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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 05:51

 

Je vous parlais dimanche dernier de la prière du prêtre avant l’Evangile. Dans les messes tout à fait solennelles où le prêtre est accompagné d’un diacre, à qui il revient de chanter l’Evangile, celui-ci va demander la bénédiction au célébrant en employant cette formule : «  Jube, domne, benedicere ». Pour votre documentation, deux mots sont à relever dans cette formule qui signifie : ordonnez, seigneur, de me bénir. Jube, est ici une forme de politesse. Plutôt que de dire : Bénissez-moi, on semble dire au prêtre avec respect et humilité : commandez-vous à vous-même de me bénir. Délicatesse de langage. Il y a autre chose. C’est d’un lieu bien élevé que devait être proclamé l’Evangile : je l’ai déjà nommé : l’ambon. Celui-ci finit par prendre une grande place architecturale et devint une véritable passerelle qui enjambait le chœur quand même il ne devenait pas une véritable clôture. Cette passerelle, cette clôture prit le nom de jubé en raison de ce que le diacre prononçait, de là, son ‘Jube domne benedicere’.

   Quelques églises en France ont gardé cette construction qui se trouve être remarquable, mais bien encombrante parfois parce que cachant une grande partie du chœur de l’église. A Paris, on a le célèbre jubé de St Etienne du Mont, l’église où est le tombeau de Ste Geneviève, près du Panthéon. Je cite encore le jubé de l’abbaye de la Chaise-Dieu, de l’église Ste Madeleine de Troyes. Beaucoup de cathédrales ont eu un jubé qui a disparu au cours de l’histoire…

   Jube, domne… Domne, c’est le deuxième mot dont je veux vous parler : domne, est un diminutif de Domine : Dominus , donne domnus. Les anciens chrétiens réservaient pour Dieu le mot Dominus et donnaient le diminutif, domnus, aux Saints ou aux personnes jouissant d’une haute considération. Ainsi dans la règle de Saint Benoît il est indiqué que l’Abbé, le Supérieur du monastère, qui est censé agir au nom du Christ et tenir sa place, sera appelé Domnus, ce qui a donné en français l’appellation ‘Dom’, d’abord donc réservé à l’abbé puis qui s’est progressivement étendue à tous les religieux prêtres soumis à la règle bénédictine.

   Ces renseignements nous ont écarté de notre explication touchant l’Evangile. J’y reviens.

   Quand le prêtre doit assumer lui-même sa lecture, il demande la bénédiction au Seigneur : Jube Domine benedicere ; et il poursuit, tenant compte de la demande de purification qu’il avait précédemment formulée : « Que le Seigneur soit dans mon cœur et sur mes lèvres afin que j’annonce son Evangile avec dignité et de la manière qui convient ». Alors, il reçoit le livre des mains du cérémoniaire qui a été le prendre sur l’autel et il le pose sur sa poitrine, le tenant en dessous sur ses deux mains. L’ancien usage qui a été maintenu dans les églises d’Orient veut que l’Evangile soit porté très haut, presque à bout de bras.

   On se rend alors au pupitre lequel est placé à gauche dans le Chœur. Cette situation est symbolique. Dans une église orientée, comme l’est la nôtre, l’évangile va donc prendre position en direction du nord. Pourquoi ? C’est du nord que souffle un vent appelé Aquilon dès l’antiquité. On a même gardé ce mot pour désigner la Nord lui-même. Ce vent est sec et froid, il représentera l’action de Satan, le souffle du mauvais esprit qui dessèche les cœurs et les raidit contre l’amour de Dieu.

   Donc en posant l’évangile du côté du Nord, on se propose de dissiper par la parole de Dieu les mauvaises impressions du souffle de l’Aquilon, c’est-à-dire du démon.

   Quand, à la messe basse, le prêtre lit l’Evangile, il prend soin, pour la même raison que, sur l’autel le livre ne soit pas parallèle à l’autel, mais incliné pour faire, le plus possible, face au Nord.  On pourrait argumenter d’une autre raison. En portant le livre de l’Evangile vers le côté gauche des assistants on leur rappelle que c’est la place des pécheurs. Jésus le précise dans sa description du jugement dernier : le roi mettra à sa gauche les méchants. Mais en attendant ces redoutables assises, Jésus a annoncé qu’il était venu appeler non les justes, mais les pécheurs. Que ceux-ci donc, alors que Jésus se tourne vers eux, se hâtent de venir à Lui.

   Je n’en ai pas terminé avec l’Evangile. Pas de surprise à avoir : c’est Jésus lui-même, par sa parole, et on a tout intérêt à s’arrêter longuement à contempler notre Maître. Nous poursuivrons donc notre étude… Amen.

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