’écho prolongé des Béatitudes. Comprenons, nous aussi ! pour la félicité de notre vie sur terre, en attendant l’éternel bonheur, suivons le Seigneur et l’Église. Amen

 

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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 13:26

   Quand Jésus précise devant Pilate « Mon royaume n’est pas de ce monde », il ne faut pas se tromper sur le sens de sa parole. Notre Seigneur affirme que l’origine de sa dignité royale n’est pas terrestre, que la puissance de son royaume ne s’appuie pas sur des moyens terrestres, mais il ne répudie pas un règne qui touche directement les hommes au milieu desquels il est venu vivre pour les sauver. Pilate l’a bien compris qui, après la déclaration de Jésus, l’interroge de nouveau avec un ton concluant « Tu es donc roi ? »

   Si la royauté de Jésus ne devait pas être effective sur la terre, il renoncerait lui-même à sa dignité et à son œuvre. Son nom lui-même est l’indice de sa Royauté : le Christ c’est l’Oint, celui qui a reçu l’Onction et cette onction est en particulier celle de la Royauté.

   Que les ennemis de Dieu rejettent la royauté de son Fils, on le comprend. Que des catholiques refusent de reconnaître un règne de Jésus sur la société, sur les sociétés humaines, il faut s’en indigner : et pourtant, on en est là !

   C’est le Pape Pie XI qui a établi la fête du Christ-Roi. Il l’a présentée dans une encyclique du 11 décembre 1925. Il convient nécessairement de s’y reporter pour avoir les considérations ayant entraîné la décision du Saint-Père. Il y dit notamment «  Ce serait une erreur de dénier au Christ-Homme la puissance sur les choses civiles quelles qu’elles soient…La royauté de Notre Rédempteur embrasse tous les hommes ». Et le Pape d’affirmer clairement « En cette matière, il ne faut pas distinguer entre les individus et les sociétés domestiques et civiles, puisque les hommes réunis en société ne sont pas moins sous la puissance du Christ que les particuliers.

   Et, en effet, il est facile de considérer qu’il ne peut pas y avoir une source différente pour le bien privé et pour le bien commun. Déjà St Pierre l’avait nettement défini dans le discours qu’il fit à la suite de son premier miracle « Il n’y a de salut en aucun autre, et il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

   C’est donc une étrange fourberie que de laisser croire que les institutions ou les systèmes de société qui recherchent le bien commun puissent se passer du Seigneur Jésus, c’est même une fourberie blasphématoire.

   Qu’on aille plus s’étonner après cela que le monde aille mal. Pie XI rappelait dans son encyclique un passage d’une autre lettre, la 1ère même qu’il avait écrite au début de son pontificat « Dieu et Jésus-Christ ayant été exclus de la législation et des affaires publiques, et l’autorité ne tirant plus son origine de Dieu, mais des hommes, il arriva que les bases mêmes de l’autorité furent renversées, dès là qu’on supprimait la raison fondamentale du droit de commander pour les uns, du devoir d’obéir pour les autres ».

Voilà pourquoi nous fêtons la Royauté de Jésus ! Afin de nous rappeler qu’elle est la seule assurance de l’ordre, de la concorde et de la paix ici-bas !

   Mais que peut-il sortir de ces belles considérations ? Que pouvons-nous changer à la face du monde

-En notre temps où la Foi ne semble plus devoir inspirer les actes des hommes, il nous faut d’abord retrouver les vues de la Foi : donc ici, croire en la Royauté de Notre-Seigneur ! croire qu’elle seule peut apporter les remèdes aux maux du monde, le guérir et le transformer.

-Prier pour que le Règne de Jésus arrive. Jésus se rend aux désirs des siens : c’est connu et constaté. Mais que ces désirs se montrent ardents, pressants, violents même « le Royaume de Dieu souffre violence »

-Ouvrir son cœur, son intelligence, son activité à Jésus afin qu’il établisse en nous son règne d’une manière sensible. Il y a des gens possédés véritablement par le mauvais esprit, par le mal. Serait-il impossible que nous soyons possédés par le règne du Christ ?

-Chacun selon ses possibilités, selon ses relations, ses engagements comme on dit maintenant, doit s’appliquer à apporter l’esprit de Jésus-Christ. Donc ne pas se laisser distancer par ceux qui nombreux et décidés répandent leurs idées fausses et perverses, militent avec des forces de dissuasion qui mènent notre société à sa ruine totale. Pas une seule de nos journées ne devra se passer sans que nous ayons en nous, ou autour de nous, laisser pénétrer l’esprit de Jésus, les paroles de Jésus, l’amour de Jésus, le renoncement à soi pour l’investissement de Jésus-Christ et de son règne.

Dans une société, la nôtre, aphrodisiaque, matérialiste, d’un libéralisme avancé, Satan règne en maître. Pour l’affronter victorieusement dans les institutions comme dans les personnes, nous avons besoin, un besoin absolu, d’être éclairé d’une Lumière divine, d’être galvanisé d’une Force divine…La conclusion toute simple : rechargeons-nous chaque jour de la Lumière et de la Force divines. Alors notre action sera irrésistible ! et alors le Christ règnera ! Amen

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24 octobre 2021 7 24 /10 /octobre /2021 18:22

   Dans leur malice, les Pharisiens s’efforcent de découvrir la moindre faille pour accuser Jésus. Or Jésus appelait tout le monde à passer des vices du siècle et des superstitions religieuses humaines à l’espérance du Royaume des Cieux. Les pharisiens, par conséquent, tendent un piège subtil dans la façon de formuler leur question : ou bien violer le pouvoir séculier, ou bien admettre évidemment l’obligation de payer le tribut à César.

   Connaissant le secret de leurs pensées, (car Dieu observe ce qui est caché au plus intime des hommes) Jésus se fait apporter un denier, et il s’informe de qui sont l’inscription et l’effigie. Les pharisiens répondent : « De César. » Il leur dit : « A César il faut rendre ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. » Réponse vraiment admirable, et solution parfaite que cette parole céleste ! Le Seigneur équilibre si bien tout entre le mépris du siècle et l’injure blessante pour César, qu’il décharge les âmes consacrées à Dieu de tous les soucis et embarras humains en décrétant qu’il faut rendre à César ce qui lui appartient. Car s’il ne reste rien de lui chez nous nous ne serons pas obligés de lui rendre ce qui lui appartient.

   Si au contraire, nous couvons son bien, si nous recourons à son pouvoir, nous nous astreignons aussi comme des mercenaires, à gérer un patrimoine étranger, et il n’y a point à se plaindre d’injustice : il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui lui revient : notre corps, notre âme, notre volonté. C’est de lui en effet que nous les tenons au départ et dans leur accroissement ; il est donc juste qu’ils retournent entièrement à celui dont ils reconnaissent tirer tout ensemble l’origine et le progrès.

   L’homme est enfant de deux mondes, l’un terrestre, visible, et l’autre surnaturel, invisible ; il doit remplir ses devoirs dans ces deux mondes. Comme enfant de Dieu et citoyen du royaume de Dieu, il a des devoirs envers son souverain Maître. Alors on pourrait croire que le chrétien n’a pas à s’occuper du monde, qu’il est dégagé de tous les devoirs temporels. Non ; précisément parce que nous sommes citoyens de Dieu, nous devons aussi remplir nos devoirs envers nos supérieurs temporels. Nous faisons partie d’une famille, d’une société, d’une nation ; par conséquent, Dieu nous impose aussi des devoirs envers parents et supérieurs temporels : Ces deux catégories de devoirs ne sont pas en opposition. Le chrétien doit donc être le meilleur citoyen, le meilleur sujet dans la famille, dans son travail, dans le commerce. Et cette obéissance à l’autorité temporelle n’est pas un service des hommes, mais un véritable service de Dieu. Le chrétien dit : Tu es le représentant de Dieu ; Dieu t’a donné la puissance, le pouvoir, et, pour cette raison, et uniquement pour cette raison, je te respecte ou plutôt je respecte en toi la souveraine puissance de Dieu, mais seulement dans la mesure où tu représentes cette puissance. Donnes-tu un ordre contraire à la volonté de Dieu ? Alors tu n’es plus son représentant ; alors j’obéis à Dieu.

   Voilà ce que notre monde ne veut ni ne peut plus comprendre. Il ne peut y avoir de loi contre Dieu, contre son Christ ou son Église. Dès lors que Dieu n’est plus avec l’homme qui commande, la puissance de celui-ci n’est que force brutale. Le prince ou l’assemblée qui prétend réglementer les mœurs d’un pays à l’encontre de Dieu, n’a donc droit qu’à la révolte et au mépris de tous les gens de cœur ; donner le nom sacré de loi à ces tyranniques élucubrations, est une profanation indigne d’un chrétien comme de tout homme libre.

   Mais, dires-vous peut-être : qu’est-ce qui est à Dieu ? Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, tout cela est de Dieu et pour Dieu ; ne gardons rien pour nous. Corps et âme, intelligence et volonté, cœur et esprit lui appartiennent ; donnons-les lui donc. Nous sommes là en présence du grand commandement du royaume de Dieu : Que ta volonté soit faite sur la terre, comme au ciel ! Amen

 

 

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 12:23

   C’est une habitude, chez les Syriens et surtout les Palestiniens, de toujours mêler à leurs propos quelque parabole ; ainsi, les auditeurs saisissent par des comparaisons et des exemples ce qu’un simple précepte ne peut leur faire entendre. Par la comparaison du roi et maître et du serviteur qui devait 10.000 talents et qui obtint de son maître la remise qu’il implorait, le Seigneur prescrit à Pierre de remettre à ses compagnons de service les péchés moins considérables. Car si ce roi et maître remet si facilement les 10.000 talents que son serviteur lui doit, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes à leurs compagnons de service ?

    Pour plus de clarté, prenons un exemple. Si l’un de nous commet un adultère, un homicide, un sacrilège, eh bien, ces crimes plus importants que la dette de 10.000 talents, sont remis à ceux qui implorent, pour autant qu’eux-mêmes remettent à ceux qui leur doivent beaucoup moins. Mais si pour une injure reçue nous sommes implacables, si pour une parole amère nous gardons rancune sans fin, ne reconnaîtrons-nous pas que nous méritons d’être incarcérés et que par l’exemple de notre action nous nous fermons la possibilité du pardon pour nos fautes plus graves ?

    « C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. » Redoutable sentence qui soumet et transforme le jugement de Dieu selon les dispositions de notre cœur ! Si nous ne remettons pas à nos frères les petites offenses, Dieu ne nous remettra pas les grandes. Et parce que chacun peut dire : « Je n’ai rien contre lui, il le sait bien, il a Dieu pour juge ; je ne me soucie pas de ce qu’il veut faire, je lui ai pardonné », le Seigneur insiste sur ce qu’il vient d’énoncer et ruine tout semblant de paix fictive par ces mots : « Si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

 Gardez, Seigneur votre famille par l’assistance continuelle de votre bonté, afin que, par votre protection, elle soit délivrée de toute adversité et qu’elle soit fervente dans la pratique des bonnes œuvres, pour la gloire de votre nom. Amen

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10 octobre 2021 7 10 /10 /octobre /2021 14:41

   La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, n’a pas besoin d’explication ; mais pour ne pas sembler la passer sous silence, disons un mot d’exhortation plutôt que d’explication. Je ne vois rien que nous devions expliquer, sauf ceci : pourquoi celui qui était venu demander le salut pour son fils s’est-il entendu dire : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges vous ne croirez pas » ? Il est évident que celui qui cherchait à sauver son fils croyait. Autrement, aurait-il cherché le salut auprès de quelqu’un qu’il ne croyait pas être Sauveur ? Pourquoi, donc, est-il dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », à celui qui a cru avant d’avoir vu des miracles ?

   Rappelez-vous ce qu’il a demandé alors vous verrez plus clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il lui demanda de « descendre et de guérir son fils ». Donc il cherchait la présence corporelle du Seigneur qui, par son esprit était présent partout. C’est en cela qu’il n’a pas cru assez en celui qu’il n’a pas estimé capable de rendre le salut s’il n’était pas présent corporellement. S’il avait cru parfaitement, il aurait tenu pour certain qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit.

   Il a donc grandement manqué de confiance parce qu’il n’a pas rendu honneur à la majesté, mais à la présence corporelle. Il demanda donc le salut de son fils, et cependant il douta dans sa foi : parce que celui à qui il était venu, il le crut puissant pour guérir, pourtant il l’estima éloigné de son fils mourant. Mais le Seigneur qui est prié de venir montre qu’il n’est pas absent du lieu où il est invité : par son seul commandement il rendit le salut, lui qui par sa volonté a tout créé.

   En conclusion logique, la préoccupation essentielle de notre vie devrait être la guérison de notre âme malade, pour laquelle nous devons adresser en toute confiance la prière que fit l’officier du roi. « Descendez avant que mon âme ne meure ! » ; descendez maintenant jusqu’à nous au Saint Sacrifice, afin que notre âme soit guérie ; descendez à votre retour dans cette vallée de larmes, (c’est-à-dire à notre mort) afin que nous soyons guéris et ressuscités, corps et âme. A la consécration, Jésus descend réellement et apporte à notre âme une nouvelle grâce de rédemption ; c’est le même Sauveur qui descendra un jour, au jugement dernier, « pour juger les vivants et les morts ». Amen

 

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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 16:48

   Dans son histoire mouvementée, et parfois douloureuse, le peuple chrétien a fait l’expérience de la présence, du soutien et du réconfort de leur Mère du Ciel. (Ainsi à Lépante le 7 octobre 1571). Bien mieux encore, c’est Elle qui nous obtient la grâce de la fidélité et de la force dans le combat spirituel, qui est bien plus âpre, bien plus exigeant que toutes les guerres de conquête ou de défense. C’est en notre cœur que se joue le drame de la Rédemption, la lutte entre la grâce divine et le poids de nos péchés. La frontière est dans notre âme et nous ne pouvons avoir de meilleur secours que celui que nous apporte la mère de Jésus, parce qu’Elle nous apprend à vivre selon la sagesse de Dieu, Elle qui est le chef d’œuvre de cette sagesse créatrice.

   Oui, comme nous y invite le livre des Proverbes, nous sommes heureux si nous écoutons Ses enseignements, si nous gardons ses voies et ses instructions, si nous mettons en pratique toutes ces bonnes inspirations. Or il n’est pas de meilleure école que la prière du chapelet. C’est ainsi que nous nous mettons dans la disposition d’écouter vraiment le Seigneur pour accomplir Sa volonté et servir ainsi Son Royaume.

   En ce jour de fête, l’Église propose à notre méditation ce grand texte de l’Annonciation : Dieu qui vient solliciter son humble créature afin qu’elle participe pleinement à son propre salut et à celui de tous ses frères les hommes. Le Fiat ! le « oui » de la Vierge Marie nous ouvre les portes du salut et nous donne de faire l’expérience de la grâce de la Rédemption. La Vierge accueille le message de la Révélation, Elle y adhère totalement et en Elle le Verbe prend chair, la Parole de Dieu jaillit dans notre pauvre humanité, Dieu se fait homme. Et ce que Marie reçoit comme grâce insigne, comme cadeau merveilleux, Elle nous le donne, elle nous le communique.

   Nous aussi, par la Foi, nous accueillons le message de salut, la présence du Christ Sauveur dans notre vie. Nous aussi nous nous consacrons totalement, dans la logique de notre baptême et de notre confirmation, à Dieu. Nous aussi nous voulons communiquer aux autres la lumière de la vérité, la joie de l’Évangile, la Bonne Nouvelle du pardon et de la réconciliation. Mais pour vivre d’un authentique esprit surnaturel, pour répondre aux exigences de notre baptême, nous avons besoin de la prière, de l’aide, du secours, de l’exemple de la Très sainte Vierge Marie.

   « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. »

   Cette profession de foi, cet engagement de toute sa vie, la Vierge Marie l’a fait en notre nom à tous. La prière mariale du rosaire nous obtient la grâce d’imiter cet exemple et pour cela, justement, nous avons besoin de la grâce et de la présence du Saint-Esprit. En effet, l’ange Gabriel déclare à la Mère de Dieu :

« L’Esprit-Saint surviendra en vous et la puissance du Très Haut vous prendra sous son ombre. »

   A notre tour, nous devons, par la célébration de ces saints mystères, supplier de recevoir la grâce du Saint-Esprit pour que la puissance du Très-Haut nous saisisse tout entier, depuis les facultés les plus hautes de notre esprit jusqu’à nos réactions les plus spontanées face aux événements et aux personnes qui surgissent dans notre vie.

   Que la prière et la méditation des mystères du rosaire nous obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour accomplir notre vocation. Amen

 

 

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26 septembre 2021 7 26 /09 /septembre /2021 15:47

En cette fête de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne secondaire de la France, l’Introït de la Messe nous met en présence d’un passage du livre des Cantiques des Cantiques. Ce livre du Cantique des Cantiques demeure une des œuvres les plus mystérieuses de la Bible et cependant, son emploi assez fréquent dans la liturgie, spécialement aux fêtes de la Sainte Vierge, en fait revenir le souvenir à l’esprit des fidèles. A l’occasion de la solennité d’aujourd’hui, cherchons donc à le mieux connaître.

Le titre qu’il porte exprime sa perfection. Et pourtant le sujet dont il traite l’a fait et le fait encore mal considérer. C’est en effet un poème d’amour, décrivant les joies et les tribulations de l’amour. D’après l’en-tête de ce poème, il est dû au roi Salomon. Je n’entre pas dans les discussions des critiques…Mais il nous faut nous attarder davantage sur le sujet traité. Si ce livre était pris au sens littéral propre, c’est-à-dire à la lettre, il ne représenterait donc qu’un livre profane puisque parlant de l’amour à la manière dont d’autres œuvres anciennes ou plus récentes en ont parlé. Cette explication purement naturaliste est soutenue par des interprètes non-catholiques, disons surtout rationalistes. Parmi les chrétiens, un auteur célèbre du 4ème siècle, Théodore de Mopsueste (il a gardé le nom de la ville dont il fut évêque) déclara le Cantique des Cantiques comme indigne de figurer au nombre des livres révélés. Il fut sévèrement condamné. Il faut donc  reconnaître que ni les Juifs, ni l’Eglise n’auraient admis dans le catalogue officiel des Livres sacrés un poème tel que le Cantique s’il était dépourvu d’un sens supérieur ?

Quel est donc ce sens supérieur qu’il faut lui donner ? Pour la tradition juive, le Cantique traite de l’amour réciproque de Dieu et de son peuple ; pour la tradition chrétienne qui reconnaît la tradition juive, elle lui ajoutera un sens appelé typique, l’amour du Christ qui est Dieu avec l’Eglise qui est le nouvel et véritable Israël. Ce sens pourra d’ailleurs recevoir d’autres développements et passer de l’union de Dieu avec tout son peuple ou du Christ avec toute son Eglise, à l’union divine avec toute âme fidèle et plus particulièrement encore avec celles qu’il a le plus comblées comme l’âme de la Vierge Marie.

Ainsi on comprendra que de nombreux auteurs spirituels se soient plus  à commenter le Cantique des Cantiques afin d’en faire découler de multiples considérations pour la vie spirituelle. Par exemple St Bernard a consacré 86 sermons au Cantique et il était loin d’en avoir achevé le commentaire…

Pour nous résumer, le Cantique des Cantiques est une parabole dont un certain nombre de détails ne figurent que pour l’ornementation, mais dont la vérité enseignée qui découle de l’ensemble du récit est bien celle des relations du Seigneur avec son peuple sous le symbole de l’union conjugale.

Arrêtons-nous maintenant quelques instants au texte de l’Introït : « Venez du Liban, ô mon épouse, venez du Liban, venez ! Vous avez blessé mon cœur, ma sœur épouse, vous avez blessé mon cœur. »

On remarquera d’abord les répétitions qui font parti du procédé poétique, mais qui marquent également la force des sentiments exprimés.

Pour les Juifs, le Liban, c’est la montagne avec sa majesté et sa solitude, propice aux épanchements et aux confidences. Mais l’époux, lui, est loin de sa bien-aimée : après l’avoir longuement contemplée en esprit, il désire sa présence : aussi l’appelle-t-elle instamment auprès de lui. Son cœur ne peut plus tenir, il bat tourmenté, blessé à vif. Le nom donné à la bien-aimée, de sœur épouse, exprime bien le caractère spirituel de l’union chantée dans le Cantique.

Oui ce texte convient bien à notre chère petite Sainte fêtée aujourd’hui. Dès sa prime jeunesse, elle s’était donné à Jésus ayant conscience de ne lui avoir jamais rien refusé ; Notre Seigneur allait se complaire en elle.

Elle écrivait : « Vous le savez, ô mon Dieu, je n’ai jamais désiré que vous aimer uniquement…Votre amour m’a prévenu dès mon enfance, il a grandi avec moi, et maintenant c’est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur. L’amour attire l’amour, le mien s’élance vers vous, il voudrait combler l’abîme qui l’attire ; mais hélas ! ce n’est même pas une goutte de rosée perdue dans l’océan. » (Histoire d’une âme Ch. X)

Donnez-nous Seigneur de suivre la voie tracée par Ste Thérèse dans sa vie d’humilité et de simplicité du cœur, de manière à parvenir à la récompense éternelle. Amen

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20 septembre 2021 1 20 /09 /septembre /2021 06:48

   Voici le dimanche qui, selon l’ordre du Missel, précède le grand jeûne d’automne, appelé par les anciens le jeûne du VIIe mois. Les saints Pères avaient coutume d’en donner avis au peuple, accompagnant cet avis d’une exhortation à la pénitence et à l’aumône. L’insistance avec laquelle ils reviennent sur cette dernière idée est remarquable : le jeûne chrétien ne vise point à un but hygiénique ou économique, à l’avantage de la bourse, mais il se propose au contraire la correction des vices et la pratique de la charité, les pauvres profitant de ce que l’abstinence soustrait au corps. A l’origine il semble que ce jeûne, d’institution toute romaine, ait voulu donner une orientation et un caractère chrétiens aux antiques fêtes champêtres des païens à l’occasion des vendanges.

   C’est pourquoi la solennité demeura en honneur, avec ses processions parcourant les voies de la cité et des faubourgs ; mais la messe, de caractère éminemment festif, fut précédée du jeûne, comme pour faire goûter à Dieu le premier les fruits nouveaux, prémices de la saison d’automne.

  Dans l’évangile, Jésus ayant précédemment réduit au silence les sadducéens, les pharisiens reviennent à la charge. Ils auraient dû pourtant se tenir tranquilles. Les voici qui continuent la lutte des premiers et poussent en avant le docteur de la loi. Ils n’ont nullement l’intention de s’instruire, mais ils s’affairent à tendre un piège. Ils demandent : « Quel est le premier commandement ? » Comme le premier commandement était celui-ci : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », ils proposent la question dans l’espoir que Jésus leur donnera prise en corrigeant ce commandement pour démontrer qu’il est Dieu. Que fait donc le Christ ? Il veut démasquer le motif de leur conduite : ils n’ont aucune charité, ils se rongent d’envie, ils sont captifs de la jalousie. Alors il dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. C’est là le premier, le grand commandement et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

   Pourquoi, « il lui est semblable » ? Parce que l’un introduit à l’autre qui en reçoit sa structure à son tour. « En effet, tous ceux qui font le mal haïssent la lumière et ne viennent pas à la lumière ». Et encore : « L’insensé a dit en son cœur : Non, plus de Dieu ! ». Et quelle est la conséquence ? « Corrompues et abominables leurs actions ! ». Et encore : « La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent, et certains pour s’y être laissés prendre, se sont égarés loin de la foi », et « Celui qui m’aime gardera mes commandements », ses commandements et leur chef de file : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. »

   Pourtant si aimer Dieu, c’est aimer le prochain, (« Si tu m’aimes, Pierre, dit-il, conduis mes brebis ») et si aimer le prochain réalise l’observance des commandements, il dit à bon droit : « De ceux-ci dépendent toute la Loi et les Prophètes. » Certes, il agit ici aussi comme il l’avait fait précédemment. Interrogé alors sur la modalité de la résurrection, il a enseigné aussi la résurrection, les initiant à plus qu’ils n’en demandaient. Ici encore, interrogé sur le premier commandement, il exprime aussi le second qui ne s’en écarte guère, puisque le second lui est semblable, leur insinuant qu’à l’origine de leur question, il y avait de la haine, car « la charité n’est pas jalouse ».

   Donc le commandement d’aimer le prochain est semblable à celui qui nous fait aimer Dieu, car c’est pour l’amour de Dieu que nous aimons le prochain. « Double est le commandement, déclare St Augustin, mais une est la charité ». Amen

 

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12 septembre 2021 7 12 /09 /septembre /2021 14:09

   Voyant comment les Pharisiens choisissaient les premières places, Jésus voulut leur faire comprendre la maladie spirituelle dont ils étaient atteints et les engager ainsi à en chercher la guérison. Il guérit d’abord dans ce but un malheureux hydropique, enflé par la maladie, puis il chercha, en voilant la leçon sous une parabole, à guérir l’enflure spirituelle dont, comme tant d’autres, les invités qu’il avait sous les yeux n’étaient que trop atteints.

   Le monde est livré à toutes les exaltations et à toutes les infatuations de l’orgueil, alors que l’humilité est la condition absolue de l’entrée dans le royaume de Dieu. Cette vertu que l’Eglise nous inculque dans l’oraison, en disant que la grâce de Dieu doit toujours nous prévenir et nous accompagner en tout et partout, St Paul l’enseigne d’une manière puissante aux chrétiens dans l’épître de ce jour. Sans aucun mérite de notre part, explique l’Apôtre aux Ephésiens, mais uniquement pour que nous servions à la louange de sa gloire, Dieu nous a élu dans le Christ. Alors que nous étions enfants de colère, le Tout-Puissant, qui est riche en miséricorde, à cause de l’amour extrême dont il nous a aimés, nous a rendu la vie en Jésus. Païens et étrangers aux alliances faites par Dieu avec Israël, nous avons été rapprochés dans le sang du Sauveur, car c’st lui qui est notre paix, qui des deux peuples n’en fait qu’un, et par qui nous avons accès les uns et les autres dans un même Esprit auprès du Père. Nous ne sommes donc plus des étrangers, mais des membres de la famille divine. Rien de tout cela ne vient de nous, mais c’est l’œuvre de Dieu, afin que nul ne s’en attribue la gloire.

   « Va, mets-toi à la dernière place », ne veut pas dire que le supérieur doive se mettre au-dessous de ses subordonnés, ni exposer sa diginité au mépris ; il doit se rappeler cette parole des Livres Saints : « Plus tu es grand, plus tu dois te montrer humble en toutes choses et tu trouveras grâce devant Dieu ». (Ecclésiastique 3, 20)

   L’orguiel, dit St Tomas d’Aquin, est un vice par lequel l’homme cherche à s’élever contre la droite raison au-dessus de ce qu’il est ; l’orgueil est basé sur l’erreur et l’illusion. L’humilité au contraire a pour fondement la vérité ; c’est une vertu qui tempère et réfrène l’âme, afin qu’elle ne s’élève pas au-dessus (super) de ce qu’elle est en réalité (d’où le nom de superbe donné à l’orgueil). L’âme humble accepte, en toute soumission, la véritable place qui lui revient et qui est celle que Dieu, vérité suprême et infaillible lui assigne. L’humilité dans les paroles, l’humilité dans les actions, l’humilité dans le support des épreuves et des contradictions, c’est la vertu que Job nous enseigne par toute sa vie et que le Christ nous recommande dans l’évangile de ce dimanche.

  Et, comme il l’a fait pour Job, le Seigneur, un jour, pourra dire à chacun de nous « Mon ami, montez plus haut ». Et ce sera un honneur pour nous devant les autres convives de la noce. (Ant. du Magnificat) Amen

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6 septembre 2021 1 06 /09 /septembre /2021 10:15

   Une mère, veuve, fut dans la joie lors de la résurrection de ce jeune homme. Une mère, l’Église, est dans la joie chaque jour lors de la résurrection spirituelle des hommes. Celui-là était mort dans son corps mais ceux-ci, dans leur âme. La mort visible était pleurée par des larmes visibles. Quant à la mort invisible, nul n’en prenait souci, nul ne l’apercevait, Celui-là qui connaissait les morts prit souci d’eux. Celui-là seul connaissait les morts qui pouvait les rendre à la vie. S’il n’était pas venu pour ressusciter les morts, l’Apôtre ne dirait pas : « Éveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts, et sur toi luira le Christ »

 Trois morts furent, à notre connaissance, ressuscités visiblement par le Seigneur. Des milliers, invisiblement. Combien de morts a-t-il, en fait, ressuscités visiblement ? Qui le sait ? Tout ce qu’il a fait ne fut pas écrit. Voici ce que dit Jean : « Jésus a accompli encore bien d’autres actions. Si on les relatait, le monde entier ne suffirait pas, je pense, à en contenir les livres » (Jn 21, 25). On peut en conclure que beaucoup d’autres, sans doute, furent ressuscités, mais ce n’est pas en vain qu’il est fait mention de trois. Notre Seigneur Jésus-Christ voulait que ses actions corporelles soient comprises aussi dans un sens spirituel. Il ne faisait pas seulement des miracles pour les miracles, mais afin que ceux qu’ils faisaient soient tout à la fois merveilles pour les regards et vérités pour l’intelligence.

 A titre de comparaison : celui qui voit des lettres dans un livre très bien écrit, et qui ne sait point lire, loue la main du copiste, admire la beauté des caractères mais il ne sait ce que veulent dire, ce que signifient ces caractères. Par ses regards, il est louangeur, par son esprit, il n’est pas connaisseur. Un autre, tout au contraire, louera l’écriture et saisira le sens de l’écrit. Tel est celui qui non seulement est capable de voir – cela tous le peuvent – mais aussi de lire – et cela, celui qui ne l’a pas appris, ne le peut. Ainsi ceux qui les ont vu et n’ont pas compris ce que les miracles du Christ leur voulaient dire, et les signes qu’ils faisaient en quelque sorte si on les comprend, ceux-là ont admiré seulement les actions, mais d’autres ont aussi admiré les actions et ils en ont obtenu l’intelligence. Tels devons-nous être à l’école du Christ.

A la suite des Pères, considérons que les larmes et la prière de l’Eglise sont toutes puissantes sur Notre-Seigneur ; venu sur la terre pour relever les âmes qui gisaient dans la mort du péché, il est toujours prêt à leur pardonner et à les ressusciter à la vie de la grâce. Amen

 

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