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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 07:47

   La belle fête de ce premier jour du triduum pascal, nous fait contempler et méditer les signes merveilleux de l’amour de Dieu pour l’humanité mais aussi le chemin du bonheur que Dieu ouvre devant chacun de nous. Trois signes importants nous parlent.

   Il y a la table. Il y a l’eau. Il y a le geste. Ces trois signes rappellent les trois fonctions de la grâce baptismale : prêtre, prophète et roi. C’était il y a deux mille ans. Ce soir-là, Jésus et les apôtres étaient à table.

   La table(dimension royale) c’est l’espace de la rencontre. C’est le lieu du partage. Le lieu du brassage. La table est aussi un lieu de passage. Bien souvent, dans plusieurs cultures, son rite est précédé et présidé par le labeur de la maîtresse de maison… qui annonce d’ailleurs : « on passe à table. » C’est donc un passage comme Pâque qui veut dire passage. Et l’Evangile de ce jour commence avec ces mots : avant la fête de la pâque. Alors qu’ils étaient à table, réunis pour manger et boire la coupe de bénédiction. Mais la table n’est pas simplement le lieu où chacun peut dévorer goulûment son repas pour retourner à ses jeux et occupations. Elle est un appel à vivre la communauté familiale, conjugale, ecclésiale ou amicale. C’est pour cela que dans les consignes données par le Seigneur à Moïse pour le  peuple Hébreu, Dieu dit : Que l’agneau soit mangé par la famille, la maisonnée ou avec les gens du voisinage.

   C’est ainsi que le repas devient signe pour la communauté et chemin de Communion. Dieu est communion trinitaire. Dieu est une  communauté d’amour. Le Père est l’Aimant ; le Fils est l’Aimé ; et l’Esprit saint est Amour. Ainsi, dans l’Eucharistie, dans le très saint sacrement de l’autel, « sont contenus vraiment réellement, et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ et par conséquent le Christ tout entier » (CEC1374) « On ne l’appréhende pas par les sens, disait saint Thomas d’Aquin. Mais par la foi. » Voilà pourquoi saint Cyrille d’Alexandrie écrivait : « Ne va pas te demander si c’est vrai mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui qui est la Vérité ne ment pas. »  Ici  encore c’est une question d’amour. Dans la vie qui peut vraiment aimer s’il ne croit pas du tout, en celui ou celle qui lui fait une déclaration d’amour ? Lui a tellement aimé (il les aima jusqu’au bout jusqu’à l’extrême) et il s’est offert : Corps livré sang versé. Pour nous fortifier.

   Or ce que le sacrement de l’Eucharistie révèle, c’est que Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils. (Jn3,16s) Pour nous sanctifier, nous PURIFIER.

   Ici apparaît le deuxième signe : L’eau. (dimension sacerdotale) Alors qu’ils étaient à table, Jésus prit de l’eau dans un bassin. Il ne faut pas séparer le signe de la table et le signe de l’eau. A la table est donné le corps. Mais il n’y a de corps qui vive sans eau. Ce qui est vrai physiologiquement, l’est aussi spirituellement. Car pour être accueilli à la table de la sainte communion il faut recevoir l’eau du baptême. Plus encore, Jésus disait à Nicodème que pour avoir part au Royaume il faut naître de l’eau et l’Esprit. Avoir part ? C’est exactement ce que Jésus dit  à Pierre dans l’Évangile quand Pierre proteste et se moque presque : Jésus lui dit : «  si je ne te lave pas, tu n’auras de part avec moi. Cela reste aussi vrai pour le repas. On y prend part. Pas seulement pour manger sa part et oublier les autres mais pour que chacun ait sa part. « La belle part » non palpable invisible mais réel. La part De joie, de délices, de  breuvage, d’eau et de vin, d’amitié, d’attention, de délicatesse, d’écoute, de tendresse, de compliments, de remerciements (pour celui ou celle qui a préparé et servi) de félicitations pour ceux et celles qui ont été cheville ouvrière du repas. Car il contient toujours une dimension de service.

  Le geste de Jésus. Laver les pieds. (dimension prophétique)

Les pieds, à l’opposé de la tête représentent à la fois notre force et fierté d’être debout (CHEVILLE)  mais aussi notre faiblesse (Talon d’Achille). En posant ce geste réservé aux esclaves et aux serviteurs d’autrefois, Jésus instaure un ordre nouveau. Il déclare « c’est un exemple que je vous donne. » Le commandement par l’exemple. La leçon par la vertu. L’autorité par le service. La hiérarchie par l’humilité. (c’est un exemple que je vous ai donné).

« Le commandement principal de ce Jeudi-Saint est ce souci que chacun doit avoir de servir l’amélioration du prochain. » C’est le sacrement de l’autre par excellence : Voilà le secret du bonheur à vivre, à faire. À faire comme le pain (repas), à apprécier comme la coupe, à faire comme un témoignage : N’est-ce pas pour cela que Jésus a dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ? » Amen

 

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 15:07

   Nous n’ignorons pas que le mystère pascal occupe le premier rang parmi toutes les solennités chrétiennes. Notre manière de vivre durant l’année tout entière doit, il est vrai, par la réforme de nos mœurs, nous disposer à le célébrer d’une manière digne et convenable ; mais les jours présents exigent au plus haut degré notre dévotion, car nous savons qu’ils sont proches de celui où nous célébrons le mystère très sublime de la divine miséricorde. C’est avec raison et par l’inspiration de l’Esprit-Saint, que les saints Apôtres ont ordonné pour ces jours des jeûnes plus austères, afin que par une participation commune à la croix du Christ, nous fassions, nous aussi, quelque chose qui nous unisse à ce qu’il a fait pour nous. Comme le dit l’Apôtre : « Si nous souffrons avec lui, nous serons glorifiés avec lui. » Là où il y a participation à la passion du Seigneur, on peut regarder comme certaine et assurée l’attente du bonheur qu’il a promis.

   II n’est personne à qui Dieu refuse de l’associer à cette gloire et la condition du temps n’y met pas obstacle, comme si dans la tranquillité et la paix il n’y avait point d’occasion de montrer du courage et de pratiquer la vertu. L’Apôtre l’a prédit en disant : « Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ, souffriront persécution » ; et c’est pourquoi l’épreuve et la persécution ne manquent jamais, si la pratique de la piété ne fait jamais défaut. Le Seigneur en exhortant ses Apôtres, leur dit : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. » Cette parole, nous n’en pouvons douter, s’applique non seulement aux disciples du Christ, mais à tous les fidèles, à l’Église entière, qui, dans son universalité, écoutait les conditions du salut en la personne de ceux qui étaient alors présents.

   Comme il convient à tout ce corps de vivre pieusement, ainsi l’obligation de porter la croix est-elle de tous les temps ; ce n’est pas sans raison qu’il est conseillé à chacun de porter sa croix, car chacun s’en voit chargé d’une manière et dans une mesure qui lui sont propres. La persécution n’est désignée que par un seul mot, mais il existe plus d’une cause de combat, et il y a ordinairement plus à craindre d’un ennemi qui tend des pièges en secret que d’un adversaire déclaré. Le bienheureux Job, qui avait appris que les biens et les maux se succèdent en ce monde, disait avec piété et vérité : « N’est-ce pas une tentation que la vie de l’homme sur la terre ? » Ce ne sont pas seulement les douleurs et les supplices du corps qui assaillent l’âme fidèle, car elle est menacée d’une grave maladie, encore que tous les membres demeurent parfaitement sains, si elle se laisse amollir par les plaisirs des sens. Mais comme « la chair convoite contre l’esprit, et l’esprit contre la chair », l’âme raisonnable est munie du secours de la croix du Christ, et moyennant ce secours, elle ne consent pas aux désirs coupables lorsqu’elle est tentée, parce qu’elle est transpercée et attachée par les clous de la continence et par la crainte de Dieu.

   Nous vous en prions, Dieu tout-puissant, regardez vos enfants dans votre miséricorde ; accordez-leur votre grâce pour qu’ils soient gouvernés en leur corps, et veillez sur eux pour qu’ils soient gardés en leur âme. Amen

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 15:05

   Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus-Christ sont vraiment des œuvres divines et ils invitent l’esprit humain à s’élever des événements visibles à la connaissance de Dieu. Dieu, en effet, n’est pas de telle substance qu’il puisse être vu des yeux du corps. D’autre part, ses miracles, grâce auxquels il régit le monde entier et prend soin de toute la création, sont, par leur fréquence, devenus communs, au point que personne, pour ainsi dire, ne daigne prêter attention à l’action admirable et étonnante de Dieu dans n’importe quelle semence. C’est pourquoi, en sa miséricorde même, il s’est réservé d’opérer, en temps opportun, certains prodiges en dehors du cours habituel et ordinaire de la nature : ainsi la vue de faits, non plus grands, mais insolites, frappera tout de même d’étonnement ceux pour qui les miracles quotidiens sont devenus quelconques.

   Car c’est un plus grand miracle de gouverner le monde entier que de rassasier de cinq pains cinq mille personnes. Et pourtant, nul ne s’étonne du premier prodige, tandis que l’on est rempli d’admiration pour le second, non parce qu’il est plus grand, mais parce qu’il est rare. Qui, en effet, maintenant encore, nourrit le monde entier, sinon celui qui, de quelques grains, fait sortir les moissons ? Jésus a donc agi à la manière de Dieu. En effet, par cette même puissance qui d’un petit nombre de grains multiplie les moissons, il a multiplié entre ses mains les cinq pains. Car la puissance était entre les mains du Christ. Ces cinq pains étaient comme des semences non plus confiées à la terre, mais multipliées par celui qui a fait la terre.

   Ce prodige a donc été présenté à nos sens pour élever notre esprit ; il a été placé sous nos yeux pour exercer notre intelligence. Alors, admirant le Dieu invisible à travers ses œuvres visibles, élevés jusqu’à la foi et purifiés par la foi, nous désirerons même voir l’Invisible en personne ; cet Invisible que nous connaissons à partir des choses visibles. Et pourtant, il ne suffit pas de considérer cela dans les miracles du Christ. Demandons aux miracles eux-mêmes ce qu’ils nous disent du Christ ; en effet, si nous les comprenons, ils ont leur langage. Car le Christ en soi est la Parole de Dieu, l’action de la Parole aussi est parole pour nous.

   L’Église primitive ne manquait pas de proposer aux fidèles cet éclatant miracle de la multiplication des pains, comme l’emblème de l’inépuisable aliment eucharistique : aussi le rencontre-t-on fréquemment sur les peintures des Catacombes et sur les bas-reliefs des anciens sarcophages chrétiens. Les poissons donnés en nourriture avec les pains apparaissent aussi sur ces antiques monuments de notre foi, les premiers chrétiens ayant l’usage de figurer Jésus-Christ sous le symbole du Poisson, parce que le mot Poisson, en grec, est formé de cinq lettres dont chacune est la première de ces mots : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Amen

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 15:04

   Dans St Matthieu on raconte que le démoniaque de notre évangile est non seulement muet mais aveugle aussi. Il fut guéri par le Seigneur, nous dit-on, si bien qu’il pouvait parler et voir. Trois miracles sont accomplis simultanément dans un seul homme : l’aveugle voit ; le muet parle ; le possédé est délivré du démon. Mais ce qui fut fait alors dans la chair, s’accomplit chaque jour dans la conversion des croyants. Une fois le démon expulsé, ils perçoivent la lumière de la foi, ensuite la bouche, jadis muette, s’ouvre pour louer Dieu. « Mais il s’en trouva pour dire : C’est par Béelzéboub, le chef des démons, qu’il chasse les démons. » Ceux qui dénigraient ainsi, n’étaient pas des personnes dans la foule, mais des scribes et des pharisiens comme l’attestent d’autres évangélistes.

   Car les foules, bien que manifestement moins instruites, s’émerveillaient toujours des faits et gestes du Seigneur ; tandis que ceux-ci les niaient, ou bien, s’ils ne trouvaient rien à nier, ils s’efforçaient de les dénaturer par une interprétation malveillante ; comme s’ils eussent été l’œuvre, non de la divinité, mais de l’esprit impur. « D’autres, pour le mettre à l’épreuve, lui demandaient un signe venant du ciel. » Ils désiraient, par exemple, qu’à la manière d’Elie, il fasse venir le feu du ciel, ou bien, semblable à Samuel, qu’il fasse, par un beau temps d’été, gronder le tonnerre, briller les éclairs, et tomber l’averse à torrents ; comme s’ils ne pouvaient dénigrer cela aussi et affirmer l’effet dû aux causes occultes et aux diverses perturbations atmosphériques, mais nous qui ergotons sur ce que nous voyons de nos yeux, ce que nous tenons en mains, ce que nous percevons à l’usage, que ferions-nous de ce qui viendrait du ciel ? Sans doute répondrons-nous que les mages en Egypte faisaient aussi beaucoup de signes dans le ciel.

   « Mais lui, sachant leur pensée leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même va à sa ruine, et maison sur maison s’écroule. » Il répond aux pensées, non aux paroles ; ainsi serions-nous forcés, sans doute, d’admettre la puissance de celui qui voyait les secrets du cœur. Mais si tout royaume divisé contre lui-même va à sa ruine, alors le royaume du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint n’est pas divisé ; car, sans conteste, il ne sera ruiné par aucun assaut, mais il doit subsister éternellement. « Si donc Satan est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il, puisque vous dites que c’est par Béelzéboub que moi, je chasse les démons ? » En disant ceci il voulait leur faire comprendre, par leur propre aveu, qu’en refusant de croire en lui, ils ont opté pour le royaume du diable, qui ne peut évidemment pas tenir divisé contre lui-même.

   Le Carême est un temps où la lutte contre le mal est plus intense : aussi faut-il que nous chassions le démon de nos cœurs afin que, délivrés de notre mutisme, nous confessions nos péchés pour célébrer la Pâque. Gardons-nous de laisser passer l’heure de la grâce. Amen

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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 16:09

   En ce temps-là, Jésus fut conduit dans le désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable. Plus loin il est dit : « Le diable l’emmène dans la Ville Sainte » ; et encore, « Il l’emmène sur une montagne très haute. » Ceci porte habituellement certains à se demander par quel esprit Jésus fut conduit au désert. Mais nous devons croire comme assuré, et hors de question, qu’il fut conduit au désert par le Saint-Esprit. Ainsi son Esprit l’a conduit là où l’esprit malin le trouvera pour le mettre à l’épreuve. Mais, quand il est dit que l’Homme-Dieu fut emmené par le diable sur une haute montagne ou dans la Ville Sainte, voilà que l’âme se refuse à le croire ; les oreilles humaines ont horreur de l’entendre. Or, si nous réfléchissons à d’autres faits le concernant, nous verrons que ceux-ci ne sont pas incroyables.

   Le diable est sans aucun doute le chef de tous les méchants, et tous les méchants sont les membres de ce chef. Pilate n’était-il pas membre du diable? Les Juifs qui persécutèrent  le  Christ,  et  les  soldats  qui  le  crucifièrent,  n’étaient-ils  pas  membres  du  diable? Pourquoi  donc  s’étonner  que  le  Sauveur  ait  permis  au diable  de  le  conduire  sur  une  montagne, puisqu’il  a  supporté  aussi  d’être  crucifié  par  les  membres  d’un  tel  chef?  Il  n’était  pas  indigne  de notre  Rédempteur  de  vouloir  être  tenté,  lui  qui  était  venu  pour  être  tué.  Il  était  juste,  au  contraire, qu’il triomphât de nos tentations par les siennes, comme il était venu vaincre notre mort par sa mort (cf. He 2, 18). Sachons cependant que la tentation agit de trois façons : par la suggestion, par la délectation (complaisance) et par le  consentement.  Nous-mêmes,  lorsque  nous  sommes  tentés,  nous  glissons  généralement  dans  la délectation,  ou  même  dans  le  consentement;  car  propagés  de  la  chair  du  péché,  nous  portons  en nous  l’origine  même  des  combats  à  endurer.  Mais  le  Dieu  qui  s’était  incarné  dans  le  sein  d’une Vierge et qui était venu dans le monde sans péché ne portait en lui aucune contradiction. Il a donc pu être tenté par suggestion, mais la délectation du péché n’a pas eu de prise sur son esprit. Toute cette tentation diabolique fut pour lui extérieure, sans rien au-dedans. En  examinant  le  déroulement  de  la  tentation  du  Seigneur,  nous  pourrons  sonder  avec  quelle ampleur  nous  sommes  délivrés  de  la  tentation.  L’antique  ennemi  s’est  dressé  contre  le  premier homme,  notre  ancêtre,  par  trois  tentations  :  il  l’a  tenté  par  la  gourmandise,  la  vaine  gloire  et l’avarice; tentations victorieuses, puisqu’il se soumit Adam en obtenant son consentement. C’est par la  gourmandise  qu’il  l’a  tenté  en  lui  montrant  le  fruit  défendu  de  l’arbre  et  en  le  persuadant  de  le manger. C’est par la vaine gloire qu’il l’a tenté en disant : «Vous serez comme des dieux.» (Gn 3, 5). Et c’est par un surcroît d’avarice qu’il l’a tenté en ajoutant : «Vous connaîtrez le bien et le mal.» En  effet,  l’avarice  n’a  pas  seulement  pour  objet  l’argent,  mais  aussi  les  honneurs.  On  parle  à  bon droit  d’avarice  à  propos  de  la  poursuite  désordonnée  des  honneurs.  Car  si  ravir  des  honneurs  ne relevait  pas  de  l’avarice,  jamais  Paul  n’aurait  dit  du  Fils  unique  de  Dieu  :  «Il  n’a  pas  considéré qu’être  l’égal  de  Dieu  serait  ravir  quelque  chose.»  (Ph  2,  6).  C’est  donc  en  excitant  dans  notre ancêtre le désir avide des honneurs que le diable l’a entraîné à l’orgueil. Mais c’est par les moyens mêmes qui lui avaient servi à terrasser le premier homme que le diable succomba devant le second [Jésus] quand il le tenta. Il le tente par la gourmandise en lui demandant : «Ordonne que ces pierres deviennent des pains»; il le tente par la vaine gloire en lui disant : «Si tu es  le  Fils  de  Dieu,  jette-toi  en  bas»;  il  le  tente  par  le  désir  avide  des honneurs  lorsqu’il  lui  montre tous les royaumes du monde en déclarant : «Tout cela, je te le donnerai si, tombant à mes pieds, tu m’adores.» Mais le diable est vaincu par le second homme grâce aux mêmes moyens que ceux qu’il se glorifiait d’avoir utilisés pour vaincre le premier homme. Et celui-ci, ayant ainsi fait prisonnier le diable, l’expulse de nos cœurs par l’accès même qui lui avait permis d’y entrer et de les tenir en son pouvoir. Il y a autre chose que nous devons considérer dans la tentation du Seigneur : c’est que tenté par le diable, il lui répond par des sentences de l’Ecriture Sainte; il pouvait précipiter son tentateur  dans  l’abîme  en  usant  de  la  Parole  qui  constituait  son  être,  mais  il  n’a  pas  manifesté  son pouvoir  personnel,  se  limitant  à  répondre  par  des  préceptes  de  la  divine  Ecriture.  Il  l’a  fait  pour nous donner l’exemple de sa patience, et nous inviter ainsi à recourir à l’enseignement plutôt qu’à la vengeance chaque fois que nous avons à souffrir de la part d’hommes pervers. Voyez quelle est la patience de Dieu, et quelle est notre impatience! Nous autres, nous sommes emportés de fureur pour peu que l’injustice ou l’offense nous atteignent, et nous nous vengeons autant que nous le pouvons, ou menaçons du moins de le faire si nous ne le pouvons pas. Le Seigneur, lui, a enduré l’hostilité du diable,  et  il  ne  lui  a  répondu  qu’avec  des  paroles  de  douceur.  Il  a  toléré  celui  qu’il  pouvait  punir, afin  de  mériter  d’autant  plus  de  gloire  qu’il  triomphait  de  son  ennemi  en  le  supportant  pour  un temps au lieu de l’anéantir.  Il  faut  encore  remarquer  ce  qui  suit  :  quand  le  diable  l’eut  quitté,  les  anges  le  servaient.  Ce  fait montre bien l’existence de deux natures dans sa personne unique. Il est homme, puisqu’il est tenté par le diable; et il est Dieu, puisqu’il est servi par les anges. Sachons donc reconnaître en lui notre nature, car si le diable ne discernait pas en lui un homme, il ne le tenterait pas. Vénérons en lui sa divinité, car s’il n’était pas comme Dieu au-dessus de tout, jamais les anges ne le serviraient.

Puisse cette méditation nourrir notre sainte Quarantaine ! Amen 

 

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27 février 2022 7 27 /02 /février /2022 16:20

   Notre Rédempteur, prévoyant que sa Passion jetterait le trouble dans l’âme de ses apôtres, leur prédit bien à l’avance, et les souffrances de cette Passion, et la gloire de sa Résurrection. Ainsi, en le voyant mourir comme il le leur avait annoncé, ils ne douteraient pas qu’il dût également ressusciter. Mais parce que ses disciples encore charnels ne pouvaient rien comprendre au mystère dont il leur parlait, il eut recours à un miracle. Sous leurs yeux, un aveugle s’ouvre à la lumière, en sorte qu’une action céleste affermisse dans la foi ceux qui ne comprenaient pas les paroles du mystère céleste.

   Or il faut reconnaître dans les miracles du Seigneur, notre Sauveur, des faits dont on doit croire qu’ils se sont véritablement accomplis, mais qui cependant, en tant que signes, nous instruisent de quelque chose. Car tout en témoignant par leur puissance de certaines vérités, les œuvres du Seigneur nous en affirment d’autres par leur mystère. Remarquez-le en effet, à nous en tenir au sens littéral, nous ignorons qui fut l’aveugle dont parle notre évangile, mais nous savons pourtant qui il symbolise dans l’ordre du mystère. L’aveugle, c’est le genre humain : exclu des joies du paradis en la personne de son premier père, privé des clartés de la lumière d’en haut, il subit les ténèbres de sa condamnation ; mais retrouvant la lumière grâce à la présence de son Rédempteur, il en vient à apercevoir, en les désirant, les joies de la lumière intérieure, et il pose le pas de ses bonnes œuvres sur le chemin de la vie.

   Il faut remarquer que c’est au moment où, selon le récit, Jésus approche de Jéricho que l’aveugle retrouve la lumière. Jéricho signifie « lune », et la lune, dans l’Ecriture Sainte, marque la faiblesse de la chair, car elle connaît en chacun de ses cycles mensuels un déclin, qui symbolise notre faiblesse de mortels. Ainsi, c’est lorsque notre Créateur approche de Jéricho que l’aveugle revient à la lumière, puisque c’est quand Dieu a assumé la faiblesse de notre chair que le genre humain a recouvré la lumière qu’il avait perdue. C’est parce que Dieu subit la condition humaine que l’homme est élevé à la condition divine. C’est avec raison que cet aveugle nous est représenté à la fois assis au bord du chemin et en train de mendier, car la Vérité en personne a dit : « Je suis le Chemin. » Amen

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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 06:45

   La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, n’appelle pas une explication, mais plutôt une exhortation. Ce que la Vérité elle-même a expliqué, que la fragilité humaine n’ait pas l’audace de le mettre en question. Mais il y a dans cette explication du Seigneur une chose à laquelle nous devons attentivement réfléchir. Si nous vous avions dit que la semence signifie la parole, le champ le monde, les oiseaux le démon, les épines les richesses, peut-être votre esprit aurait-il hésité à nous croire. C’est pourquoi le Seigneur a bien voulu expliquer lui-même ce qu’il disait afin que vous puissiez rechercher aussi la signification de ce qu’il ne lui a pas plu d’exposer lui-même.

   En donnant la clé de ce qu’il dit, il souligne qu’il parle en figure de sorte qu’il rassure notre fragilité quand elle vous découvre la signification de ses paroles. Qui, en effet, me croirait jamais si j’avais voulu interpréter les épines par les richesses ? D’autant que les unes piquent, les autres charment. Et pourtant ce sont des épines, car l’âme se déchire aux piqûres de leurs tracas : et quand elles entraînent jusqu’au péché elles font saigner comme si elles infligeaient une blessure. Avec raison, à cet endroit, un autre évangéliste en témoigne, le Seigneur ne parle aucunement de richesses, mais des illusions de la richesse.

   Oui ! Elles sont illusions, ces richesses qui ne peuvent demeurer longtemps avec nous : elles sont illusions, celles qui ne bannissent point l’indigence de notre âme. Seules sont véritables, celles qui nous enrichissent de vertus. Si donc, vous désirez être riches, aimez les véritables richesses. Si vous cherchez le sommet de l’honneur véritable, tendez au Royaume des Cieux. Si vous aimez la gloire des dignités, hâtez-vous de vous faire inscrire à cette cour céleste des Anges. Les paroles du Seigneur perçues par l’oreille, gardez-les dans l’âme. Car la parole de Dieu est la nourriture de l’âme ; et quand la parole entendue n’est pas retenue au creux de la mémoire, elle est comme la nourriture prise que refuse un estomac malade : or, si quelqu’un ne garde pas les aliments, on désespère, bien sûr, de sa vie.

   Oui, Jésus jette la semence de sa parole dans des cœurs plus ou moins bien disposés. Efforçons-nous, dans notre vie chrétienne de la recevoir dans un cœur bon et excellent et faisons-la fructifier par notre patience, pour que Celui qui a passé son existence à répandre la bonne doctrine dans les âmes et qui continue ce geste par ses Apôtres et par son Eglise, puisse nous donner la récompense au centuple qu’il a promise à ceux qui l’écouteraient et le suivraient avec fidélité. Amen

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13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 15:59

   Pour comprendre pleinement le sens des textes de la messe de ce jour, il faut les étudier en fonction des leçons du Bréviaire, parce que, dans la pensée de l’Église, la Messe et l’Office ne font qu’un.

   Les leçons et les répons de l’Office de nuit pendant toute cette semaine sont tirés du livre de la Genèse et racontent la création du monde et celle de l’homme ; la chute de nos premiers parents et la promesse d’un Rédempteur ; puis le meurtre d’Abel et les générations d’Adam jusqu’à Noé.

   « Au commencement, dit le Livre Saint, Dieu créa le ciel et la terre et il forma l’homme sur la terre et il le mit dans un jardin de délices pour qu’il le cultivât ». Tout cela est une figure. « II est dit, explique S. Grégoire, que le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui loue des ouvriers pour cultiver sa vigne. Or, qui peut être plus justement représenté par le père de famille que notre Créateur qui régit par sa providence ceux qu’il a créés, et qui possède ses élus dans ce monde, depuis le juste Abel jusqu’au dernier élu devant naître à la fin du monde, comme un maître a ses serviteurs dans sa maison ? Et la vigne qu’il possède, c’est son Église. Et tous ceux qui, avec une foi correcte, se sont appliqués et ont exhorté à faire le bien sont les ouvriers de cette vigne. Ceux de la première heure, ainsi que ceux de la troisième, de la sixième et de la neuvième, désignent l’ancien peuple hébreu, qui, depuis le commencement du monde, s’efforçant, en la personne de ses Saints de servir Dieu avec une foi droite, n’a pour ainsi dire pas cessé de travailler à la culture de la vigne. Mais à la onzième heure les Gentils sont appelés, et c’est à eux que s’adressent ces paroles « Pourquoi êtes-vous ici tout le jour sans rien faire ? » (3e Nocturne). Tous les hommes sont donc appelés à travailler dans la vigne du Seigneur, c’est-à-dire à se sanctifier et à sanctifier le prochain en glorifiant par là même Dieu puisque la sanctification consiste à ne chercher qu’en Lui notre bonheur suprême.

   Mais Adam faillit à sa tâche. « Parce que tu as mangé du fruit dont je t’avais défendu de manger, lui dit Dieu, maudite sera la terre et c’est avec des labeurs que tu en tireras ta nourriture. Elle ne produira que des épines et des chardons. C’est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain jusqu’à ce que tu retournes à la terre, d’où tu as été tiré. » « Exilé de l’Éden après sa faute, explique S. Augustin, le premier homme enchaîna à la peine de mort et à la réprobation tous ses descendants, corrompus en sa personne comme dans leur source. Toute la masse du genre humain condamnée, était donc plongée dans le malheur, ou plutôt se voyait entraînée et précipitée de maux en maux » (2e Nocturne). « Les douleurs de la mort m’ont environné », dit l’Introït ; et c’est dans la basilique de Saint-Laurent hors-les-murs, tout près du cimetière de Rome, que se fait la Station. « C’est très justement, ajoute la Collecte, que nous sommes affligés pour nos péchés ». Aussi la vie chrétienne est représentée par saint Paul dans l’Epître comme une arène où il faut se donner de la peine et lutter pour remporter la couronne. Le denier de la vie éternelle, dit aussi l’Évangile, n’est donné qu’à ceux qui travaillent dans la vigne de Dieu et, depuis le péché, ce travail est pénible et ardu. « O Dieu, demande l’Église, accordez à vos peuples qui sont désignés par vous sous le nom de vignes et de moissons, qu’après avoir arraché l’amas des ronces et des épines, ils soient aptes à produire des fruits en abondance par Notre-Seigneur ».

   Dans sa sagesse, dit S. Augustin, Dieu aima mieux tirer le bien du mal que de ne pas permettre qu’il arrivât aucun mal » (6e lecture). Dieu eut en effet pitié des hommes et leur promit un second Adam qui rétablirait l’ordre troublé par le premier. Grâce à ce nouvel Adam ils pourront reconquérir le ciel sur lequel Adam avait perdu tout droit en étant chassé de l’Éden « qui était l’ombre d’une vie meilleure » (4e lecture).

   « Seigneur, chante l’Église, vous êtes notre secours au temps du besoin et de l’affliction » (Graduel) ; « auprès de vous est la miséricorde » (Trait) ; « faites luire votre visage sur votre serviteur et sauvez-moi par votre miséricorde » (Communion). En effet, « Dieu qui créa l’homme d’une manière admirable, le racheta d’une façon plus admirable encore », car « l’acte de la création du monde au commencement ne surpasse pas en excellence l’immolation du Christ, notre Pâque, dans la plénitude des Temps ».

   Cette messe, étudiée de la sorte en fonction de la chute d’Adam, nous met dans la mentalité voulue pour commencer le Temps de !a Septuagésime et pour nous faire comprendre la grandeur du mystère pascal, auquel ce Temps a pour but de préparer nos âmes.

   Correspondant à l’appel du Maître qui vient nous chercher jusque dans l’abîme où nous a plongés le péché, de notre premier père (Trait), allons travailler dans la vigne du Seigneur, descendons dans l’arène et entreprenons avec courage la lutte qui ne fera que s’intensifier au Temps du Carême. Amen

 

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 06:42

   « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non seulement les Anges, les Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards et les justes, rendent témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de tout âge et de tout sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité. Une vierge enfante, une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth est inspirée, les Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de sa mère, une veuve loue et bénit, un juste est dans l’attente.
   Et certes il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui avait moins en vue son avantage que celui de la nation. Car tout en désirant d’être dégagé des liens d’un corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de contempler le Sauveur promis, estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le prit lui-même entre ses bras, et bénissant Dieu, il dit : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ». Voyez comme ce juste pour qui la masse de son corps est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de pouvoir commencer d’être avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du corps et être avec Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.
   Mais celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de Dieu, l’embrasser par ses bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi. Alors il s’en ira paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il aura vu la Vie. Vous voyez que la naissance du Seigneur répand la grâce avec abondance sur toute sorte de personnes, et que le don de prophétie est refusé aux incrédules, mais non aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand nombre, pour discerner ce que méritent les bons et les méchants, et pour décerner, juge infaillible, juge équitable, des supplices ou des récompenses, selon la qualité de nos actes.

   Les deux vieillards, Siméon et Anne, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde du Seigneur qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.

   C’est dans cette paix tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte. Amen

 

 

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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:46

   La vie chrétienne est une tempête sur la mer. Comme le bon Dieu traite parfois rudement ses enfants ! C’est qu’il n’est pas comme ces mères déraisonnables dont la tendresse consiste à caresser et à gâter leurs enfants. Il est le premier à appliquer le principe de la Sainte Écriture : Celui qui aime son enfant n’épargne pas la verge. Et c’est pour notre bien. Les enfants de Dieu supportent mal les jours heureux ici-bas. L’histoire de l’Église et l’histoire particulière des âmes le prouvent. Comme l’Église était grande au temps des persécutions ! Les chrétiens détestés, persécutés, méprisés extérieurement, étaient, parfaits et saints. Mais, au moyen âge, quand l’Église brilla de son plus grand éclat et que les empereurs et les rois la dotèrent de biens terrestres, la lumière intérieure pâlit de plus en plus. Oui, il est bon pour nous, chrétiens, que notre situation extérieure ne soit pas trop bonne. Il est vrai que nous avons besoin de ce que le Sauveur exigea de ses disciples pendant la tempête sur le lac : une foi forte et une ferme confiance en Dieu. « Pourquoi avez-vous si peu de foi ? » La grande souffrance, les grandes épreuves, la grande misère peuvent être un remède, mais aussi un poison. Certains trouvent dans les souffrances, de nos jours, le chemin qui mène à Dieu ; mais, pour beaucoup, la crise économique est un poison qui apporte la mort de l’âme. Priez, mes frères, pour tous ceux qui sont éprouvés, afin que leur misère et leur souffrance les purifient et les sanctifient. Aimons à penser surtout et souvent à ceux qui sont, comme nous, membres du corps du Christ et qui sont en butte à la tempête sur la mer. Représentons-nous, par exemple, les chrétiens dans tous ces pays où règne la persécution. Voyons ces enfants de Dieu, à cause de leur foi, condamné aux travaux forcés. Jour après jour, sans dimanche, sans messe, sans communion, il leur faut abattre des arbres..., ils sont à peine vêtus, mal nourris et, sous le fouet des soldats, il s’avance peu à peu vers la mort. Combien de fois ces pauvres gens doivent crier vers le ciel : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. » Pour ces pauvres, qui sont en même temps des riches, nous devons prier, afin qu’ils demeurent forts, afin qu’ils soient vainqueurs. Car leur souffrance nous profite à tous. Ils accomplissent et achèvent ce qui manque au corps du Christ, comme le dit St Paul. Chez nous aussi, dans notre entourage, il y a des « tempêtes sur la mer », il y a la misère et les autres souffrances qui anéantissent. Portons secours là où nous le pouvons. Cette semaine c’est la Chandeleur. Durant les processions, qui se faisaient jadis dehors, les enfants de Dieu s’avancent autour de l’Église, un cierge à la main. Il leur faut se défendre contre le vent qui essaie d’éteindre leur lumière. C’est l’image de la vie intérieure du chrétien. Le Chrétien est un porte-lumière, un porte-Christ. Depuis son baptême, il porte et entretient en lui la divine lumière de la grâce ; bien plus le Christ lui-même est dans son âme, en dépit de la nuit et des tempêtes du dehors. Sans doute, l’ennemi des âmes voudrait bien éteindre cette lumière et il souffle dessus de toutes ses forces. Ce sont là les tempêtes de la vie. Mais l’enfant de Dieu maintient sa lumière et continue de la porter. Dans la maison de Dieu, à l’Évangile et dans la communion, il reçoit un nouvel aliment et une nouvelle force pour entretenir cette lumière. Ainsi il pourra traverser les tempêtes de la vie et porter sa lumière jusqu’au temple de gloire, au ciel.

   N’oublions pas que cette force du Dieu Emmanuel à briser les obstacles, au moment même où les hommes s’inquiètent de son repos apparent, se montre souvent dans les annales de son Eglise. Que de fois il a choisi, pour sauver tout, l’instant où les hommes croyaient tout perdu ! Il en est de même dans la vie du fidèle. Souvent les tentations nous agitent, leurs flots semblent nous submerger, et cependant notre volonté demeure fortement attachée à Dieu. C’est que Jésus dort au fond de la barque, et nous protège par ce sommeil. Si bientôt nos instances le réveillent, c’est plutôt pour proclamer son triomphe et le nôtre ; car il a déjà vaincu, et nous avec lui. Amen

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