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3 septembre 2021 5 03 /09 /septembre /2021 13:22

   C’est un évangile bien connu que nous venons d’entendre. Ecoutons St Augustin : « Si au moins ce pharisien avait dit : Je ne suis pas comme beaucoup d’hommes. Car par ces mots « le reste des hommes » que veut-il dire sinon, tous, lui seul excepté ? Moi, dit-il, je suis juste, tous les autres, pécheurs. « Je ne suis pas comme le reste des hommes, injustes, voleurs, adultères. » Et voici pour toi, dans le voisinage d’un publicain, une occasion de te rengorger davantage. « Comme ce publicain-là », dit-il. « Moi, dit-il, je suis un être à part ! Celui-là est un des autres ! » Non, dit-il, je ne suis pas tel que lui ! Grâce à mes œuvres de justice, je ne suis pas un homme malhonnête. 

    « Je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que je gagne. » Qu’a-t-il demandé à Dieu ? Cherche dans ses paroles, tu ne trouveras rien ! Il monte prier. Or, il ne veut pas implorer Dieu, mais se louer soi-même. C’est trop peu dire : « Pas implorer Dieu, mais se louer soi-même. » En surplus, il insulte celui qui prie. « Le publicain, lui, se tenait à distance » et cependant, il s’approchait de Dieu. Sa conscience secrète l’en éloignait, sa piété l’en rapprochait. « Le publicain, lui, se tenait à distance », mais, tout proche, le Seigneur lui prêtait attention. 

   Le Seigneur est le Très-Haut et il regarde l’humilité. Mais les hommes hautains, – et le pharisien était l’un d’eux –, il ne les connaît que de loin. Leurs actes hautains, Dieu les connaît de loin, mais il ne méconnaît pas leur faute. Écoute encore l’humilité du publicain. Non content de se tenir à distance, il ne levait même pas les yeux vers le ciel. Afin d’être regardé, lui ne regardait pas. Il n’osait pas relever les yeux. Sa conscience l’opprimait, l’espérance le soulevait. Écoute encore : « Il se frappait la poitrine. » De lui-même, il exige un châtiment. Aussi le Seigneur épargne-t-il celui qui confesse sa faute. « Il se frappait la poitrine en disant : Mon Dieu, sois indulgent au pécheur que je suis. » Le voilà, celui qui prie ! Pourquoi t’étonner ? La faute qu’il reconnaît, Dieu, lui, ne veut plus la connaître. »

   Il y a, dit Pascal, deux classes d’hommes, les saints qui s’estiment coupables de toutes les fautes et les pécheurs qui ne se croient coupables de rien. Les premiers sont humbles et Dieu les élèvera en les glorifiant, les seconds sont orgueilleux et il les abaissera en les châtiant. « Dieu, dit St Jean Chrysostome, punit l’orgueil : il a submergé le monde, brûlé Sodome, englouti l’armée de Egyptiens, car c’est lui qui a porté aux coupables tous ces coups et d’autres encore. Mais, direz-vous, Dieu est indulgent ! Sans doute. » Mais d’après ce que Dieu a dit et d’après ce qu’il a fait dans le passé, préjugeons de ce qu’il fera dans l’avenir. Ce sera le meilleur moyen d’entretenir en nous l’humilité qui nous fait dire avec l’Eglise : « J’ai crié vers le Seigneur, et il a exaucé ma voix » (Intr.) « Gardez-moi, Seigneur, comme la pupille de l’œil…vos yeux voient bien ce qui est droit » (Grad.) « Vers vous, Seigneur, j’élève mon âme ; en vous, mon Dieu, je mets ma confiance. Que je ne devienne pas pour mes ennemis un objet de moquerie ! Non, ceux qui espèrent en vous ne seront pas confondus » (Off.)

   Puisions-nous retenir cette grande leçon de l’évangile du pharisien et du publicain. Amen

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26 juillet 2021 1 26 /07 /juillet /2021 06:32

   Quiconque a lu l’histoire de la chute de Jérusalem survenue sous les chefs romains Vespasien et Titus, reconnaît cette ruine que le Seigneur a décrite en pleurant. N’est-ce pas les chefs romains qu’il dénonce quand il dit : « Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées » ? Et ces paroles aussi : « Ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre », témoignent du déplacement même de cette ville. Car si maintenant elle a été reconstruite en dehors de la porte, là où le Seigneur fut crucifié, c’est que la Jérusalem antérieure a été renversée de fond en comble.

   On indique pour quelle faute elle a subi la peine de sa ruine : c’est « parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu étais visitée ». Le Créateur de toutes choses avait, en effet, daigné la visiter par le mystère de son Incarnation. Mais elle ne s’est guère souciée ni de sa crainte ni de son amour. La prophétie y fait aussi allusion quand elle interpelle les oiseaux du ciel pour réprimander le cœur humain : « Même la cigogne, dans le ciel, connaît sa saison. La tourterelle, l’hirondelle et la grue observent le temps de leur migration. Et mon peuple ne connaît pas le droit du Seigneur »

    Mais oui ! Le Rédempteur pleure la ruine de cette cité infidèle alors que cette cité même ne se doute en rien de ce qui va se passer. C’est bien à elle que le Seigneur dit en pleurant : « Si tu avais pu reconnaître, toi aussi, » – sous-entendu : tu pleurerais –. Mais parce que tu ignores ce qui t’attend tu jouis. Et c’est pourquoi il ajoute : « En ce jour qui était le tien, ce qui t’apportait la paix ». Car en son jour où elle se livrait aux désirs charnels et ne se souciait guère des malheurs à venir, elle avait ce qui pouvait lui apporter la paix.

   En effet, si les malheurs qui la menaçaient n’avaient pas été cachés aux yeux de son cœur, elle ne se serait pas réjouie dans les prospérités qu’elle connaissait alors. Le texte continue par la description des châtiments que les empereurs romains allaient faire fondre sur la ville.

   Que cet évangile inspire notre conduite, en ces temps difficiles ; et demandons au Seigneur de prêtez l’oreille de sa miséricorde à nos prières pour que nous demandions ce qui lui agrée, afin qu’il exauce nos désirs. Amen

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22 juillet 2021 4 22 /07 /juillet /2021 18:23

   L’intendant de richesses malhonnêtes reçoit un éloge de la bouche de son maître pour s’être préparé une sorte de justice avec le fruit même de sa malhonnêteté, et le maître lésé loue la prudence de l’intendant parce qu’en portant préjudice à son maître, il a, dans son intérêt personnel, agi prudemment. Le Christ ne peut subir aucun dommage et toujours incline à la clémence. Combien plus ne louera-t-il pas ses disciples s’ils ont exercé la miséricorde à l’égard de ceux qui croiront en lui ?

Après la parabole, le Seigneur ajoute : « Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec le mammon malhonnête ! » Ce n’est pas l’hébreu, mais le syriaque qui appelle « mammon » malhonnête les richesses parce qu’elles s’amassent par des procédés malhonnêtes. Si donc un bien mal acquis, mais adroitement distribué, peut se changer en justice, la parole divine qui, elle, n’a rien de malhonnête et qui a été confiée aux Apôtres, n’élèvera-t-elle pas jusqu’au ciel ceux qui l’administrent, pourvu que ce soit à bon escient ?

On comprend la suite : Celui qui est fidèle pour très peu de chose, ce qui veut dire pour le plan charnel, sera fidèle aussi pour beaucoup, ce qui veut dire pour le plan spirituel. Mais celui qui est malhonnête pour très peu qui ne met pas au service de ses frères ce que Dieu a créé pour tous, celui-là sera malhonnête aussi dans le partage des richesses spirituelles, car il ne dispensera pas la doctrine selon les besoins, mais selon les personnes. « Or, dit le Seigneur, si vous ne dispensez pas bien les richesses matérielles et caduques, qui donc vous confiera les vraies et éternelles richesses de la doctrine divine ? »

Il faut bien comprendre cet Évangile de l’intendant infidèle. Le Christ loue l’intendant infidèle non pas de sa fraude, mais de sa prudence et de l’activité qu’il met à assurer son avenir terrestre. Cette activité des enfants du monde (l’intendant infidèle est le type des enfants du monde) dans leurs plans terrestres doit nous servir de modèle quand il s’agit pour nous d’atteindre notre fin éternelle. Nous portons en nous des forces puissantes que nous devons employer pour l’éternité. Imitons la prudence des enfants du siècle. Amen

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 06:51

   Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais au dedans sont des loups rapaces.

   Le Seigneur nous recommande d’évaluer aux fruits des œuvres les paroles de flatterie et les apparences de douceur et de n’apprécier personne tel qu’il se dépeint en paroles, mais bien tel qu’il se présente par ses actes ; car la rage du loup se couvre chez plus d’un de la peau du mouton. Les épines ne produisent pas de raisins, ni les chardons des figues, et les arbres mauvais ne donnent pas de bons fruits : le Seigneur nous enseigne par là que la réalité des bonnes œuvres ne consiste pas en de telles apparences, et qu’il faut donc reconnaître chacun à ses fruits. Car ce n’est pas uniquement le zèle en paroles qui obtiendra le Royaume des Cieux et ce n’est pas celui qui dit : « Seigneur, Seigneur » qui en recueillera l’héritage.

   Quel mérite y a-t-il en effet à dire « Seigneur, Seigneur » au Seigneur ? Ne serait-il pas Seigneur si nous ne l’appelions ainsi ? Et quelle marque de sainteté y a-t-il à lui donner ce nom ? C’est en obéissant à la volonté de Dieu bien plus qu’en lui décernant un titre qu’on trouvera l’accès au Royaume des Cieux. « Beaucoup me diront en ce jour-là : “Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ?” » Ici encore, c’est la fourberie des faux prophètes que le Seigneur condamne ainsi que les artifices des hypocrites qui tirent présomptueusement gloire de la vertu de leurs paroles, de la prédication de la doctrine, de la mise en fuite des démons et d’autres prodiges semblables.

   Et ils se promettent ainsi le Royaume des Cieux, comme s’ils tenaient d’eux-mêmes ce qu’ils disent et réalisent, et comme si tout bien ne procédait pas de la puissance de Dieu qu’ils ont invoquée : car la science de la doctrine se tire de la lecture et le nom du Christ met en fuite les démons. L’éternité bienheureuse requiert donc notre effort, il nous faut nous dépenser un peu nous-mêmes : nous attacher au bien, éviter tout mal, obéir de tout cœur aux préceptes divins, et en accomplissant semblables devoirs, nous serons connus de Dieu. Faisons ce qu’il veut au lieu de tirer gloire de ce qu’il peut, lui qui rejette et repousse ceux dont les œuvres sont impies : il ne les connaît pas.

   Ô Dieu, votre providence ne se trompe jamais dans ce qu’elle dispose : nous vous prions en suppliant ; détournez de nous tout ce qui nous serait nuisible, et accordez-nous tout ce qui doit nous être avantageux. Amen

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5 juillet 2021 1 05 /07 /juillet /2021 06:55

   Si pieux qu’il fût, le grand roi David, voulant épouser une jeune femme de grande beauté, nommée Bethsabée, avait ordonné qu’on envoyât son mari Urie au plus fort d’un combat contre les Ammonites afin qu’il fût tué, et lorsqu’il s’en fut débarrassé de la sorte, il épousa Bethsabée dont il eut un fils. Le Seigneur lui envoya alors le prophète Nathan pour lui dire : «  Tu as pris l’épouse d’Urie pour en faire ta femme, alors que tu pouvais choisir une épouse parmi toutes les jeunes filles d’Israël. Ainsi parle le Seigneur : De ta propre maison, je ferai lever sur toi le malheur ! » David, alors, saisi de repentir, dit à Nathan : « Hélas ! j’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan reprit : « A cause de ton repentir le Seigneur te pardonne ; tu ne mourras point. Mais voici le châtiment : le fils qui t’a été donné mourra ». A quelque temps de là l’enfant mourut. Et David, dans sa douleur, alla se prosterner le cœur contrit et humilié dans la maison du Seigneur.

   Que de fautes chacun de nous ne commet-il pas à toute heure ! Et cependant aucun de nous, qui formons le peuple, ne pense à l’obligation de les confesser. David, ce roi si glorieux et si puissant, ne peut garder en lui, même un temps assez court, le péché qui pèse sur sa conscience : mais, par une prompte confession, accompagnée d’un regret sans mesure, il s’en décharge aux pieds du Seigneur. Me trouveriez-vous facilement aujourd’hui quelqu’un de riche et d’honoré, qui souffre sans peine d’être repris pour une faute qu’il aurait commise ? Et David, dans l’éclat de la puissance royale, David, loué si souvent par les saintes Écritures, lorsqu’un particulier lui reproche un grand crime, ne frémit point d’indignation, mais au contraire avoue sa faute et en gémit avec douleur.

    Aussi le Seigneur fut-il touché de cette immense douleur, si bien que Nathan dit à David : Parce que tu t’es repenti, le Seigneur a mis à l’écart ton péché. La promptitude du pardon fait voir que le repentir du prince était bien profond, pour écarter ainsi l’offense d’un tel égarement. Le reste des hommes, lorsque les Prêtres ont lieu de les reprendre, aggravent leur péché, en cherchant soit à le nier, soit à l’excuser ; et il y a pour eux chute plus grande, là même où l’on espérait les voir se relever. Mais les saints du Seigneur, qui brûlent de continuer le pieux combat et de fournir en entier la carrière du salut, si parfois, hommes qu’ils sont, ils viennent à faillir, moins par détermination de pécher que par fragilité naturelle, ils se relèvent plus ardents à la course, et, stimulés par la honte de la chute, ils la compensent par de plus rudes combats. De sorte que leur chute, au lieu de leur avoir causé quelque retard, n’a servi qu’à les aiguillonner et à les faire avancer plus vite.

  David pèche, ce qui arrive aux rois trop souvent ; mais il fait pénitence, il pleure, il gémit : ce qui est assez rare chez les rois. Il reconnaît sa faute, il en demande pardon, le front dans la poussière ; il déplore sa misérable fragilité ; il jeûne, il prie, et, manifestant ainsi sa douleur, fait parvenir aux siècles futurs le témoignage de sa confession. L’aveu qui fait rougir de honte les particuliers, ce prince n’en rougit pas. Ceux que les lois atteignent osent nier leur péché, ou ne veulent pas demander ce pardon que sollicite un souverain, qui n’est soumis aux lois d’aucun homme. En péchant, il a donné un signe de sa fragile condition ; en suppliant, il donne une marque d’amendement.

   Tournez-vous un peu vers nous, Seigneur, et laissez-vous toucher au sujet de vos serviteurs. Seigneur, vous vous êtes fait notre refuge de génération en génération, inclinez vers nous votre oreille, hâtez-vous de nous délivrer. Amen

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 06:53

   Nous fêtons Saint Pierre et Saint Paul : deux personnages que tout semblait opposer. Le premier est un simple pêcheur, sans grande instruction, un homme généreux et simple, mais aussi d’une prudence toute paysanne et parfois même hésitante. Le deuxième est un intellectuel, aussi versé dans les Lettres grecques que dans les Ecritures rabbiniques, activiste et audacieux. L’un est rural ; l’autre citadin, citoyen romain par naissance. Pierre est un poltron qui se soigne ; Paul un orgueilleux qui se corrige. Mais il restera toujours chez l’un des traces du lâche qu’il a été, et chez l’autre de l’orgueilleux qui a eu besoin d’être retourné comme une crêpe par la rude expérience du chemin de Damas. Si Pierre était marié, Paul était célibataire ou peut-être veuf. Leurs rencontres sont rares et plusieurs fois ils ont été en conflit. Leurs routes se croisent peu, Pierre se tenant à Jérusalem et à Rome, Paul parcourant en tout sens le nord-est du bassin méditerranéen.

   Pourtant leurs vies ont bien des points communs. Un grand amour pour Jésus d’abord. Certes, il se déploie selon leur tempérament, « la grâce n’abolit pas la nature » se plaisait à dire le Moyen-âge. Pierre grandira avec des allers et retours et même un reniement, avant de se rendre totalement : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » (Jean 21, 17). Paul se fera soudainement terrasser et ne reviendra jamais sur ce virage à 180°, après sa vie de persécuteur. «Ma vie… je la vis dans la foi au Christ qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Galates 2, 20). Mais ce même amour de Jésus les conduira, pratiquement en même temps, à suivre leur Ami dans sa passion et dans sa mort.

   Ensuite, leurs vies, si divergentes en apparence, manifestent la présence sans cesse actuelle du Ressuscité. C’est le Christ qui agit lorsque Pierre est libéré de sa prison ou quand il guérit l’impotent à la Porte du Temple. C’est lui qui est à l’œuvre dans les courses de Paul à travers l’Asie Mineure et la Grèce, où naissent dans ses pas tant de communautés de païens convertis.

   Pierre, de par son origine et sa culture, s’est plutôt porté vers les juifs passés au christianisme et s’est attaché à organiser et unifier les premières communautés. Il était le roc sur lequel s’est bâti l’Eglise. Paul, au contraire, est devenu « par ordre du Seigneur » hardi évangélisateur des païens, rendant l’Eglise naissante autonome par rapport au Judaïsme. Il est rempli de la flamme et du souffle de l’Esprit. L’un comme l’autre ont été, dans leurs tensions, indispensables et complémentaires. L’organisation des communautés et le charisme missionnaire sont tous deux nécessaires à l’édification de l’Eglise.

   Qu’en tirer pour conclusion pour nous aujourd’hui ?

Ne pas dramatiser les tensions dans nos communautés, dans l’Eglise : les oppositions peuvent s’harmoniser dans la communion. C’est la pluralité qui forge la véritable unité.
Savoir nous accepter : c’est de nos natures diverses, et même de nos fragilités acceptées dans l’humilité confiante, que le Seigneur façonne le saint, la sainte qu’il veut faire de nous.
Enfin et surtout, recevons inlassablement la force d’aimer jusqu’au bout le Seigneur Jésus par la fidélité à la prière et à l’eucharistie.

   Les Actes des Apôtres nous montrent l’Eglise primitive qui se constitue autour de Pierre et des 12, tous unis dans la prière, l’écoute de la Parole et la fraction du pain. Et voilà que Paul, appelé par Dieu, vient ouvrir ce cercle un peu fermé en faisant entrer dans l’Eglise les nations païennes. Son zèle bouscule et perturbe les premières communautés qui sont toutes d’origine juive. Sa conception pastorale d’ouverture et de liberté désoriente l’Eglise naissante et provoque ce qu’on a appelé le concile de Jérusalem. On y voit l’autorité de Pierre déjà reconnue et acceptée. Après bien des discussions, il est décidé de ne pas imposer aux païens les prescriptions de la loi juive. Un jour, Paul s’opposera publiquement à Pierre qui paraît encore hésitant par crainte de froisser la sensibilité des chrétiens de tradition juive : c’est le conflit d’Antioche rapporté au c. 2 de la lettre aux Galates. Quand Pierre vint à Antioche, je me suis apposé à lui ouvertement, car il s’était mis dans son tort. Mais Paul réprimande aussi les chrétiens de Corinthe issus du paganisme qui font de l’Eucharistie un simple repas. Il leur rappelle la vraie tradition liturgique : Voici ce que j’ai moi-même reçu et que je vous ai transmis ; le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit : Ceci est mon Corps qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi. Ce texte de s. Paul est le plus ancien que nous ayons sur l’Eucharistie. Il est antérieur même à la rédaction des Evangiles. En ce jour de juin, notre pensée va vers tous ceux qui sont ou vont être ordonnés prêtres. Par cette ordination, ils deviennent serviteurs de la Parole, ministres de l’Eucharistie et des sacrements, et serviteurs du peuple de Dieu. Comme Pierre et Paul, ils sont appelés à être témoins de ce qu’ils prêchent. Ils participent à la mission du Christ qui est de donner Dieu au monde et le monde à Dieu. Nous connaissons la parole du curé d’Ars à un petit berger : « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ». Prions pour l’Eglise et ses ministres. Amen

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21 juin 2021 1 21 /06 /juin /2021 06:46

   Un jour, Jésus se trouvait au bord du lac de Génésareth et la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu...
Faites bien attention à la première phrase : « la foule se pressait autour de Lui... »
   Le prophète Amos disait au sujet du jour du Seigneur : « Voici venir des jours où je répandrai la famine dans le pays, non pas la faim du pain, ni la soif de l’eau, mais celle d’entendre la parole du Seigneur. On ira titubant d’une mer à l’autre, errant du nord à l’est, pour chercher la parole du Seigneur, et on ne la trouvera pas ! » (Am. 8,11-12).

   Les gens qui entouraient Jésus ont cherché non seulement la guérison (comme nous voyons souvent dans l’Evangile), mais quelque chose de plus important : la parole de Dieu. Comme toutes les prophéties, les paroles d’Amos ont une dimension non seulement messianique mais aussi eschatologique.
A mon avis le prophète nous parle aussi de notre époque et même peut être des jours qui viendront.

Actuellement nous, les chrétiens, constatons que la parole de l’Evangile ne touche plus le cœur des gens. Nous n’arrêtons pas de nous plaindre de la sécularisation de la société moderne. Certes, la société s’intéresse peu au christianisme et néanmoins cette société, selon la parole prophétique, a une profonde faim et soif spirituelle de la vraie parole de Dieu.
   La parole du Christ avait la puissance de faire des miracles. Elle avait aussi le pouvoir de retourner le cœur de ceux qui l’entendaient. Les gardes que les pharisiens avaient envoyés pour arrêter Jésus sont rentrés en leur disant :« Jamais homme n’a parlé comme cet homme ». Et juste avant cet épisode, Jésus avait dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ».
   Qu’est-ce qui donne une telle force à la parole de Dieu, à la parole des saints? Les convictions de celui qui parle ? Son talent oratoire, sa grande instruction ?

Cette question a été posée par les Juifs au sujet de Jésus : « comment est-il si savant, lui qui n’a pas étudié ? » (Jn 7, 15).  Et Jésus répond : « mon enseignement ne vient pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé ».

Autrement dit, la parole devient vivante si elle reflète l’expérience vécue d’une profonde union avec Dieu, dans la parole, dans la prière, dans toute la vie.

   L’Évangile de ce dimanche nous offre à la fois un enseignement et une image mystique de la messe. Nous apprenons que la Sainte Église, l’institution chargée du soin des âmes, est la barque de Pierre et, en même temps, le filet dans lequel se trouve le « poisson du Christ » ; nous apprenons ensuite que le Christ est le grand pêcheur d’hommes et que ses auxiliaires sont les Apôtres, les évêques, les prêtres de l’Église. Leur grande tâche est de prendre les poissons. Ainsi l’Évangile est tout une instruction pastorale. Cependant l’Évangile doit aussi se réaliser dans la messe d’aujourd’hui. Nous sommes les foules que le Seigneur enseigne de la barque de Pierre (prédication — parole de Dieu). Nous sommes même les poissons qui fûmes « tirés » de la mer du monde quand il fit « jour », quand le Christ fut notre « lumière » (Intr., Offert.).

   Cela se produisit d’abord dans le baptême, mais cela se produit encore dans la Sainte Eucharistie. Nous devons être comme Pierre qui s’écrie, plein d’humilité : « Éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur » Amen. 

 

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 06:57

   La prière, appuyée sur l’humble repentir des fautes passées et la confiance dans les miséricordes infinies, respire dans l’Introït et toute cette Messe du IIIe Dimanche après la Pentecôte, le premier qui se présente à nous en dehors des fêtes et dans toute la simplicité de l’Office du Temps.

   Les misères de cette vie sont l’épreuve que Dieu fait subir à ses soldats, pour les juger et les classer dans l’autre selon leur valeur. Aussi tous, en ce monde, ont leur part de souffrances. Le concours est ouvert, le combat engagé ; l’Arbitre des jeux regarde et compare : bientôt il prononcera sur les mérites divers des combattants, et les appellera du labeur de l’arène au repos du trône où il siège lui-même. Heureux alors ceux qui, reconnaissant la main de Dieu dans l’épreuve, se seront abaissés sous cette main puissante avec amour et confiance ! Contre ces âmes fortes dans la foi, le lion rugissant n’aura pu prévaloir. Sobres et vigilantes dans cette carrière de leur pèlerinage, sans se poser en victimes, sachant bien que tout souffre ici-bas, elles auront uni joyeusement leurs souffrances à celles du Christ, et elles tressailliront dans la manifestation éternelle de sa gloire qui sera aussi leur partage pour les siècles sans fin.

   Cette parabole de la brebis rapportée au bercail sur les épaules du Pasteur était chère aux premiers chrétiens ; on la rencontre partout dans les monuments figurés des premiers siècles. En même temps qu’elle continue d’affermir notre confiance dans la miséricorde infinie, elle nous rappelle ineffablement le Seigneur Jésus qui naguère rentrait triomphalement dans les cieux, portant avec lui l’humanité perdue et reconquise. « Car quel est ce Pasteur de notre parabole, s’écrie saint Ambroise, sinon le Christ qui te porte en son corps et a pris sur lui tes péchés ? Cette brebis est une par le genre, non par le nombre. Riche Pasteur, dont nous tous formons la centième partie du troupeau ! Car il a les Anges, il a les Archanges, les Dominations, les Puissances, les Trônes, et le reste, innombrables troupeaux qu’il a laissés sur les montagnes, pour courir après la brebis perdue ».

« Celui qui est signifié par le Pasteur », dit saint Grégoire le Grand, « l’est aussi par la femme. Car il est Dieu, et il est la Sagesse de Dieu. Et parce que l’image du prince est requise sur la drachme, la femme (mulier) a perdu sa drachme, lorsque l’homme, créé à l’image de Dieu, s’est éloigné par le péché de la ressemblance de son Créateur. Mais la femme allume sa lampe, la divine Sagesse apparaît dans l’humanité. Lampe en effet dit lumière dans un vase d’argile ; et la lumière dans l’argile, c’est la divinité dans la chair. De cette argile de son corps, la Sagesse dit elle-même : Ma force a séché comme l’argile. Car de même que l’argile durcit au feu, sa force a séché comme l’argile, parce qu’elle a affermi pour la gloire de la résurrection, dans le creuset des souffrances, la chair qu’elle avait prise. Ayant donc retrouvé la drachme perdue, elle convoque ses amies et ses voisines, disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue. Quelles sont ces amies sinon les célestes Puissances, d’autant plus voisines de la Sagesse éternelle, qu’elles s’en approchent dans la gloire d’une vision sans fin ? Mais nous ne devons pas négliger de rechercher pourquoi cette femme, qui figure l’éternelle Sagesse, a dix drachmes, dont elle retrouve l’une, après l’avoir perdue. Il faut donc savoir que le Seigneur a créé, pour le connaître éternellement, la nature des anges et des hommes, et qu’il a fait cette double nature à son image. La femme en conséquence eut dix drachmes ; car neuf est le chiffre des chœurs des anges, et l’homme fut créé dixième pour parfaire le nombre des élus ; séparé de son Créateur, il ne fut point perdu sans retour, parce que la divine Sagesse, revêtant chair, fit briller à ses yeux sa douce lumière à travers l’argile ». (St Grégoire, homélie 34)

   Seigneur, multipliez sur nous votre miséricorde, afin que gouvernés et conduits par vous, nous passions au milieu des biens temporels sans perdre les biens éternels. Amen

 

 

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 06:20

   Après le dogme de la Sainte Trinité, c’est celui de l’Incarnation de Jésus que le Saint-Esprit nous rappelle, en nous faisant célébrer aujourd’hui, avec l’Eglise, le Sacrement par excellence qui, en résumant toute la vie du Sauveur, donne à Dieu une gloire infinie et applique aux âmes, à toutes les époques, les fruits de la Rédemption.

   C’est sur la Croix que Jésus nous a sauvés, et l’Eucharistie, instituée la veille de la Passion du Christ, en est restée le mémorial. L’autel est le prolongement du Calvaire. Jésus y est en effet à l’état de victime, car les paroles de la double consécration manifestent la séparation du Corps et du Sang, ce dernier ayant coulé en abondance durant la Passion, jusqu'au percement du Sacré-Cœur par la lance du centurion. C'est le Christ immolé qui est offert à la divine majesté.

   A la messe, le Sauveur agit dans la personne de son ministre, le prêtre, offrant de façon non sanglante l'unique Sacrifice rédempteur pour en continuer l'action et en distribuer les fruits. Par où l’on voit que l’Eucharistie fut instituée sous forme de nourriture, afin que nous puissions nous unir à la victime du Calvaire : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6, 54).

   L’hostie sainte est ainsi « le froment qui nourrit nos âmes », comme le dit la sainte Liturgie. Et de même que le Christ, mort et ressuscité, reçoit la vie éternelle du Père, de même les chrétiens participent à cette vie éternelle en s’unissant à Jésus par cet auguste sacrement. La possession anticipée de la vie divine sur terre dans l’Eucharistie est le gage et le commencement de celle dont nous jouirons pleinement au ciel : « Le même pain des anges que nous mangeons maintenant sous les voiles sacrés, dit le concile de Trente, nous le mangerons au ciel sans voile ».

   La messe est le sommet du culte de l’Eglise. Sacrifice eucharistique, la sainte messe est l'acte de religion le plus parfait, et la communion est le moyen établi par Notre Seigneur pour participer pleinement à son action salvatrice. Que notre dévotion envers le Corps et le Sang du Sauveur nous obtienne les fruits de la Rédemption qu'Il nous a acquise sur la Croix.

Ave verum…Salut vrai corps, né de la Vierge Marie, qui avez vraiment souffert et avez été immolé sur la Croix pour les hommes, Vous dont le côté percé a versé de l’eau et du sang ; puissions-nous vous recevoir à l’heure de notre mort.  Ô doux Jésus, ô bon Jésus, ô Jésus fils de Marie ! Amen

 

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31 mai 2021 1 31 /05 /mai /2021 10:09

  Il y a une formule que nous prononçons tous les jours et même plusieurs fois par jour. Nous n’avons pas souvent l’occasion de nous arrêter sur cette formule extraordinaire de notre foi : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». L’expression « au nom de », très habituelle dans la Bible, signifie qu’il s’agit bien d’un seul Dieu ; en même temps les trois personnes sont nommées et sont bien distinctes : Le Père, Le Fils et Le Saint Esprit.

   Trois Personnes qui ne se confondent pas et qui ne se concurrencent pas. Trois Personnes qui s’aiment et ne cessent de nous manifester leur amour. Trois Personnes qui agissent toujours ensemble dans une parfaite et totale communion d’action. Il y a ce qui est propre aux Trois et il y a ce qui convient à chacune en propre : la paternité convient au Père, la filiation convient au Fils et la procession convient à l’Esprit Saint.

   La célébration de ce jour est donc une célébration du mystère de l’amour. L’amour qui fait que trois font Un : Un Dieu en Trois personnes, l’Unité dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité. Notre baptême nous plonge dans cette communion divine des Trois personnes, nous avons été baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Nous sommes plongés dans cette relation pour vivre de cette relation. La Trinité nous dit que nos relations interpersonnelles même difficiles sont  toujours possibles, si nous acceptons de nous laisser habiter par la grâce divine.

   Quand Dieu a choisi Israël pour se révéler aux hommes, l’humanité était polythéiste. Les divinités étaient en vogue dans les cultures ambiantes d’Israël. Dans ce contexte- là, il était impossible pour l’homme d’entendre le double message : Dieu est Un et il est en Trois Personnes. 

   La première étape de la Révélation divine s’est déployée tout au long de l’Ancien Testament et a exigé une lutte incessante des prophètes contre le polythéisme. Dieu seul est Dieu. Israël est à la fois le peuple élu et en même temps Dieu est le Dieu de tous les peuples, puisqu’Il est le Seul Dieu. Il est le créateur de tout ce qui existe. C’est Lui qui dirige tous les projets de l’humanité. Tout ce qui n’est pas référé à Lui reste précaire. Son salut offert est totalement gratuit. Lui seul est le Salut de l’humanité. La deuxième étape de la Révélation est offerte aux hommes par la prédication du Christ. Après la Résurrection du Christ, ses disciples ont médité toutes ses paroles, et ils ont pu entendre enfin la deuxième partie du message de la Révélation : ce Dieu UN en Trois Personnes.

   Après sa Résurrection, Jésus se montre aux onze disciples sur la montagne. Cela se passe en Galilée qu’on appelait couramment le ‘ carrefour des païens’ ou ‘la Galilée des Nations’ ; car désormais la mission des apôtres concerne toutes les nations. Jésus leur donne l’ordre de continuer, en l’élargissant au monde entier, La Mission qu’il a reçue du Père : révéler Dieu comme Père, Fils et Esprit, pour que toute personne puisse devenir croyante et mettre en application son enseignement. C’est un bonheur de se laisser conduire par l’Esprit pour devenir fils et héritiers avec le Christ, nous dit saint Paul. Cette relation avec les personnes divines est source de liberté, donne la grâce de la paternité et de la fraternité.

   La mission confiée aux apôtres s’apparente bien à une folie. Mais ils ne sont pas seuls, ne l’oublions jamais : dans la mesure où notre mission n’est pas la nôtre, mais celle de Jésus, nous n’avons pas de raison de nous inquiéter des résultats : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur terre. Allez donc ! » En d’autres termes, c’est nous qui allons, mais c’est lui qui a tout le pouvoir. 

   La mission d’annoncer le Christ, l’évangélisation doit être notre travail mais pas notre angoisse ! Ce pouvoir que Jésus n’a pas revendiqué, n’a pas acheté, lui est donné par son Père. Désormais, ce pouvoir est entre nos mains !  A nous d’y croire : « tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la terre. Allez donc ! (…) Et moi, ajoute Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Voici le très bref discours d’adieu de Jésus. Le Christ agrandit toujours son Eglise par la prédication de l’Evangile et par le baptême. Assuré de sa présence mystérieuse au milieu d’elle, l’Eglise doit répandre la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.  

   Jésus a vécu trois ans avec ses disciples, on pourrait dire une préparation brève pour une mission immense. On pourrait dire qu’ils n’ont pas été suffisamment préparés pour cette mission. Si Jésus était un chef d’entreprise, il ne pourrait pas prendre le risque de confier la suite de son affaire à des collaborateurs comme ceux-là, des collaborateurs qui semblent n’avoir pas assimilé toute la formation qu’il leur a donnée. Matthieu dit clairement que « certains eurent des doutes. »

   La mission qui leur est confiée et qui est pleine de risques est de promouvoir un message qui les surprend encore. Il s’agit de la communication entre Dieu et les hommes : « Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »   Rendons grâce à Dieu qui nous manifeste chaque jour sa paternité. Prions les uns pour les autres afin que la Trinité nous aide à découvrir la beauté de l’amour. Amen    

 

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