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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 06:54

   Le désir d’éternité a habité l’imaginaire des hommes de tout temps, les récits mythiques et les contes se sont emparés de cette aspiration un peu folle, de cette intuition.

   Et voilà Jésus qui l’affirme pour lui : il connaît le Père de toute éternité (Jn 8, v.55), Abraham a vu son jour et s’est réjoui (v.56). Jésus donne la recette de cette immortalité : « garder la parole » (v.51.55), la sienne, celle du Père. C’est tout UN. « Le Père et moi, nous sommes UN » (17,21.22). Il nous appelle à faire UN avec lui, non que nous n’allons pas mourir, —car notre chair, comme la sienne sur la Croix, va disparaître—, mais gravés dans les paumes de Dieu (Is 49,76), nos noms inscrits dans les Cieux (Lc 10,20), nous sommes déjà projetés, compris dans la vie divine qui ne finit pas. C’est notre chemin de l’Alliance.

   Ce n’est pas une première : la vie éternelle a déjà été annoncé à Nicodème (3,16), à la Samaritaine (4,14), aux Juifs de Jérusalem (5,24) ; aux Galiléens (6,40.47), mais en sa Personne, en celui qui se révèle comme Vie et Résurrection, elle devient Vérité (11,25 ; 14,6).

   Et, le dernier verset de notre évangile : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. » (v.59) reprenant le don divin révélé à Moïse, nous parle de la manifestation même de sa personne, comme mystère de communion. « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi le Père » (8,19).

   Dans cette scène où les Juifs s'opposent si fortement au Seigneur Jésus, il faut souligner les paroles du Seigneur, paroles empreintes de douceur, de fermeté et de dignité (v. 45-46 ; 49 ; 50 ; 54-56 ; 58). Cette dernière parole du Seigneur : « Avant qu'Abraham fût, Je suis » met remarquablement en évidence sa divinité. C'est exactement le nom dont l'Eternel s'était nommé en parlant à Moïse : «  Je suis Celui qui suis » (Ex. 3 : 14).

    Le Seigneur dit : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour ; et il l'a vu et s'est réjoui » (v. 56). Au sujet des patriarches, il est dit: « Tous ceux-là sont morts dans la foi, sans avoir reçu ce qui était promis, mais ils l'ont vu de loin et salué », et de Moïse : « Il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11 : 13, 27). Oui, la foi voit ce qui est devant parce qu'elle croit ce que Dieu dit et elle sait qu'Il accomplit toujours ses promesses.

 

   La solennité des paroles du Seigneur est soulignée par ces mots : « En vérité, en vérité je vous dis… ». Mais en face de ces paroles qui étaient la vérité, les Juifs montrent leur opposition et leur haine. Ils tentent même de faire taire définitivement cette voix qui les dérange : « Ils prirent alors des pierres pour les jeter contre Lui » (v. 59).

    Le Seigneur reste en toutes choses le parfait modèle. Pierre dira : « Le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle…lui qui n'a pas commis de péché… qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage… mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 21- 23). Il a enduré le mépris, la contradiction, la haine, la violence tout au long de son chemin. Nous sommes appelés à le contempler, et à apprendre de Lui : « Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas lassés, étant découragés dans vos âmes » (Héb. 12 : 3).

   En Jésus, mystère de lumière, nous sortons d’une lecture temporelle et historique trop réductrice pour entrer dans sa divinité même. « Puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » (Missel Romain). Amen

 

 

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15 mars 2021 1 15 /03 /mars /2021 06:47

   Ce quatrième dimanche de Carême est nommé «Laetare» c'est-à-dire «réjouis-toi». Autrefois, on ne le célébrait pas en violet, le clergé revêtait des chasubles roses sur lesquelles des roses étaient appliquées ou brodées. Cet usage revient, quand on en a les moyens ! Et aujourd’hui le Père Mickaël, notre administrateur paroissial, m’en a prêté une ! Simultanément, c'est la mi-chemin entre la tentation du Christ dans le désert qu'on lit pendant le premier dimanche de Carême, et l'Eucharistie du Jeudi Saint et de Pâques.

   Souvenez-vous du premier dimanche de Carême : au commencement de la prédication de Jésus-Christ, nous avons entendu le diable Lui proposer de multiplier les pierres et de les changer en pains. Le Christ refuse. Aujourd’hui, avec la multiplication des pains, Il accomplit ce que le diable Lui proposait, mais dans quel contexte ! Le Christ par cette étape prépare le mystère de l'Eucharistie, de son Corps et de son Sang, qu'Il donnera mystérieusement le Jeudi Saint.

   Ce dimanche de la mi-temps du Carême et de la Croix, est le jour de la rose-croix. En effet, en France, au Moyen-âge, on bénissait une rose en or - nous en trouvons encore dans le trésor de quelques cathédrales. On choisissait un or clair, un peu teinté de rose, et la rose d'or travaillée, unie à la croix, restait à la cathédrale. C'était la coutume dans un cadre liturgique.

   A présent, considérons ensemble le sens de la multiplication des pains, en la reliant à l'épître de saint Paul. L'épître distingue les enfants de la loi, nés d’une servante non libre, des enfants de la liberté de la Promesse (Gal 4, 22-30). Paul s'exclame : «Vous êtes des enfants de la promesse, vous êtes libres !» De quelle liberté parle-t-il ? Le miracle de la multiplication des pains nous manifeste cette liberté. Comparez avec la tentation du Christ par Satan. Satan, toujours possédé par sa haine de la liberté humaine - la liberté est le don de l'Esprit-Saint - propose en définitive au Christ de fasciner les foules par le miracle de la transformation des pierres en pains. Acheter les foules ! Le Christ lui dit : «Ce n'est pas de pain seulement que se nourrit l'homme, mais de la Parole de Dieu».

Et que constatons-nous, aujourd’hui ? A l'opposé, une foule de cinq mille personnes est nourrie par cinq pains.

Qu'est donc cette foule ?

Des gens petits, indifférents, bien quelconques, mais ces êtres tout à fait quelconques, dépourvus d'intérêt, sont librement attirés uniquement par la parole du Verbe, par sa prédication, sa personnalité. Un amour direct et simple les pousse. Ils ne cherchent rien, en réalité. A travers l'action du Christ pour cette foule, on voit que ce ne sont pas des pharisiens, des politiciens, ni même des malades ayant le désir de s'approcher de Lui pour être guéris. La voyez-vous cette foule, cette grisaille de cinq mille personnes ? Son unique intérêt est qu'elle n'est pas intéressée, elle est libre, attirée par le germe de l'amour de Dieu qui se trouve en chaque être humain, du plus grand au plus petit, plus ou moins développé.

   Nous voyons cette foule venir de loin ; elle s'installe près du Christ, elle veut être à côté de Lui pour guetter ses paroles. Elle écoute longtemps, longtemps ; elle est venue en négligeant même d'apporter avec elle du pain et de la nourriture. Seul un enfant a cinq pains.

  Oui, ce n'est qu'une foule, mes amis, mais elle est libre des contingences et des intérêts, elle est venue, elle entoure le Christ comme les enfants libres de Dieu. Lui, alors, leur offre la nourriture, le pain quotidien dont ils ont besoin.

Aujourd'hui s'accomplit cette parole étonnante : «Cherchez le Royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroît». En un mot, venez à Dieu avec désintéressement. Ah, mais attention ! il y a ici un piège : «Je ne peux pas venir vers Dieu, parce que je ne suis pas digne, je suis impur», répondrez-vous peut-être. Vous voulez donc acheter Dieu avec votre vertu ? Vous aimez votre vertu, votre dignité ou votre indignité, plus que Dieu ? Non ! Si vous posez ainsi la question, c'est que vous n’êtes pas libre, vous êtes fils d'Agar. Vous dites ne pas être digne? Oh, vous pensez à vous ! Cette foule ne posait pas la même question.

   Chercher le Royaume de Dieu, c'est oublier que notre vie est ratée ou non ratée, que nous sommes des saints ou des «terre-à-terre», que nous sommes ceci ou cela. C'est par une attirance inconditionnée que cette foule a vécu ce miracle. Si nous avançons sans nul intérêt, sans aucune culture, emportés par une recherche de l'amour de Dieu, si nous n'avons ni pain quotidien, ni dons, ni vertu, ni quoi que ce soit, Dieu, de ces cinq pains d’un enfant, nous rassasiera.

   Mais le diable veut nous entraîner dans la légion des serfs du «mon salut», ou vers l'affection de quelque chose dont «j'ai besoin».

   Voulez-vous être rassasiés, recevoir le bonheur immédiatement ? Allez vers Dieu, aimez-Le sans conditionnement, sans condition, laissez tomber votre personne. Vous ressentirez alors une telle joie que vous ne pourrez même pas lui résister !

Aimez Dieu ! Le reste vous sera donné par surcroît. Amen !

 

 

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8 mars 2021 1 08 /03 /mars /2021 06:38

   Avons-nous bien entendu l’évangile de ce dimanche ? Oui, Jésus est bien le Fils de Dieu et c’est par la grâce de Dieu et non l’intervention du malin qu’il chasse les démons. De cela, aucun doute à avoir.

    Cependant, lorsque nous regardons notre monde d’aujourd’hui, force nous est d’y reconnaitre un certain nombre de soi disant « guérisseurs » qui n’ont rien de Dieu quoiqu’ils se targuent de chasser les esprits mauvais ! Alors comment faire la part des choses ? Comment rester dans la main du Christ ? Cela nous demande de suivre non pas notre sentiment personnel, ou les invitations de ceux qui nous entourent, mais bien de faire œuvre de discernement. Et nous avons la parole de Dieu ainsi que l’enseignement de l’Eglise pour cela.   

   Jésus nous dit ; « celui qui n’est pas avec moi est contre moi ». C’est là un des premiers critères de discernement. La plupart des gourous et autres ne cherchent pas le royaume de Dieu ou le réel salut des gens qu’ils rencontrent mais ils cherchent leur fortune personnelle tant financière que de gloire ! Celui qui est de Dieu ne cherche pas à gagner sa vie en apportant la grâce de Dieu ! Voila qui élimine déjà bien du monde ! Celui qui travaille dans le service de Dieu, au salut des âmes ne cherche pas sa propre gloire, mais bien au contraire la discrétion, car il sait bien que son œuvre ne vient pas de lui-même mais de Dieu qui lui en donne les moyens. Voilà qui élimine encore bon nombre de soi-disant guérisseurs ou libérateurs !  

    Autre critère, celui qui est avec le Christ ne guérit pas au nom de l’énergie cosmique ou de je ne sais quelle « puissance suprême », mais au nom du Christ, Fils unique de Dieu, mort et ressuscité pour le salut des âmes ! Par ailleurs sa vie est en plein accord avec la parole de Dieu.

   Notre salut ne vient pas des hommes, pas plus que des esprits et puissances de l’au-delà, notre salut vient de Dieu par le Christ. Si donc nous nous disons chrétiens c’est en Jésus seul que nous devons mettre notre confiance, notre espérance. 

   «Mais si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous»

   Aujourd'hui dans la proclamation de la parole de Dieu, la présence du démon se manifeste à nouveau: «Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet» (Lc 11,14). Chaque fois que les textes nous parlent du démon, nous nous sentons, peut être, un peu mal à l'aise. En tout cas, il est vrai que le mal existe, et qu'il a des racines si profondes que nous ne pouvons pas les éliminer totalement. Il est aussi vrai que le mal se répand: il “travaille” tout le temps et nous ne pouvons guère le dominer. Mais Jésus est venu pour combattre les forces du mal, le démon. Lui seul peut le rejeter.
   On a calomnié et accusé Jésus: le démon peut tout faire. Alors que la foule était dans l'admiration de ce que Jésus-Christ venait d'accomplir, «certains se mirent à dire: ‘C'est par Béelzéboub, le chef des démons, qu'il expulse les démons’» (Lc 11,15).
   La réponse de Jésus montre l'absurdité de l'argument de ses contradicteurs. Au passage, cette réponse est un appel pour nous à l'unité, à la force de l'union. La désunion, en revanche, est un ferment maléfique et destructeur. D'ailleurs, l'un des signes du mal est la division et l'incompréhension entre nous. Malheureusement, le monde actuel se distingue par ce type d'esprit mauvais qui empêche la compréhension et la reconnaissance des uns pour les autres.
   Il est bon que nous méditions quelle est notre participation à cette «expulsion des démons» ou à ce refus du mal. Demandons-nous: fais-je le nécessaire pour faire que le Seigneur écarte le mal du dedans de moi? Est-ce que je coopère suffisamment à cette “expulsion”? Car «c'est du cœur que proviennent les pensées mauvaises» (Mt 15,19). La réponse de chacun, c'est-à-dire, notre collaboration personnelle, est très importante. 
   Que Marie intercède auprès de Jésus, son Fils aimé, pour qu'il expulse de notre cœur et du monde tous les maux (guerres, terrorisme, mauvais traitements, toutes les formes de violence). Marie, Mère de l'Église et Reine de la Paix, priez pour nous! Amen

 

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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 06:52

   Jésus se dirige, avec les trois apôtres préférés, Pierre Jacques et Jean, vers une haute montagne appelée le Thabor, qui tient encore à la chaîne du Liban, et dont le Psalmiste nous a dit qu’elle devait tressaillir au nom du Seigneur [Ps 88, 13]. A peine Jésus est-il arrivé sur le sommet de cette montagne que tout à coup, aux yeux étonnés des trois Apôtres, son aspect mortel disparaît ; sa face est devenue resplendissante comme le soleil ; ses vêtements si humbles ont pris l’éclat d’une neige éblouissante. Deux personnages dont la présence était inattendue sont là sous les yeux des Apôtres, et s’entretiennent avec leur Maître sur les souffrances qui l’attendent à Jérusalem. C’est Moïse, le législateur, couronné de rayons ; c’est Elie, le prophète, enlevé sur un char de feu, sans avoir passé par la mort. Ces deux grandes puissances de la religion mosaïque, la Loi et la Prophétie, s’inclinent humblement devant Jésus de Nazareth. Et non seulement les yeux des trois Apôtres sont frappés de la splendeur qui entoure leur Maître et qui sort de lui ; mais leur cœur est saisi d’un sentiment de bonheur qui les arrache à la terre. Pierre ne veut plus descendre de la montagne ; avec Jésus, avec Moïse et Elie, il désire y fixer son séjour. Et afin que rien ne manque à cette scène sublime, où les grandeurs de l’humanité de Jésus sont manifestées aux Apôtres, le témoignage divin du Père céleste s’échappe du sein d’une nuée lumineuse qui vient couvrir le sommet du Thabor, et ils entendent Dieu le Père proclamer que Jésus est son Fils éternel.

   Ce moment de gloire pour le Fils de l’homme dura peu ; sa mission de souffrances et d’humiliations l’appelait à Jérusalem. Il retira donc en lui-même cet éclat surnaturel ; et lorsqu’il rappela à eux les Apôtres, que la voix tonnante du Père avait comme anéantis, ils ne virent plus que leur Maître. La nuée lumineuse du sein de laquelle la parole d’un Dieu avait retenti s’était évanouie ; Moïse et Elie avaient disparu. Se souviendront-ils du moins de ce qu’ils ont vu et entendu, ces hommes honorés d’une si haute faveur ? La divinité de Jésus demeurera-t-elle désormais empreinte dans leur souvenir ? Quand l’heure de l’épreuve sera venue, ne désespéreront-ils pas de sa mission divine ? Ne seront-ils pas scandalisés de son abaissement volontaire ? La suite des Évangiles nous répond.

   Peu de temps après, ayant célébré avec eux sa dernière Cène, Jésus conduit ses disciples sur une autre montagne, sur celle des Oliviers, à l’orient de Jérusalem. Il laisse à l’entrée d’un jardin le plus grand nombre d’entre eux ; et ayant pris avec lui Pierre, Jacques et Jean, il pénètre avec eux plus avant dans ce lieu solitaire. « Mon âme est triste jusqu’à la mort, leur dit-il ; demeurez ici, veillez un peu avec moi [Mat. 26, 38]. » Et il s’éloigne à quelque distance pour prier son Père. Nous savons quelle douleur oppressait en ce moment le cœur du Rédempteur. Quand il revient vers ses trois disciples, une agonie affreuse avait passé sur lui ; une sueur de sang avait traversé jusqu’à ses vêtements. Au milieu d’une crise si terrible, les trois Apôtres veillent-ils du moins avec ardeur, dans l’attente du moment où ils vont avoir à se dévouer pour lui ? Non ; ils se sont endormis lâchement ; car leurs yeux sont appesantis [Mat. 26, 43]. Encore un moment, et tous s’enfuiront, et Pierre, le plus ferme de tous, jurera qu’il ne le connaît pas.

   Plus tard, les trois Apôtres, témoins de la résurrection de leur Maître, désavouèrent par un repentir sincère cette conduite honteuse et coupable ; et ils reconnurent la prévoyante bonté avec laquelle le Sauveur les avait voulu prémunir contre la tentation, en se faisant voir à eux dans sa gloire, si peu de temps avant les jours de sa Passion.     Nous, chrétiens, n’attendons pas de l’avoir abandonné et trahi, pour reconnaître sa grandeur et sa divinité. Nous touchons à l’anniversaire de son Sacrifice ; nous aussi, nous allons le voir humilié par ses ennemis et écrasé sous la main de Dieu. Que notre foi ne défaille pas à ce spectacle ; l’oracle de David qui nous le représente semblable à un ver de terre [Ps. 21, 7] que l’on foule aux pieds, la prophétie d’Isaïe qui nous le dépeint comme un lépreux, comme le dernier des hommes, l’homme de douleurs [Isaïe 53, 4] : tout va s’accomplir à la lettre. Souvenons-nous alors des splendeurs du Thabor, des hommages de Moïse et d’Elie, de la nuée lumineuse, de la voix du Père immortel des siècles. Plus Jésus va s’abaisser à nos yeux, plus il nous faut le relever par nos acclamations, disant avec la milice des Anges, et avec les vingt-quatre vieillards que saint Jean, l’un des témoins du Thabor, a entendus dans le ciel : « Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance et la divinité, la sagesse et la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction [Apoc. 5, 12] ! » Amen

 

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 06:46

   La lecture évangélique de ce matin est souvent détournée de son vrai sens, par les commentateurs et les prédicateurs. En l’entendant, nous sommes tout d’abord heurtés, de ce que le diable s’empare du Seigneur Jésus, et le « tente ». Alors, comme nous sommes particulièrement friands de petits problèmes, car cela nous dispense de scruter les grands, nous nous demandons dans notre trouble, premièrement comment le diable a pu toucher Jésus, et ensuite comment il a pu le tenter. Comme si une tentation pouvait avoir une signification pour quelqu’un qui est le Fils même de Dieu, et qui donc, par définition ne peut être tenté ! Ce qui est plus grave, c’est qu’à partir de là, insensiblement tout le carême a peu à peu dévié de son sens pour nous, et a été mis sous l’angle de la tentation. Toute la vie chrétienne elle-même, à certaines époques, a été dominée par ce point de vue : la terre est une vallée de larmes, un endroit où le diable nous torture afin d’empêcher notre salut éternel. Toute notre vie chrétienne s’est ainsi trouvée trop souvent réduite à une lutte contre les démons pour l’obtention de notre Salut personnel. Il y a à la fois du faux dans ces interprétations, et du vrai dans toutes ces erreurs d’interprétations. Ce qui est à l’avant plan de la liturgie d’aujourd’hui comme du Carême, comme de la vie chrétienne, ce n’est pas la tentation, du moins directement. D’abord parce que le mot tentation en français ne veut pas dire la même chose que le mot ‘tentatio’ en latin. Le mot tentatio en latin est la traduction d’un mot grec, lequel a été utilisé dans nos Evangiles pour traduire un mot hébreux employé par Notre Seigneur. Or ce mot hébreux a un sens beaucoup plus général, et désigne toute épreuve. L’épreuve, ce n’est pas la même chose que la tentation. La tentation, certes, peut-être une épreuve, mais pas toujours, et toute épreuve n’est pas pour autant une tentation. La tentation, c’est l’attrait mauvais qu’il y a en nous pour le mal. Alors, comment Notre Seigneur peut-il avoir subi la tentation, lui qui ne pouvait avoir aucun attrait pour le mal ? La tentation est essentiellement l’œuvre, l’attrait du mal. Dieu n’est que l’attrait du bien. Certes, entre autres épreuves, il y a le fait qu’il nous a créés libres, donc fragiles et capables, d’être tentés. C’est dans le plan de Dieu que nous soyons éprouvés, mais Dieu ne peut pas nous attirer au mal. Il n’y a que nous-mêmes qui sommes portés, par nous-mêmes, à tendre et consentir au mal.

   Alors donc, le Carême n’est pas une « tentation », le Carême est un temps d’épreuve. Et du même coup cette mise au point en entraine une autre. Ce qui a fait choisir au début de ce temps du Carême la lecture des tentations de Notre Seigneur au désert, c’est le fait qu’il soit allé au désert où il a été éprouvé. L’idée du Carême, le thème du Carême, ce n’est pas la tentation, mais le désert. Le message du Carême est un message de joie. Vous avez entendu Saint Paul décrire la condition du Chrétien: En Carême il nous faut nous mettre un peu en retrait de la prétendue civilisation, d’un excès de bien être matériel et de technique, de cette vie fausse et trompeuse que les hommes ont fait dévier du plan divin. Ainsi retirés du monde, en Esprit nous pourrons mieux méditer la Parole de Dieu et surmonter l’épreuve. Notre Seigneur dans ses épreuves nous enseigne, en citant la Parole de Dieu. : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » ; et aussi : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » ; ou encore : « Tu n’adoreras que lui seul ». Au désert du Carême, nous retirant volontairement du fatras de choses qui nous encombrent, des mirages, du fracas et du bruit du monde, du chant de ses sirènes, nous découvrons les merveilles de l’amour du Père, de la seule Vérité vraie. Alors, en tout ce que le monde ridiculise dans notre foi, la traitant dédaigneusement d’ « utopie », d’ « aliénation », ou de « sublimation », suivant le jargon à la mode, en tout cela nous découvrons la Vérité, tandis que tous les biens et les appâts d’ici-bas, pourtant créés par le Père comme des miroirs de lui-même mais dont nous avons fait un écran entre lui et nous, tous cela n’apparaît plus pour nous, à sa lumière que tentations trompeuses, fascinations vaines, illusions amères, avant de redevenir à nos yeux ce qu’ils sont : avant-goûts et promesses de lui seul. Notre Seigneur a voulu commencer sa vie et préparer sa mission par une sorte de retraite au désert, poussé par cet Esprit Saint qui vivait en lui, afin que lui, le Fils de Dieu soit dans sa vie d’homme dans la même condition que nous, soumis non point à la tentation, mais à l’épreuve. Toute sa vie n’a été qu’une épreuve, et toute sa vie, il n’a cessé de se retirer dans le silence. Avant sa passion, il veille, en agonie, dans la prière. Il a voulu faire ce qu’il veut nous voir faire pour que nous acceptions qu’il fasse parfois de nos vies, aussi, un désert, et qu’au lieu de regimber, nous y reconnaissions la nécessaire purification, une promesse d’amour et une occasion pour nous de revivre de sa parole comme du seul pain nécessaire : en nous privant un peu du pain terrestre, pour mieux savourer le céleste, en limitant quelque peu les joies d’ici-bas, afin d’éveiller déjà en nous le goût des joies de l’au-delà, dont l’esprit Saint est en nous la source. Voilà le sens du carême : un temps de joie, un temps de légèreté de cœur, un temps de purification et non pas de gémissement ou de purification corporelle seulement.     Notre carême ne sera vrai que si, dans notre cœur, nous savons fermer les accès du monde, du monde au mauvais sens du mot, le monde qui refuse Dieu. Ayons le courage de fermer le poste de radio, la télévision, le portable ou l’ordinateur lorsque c’est vain, lorsque c’est trouble ou simplement niais, comme c’est hélas trop fréquent. Sachons, dans cette solitude, trouver l’occasion de découvrir la présence du Christ en nous, d’éprouver la vivante action de son Esprit en nous, sous le regard du Père. Retirons-nous tous au désert, et là le Seigneur Lui-même, par ses anges, nous nourrira. Amen

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15 février 2021 1 15 /02 /février /2021 06:40

   Notre Rédempteur, prévoyant que les âmes de ses disciples seraient troublées par sa Passion, leur parla longtemps à l’avance des souffrances de cette Passion et de la gloire de sa Résurrection : ainsi lorsqu’Il mourrait, comme c’était annoncé, ils comprendraient et ne douteraient pas de sa Résurrection.

   Mais les disciples étaient encore charnels et n’étaient pas capables de comprendre les paroles de ce mystère, c’est pourquoi le Christ eut recours au miracle. Devant eux, Il rendit la lumière à un aveugle, affermissant ainsi par des actes célestes la foi de ceux qui ne comprenaient pas les paroles du mystère céleste. Il faut comprendre les miracles de notre Seigneur et Sauveur non seulement comme des faits réels auxquels on doit croire, mais aussi comme une allusion à autre chose ; en vérité, par leur puissance, ces œuvres nous manifestent une chose et par leur mystère nous en suggèrent une autre.

   L’histoire ne nous dit pas qui était cet aveugle, mais nous savons par contre ce qu’il représente symboliquement. Oui, cet aveugle, c’est le genre humain, qui dans son premier père a été privé des joies du paradis, qui a ignoré la clarté de la lumière céleste et qui souffre encore des ténèbres de sa condamnation. Mais il est illuminé par la présence de son Rédempteur : ainsi le désir lui fait déjà entrevoir les joies de la lumière intérieure et il pose son pied dans le chemin vivifiant des œuvres bonnes.

   Approchant de Jéricho, notre Créateur rend la lumière à l’aveugle ; ainsi, alors que la divinité assume la faiblesse de notre chair, le genre humain retrouve la lumière qu’il avait perdue. Dieu souffre dans son humanité et par là l’homme est élevé à la divinité. C’est bien à juste titre que l’aveugle est décrit assis et mendiant près du chemin ; car la Vérité elle-même a dit : « C’est moi qui suis le Chemin ».

Celui donc qui ne connaît pas la clarté de la lumière éternelle est aveugle ; mais s’il a déjà foi dans le Rédempteur, il est assis près du chemin ; si ayant la foi il néglige cependant de demander la lumière éternelle et cesse de prier, cet aveugle-là est assis près du chemin mais ne mendie pas. Celui qui a la foi, qui connaît l’aveuglement de son cœur et demande la lumière de la vérité, celui-là est assis près du chemin et mendie. Celui donc qui reconnaît les ténèbres de son aveuglement et comprend qu’il lui manque la lumière de l’éternité, qu’il crie du fond du cœur et par la voix de son intelligence : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » Ecoutons donc ce qui arrive à l’aveugle qui crie : « Ceux qui marchaient en avant le réprimandaient pour qu’il se taise ». Mais lui criait plus fort encore : «Fils de David, aie pitié de moi ! ». La foule l’invective pour qu’il se taise, et lui crie de plus en plus fort, car plus le tumulte des pensées charnelles nous accable, plus nous devons insister dans une prière ardente. La foule veut nous empêcher de crier, c’est-à-dire que les souvenirs de nos péchés nous font souffrir en tous temps, mais surtout dans la prière. Mais plus la voix de notre cœur est repoussée, plus elle doit insister vaillamment jusqu’à dépasser le tumulte des pensées illicites et éclater à force d’entêtement aux oreilles du Seigneur.

    Quand nous insistons avec force dans notre prière, nous fixons, dans notre esprit, Jésus qui passe. « Jésus s’arrêta et commanda qu’on le Lui amène ». Voilà que s’arrête Celui qui passait : car si jusqu’à présent nous avons supporté dans la prière la foule des souvenirs, en quelque sorte nous avons senti passer Jésus. Mais quand nous insistons vraiment et avec force dans la prière, Jésus s’arrête alors pour nous rendre la lumière, car Dieu est enraciné dans le cœur, et la lumière perdue est retrouvée.

   Ici toutefois, le Seigneur nous fait comprendre aussi quelque chose d’utile à propos de son humanité et de sa divinité : c’est en marchant que Jésus entendit crier l’aveugle, mais c’est immobile qu’Il accomplit le miracle de l’illumination. En effet, passer est le fait de l’humanité, demeurer celui de la divinité. Par son humanité, certes, Il dut naître, croître, mourir, ressusciter, se déplacer de lieu en lieu. Dans la divinité, il n’est pas de mutation. En fait, passer, c’est changer. Ce passage est sans aucun doute conforme à la chair mais non à la divinité. Par sa divinité, Il est toujours immuable parce que partout présent, et ce n’est pas par un mouvement qu’Il vient ni qu’Il se retire. Donc, en passant, le Seigneur entendit crier l’aveugle, et en s’arrêtant, Il l’illumina, car par son humanité Il eut pitié de notre aveuglement, Il compatit à nos cris ; mais par la puissance de sa divinité, Il a répandu sur nous la lumière de la grâce. Remarquons bien qu’Il dit à l’aveugle : « Que veux-tu que je te fasse ? » Celui qui avait le pouvoir de rendre la lumière ignorait-Il ce que voulait l’aveugle ? Mais Il veut que nous demandions ce qu’Il sait par avance que nous demanderons et qu’Il accordera. Et alors qu’Il nous invite à prier à temps et à contretemps, Il dit toutefois : « Votre Père, en effet, sait de quoi vous avez besoin avant même que vous le Lui demandiez ».

   Maintenant encore, Il attend qu’on demande, maintenant encore Il attend que le cœur s’éveille à la prière. Et l’aveugle répond aussitôt : « Seigneur, que je voie ! » Ce n’est pas de l’or que l’aveugle demande au Seigneur, mais la lumière. Il n’a pas voulu demander autre chose que la lumière, car quoi qu’il puisse posséder, sans lumière, étant aveugle, il ne le verra pas. Imitons-le donc, car nous avons entendu dire qu’il fut sauvé et de corps et d’esprit.

    Ne demandons au Seigneur ni fausses richesses, ni biens terrestres, ni honneurs fugitifs, mais la lumière ; non pas cette lumière que l’on peut enfermer dans un lieu, qui a une fin dans le temps, qui est interrompue par les nuits, que le bétail perçoit tout comme nous, mais demandons cette lumière qu’avec les anges nous sommes seuls capables de voir, qui n’a ni commencement ni fin. Le chemin vers cette lumière, c’est la foi. Voilà pourquoi Jésus répondit à l’aveugle illuminé : « Vois, ta foi t’a sauvé ! ». Amen

 

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8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 06:46

   Selon la tradition religieuse juive, on présentait au temple les enfants premiers-nés, quarante jours après la naissance, pour les garçons et soixante jours pour les filles. Plus exactement selon la Loi, c’est la maman qui devait accomplir sa Purification légale, et racheter son enfant car tout premier-né appartenait au Seigneur. C’est la raison pour laquelle cette fête était d’abord une fête de Notre-Dame, en même temps qu’une fête du Seigneur. 

   En réalité ce n’est pas tellement cet événement que nous commémorons, mais plutôt le fait que Siméon reconnait en cet enfant le Messie, en Lui il voit la lumière des nations … et la tradition chrétienne a fait du 2 février la fête de la lumière. Nous sommes en plein milieu de l’hiver, l’hiver n’est pas fini et le dicton à la chandeleur : l’hiver meurt ou prend vigueur … et là-dessus s’est greffée une autre tradition celle des crêpes soit pour fêter la fin de l’hiver, soit pour prendre des forces pour l’hiver qui se prolonge. En attendant on s’aperçoit que les jours rallongent nettement, la nuit recule, la lumière revient !

   Aujourd’hui, nous sommes tellement bien éclairés que l’on a presque de la peine à réaliser ce qu’est la lumière. Il reste encore quelques « anciens » qui ont connu les lampes à pétrole ou à acétylène, personne n’a connu une bougie comme éclairage courant, à part les pannes électriques, et pourtant c’est bien de la bougie, la chandelle, que nous vient le mot "chandeleur". J’appuie sur un bouton, immédiatement j’ai de la lumière, ce n’était pas aussi facile il y a un siècle et au-delà !

   Comme beaucoup d’autres, Siméon était un de ceux qui attendait le Messie et qui pressentait sa venue imminente. Poussé par l’Esprit, il monte au temple … et comme un bon grand-père, il prend l’enfant dans ses bras : mes yeux ont vu votre salut, lumière pour éclairer les nations, et en même temps, il sera un signe de division.

    Avec Jésus c’est une ère nouvelle qui commence, il vient nous apporter cette Bonne Nouvelle qui est l’Evangile : Dieu est Père de tous les hommes, il nous aime tous et il veut que nous soyons dans ce monde des témoins de son amour. C’est son message, c’est sa lumière « je suis la lumière du monde » dira-t-il lui-même.

   Cette lumière éclaire notre chemin de vie, elle nous permet de distinguer le bien du mal, de rechercher la droiture, la justice, et l’entente entre les frères…

   Dans un monde qui perd ses repères, que le Seigneur nous aide à être des lumières … Le temps des chandelles ou des lampes à pétrole est-il bien révolu ? pas si sûr ! Mais soyons capables de discerner aujourd’hui tout ce qui va dans le sens du bien de l’homme. 

   Nous avons surtout à considérer que tous nous avons notre place dans le plan de Dieu, à n’importe quel âge : ce sont deux vieillards Siméon et Anne qui découvrent la présence de Dieu dans ce petit enfant.

Les séniors, (comme on dit maintenant),  ont certainement beaucoup de choses à nous transmettre

   Depuis notre baptême, tous nous avons une petite lumière, un petit lampion : aussi petit soit-il, il éclaire ! Que ces cierges bénis en ce jour nous en fassent mieux prendre conscience. Amen

 

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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 07:00

   Si vous me demandez ce que veut dire Jésus Christ par ce semeur qui sortit de grand matin pour aller répandre sa semence dans son champ, mes frères, le semeur, c’est le bon Dieu lui-même, qui a commencé à travailler à notre salut dès le commencement du monde, et cela en nous envoyant ses prophètes avant la venue du Messie pour nous apprendre ce qu’il fallait pour être sauvés. Il ne s’est pas contenté d’envoyer ses serviteurs, il est venu lui-même, il nous a tracé le chemin que nous devions prendre, il est venu nous annoncer la Parole Sainte.

   Savez-vous ce que c’est qu’une personne qui n’est pas nourrie de cette Parole Sainte ? Elle est semblable à un malade sans médecin, à un voyageur égaré et sans guide, à un pauvre sans ressource. Il est tout à fait impossible, mes frères, d’aimer Dieu et de lui plaire sans être nourri de cette Parole Divine. Qu’est-ce qui peut nous porter à nous attacher à lui, sinon parce que nous le connaissons ? Et qui nous le fait connaître avec toutes ses perfections, ses beautés et son amour pour nous, sinon la Parole de Dieu, qui nous apprend tout ce qu’il a fait pour nous et les biens qu’il nous prépare dans l’autre vie ? Ainsi parlait Saint Jean-Marie Vianney.

   Nous pouvons répartir ces diverses heures du jour entre les âges de la vie de chaque homme. Le petit jour, c’est l’enfance de notre intelligence. La troisième heure peut s’entendre de l’adolescence, car le soleil y prend alors déjà, pour ainsi dire, de la hauteur, en ce que les ardeurs de la jeunesse commencent à s’y échauffer. La sixième heure, c’est l’âge de la maturité : le soleil y établit comme son point d’équilibre, puisque l’homme est alors dans la plénitude de sa force. La neuvième heure désigne la vieillesse, où le soleil descend en quelque sorte du haut du ciel, parce que les ardeurs de l’âge mûr s’y refroidissent. Enfin, la onzième heure est cet âge qu’on nomme extrême vieillesse. Puisque les uns sont conduits à une vie honnête dès l’enfance, d’autres durant l’adolescence, d’autres à l’âge mûr, d’autres dans la vieillesse, d’autres enfin dans l’âge très avancé, c’est comme s’ils étaient appelés à la vigne aux différentes heures du jour.

   Examinez donc votre façon de vivre, mes frères, et voyez si vous avez commencé à agir comme les ouvriers de Dieu. Réfléchissez bien, et considérez si vous travaillez à la vigne du Seigneur. Celui qui a négligé de vivre pour Dieu jusqu’en son dernier âge est comme l’ouvrier resté sans rien faire jusqu’à la onzième heure. « Pourquoi êtes-vous là toute la journée sans rien faire ? » C’est comme si l’on disait clairement : « Si vous n’avez pas voulu vivre pour Dieu durant votre jeunesse et votre âge mûr, repentez-vous du moins en votre dernier âge. Venez quand même sur les chemins de la vie ».

    N’est-ce pas à la onzième heure que le larron est venu ? (Lc 23,39s) Ce n’est pas par son âge avancé, mais par son supplice qu’il s’est trouvé arrivé au soir de sa vie. Il a confessé Dieu sur la croix, et il a rendu son dernier souffle presque au moment où le Seigneur rendait sa sentence. Et le Maître du domaine, admettant le larron avant Pierre dans le repos du paradis, a bien distribué le salaire en commençant par le dernier. Que ces paroles de S. Grégoire le Grand (Homélies sur l’Évangile, n°19) nourrissent notre méditation en ces jours préparatoires au Carême. Amen

 

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 10:01

   Pécheurs et païens. C’est dans ces deux mots que nous renfermerons le contenu principal du troisième dimanche après l’Épiphanie. Pécheurs et païens ? Ce sont justement les deux catégories dont nous avons le moins à nous occuper, diront certains lecteurs. Les pécheurs se sont séparés de Dieu, ce sont des rebelles qui se sont soulevés contre le divin Roi ; quant aux païens, ils ne savent rien de Dieu et n’appartiennent pas au royaume du Christ. Que viennent donc faire ces deux catégories de gens dans l’aimable temps de Noël ? Si nous lisons la vie de Jésus d’après les évangiles, nous verrons comment Jésus s’est comporté justement à l’égard des pécheurs et des païens. Il est à remarquer que ce sont justement les « pieux et les saints » du judaïsme, les Pharisiens, les Scribes et même les prêtres, qui ont montré de l’hostilité envers le Seigneur. Ce sont eux également qui l’attachèrent à la Croix. N’est-il pas tragique de voir que c’est un païen comme Pilate qui voulut arracher le Christ des mains des Juifs acharnés et qui finalement fut forcé, contre sa volonté, de le condamner à la croix ? Par contre, le Seigneur est reçu avec enthousiasme par les pécheurs et les païens. Nous pourrions citer une série d’exemples. Le brave centurion de Capharnaüm ne s’estime pas digne que le Seigneur « vienne sous son toit ». La Chananéenne païenne crie avec supplication vers le Seigneur pour obtenir la guérison de sa fille. Avec quelle foi, la femme païenne, atteinte d’un flux de sang, touche la robe du Seigneur ! Avec quelle sincérité, le païen guéri, du pays de Gérasa, supplie le Seigneur de lui permettre de le suivre. Enfin les Mages païens vinrent du lointain Orient vers Bethléem pour adorer le Roi des Juifs nouveau-né, alors que le Roi Hérode et le grand conseil ne bougent pas le petit doigt pour répondre au message. Et après l’Ascension du Christ, les Apôtres et particulièrement saint Paul firent la même expérience sans cesse renouvelée. Les Juifs repoussèrent la bonne nouvelle que les païens accueillirent avec enthousiasme.

   Il en fut absolument de même pour les pécheurs, pendant la vie terrestre du Christ. « Il est entré chez un pécheur », « il mange et boit avec les pécheurs », voilà ce que disent avec mépris les Juifs, en parlant du Seigneur. Et lui ne repoussa pas ce reproche : « Ce ne sont pas les biens portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. » Le Christ est venu « chercher ce qui était perdu ». Alors qu’il prononçait contre les « pieux » d’Israël un septuple « malheur », il eut de la commisération pour la pauvre femme adultère, pour la pécheresse au banquet, pour la Samaritaine, pour le bon larron sur la croix et leur rendit la joie avec le pardon. « Je ne veux pas te condamner, ne pèche plus. » « Aujourd’hui même, tu seras avec moi en paradis. »

   Son attitude envers les pécheurs, Jésus l’a exprimée : une fois pour toutes dans ses trois paraboles de la miséricorde : la parabole de l’Enfant prodigue, la parabole de la brebis perdue et celle de la drachme perdue. Le Christ ne connaît pas de réserve, pas de conditions humiliantes pour le pardon. Un mot, et tout est pardonné. Au fils prodigue le père a rendu tous ses droits passés : celui-ci voulait, en expiation, devenir esclave ; le père en fait de nouveau un fils de roi. Si le fils retrouvé avait erré çà et là, dans son désespoir, en criant : J’ai péché, je ne suis pas digne d’être l’enfant de mon père, je pense que le père l’aurait chassé de sa maison.

   Quelles conclusions tirer de ces considérations ? Ayons pour les pécheurs et les païens les mêmes sentiments que le Christ. Ne soyons pas des pharisiens qui n’ont que des regards de mépris pour les pauvres gens. Ce n’est pas par des disputes et des contestations que nous arriverons à les amener à nous ; nous n’arriverons à aucun résultat par des actes inamicaux et des condamnations. Nous n’avons pas besoin d’abandonner un iota de nos principes ; mais la fidélité à nos principes est compatible avec une tolérance de la charité. Ne jugeons pas les hommes d’après les doctrines théoriques de leur parti ou de leur confession. Dans la vie réelle, nous sommes beaucoup plus rapprochés et la charité est le chemin qui mènera à leur cœur... Amen

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 06:51

   Merveilleux évangile des noces de Cana, bien connu de vous tous. Troisième volet, après l’adoration des mages et le baptême reçu de Jean, de ce triptyque de la Manifestation de Jésus et de sa mission universelle de salut.

   Premier des «signes» rapportés par S. Jean: il évoque et anticipe l’Heure des noces de sang et de gloire de sa Pâque, et du Festin éternel dans la Gloire.

Un texte très riche, aux multiples lectures possibles.

   En ce deuxième dimanche après l’Epiphanie, l’Église nous invite à le lire à la lumière de deux autres passages de la Parole de Dieu: la prophétie des épousailles de Dieu avec l’humanité annoncée par le prophète Isaïe; la diversité des charismes et des dons de la grâce qui font, pour Saint Paul, la richesse de l’Église.

     Le dessein de Dieu à l’égard de Jérusalem, de l’Église, de l’humanité et de chacun des hommes est un projet d’alliance intime d’amour et de vie, signifié en terme d’épousailles. «Comme un jeune homme épouse une jeune fille, ton créateur t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu.» Cette promesse, qui est réalité, s’adresse à chacune et chacun d’entre nous, quelles que soient notre condition de vie, notre situation, notre place dans l’Église et dans le monde.

   Et c’est vrai. C’est vrai quand la présence du Christ et la puissance vivifiante de sa grâce illuminent et dynamisent notre vie. Mais c’est vrai aussi quand c’est difficile, quand il n’y a plus de vin, de ce bon vin qui réjouit le cœur de l’homme, que nos réserves ne sont plus que de l’eau incolore, inodore et sans saveur. La lassitude, la tristesse (l’acédie) risquent alors de nous envahir et de paralyser notre cœur.

   C’est alors qu’il faut s’accrocher à la petite espérance que la foi garde vivante au plus profond de nous-mêmes. C’est là qu’il faut aller la chercher. Et ne jamais désespérer de la fidélité de l’amour miséricordieux de Dieu. Car sa grâce nous est toujours offerte, ou plutôt donnée. Quelles que soit la pauvreté de nos vies et l’accablement des épreuves, on pourra retrouver alors la saveur de son amour et la joie – encore fragile peut-être, discrète et secrète – d’être aimé et sauvé.

   Cela se fait d’abord et surtout dans la prière, la prière pour soi et pour les autres, nos frères, eux aussi éprouvés. Nous retrouvons ici la figure maternelle de Marie, la Mère de Jésus, son exemple et son intercession.

   Son exemple: La réflexion de son Fils: Quoi à toi et à moi? est bien mystérieuse et difficile à interpréter. Faut-il y voir une rebuffade de la part de Jésus ? Je ne le crois pas. En tout cas la Mère ne se laisse pas décourager: Faites tout ce qu’il vous dira. On pourrait dire qu’elle lui force la main pour qu’il devance son «Heure.» Je pense à cet ami importun dont parlera Jésus et qui à force d’insister finira par obtenir ce qu’il demande…

   Son intercession: A Cana, la mère de Jésus était là, comme elle sera là au pied de la croix pour entendre son dernier mot: Voici ton fils. Son amour qui s’ancre au fond de ses entrailles maternelles nous est acquis. Dans son cœur de Mère, elle porte nos soucis et s’en émeut. Elle ne cesse de prier pour nous, avec nous – ou même à notre place! N’omettons pas de nous confier simplement à elle. Soyons en assurés: sa prière, donnant une dimension nouvelle à la nôtre – ou l’exprimant – atteindra le cœur de son Fils qui nous donne avec son Pain la force et avec son Vin la joie, nécessaires pour avancer sur cette route où il nous mène vers son Père et notre Père jusqu’au festin des noces de l’Agneau, signifié et anticipé dans ce sacrement de la Pâque que nous célébrons ensemble. L’évangile conclut : « Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ! » Puisse-t-il en être ainsi pour nous. Amen

 

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