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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 06:41

   Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais souvent je me demande pourquoi le Saint Esprit n’a pas plus d’effets dans nos vies, dans nos communautés, dans notre Église. Quand on entend la 1ère lecture des Actes des Apôtres, et qu’on lit la suite de ce livre, là, on voit l’Esprit à l’œuvre et on assiste en direct à toutes les merveilles qui se produisent dans la vie des gens, dans la vie des communautés. Tous ceux qui reçoivent le Saint Esprit, deviennent tous capables d’annoncer l’Évangile et de l’annoncer de telle manière que tous ceux qui l’entendent adhèrent et changent de vie. Rien ne les arrête, on peut les mettre en prison, les torturer, ça ne diminuera pas leur enthousiasme, au contraire ! Et puis il y a tous ces signes et prodiges dont parlait Jésus dans l’Évangile qui sont accomplis de manière permanente. Il avait promis aux apôtres qu’ils seraient capables de faire des œuvres aussi puissantes que lui et même plus grandes encore, on le voit dans le livre des Actes…

   Et chez nous, qu’est-ce qu’on voit ? Pas grand chose ! On voit des églises de moins en moins remplies, signe que toutes nos prédications ne portent pas grand fruit. Personne en les entendant ne se dit : je ne pourrais plus me passer d’entendre cette parole de vie. Sur le coup, les gens nous remercient, mais ça ne change rien dans leur vie. Et on constate que, souvent, les chrétiens sont frileux pour annoncer l’Évangile, pour inviter des connaissances à partager un moment de foi. Quand on fait un appel pour trouver des volontaires pour nous aider dans telle ou telle mission, ou seulement pour un coup de main matériel, tout le monde baisse la tête et pense que ce n’est pas pour lui ! La messe du dimanche n’est plus une priorité, même pour certains chrétiens actifs. Je ne veux pas continuer cette liste, certes déprimante, mais pourtant vraie. Bref, on est loin, très loin de voir aujourd’hui dans nos vies, dans nos communautés ce qui se passait dans le livre des Actes des Apôtres.

    Pourtant que de Pentecôtes nous avons vécu depuis que nous sommes nés, ces fêtes au cours desquelles, de manière privilégiée, nous avons supplié le Seigneur de venir, par son Esprit-Saint, renouveler la face de la terre, la vie de nos communautés et notre foi personnelle. Dieu resterait-il sourd à nos prières ? Que de sacrements aussi auxquels nous avons participé, qui tous nous permettent d’accueillir le St Esprit. Je pense à la messe, par exemple, lors de la consécration, le prêtre étend les mains, signe qu’il appelle la puissance du Saint Esprit pour que le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ. Ce qui fait que lorsque nous communions, comme le disait un père de l’Eglise, nous recevons le pain et le feu, le feu de l’Esprit. Alors, il est inévitable que nous nous posions cette question : l’Esprit-Saint aurait-il, au fil des siècles et des années, perdu de sa puissance pour ne plus pouvoir réaliser les merveilles qu’il accomplissait dans les premiers temps de l’Église ?

   Evidemment, vous vous en doutez, ce n’est pas du côté de Dieu, du Saint-Esprit qu’il y a un problème, c’est de notre côté ! D’ailleurs, il n’y a pas qu’un seul problème, il y en a plusieurs, j’espère que personne ne les cumule tous ensemble ! Permettez-moi d’en énumérer quelques-uns.

  • 1er problème. Certains chantent : Oh Seigneur envoie ton Esprit qu’il renouvelle la face de la terre. Mais en fait, pour eux c’est juste un chant. Le Saint Esprit, ils ne savent même pas qui il est et ce qu’il peut faire exactement. Alors ils chantent avec les autres mais ils n’attendent rien de lui.
  • 2ème problème. Pour d’autres, le Saint Esprit est une force assez vague et floue. D’ailleurs, ils ne le prient jamais directement ! Jamais ils ne commencent une prière en disant : Saint Esprit, je vous demande … Le Credo dit que le Saint Esprit doit recevoir même adoration et même gloire que le Père et le Fils, il doit être autant prié que le Père et le Fils. Il y a pas mal de chrétiens qui ont, à ce niveau, une vraie marge de progression !
  • 3ème problème. D’autres encore, parmi les chrétiens vivent dans la suffisance. Or, le Saint Esprit, il est souvent appelé le Père des pauvres. Il ne peut agir que dans le cœur de ceux qui reconnaissent leur pauvreté. Mais dans les cœurs de pauvre, il agit avec une puissance étonnante, c’est pour cela que Jésus disait : Heureux les pauvres de cœur ! Oh oui, ceux-là sont heureux, ils verront les merveilles du Saint Esprit à l’œuvre en eux, ils verront les merveilles que le St Esprit peut réaliser par eux. Mais tous ceux qui vivent dans la suffisance, dans l’orgueil, dans le jugement permanent des autres, ceux-là, parce qu’ils n’ont pas un cœur de pauvre, la puissance du St Esprit coulera sur eux, comme l’eau sur les plumes d’un canard.
  • 4ème problème. Certains voudraient bien que l’Esprit-Saint agisse en eux, mais ils ne veulent pas qu’il vienne changer quoique ce soit. Vous faites des merveilles, mais vous me laissez ma petite vie tranquille. Vous pouvez, à la limite vous occuper de ma vie religieuse, mais le reste, ne venez pas y mettre votre nez! La gestion de mes relations, de mon compte en banque, de mon affectivité, ça ne vous regarde pas. Evidemment, dès qu’on met des limites à l’action de l’Esprit-Saint, il respecte tellement notre liberté qu’il comprend qu’il n’est pas vraiment le bienvenu chez nous, il attend donc des jours meilleurs où nous accepterons d’ouvrir toutes nos portes !
  • 5ème problème qui est un prolongement du 4ème. St Augustin quand il parle de la Trinité dit que le Père, c’est celui qui aime, le Fils, c’est celui qui est aimé et qui rend tout l’amour qu’il reçoit et le St Esprit, c’est l’amour. Vous avez entendu, l’Esprit-Saint, c’est l’amour. Alors évidemment, tous ceux qui ne veulent pas aimer certains personnes, certaines catégories de personnes voire certaines races. Ceux-là, forcément, ils se ferment d’emblée à l’action du Saint Esprit en eux. Refusant l’amour inconditionnel, ils refusent le St Esprit.

Peut-être et même sûrement y aurait-il d’autres problèmes à évoquer. Mais cela suffit pour les problèmes ! Quelles solutions, quels remèdes sont possibles. Quand nous chantons : O Seigneur envoie ton Esprit qu’il renouvelle la face de la terre. Dieu répond, il envoie le St Esprit.

   Mais si ensuite, nous n’acceptons pas que le St Esprit se mélange à toute notre vie, il ne se passera rien, il va se déposer au fond de nos cœurs, attendant que nous le laissions agir. Par contre quand nous le mêlons à toute notre vie, il la change et lui donne une saveur extraordinaire. Maintenant, c’est à nous de choisir ! Voulons-nous vivre une Pentecôte comme toutes les autres, qui n’aura comme seul effet de voir le St Esprit traverser nos vies pour se déposer dans nos cœurs ou voulons-nous voir les merveilles de l’action du Saint Esprit, dans nos vies, dans l’Église et au-delà dans le monde ? Veni Sancte Spiritus. Amen

 

 

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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 18:33

   L’Épître de saint Jacques le Mineur est très instructive et très édifiante ; elle est en même temps facile à comprendre. Elle fait sans doute partie des plus anciens écrits du Nouveau Testament et doit remonter à l’époque qui précède de peu le concile de Jérusalem. Elle traite de la pratique de la vie chrétienne. Le passage qui nous occupe traite de la patience : « Voyez un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toutes sortes qui vous assaillent. Vous le savez, si votre foi est véritable, elle produit la patience ; mais la patience doit vous mener à la perfection ».

   Dans l’office de nuit l’Eglise nous fait lire un beau passage du livre de saint Cyprien sur la patience. Le saint nous propose, d’abord, l’exemple de Dieu et du Christ : « Cette vertu nous est commune avec Dieu. C’est en lui que cette vertu a son principe, c’est de lui qu’elle tire sa gloire et sa dignité. Dans son origine et dans sa grandeur, la patience a Dieu comme auteur. L’homme doit aimer une chose qui est chère à Dieu. Un bien que Dieu aime est recommandé par sa divine majesté. Si Dieu est notre Seigneur et notre Père, attachons-nous à la patience de celui qui est à la fois notre Seigneur et notre Père. Il faut, en effet, que les serviteurs obéissent et que les enfants ne soient pas dégénérés ». Saint Cyprien parcourt toute la vie du Seigneur et nous montre partout sa patience, surtout dans sa Passion.

   La Sainte Écriture de l’Ancien comme du Nouveau Testament est également remplie d’exemples de patience. Enfin, saint Cyprien étudie la patience par rapport à la vie chrétienne. Elle donne la persévérance, elle préserve des vices, elle fait naître l’amour, elle triomphe de la haine et de la discorde, elle fait surmonter les contrariétés de la vie. « L’efficacité de la patience est très étendue. Dans toutes nos actions, rien ne peut s’achever sans recevoir sa force de la patience. C’est la patience qui nous recommande et nous garde à Dieu. C’est elle qui tempère la colère, qui réfrène la langue, qui gouverne l’esprit, qui conserve la paix, qui dirige la bonne éducation, qui brise l’impétuosité des passions, qui réprime la violence de l’orgueil, qui éteint l’incendie des haines, qui maintient dans ses limites la puissance des riches, qui adoucit la détresse des pauvres, qui protège la bienheureuse intégrité des vierges, la laborieuse chasteté des veuves et l’amour indestructible des gens mariés ; elle rend humble dans la prospérité, fort dans l’adversité, doux en face des injustices et des injures. Elle apprend à pardonner vite à ceux qui commettent une faute ; si l’on commet soi-même une faute, elle enseigne à demander, longtemps et avec instance, le pardon. Elle combat les tentations, elle supporte les persécutions, elle conduit à leur perfection les souffrances et le martyre. C’est elle qui affermit les fondements de notre foi, c’est elle qui favorise le développement de notre espérance. Elle dirige toutes nos actions, elle nous rend capables de suivre la voie du Christ en nous faisant marcher dans sa patience ».

   L’Eglise nous recommande, cette semaine, la pratique de cette vertu, d’une manière toute spéciale…alors bonne patience à tous. Amen

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 06:51

   Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus ne fait pas de détail, il annonce la vérité sans ambages ! « On vous exclura de la synagogue. Et même, l'heure vient où tous ceux qui vous tueront s'imagineront offrir ainsi un sacrifice à Dieu. ». Les apôtres n’étaient pas des naïfs, ils vivaient en temps de guerre, en temps d’occupation militaire de leur pays ! Et Jésus ne leur dit pas : «  Suivez-moi, croyez en moi et tout ira bien, vous n’aurez plus de souci en ce monde ! » Non ! Il leur dit tout le contraire ! 

    Cette affirmation de Jésus est encore valable aujourd’hui et il ne faut pas la camoufler sous des bons sentiments ou des paroles à l’eau de rose lorsque nous sommes appelés à témoigner de notre foi ou de la parole de Dieu ! La paix de Dieu n’exclut pas les problèmes du monde dans la vie du chrétien, mais, elle offre la paix du cœur au sein même des évènements les plus terribles ! Nous-mêmes devons savoir recevoir cette dure vérité en notre cœur et accepter toutes les croix de notre vie dans la confiance en Dieu.

   Pas facile, voir impossible me direz vous ! Certes, c’est impossible par nos propres forces humaines, mais Jésus le sait et il donne la réponse aux apôtres :

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d'auprès du Père, lui, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.  Je vous dis tout cela pour que vous ne risquiez pas de tomber. »

   Les apôtres vont recevoir l’Esprit Saint en plénitude le jour de la Pentecôte et ils vont en vivre ! Ils deviendront forts dans la foi, et ils témoigneront du Seigneur jusque dans la mort. Dans ce temps actuel où l’intolérance religieuse se développe tant, envers les chrétiens, il est temps de se demander quel accueil nous faisons à l’Esprit Saint dans notre vie ? Nous avons en effet reçu l’Esprit Saint en plénitude le jour de notre baptême, et, le jour de notre confirmation, nous avons accepté de vivre sous sa grâce. Mais aujourd’hui qu’en est-il dans notre vie ? Laissons-nous vraiment L’Esprit Saint parler à notre cœur et nous guider ? Ne nous y trompons pas, sans la Force de vie de l’Esprit Saint en nous, aucun de nous ne sera capable de suivre Jésus, et nous tomberons, fuyant devant le monde, et renonçant à vivre vraiment avec Jésus. … Alors ? Sommes-nous prêts comme les apôtres à vivre aujourd’hui avec l’Esprit Saint, le défenseur que Jésus nous envoie d’auprès du Père ?

   Avec l’oraison de ce jour, redisons avec force : « Dieu tout-puissant et éternel, faites que nous apportions toujours une volonté fidèle à vous suivre et un cœur sincère à vous servir ». Amen

 

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 17:50

   C’est l’évangéliste Saint Marc qui nous annonçait la Résurrection de Jésus à la grand’messe du Jour de Pâques, c’est encore lui qui est chargé de nous faire assister à son Ascension. Elle est bien brièvement décrite : « Le Seigneur Jésus (après qu’il leur eut parlé) fut élevé au ciel et il est assis à la droite de Dieu ».

   Quand on compare les évangélistes entre eux on voit que St Marc a traité rapidement les évènements qui ont suivi la Résurrection ; aussi il est assez difficile de dire si cette apparition de Jésus à ses disciples attablés est bien la dernière, celle qui a précédée immédiatement l’Ascension.

   Cela ne veut pas dire que les paroles de Jésus n’auraient pas été prononcées ! Il est bien certain, au contraire, que Notre-Seigneur, durant les 40 jours qui ont suivi sa résurrection est apparu de nombreuses fois aux siens et les a dûment enseignés sur leur mission, et pour affermir leurs convictions. Et ne soyons pas surpris qu’au passage Notre Seigneur leur reproche leur incrédulité et leur dureté de cœur. Effectivement ils n’avaient pas cru les premiers témoins de sa Résurrection, ces saintes Femmes qui avaient vu les Anges au Tombeau, et l’avaient ensuite rencontré lui-même sur le chemin du retour. Et Thomas l’incrédule qui ne voulait pas croire les 10 autres apôtres…

   Oui les reproches de Jésus sont mérités. Mais pensons-nous qu’il ne nous arrive pas à nous aussi d’avoir incrédulité et dureté de cœur ? Quand nous fréquentons quelque peu l’évangile, nous découvrons comment Jésus tient à ce que l’on croit en Lui. C’est justice puisqu’il est venu pour nous donner la Vérité. A ceux qui se vantaient auprès de lui d’être de la descendance d’Abraham, Jésus réplique : « Je sais que vous êtes de la postérité d’Abraham ; n’empêche que vous cherchez à me faire mourir parce que ma parole ne trouve pas de place en vous ».

   Nous, nous nous honorons plus encore de notre titre de chrétiens que le Juifs ne pouvaient s’honorer de leur descendance d’Abraham ! Mais Jésus, lui, est-il toujours honoré de notre foi ?

« Croyons-nous en Lui de cette Foi vive et ardente qui le regarde toujours dans sa Gloire, qui tienne nos cœurs élevés et attachés à lui par amour, et qui nous donne non seulement de l’indifférence, mais un grand dégoût pour tout ce qui se fait sur la terre ? » Ne soyons pas heurtés par ce mot dégoût ! Le dégoût dont il est question ici, atteint tout ce qui se présente en dehors de la révélation chrétienne, en dehors des vertus chrétiennes, en dehors des aspirations chrétiennes et du sens chrétien de la vie.

   Qui a vraiment le goût du Christ et qui a le dégoût de tout ce qui dans le monde où l’on vit est en dehors ou contre Jésus-Christ ?

   L’Ascension exalte la Royauté de Notre Seigneur sur nous ses sujets. Elle marque que nous savons reconnaître que notre vie a une allure céleste « nous croyons que notre Rédempteur est monté aux Cieux, que nous y habitions aussi en esprit » nous fait dire l’oraison de la fête.

« Qu’il vous plaise, frères bien-aimés, après avoir déposé le fardeau des pensées du monde présent, de donner de l’essor à vos esprits tendus vers le sublime » C’était l’avertissement donné jadis aux chrétiens d’Espagne ! Si l’envol est encore trop lourd, sachons nous détacher de ce qui l’appesantit. S’il est trop lent, fournissons un nouvel effort.

Terminons avec cette remarque de St Bernard (in Cant. Serm 72)

« Il cite ces paroles du livre des Proverbe : j’aime ceux qui m’aime et quiconque veillera en quête de moi me trouvera. Vous voyez donc qu’il vous promet non seulement son amour, si vous l’aimez, mais son attention si vous lui consacrez la vôtre… Vous êtes bon, Seigneur, pour l’âme qui est en quête de vous…vous qui êtes son Seigneur, notre Dieu, béni dans les siècles des siècles. » Amen

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 10:29

   Force nous est de nous rendre compte qu’un nombre important de Français ont perdu jusqu’au souvenir d’une fête nationale en l’honneur de Saint Jeanne d’Arc ! Alors aujourd’hui nous jetterons les yeux de notre âme sur celle qui fut sans doute la plus extraordinaire de tous les Français.

   Je crois vous avoir parlé, il y a quelques années, de son Étendard. Il n’avait rien de guerrier : l’ornait sur une face une peinture représentant Jésus assis en majesté entouré de deux anges, sur l’autre face on voyait la scène de l’Annonciation de la Ste Vierge, les noms de Jesus et Maria s’y lisaient en lettres étincelantes, bref davantage bannière de procession qu’insigne militaire. Mais si conforme au modèle qu’elle en avait reçu de ses Voix que Ste Catherine et Ste Marguerite lui dirent : « Puisque tu as obéis, prends-la sans crainte et porte-la hardiment ».

   Il fallait partir pour Blois, la dernière cité libre avant Orléans assiégé. Jeanne se trouvait alors à Tours. Dans la soirée du 24 avril 1429, elle atteignait Blois. Une grande joie l’y attendait. Ses deux frères Jean et Pierre l’y avaient devancé : elle se jeta dans leurs bras. Ils lui apportaient des nouvelles de la maison, mais surtout le pardon de son père qui n’avait pas compris la mission de sa fille, elle qui avait dû fuir pour être fidèle aux ordres de Dieu : « Si j’avais eu cent pères et cent mères, je serai partie »

   Le lendemain matin, elle faisait bénir son étendard au prêtre qui le lui remit en disant : « Reçois cet étendard sanctifié par les célestes bénédictions. Dieu te fasse la grâce de le porter sans crainte et ans péril à travers les bataillons ennemis ».

-sans crainte : elle l’était Jeanne qui depuis l’âge de 12 ans ½ avait vu le ciel s’ouvrir et par les voix de l’archange St Michel et des Stes Catherine et Marguerite avait reçu l’ordre de partir pour délivrer le Royaume de France.

-sans crainte : il lui avait fallu passer par-dessus les interdits de sa famille, bousculer le scepticisme du sire de Beaudricourt à Vaucouleurs, traverser jusqu’à Chinon la France infestée d’ennemis et de pillards, se faire admettre du roi, apprendre les dédales de la politique, la conduite des armées, la science d’utiliser les engins de guerre, l’art de chevaucher et déjà combien d’autres choses.

-sans crainte et sans péril : mais en attendant les périls des combats, d’autres avaient guetté la jeune fille. Ne serait-ce que celui de l’orgueil et de la suffisance : Jeanne est donnée à une nation vaincue, à un roi découragé qui n’a plus d’initiative, ni de commandement, prisonnier de son entourage ; donnée à une armée en déroute, qui ne connaît plus que la honte de la débâcle ; donnée à un peuple décimé par une guerre séculaire !

On la reçoit déjà…et ce sera de plus en plus comme un Ange du Ciel. Va-t-elle s’exalter, se gonfler d’honneur et d’ambition. Non pas ! Ferme, convaincue, ardente, elle s’impose, mais parce que sa mission est divine. Elle est catégorique, absolue, jamais provocante ni téméraire, jamais faisant étalage d’une supériorité qu’elle ne songe point à se donner. « Si vous voulez m’employer, dit-elle au roi, c’est votre Royaume tout entier que je vous rendrai…Mettez-moi en œuvre ; c’est Dieu qui m’envoie pour vous sauver. En voulez-vous la preuve ? Je puis vous affirmer qu’Orléans sera délivré par moi »

Compatissante, bonne, douce, accessible en toutes occasions, elle répète aux pauvres affligés en les consolant gracieusement : « C’est pour vous que je suis venue ».

   Voulez-vous que nous gardions ces paroles. Elle est venue pour nous…pas seulement pour ceux de nos ancêtres qui l’ont rencontrée et accueillie, il y a bientôt 600 ans. Mais pour nous, de maintenant ? Car comme du temps de Ste Jeanne d’Arc, il y a encore grande pitié au Royaume de France. Puisque Dieu lui-même a voulu veiller sur notre patrie, pouvons-nous dire que nous en tenons compte ?

La fidélité de Ste Jeanne d’Arc à Jésus-Christ, sa charité ardente, ses vertus demeureront plus qu’un exemple, un bien national qu’il faut exploiter, qu’il faut exalter, pas par des discours, mais dans nos âmes. Comme le disait le grand Péguy qui a aimé Jeanne d’Arc sublimement : « Nous ne demandons plus que vos grâces d’honneur »

Honneur de Dieu, honneur de notre Patrie, honneur de nos vies. Amen

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26 avril 2021 1 26 /04 /avril /2021 06:55

   Ce que notre Seigneur appelle un peu de temps, c’est tout l’espace que parcourt d’une aile rapide le siècle présent ; ce qui a fait dire au même Évangéliste dans son Épître. « C’est la dernière heure ». En disant : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, » il s’adresse à ceux qui le voyaient alors corporellement présent, et leur parle ainsi parce qu’il devait aller vers son Père, et qu’après son ascension ses disciples n’allaient plus le voir comme homme mortel, tel qu’ils le voyaient lorsqu’il leur disait ces choses. Mais quand il ajouta : « Et encore un peu de temps et vous me verrez, » c’est à toute l’Église qu’il le promit ; comme c’est à toute l’Église qu’il a fait cette autre promesse : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle ». Le Seigneur ne retardera pas l’accomplissement de sa promesse : encore un peu de temps et nous le verrons, mais dans un état où nous n’aurons plus rien à demander, où nous n’aurons plus à interroger sur rien, parce qu’il ne nous restera rien à désirer, ni rien de caché à apprendre.

   Ce peu de temps nous paraît long, parce qu’il dure encore ; mais lorsqu’il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : « Mais le monde se réjouira » ; et néanmoins, pendant l’enfantement du désir de l’éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; montrons-nous, comme dit l’Apôtre : « Joyeux par l’espérance, patients dans la tribulation ». En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, éprouve plus de joie à mettre au monde un enfant, qu’elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente.

   Dans notre vie, il y a aussi deux délais, et les choses se passent pour nous exactement comme pour les disciples. « Un peu de temps et vous ne me verrez pas ». C’est la vie terrestre, pendant laquelle nous ne voyons pas le Seigneur. C’est le temps de l’exil terrestre, et il en va pour nous comme pour les Apôtres : « Vous gémirez et vous pleurerez ; quant au monde, il se réjouira ». La vie terrestre ne présente guère aux enfants de Dieu que des larmes et du chagrin ; ils rencontrent bien des peines sur la terre. Pour les mauvais, ils vivent dans la joie et la volupté ; ils se rient de nous. Mais cela même est pour nous une consolation. La vie terrestre ne dure qu’« un peu de temps ». Bientôt viendra le second délai : « vous me verrez de nouveau » ; « quand je vous reverrai, votre cœur se réjouira, et votre joie, personne ne pourra vous l’enlever. » Quand nous serons morts, le Sauveur glorifié paraîtra devant nous. Alors toute souffrance sera oubliée, alors ce sera la joie éternelle. — Cette idée du petit délai est chère à la chrétienté ; elle s’applique tour à tour au Seigneur et aux disciples ; elle exerce sur tous les cœurs un véritable charme. L’oraison de ce jour, elle aussi, est une prière de voyage : « Ô Dieu, tu montres à ceux qui errent la lumière de ta vérité, afin qu’ils puissent revenir sur la voie de la vérité ». L’oraison suppose que nous errons sur la terre, que nous avons besoin d’un guide et, pour ainsi dire, d’une étoile, comme les Mages, de la lumière de la vérité (et non de la lumière trompeuse des joies mondaines). Oui, Seigneur, vous êtes la Voie (le chemin), la Vérité et la Vie ! Amen

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19 avril 2021 1 19 /04 /avril /2021 07:02

   La solennité pascale se termine par la fête de ce jour ; autrefois les néophytes changeaient aujourd’hui de vêtements, d’où le nom d’ « In Albis » donné à ce dimanche. Cependant leur cœur devait garder toujours la blancheur de la robe qu’ils quittaient.

   Lorsque nous entendons cette lecture de l’Évangile, une première question frappe notre esprit : comment le corps du Seigneur, après sa résurrection, était-il un véritable corps, ayant pu entrer dans le lieu où se trouvaient les disciples, quoique les portes fussent fermées ? Mais nous devons savoir que l’opération divine serait moins admirable si elle était comprise par la raison, et que la foi n’a pas de mérite, si c’est la raison humaine qui lui fournit la preuve de ce qu’elle croit. Il faut comparer ces œuvres de notre Rédempteur, qui d’elles-mêmes sont absolument incompréhensibles, à ce qu’il opéra en d’autres circonstances, afin d’augmenter notre foi en ces choses admirables, par le souvenir de faits plus merveilleux encore. Ainsi, ce corps du Seigneur, qui entra dans le lieu où les disciples se trouvaient rassemblés en laissant les portes closes, c’est le même corps qui, dans sa nativité, vint au monde sans ouvrir le sein de la Vierge, sa mère. Quoi donc d’étonnant, si, après être ressuscité pour vivre éternellement, il entra les portes closes, lui qui, venant pour mourir, était sorti du sein fermé de la Vierge ?

   Mais la foi de ceux qui contemplaient ce corps rendu visible à leurs yeux, restant indécise, Jésus leur montra aussitôt les plaies de ses mains et de son côté ; il leur accorda de palper cette chair avec laquelle il était entré, portes closes. En cela le Seigneur a fait voir deux choses merveilleuses, qui, selon la raison humaine, paraissent contraires l’une à l’autre : son corps ressuscité, il nous l’a montré incorruptible et néanmoins palpable. Car ce qu’on peut toucher est sujet à se corrompre, et ce qui ne se peut corrompre ne se peut toucher. Mais chose admirable et incompréhensible, notre Rédempteur a fait voir à ses disciples après sa résurrection, son corps à la fois incorruptible et palpable. En le montrant incorruptible, il voulait nous inviter à la récompense, et en accordant de le toucher, il voulait affermir notre foi. Le Sauveur s’est donc montré et incorruptible et palpable, afin de prouver qu’après sa résurrection son corps était de la même nature qu’auparavant, mais bien autrement glorieux.

   Jésus dit à ses disciples : « Paix à vous ! Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie. » C’est-à-dire, comme Dieu mon Père m’a envoyé, moi qui suis Dieu ; de même, moi qui suis homme, je vous envoie, vous qui êtes hommes. Le Père a envoyé son Fils, dont il a résolu l’incarnation pour la rédemption du genre humain. Il a voulu qu’il vînt au monde pour souffrir, et cependant il aimait ce Fils qu’il envoyait à la passion. Or le Seigneur, après avoir choisi ses Apôtres, les envoie dans le monde, non pour goûter les joies du monde, mais il les envoie, comme il a été envoyé lui-même, pour souffrir. Le Fils est aimé par le Père, et cependant envoyé pour souffrir ; de même les disciples sont chéris du Seigneur, qui les envoie dans le monde pour y trouver la souffrance. C’est donc avec raison que Jésus leur dit : « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie. » Ce qui signifie : L’amour dont je vous aime, quand je vous envoie parmi les pièges des persécuteurs, c’est cet amour dont mon Père m’a aimé, lui qui a voulu que je vienne pour endurer la passion.

   Faites, ô Dieu tout-puissant, par votre grâce, qu’ayant terminé avec les nouveaux baptisés les fêtes pascales, nous en conservions l’esprit dans la conduite de notre vie. Amen

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19 avril 2021 1 19 /04 /avril /2021 06:53

   Vous avez entendu, l’instruction qui nous est adressée par la lecture d’Evangile; vous avez entendu aussi le péril que nous courons. Voici en effet que celui qui est bon, non par une grâce accidentelle, mais par essence, déclare : «Je suis le Bon Pasteur.» Et nous donnant le modèle de la bonté que nous devons imiter, il ajoute : «Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.» Il a fait ce qu’il nous a enseigné; il a montré ce qu’il nous a ordonné. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis au point de changer son corps et son sang en sacrement pour nous, et de rassasier par l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. Il nous a tracé la voie du mépris de la mort, pour que nous la suivions; il a placé devant nous le modèle auquel nous devons nous conformer : dépenser d’abord nos biens extérieurs en toute charité pour les brebis du Seigneur, et si nécessaire, donner même à la fin notre vie pour elles. La première forme de générosité conduit à cette dernière, qui est plus élevée. Mais puisque l’âme, par laquelle nous vivons, est incomparablement supérieure aux biens terrestres que nous possédons au-dehors, comment celui qui ne donne pas de ses biens à ses brebis serait-il disposé à donner sa vie pour elles? Car il en est qui ont plus d’amour pour les biens terrestres que pour les brebis, et qui perdent ainsi à bon droit le nom de pasteur. C’est d’eux que le texte ajoute aussitôt après : «Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit.» Il n’est pas appelé pasteur, mais mercenaire, celui qui fait paître les brebis du Seigneur, non parce qu’il les aime du fond du cœur, mais en vue de récompenses temporelles. Il est mercenaire, celui qui occupe la place du pasteur, mais ne cherche pas le profit des âmes. Il convoite avidement les avantages terrestres, se réjouit de l’honneur de sa charge, se repaît de profits temporels et se complaît dans le respect que lui accordent les hommes. Telles sont les récompenses du mercenaire : il trouve ici-bas le salaire qu’il désire pour la peine qu’il se donne dans sa charge de pasteur, et se prive ainsi pour l’avenir de l’héritage du troupeau.

    Tant que n’arrive aucun malheur, on ne peut pas bien discerner s’il est pasteur ou mercenaire. En effet, au temps de la paix, le mercenaire garde ordinairement le troupeau tout comme un vrai pasteur. Mais l’arrivée du loup montre avec quelles dispositions chacun gardait le troupeau. Un loup se jette sur les brebis chaque fois qu’un homme injuste ou ravisseur opprime les fidèles et les humbles. Celui qui semblait être le pasteur, mais ne l’était pas, abandonne alors les brebis et s’enfuit, car craignant pour lui-même le danger qui vient du loup, il n’ose pas résister à son injuste entreprise. Il fuit, non en changeant de lieu, mais en refusant son assistance. Il fuit, du fait qu’il voit l’injustice et qu’il se tait. Il fuit, parce qu’il se cache dans le silence. C’est bien à propos que le prophète dit à de tels hommes : «Vous n’êtes pas montés contre l’ennemi, et vous n’avez pas construit de mur autour de la maison d’Israël pour tenir bon dans le combat au jour du Seigneur.» (Ez 13, 5). Monter contre l’ennemi, c’est s’opposer par la voix libre de la raison à tout homme puissant qui se conduit mal. Nous tenons bon au jour du Seigneur dans le combat pour la maison d’Israël, (c’est-à-dire l’Eglise) et nous construisons un mur, quand par l’autorité de la justice, nous défendons les fidèles innocents victimes de l’injustice des méchants. Et parce que le mercenaire n’agit pas ainsi, il s’enfuit lorsqu’il voit venir le loup. Mais il y a un autre loup, qui ne cesse chaque jour de déchirer, non les corps, mais les âmes : c’est l’esprit malin. Il rôde en tendant des pièges autour du bercail des fidèles, et il cherche la mort des âmes. C’est de ce loup qu’il est question tout de suite après : «Et le loup emporte les brebis et les disperse.» Le loup vient et le mercenaire fuit, quand l’esprit malin déchire les âmes des fidèles par la tentation et que celui qui occupe la place du pasteur n’en a pas un soin attentif. Aussi le texte ajoute-t-il aussitôt : «Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis.»

   Quand on voit se qui se passe actuellement dans notre Eglise et dans le monde, il est évidemment urgent de prier pour les prêtres et les évêques, comme aussi pour les vocations. Amen

  

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5 avril 2021 1 05 /04 /avril /2021 07:08

   En ce jour de Pâques, il y a un mot chanté qui revient souvent : c’est le mot “Alléluia”. Quand nous le chantons, c’est pour dire notre joie et notre action de grâce. Après les événements du Vendredi Saint, nous sommes heureux de nous retrouver pour fêter Jésus ressuscité. Mais en ce jour, nous n’oublions pas ceux qui ne peuvent plus chanter “Alléluia”. Nous pensons à tous ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés par les guerres, les massacres et les violences de toutes sortes. Et puis, nous n’oublions pas tous ceux et celles qui souffrent dans leur corps et leur cœur. Ils sont de plus en plus nombreux dans notre monde.

   Mais aujourd’hui, nous entendons une bonne nouvelle. Jésus est ressuscité. Il est vivant. Il nous rejoint dans notre monde tel qu’il est. Il ne vient pas pour résoudre tous nos problèmes. Il n’est pas un magicien qui aurait des solutions toutes faites. S’il vient c’est pour mettre en nous l’amour qui est en lui. C’est aussi pour nous envoyer vers les autres, en particulier vers ceux qui sont douloureusement éprouvés. Et il attend de nous que nous soyons les témoins de l’espérance qui nous anime.

   Nous avons tous en tête que Pâques c’est la résurrection du Christ, son passage de la mort à la vie. Nous l’avons appris au catéchisme et on nous le redit chaque année. Mais le risque est grand de n’en rester qu’à une connaissance intellectuelle. Chacun peut s’interroger : qu’en est-il dans notre vie ? Est-ce que nous avons vraiment expérimenté cette présence de Jésus ressuscité, celle qui nous fait passer du doute à la foi ? Quand on a fait cette expérience de la rencontre avec Jésus ressuscité, plus rien n’est comme avant. Ils sont nombreux ceux qui ont pu dire : “Il a changé ma vie.”

   Tout au long de ce temps de Pâques, nous entendrons des récits d’apparitions de Jésus ressuscité à ses disciples. Il les rejoint pour raffermir leur foi. Ils en ont été complètement transformés. Le même Christ nous rejoint aujourd’hui pour nous inviter à sortir du doute. Cette fête de Pâques est pour nous un appel à vivre en ressuscités. Jésus nous ouvre le chemin. Avec lui, nous pouvons dire aux autres qu’ils peuvent aussi se relever, qu’ils peuvent aussi marcher vers la lumière. Ils sont tous enfants de Dieu. Ils sont tous appelés à vivre auprès de lui pour toujours. Un jour, Jésus a dit qu’il n’est pas venu pour juger le monde mais pour le sauver. C’est de cela que nous avons à témoigner. C’est notre mission et notre responsabilité.

   La bonne nouvelle de ce jour c’est que Dieu n’est pas du côté du mal,  de la souffrance et de la mort ; il est du côté de la vie, du côté des vivants. Si nous sommes atteints par la maladie ou la souffrance, il faut se dire qu’elle ne vient pas de Dieu. Un Dieu amour ne peut être que du côté de la vie. A travers la résurrection de Jésus, les apôtres découvrent que Dieu est plus fort que la mort. Ils se disent alors : Si Dieu est plus fort que la mort, s’il est capable de ressusciter son Fils, cela change tout pour nous. Dans notre lutte contre les forces du mal, nous sommes assurés de gagner.

   Dans le fait de la résurrection, les disciples trouvent une assurance  formidable pour leur propre vie. Ils sont prêts à affronter toutes les souffrances, les tortures et même la mort plutôt que de renier leur foi. Pour eux, la mort est un passage vers une vie autre qu’ils ont touchée en la personne de Jésus. Tout cela nous renvoie à notre vie de croyants. Etre croyants, ce n’est pas se faire une petite idée en se disant : “je crois qu’il y a quelque chose la haut.”   Etre croyants, c’est croire en Jésus ressuscité ; cela change toute notre existence. A partir de ce moment-là, nous allons avoir un plus grand réalisme. Nous ne pourrons jamais nous boucher les yeux devant le mal du monde. Au contraire, nous nous engagerons à le combattre comme Jésus l’a fait. D’autre part, nous irons avec cette assurance qu’avec Jésus, nous sommes gagnants. Ca peut changer aujourd’hui et ça continuera à changer. Le monde nouveau est commencé. Nous sommes déjà ressuscités, dit St Paul. Alors oui, nous avons raison de chanter Alléluia. Parce qu’au centre de notre foi, il y a cette assurance que Jésus est ressuscité. Nous chantons Alléluia parce que notre vie prend un tout autre sens et une toute autre valeur. Amen

 

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3 avril 2021 6 03 /04 /avril /2021 15:42

Comprenez-vous ce que je viens de faire ?
Assurément non, les disciples ne comprennent pas ce que Jésus vient de faire. Le repas pascal que Jésus célèbre n’est pas un simple repas sur lequel on dirait un vague benedicite, comme nous le faisons nous-mêmes parfois. C’est une véritable liturgie.
Or Jésus, vient de mettre à terre le protocole de cette liturgie.
À l’époque de Jésus, le repas commence quand le maître de maison rompt le pain et le donne aux convives. Le rite essentiel est la grande bénédiction de la fin du repas qui est marqué par un lavement des mains général. C’est le plus jeune qui se lève pour laver les mains de celui qui préside le repas. C’est là que Jésus va se lever lui-même à la place du plus jeune et, au lieu de laver les mains, va se mettre à laver les pieds de chacun de ses disciples. Cette scène est extrêmement choquante pour les disciples et d’ailleurs Pierre se récrie : « tu ne me laveras pas les pieds ». Le lavage des pieds est réservé aux serviteurs chez les juifs et aux esclaves chez les romains. Jésus bouleverse totalement la liturgie juive. Il accomplit ainsi ce qu’il avait dit : « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers ». Le premier, Maître et Seigneur, c’est lui.

Comprenez-vous ce qui est en train de se passer ?
Toutes les religions sans exception apprennent à l’homme à se mettre à genoux devant Dieu. Ce soir, c’est Dieu qui se met à genoux devant l’homme. Nous sommes devant un mystère incroyable qui nous révèle la dignité extraordinaire dont nous sommes revêtus par Dieu lui-même. Jésus se met à genoux devant Judas qui va le trahir, devant Pierre qui va le renier, et devant tous les autres qui vont l’abandonner, sauf les femmes.
Ce ne sont pas nos mérites qui nous valent cet agenouillement de Dieu devant nous. Notre dignité nous est donnée par Dieu lui-même. Cela veut dire que tout homme, en particulier ceux que nous croyons totalement méprisables, sont honorés par Dieu lui-même. Impossible désormais de regarder qui que ce soit, homme, femme, enfant, vieillard, malade, étranger, handicapé, autrement que par ce même regard de Dieu qui nous élève à une dignité divine.

Comprenez-vous pourquoi notre religion est une véritable folie ?
Il ne s’agit pas de simple solidarité humaine. Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour ressentir de la bienveillance et de l’humanisme. J’ose le dire : il n’y a même pas besoin de religion pour être attentif aux autres. Non, mais nous avons besoin du Christ pour changer notre regard sur Dieu lui-même et sur nos frères humains. Si Dieu se met à genoux devant l’homme, c’est pour que nous nous mettions à genoux devant nos frères.
Et ce n’est pas tout. Il y a pire ! Au lieu de s’en tenir à la bénédiction, Jésus ajoute : « ceci est mon corps ». Dans le langage de la Bible, le corps désigne la personne tout entière dans laquelle le corps et l’esprit sont indissociablement unis. C’est la personne de Jésus qui se donne véritablement. « Livré pour vous » veut dire que cette personne est un « être pour les autres », un être qui se partage, qui se communique.
Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, nous le faisons comme un « mémorial » selon la parole du Christ. Pour les juifs, « faire mémoire » veut dire rendre présent devant Dieu quelqu’un ou quelque chose. À chaque messe, le Christ vient consacrer le pain et le vin qui deviennent son corps et son sang en « habitant » le prêtre qui célèbre à l’autel.

Croire tout cela, comme nous le faisons nous-mêmes, c’est être fou aux yeux du monde.
Voilà ce qu’est un chrétien : c’est celui qui accepte la folie de Dieu ; et plus encore, qui entre dans la folie de Dieu. Car « la folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes » nous dit saint Paul. Il nous révèle aussi ce que nous sommes : « ce qu’il y a de fou dans le monde voilà ce que Dieu a choisi ». Nous sommes des fous. Notre religion est une religion de fous, pas un rassemblement d’humanitaires.

La folie, c’est de mettre son intelligence au service de l’amour. Amen

 

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