Le désir d’éternité a habité l’imaginaire des hommes de tout temps, les récits mythiques et les contes se sont emparés de cette aspiration un peu folle, de cette intuition.
Et voilà Jésus qui l’affirme pour lui : il connaît le Père de toute éternité (Jn 8, v.55), Abraham a vu son jour et s’est réjoui (v.56). Jésus donne la recette de cette immortalité : « garder la parole » (v.51.55), la sienne, celle du Père. C’est tout UN. « Le Père et moi, nous sommes UN » (17,21.22). Il nous appelle à faire UN avec lui, non que nous n’allons pas mourir, —car notre chair, comme la sienne sur la Croix, va disparaître—, mais gravés dans les paumes de Dieu (Is 49,76), nos noms inscrits dans les Cieux (Lc 10,20), nous sommes déjà projetés, compris dans la vie divine qui ne finit pas. C’est notre chemin de l’Alliance.
Ce n’est pas une première : la vie éternelle a déjà été annoncé à Nicodème (3,16), à la Samaritaine (4,14), aux Juifs de Jérusalem (5,24) ; aux Galiléens (6,40.47), mais en sa Personne, en celui qui se révèle comme Vie et Résurrection, elle devient Vérité (11,25 ; 14,6).
Et, le dernier verset de notre évangile : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. » (v.59) reprenant le don divin révélé à Moïse, nous parle de la manifestation même de sa personne, comme mystère de communion. « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi le Père » (8,19).
Dans cette scène où les Juifs s'opposent si fortement au Seigneur Jésus, il faut souligner les paroles du Seigneur, paroles empreintes de douceur, de fermeté et de dignité (v. 45-46 ; 49 ; 50 ; 54-56 ; 58). Cette dernière parole du Seigneur : « Avant qu'Abraham fût, Je suis » met remarquablement en évidence sa divinité. C'est exactement le nom dont l'Eternel s'était nommé en parlant à Moïse : « Je suis Celui qui suis » (Ex. 3 : 14).
Le Seigneur dit : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour ; et il l'a vu et s'est réjoui » (v. 56). Au sujet des patriarches, il est dit: « Tous ceux-là sont morts dans la foi, sans avoir reçu ce qui était promis, mais ils l'ont vu de loin et salué », et de Moïse : « Il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11 : 13, 27). Oui, la foi voit ce qui est devant parce qu'elle croit ce que Dieu dit et elle sait qu'Il accomplit toujours ses promesses.
La solennité des paroles du Seigneur est soulignée par ces mots : « En vérité, en vérité je vous dis… ». Mais en face de ces paroles qui étaient la vérité, les Juifs montrent leur opposition et leur haine. Ils tentent même de faire taire définitivement cette voix qui les dérange : « Ils prirent alors des pierres pour les jeter contre Lui » (v. 59).
Le Seigneur reste en toutes choses le parfait modèle. Pierre dira : « Le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle…lui qui n'a pas commis de péché… qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage… mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 21- 23). Il a enduré le mépris, la contradiction, la haine, la violence tout au long de son chemin. Nous sommes appelés à le contempler, et à apprendre de Lui : « Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas lassés, étant découragés dans vos âmes » (Héb. 12 : 3).
En Jésus, mystère de lumière, nous sortons d’une lecture temporelle et historique trop réductrice pour entrer dans sa divinité même. « Puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » (Missel Romain). Amen