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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 18:07

Aujourd’hui, mes bien-aimés, nous célébrons dans la joie unique de cette solennité, la fête de tous les Saints : le ciel exulte de leur assemblée, la terre jouit de leur patronage, la Sainte Eglise est couronnée de leurs triomphes. » (St Bède le Vénérable, Sermon 18, des Saints)

   Voici comme les préparatifs de la fête : chaque jour le martyrologe peut apporter sa liste impressionnante d’âmes fidèles, qui ont trouvé à se sanctifier dans tous les lieux, dans tous les âges, dans toutes les conditions ; chaque jour nos plus profanes calendriers ont beau nous présenter un nom plus ou moins connu de ces saints choisis au hasard dans le lot des serviteurs de Dieu, quand arrive la Toussaint, on a un peu l’impression qu’on va assister à la revue des troupes célestes. Et ne serait-ce pas d’ailleurs quelque chose de ce genre ?

   Au ciel est leur puissante assemblée : c’est le lieu de leur regroupement. Mais la terre qui les a vus passer sait que leurs longues colonnes la parcourront encore à travers tous les lieux où ses habitants tissent le réseau de leurs prières et de leur vénération. Quant à l’Eglise qui fut le camp retranché où ils firent leurs armes, elle reçoit la gloire de leurs triomphes.

   Fixons-la, pour le moment, cette Eglise dans laquelle à notre tour, nous apprenons à servir Dieu et sa cause. Elle demeure, en effet, le terrain privilégié sur lequel nous nous entraînons à la lutte en y conservant le souvenir durable de nos devanciers.

   « O vraiment bienheureuse mère Eglise, qu’illumine l’honneur de la complaisance divine, qu’orne le sang glorieux des Martyrs vainqueurs, que revêt la blanche parure des Vierges à la fidélité inviolée. »

   Tout vient de Dieu, et tout doit concourir à l’honorer :

- le choix de son Eglise qui est l’objet de sa complaisance, comme son Fils dont il proclamait dans les eaux du Jourdain, aussi bien que dans la lumière du mont Thabor ‘celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance, écoutez-le !’ Et le Fils bien-aimé dira à son tour de son Eglise : ‘Qui vous écoute m’écoute ; qui vous méprise me méprise moi-même’.

-la force des combattants qui vont jusqu’à l’offrande du sang, et s’ils ont semblé périr, personne ne s’y trompa : pas plus que les bourreaux qui avaient cédé à leur fureur que leurs frères chrétiens qui chantaient leur victoire.

-la fidélité de ceux qui paraissent les plus frêles et les plus exposés : ces vierges que l’Eglise a toujours tenu à désigner comme sa parure étonnante, aux ennemis acharnés à en ternir l’éclat, et à ses fils lâches parfois jusqu’à la désertion.

   « A ses fleurs ne manquent ni les roses, ni les lis »  En la rose s’épanouit l’amour généreux et vaillant. Dans les lis éclate la tendresse du don et sa réserve exclusive. Nous pourrions nous croire arrivés dans le domaine de la poésie, ou d’une mystique quelque peu raffinée, et pourtant, notre Docteur va nous contraindre à ne pas échapper à ses subtiles remarques et considérations !

   « Maintenant, très chers, que tous combattent afin de recevoir la très considérable dignité de ces deux titres d’honneur : les couronnes blanches de la virginité ou les couronnes pourpres du martyre. » Ainsi nous est marquée avec évidence l’issue du combat des saints (que nous avons à poursuivre) : inspiré par un amour vaillant, il se voit gratifié de roses, par une réserve tendre et sans défaillance il récolte les lis. Et quiconque veut bien réfléchir et quiconque possède quelque sens de Dieu n’échappera pas à ce choix rigoureux. Le grand malheur qui s’abat sur nous consiste à ne pas tenir un compte attentif de la volonté du Seigneur. Nous organisons facilement notre vie spirituelle de manière à ce qu’elle n’entrave pas trop notre fantaisie. Mais alors nous oublions notre destinée, notre vocation. St Paul la rappelle fermement et comme brutalement dans son épître aux Philippiens (23ème  dim après Pent.) : « Il y en a beaucoup qui marchent en ennemi de la Croix du Christ. Leur fin sera la perdition : ils ont pour dieu leur ventre, et leur gloire, ils la mettent dans ce qui fera leur confusion, eux qui savourent les choses de la terre »

   Ce détournement des objectifs divins, cette fausse gloire, cette recherche dévoyée, ce mauvais goût, cet alourdissement, voilà le tragique contre-pied du choix des saints. La seule question à se poser en ce jour : voudrons-nous nous rendre au choix des saints ?

   Vous avez eu vos heures difficiles, vos lâchetés et vos abandons : l’amour est plus fort que la mort : les roses de l’amour recouvriront vite vos fronts honteux ou abattus.

   Vous avez été fidèles, sans ostentation, sans orgueil, mais fermement, jalousement : la couronne blanche de la virginité du cœur et de l’esprit ceint déjà votre front. Mais vous savez que sa possession ne va pas sans combat et vous pourrez y ajouter quelques roses d’amour ; de même que vous qui avez reçu des coups qui vous ont fait faiblir, vous pourrez, une fois relevé, ajouter aux fleurs empourprées quelques lis d’une fidélité désormais conquise.

   « Dans les camps célestes, la paix comme les combats, ont leurs fleurs, pour couronner les soldats du Christ. »

Alors courage, mes frères ! Dans la contemplation de vos frères les saints assurez votre marche, ne craignez rien ou plutôt si, comme le dit une antienne de l’office du jour : « Craignez le Seigneur, car rien ne manque à ceux qui le craignent : voici que les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles attentives à leurs prières »   Priez Dieu, priez les Saints et vous saurez que « les souffrances de ce temps ne sont pas comparables à la gloire à venir qui sera manifestée en nous » (Rom 8/18) Fiat ! Qu’ainsi il en soit fait !

 

(Commentaire du Sermon 18, des Saints, de St Bède le Vénérable, Prêtre)

 

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 14:14

   Le 11 décembre de l’Année Sainte 1925, le Pape Pie XI instituait la fête de la Royauté du Christ. Il me paraît utile de reconsidérer le motif de  l’institution de cette fête, le but poursuivi par le Pape et la raison pour laquelle il l’avait fixée au dernier dimanche d’octobre.

-Le motif de l’institution de la fête du Christ-Roi ?

« Il faut répandre le plus possible la connaissance de la dignité royale de notre Sauveur. A cet égard, rien ne nous parait plus utile que l’institution d’une fête propre et spéciale du Christ-Roi. En effet pour instruire le peuple des vérités de la foi et l’élever par leur intermédiaire aux joies de la vie intérieure, les solennités annuelles des mystères sacrés ont bien plus d’efficacité que tous les documents, même les plus graves, du magistère ecclésiastique. Composé d’âme et de corps, l’homme se laisse nécessairement émouvoir et exciter par les solennités extérieures des fêtes ; la variété et la splendeur des cérémonies sacrées l’imprègnent abondamment de la doctrine sacrée. »

   Comprenons donc que dans la pensée du Pape Pie XI tout, dans cette journée, devait rappeler la dignité royale de Jésus. Or cette puissance royale et ce titre de roi, il est évident que Jésus les possède de plein droit en tant que Fils de Dieu, Verbe de Dieu, consubstantiel au Père, Maître de toute la création. C’est en tant qu’homme, que puissance et titre royaux doivent être attribués à Jésus. Il faut donc qu’ils lui soient reconnus…

Ainsi arrivons-nous au but poursuivi par Pie XI en instituant cette fête.

   Il est indéniable que le règne de Jésus n’est pas chose acquise parmi les hommes. -Combien connaissent ses lois et sont prêts à s’y soumettre ? -combien acceptent d’être jugés par Lui dans leur conduite, et de la modifier par rapport à sa volonté ? Ni Dieu ni maître : voilà la tendance profonde des hommes, voilà comment se traduit l’attitude d’une multitude d’hommes dans notre monde. Cette tendance et cette attitude portent un nom : le laïcisme. Pie XI le stigmatise comme la peste qui infecte la société humaine : « Ce que nous appelons la peste de notre temps, c’est le laïcisme, ses erreurs, et ses tendances impies. Ce fléau n’a pas mûri en un jour ; depuis longtemps il couvait au plus profond des sociétés. On commença par nier le pouvoir du Christ sur toutes les nations, on dénia à l’Eglise un droit dérivé du droit du Christ lui-même, celui d’enseigner le genre humain, de porter des lois, de diriger les peuples, de les conduire à la béatitude éternelle. Alors la religion du Christ fut peu à peu traitée d’égale avec les faux cultes et placée avec une choquante inconvenance sur le même niveau ; puis elle fut soumise au pouvoir civil et presque livrée à l’arbitraire des princes et des magistrats. Il ne manqua pas de nations qui estimèrent pouvoir se passer de Dieu et mirent leur religion dans l’impiété et l’oubli de Dieu. »

   Alors le St Père comptait sur la fête du Christ-Roi pour condamner et pour réparer la défection que le laïcisme a causée et « plus les réunions internationales et les assemblées nationales accablent d’un indigne silence le nom très doux de notre Rédempteur, plus il faut l’acclamer et faire connaître les droits de la dignité et de la puissance royales du Christ. »

   Et nous arrivons à la fixation de la date de cette fête. « Nous instituons la fête de NSJC Roi, fête qu’il faudra célébrer chaque année, dans tout l’univers, le dernier dimanche d’octobre, c’est-à-dire le dimanche avant la Toussaint. Ce dimanche parut de beaucoup le mieux placé…en effet avant de célébrer la gloire de tous les saints, on proclamera hautement la gloire de Celui qui triomphe dans la personne de tous les saints et élus. »

   Il faudrait encore s’attarder sur les avantages que le Pape escomptait du culte public envers le Christ-Roi. Mais pour le moment revenons plutôt sur ce qui a déjà été dit pour en juger à la lumière de ce qui se fait présentement.

-Le plus visible c’est qu’on a changé la date de la fête du Christ-Roi qui se trouve au dernier dimanche après la Pentecôte. D’où une première altération de la mystique de cette fête qui rapprochait si utilement la Royauté du Christ de la gloire de ceux qui ayant soumis leur personne et leur vie à son pouvoir sur la terre, étaient entrés en possession de son Royaume éternel qui s’ouvrait devant nos yeux au jour de la Toussaint.

-Rejetée au dernier dimanche de l’année liturgique, la fête change de titre : elle s’appelle « Le Christ, Roi de L’Univers. » Le motif de la fête aussi bien que son but se voient radicalement modifiés. Qui pourrait nier que Jésus soit Roi de l’Univers : ce n’est donc plus la dignité royale du Christ vis-à-vis du genre humain (individus et sociétés) qui est mise en lumière comme le voulait Pie XI, pas plus qu’apparaît désormais le but poursuivi par cette fête : faire échec au laïcisme. On se perd, on s’abstrait dans une vision lointaine d’un Christ que certains appellent le Christ cosmique, à l’imitation du faux docteur et faux prophète Teilhard de Chardin, pour ne pas heurter les menées ténébreuses des ennemis de Dieu et de l’Eglise. Plus que jamais ne va-t-on pas assister à cet affadissement, à cet engourdissement que Pie XI décrivait et dont il faisait l’une des causes du triomphe du laïcisme.

   « Un bien grand nombre de catholique ne semblent pas tenir dans la vie sociale leur place normale ni posséder l’autorité qui convient à ceux qui portent le flambeau de la vérité. Il faut peut-être attribuer ce désavantage à la lenteur et à la timidité des bons qui s’abstiennent de résister ou résistent avec mollesse : les adversaires de l’Eglise en retirent nécessairement un surcroît de témérité et d’audace. »

   Il ne peut pas entrer dans mon projet, aujourd’hui, de faire toucher du doigt cette témérité et cette audace des adversaires de l’Eglise. Mais à qui veut y appliquer loyalement son esprit d’observation, il est manifeste qu’elles sont encouragées grandement par l’attitude relâchée des catholiques :-relâchée dans l’esprit qui courtise tant d’erreurs et tant de vaines pensées pour la fallacieuse raison de ne pas se couper du monde ; -relâchée dans la tenue qui admet toutes les modes et leurs licences ; -relâchée dans la croyance qui s’accommode d’un nombre considérable d’idées saugrenues, de gloses farfelues ou perverses ; -relâchée dans la piété et l’union à Dieu qui fait fi du passé parce qu’il est passé et se contente de formules creuses et de pratiques extravagantes destinées à faire choc et qui en fait abêtissent ceux qui s’y attachent.

   Aujourd’hui, redressons nos courages « Que les fidèles, disait Pie XI, comprennent tous qu’il leur faut lutter avec courage et toujours, sous les drapeaux du Christ-Roi…qu’ils travaillent à réconcilier avec leur Seigneur les âmes éloignées de lui ou ignorantes et qu’ils s’efforcent de sauvegarder ses droits. » Une seule gloire pour nous : celle de Dieu. Toute recherche de gloire humaine est un « vice, ennemi d’une foi pieuse, dit St Augustin dans son livre de Cité de Dieu. Le Seigneur a dit : « Comment pouvez-vous croire, vous qui attendez de la gloire les uns des autres et ne cherchez point celle qui vient de Dieu seul ? » (St Jean V,44)

   Que Jésus notre Roi nous trouve à notre poste…Être de ceux « qui savent regarder les choses en face, loin d’abandonner à cause des tristes conjonctures actuelles la vraie religion pour n’en demeurer que plus fermes dans l’attente fidèle de l’éternelle vie » où le Christ vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

 

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 06:57

   « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation »

   De toutes les demandes du Pater, voilà sans doute celle qui aura connu le plus étrange changement dans la nouvelle traduction qu’on nous a donnée de la Prière du Seigneur.

   Le texte latin dit « Et ne nos inducas in tentationem ». Ce qui, en mot à mot se traduit ‘Et ne nous conduisez pas dans la tentation’. En prenant donc le sens exact des mots, il ne peut s’agir ici de demander l’exemption de la tentation, mais bien de ne pas permettre de nous établir dans l’état où nous met la tentation, c’est-à-dire dans un état de chute : ce qui se trouve exactement traduit par les mots ‘ne nous laissez pas succomber à la tentation’.

   Il est donc nécessaire de déterminer d’abord le sens du mot tentation. « Tenter c’est mettre quelqu’un à l’épreuve, pour tirer de lui ce que nous désirons savoir » En ce sens Dieu ne peut pas tenter qui que ce soit, puisqu’il connaît ce qu’il y a en chacun « Tout est à découvert devant ses yeux »

   On peut encore tenter en mettant quelqu’un à l’épreuve soit en vue du mal, soit en vue du bien. On tente en vue du mal quand on éprouve quelqu’un pour le pousser au péché. C’est le fait du démon qui excite nos passions mauvaises, qui joue avec les circonstances extérieures, qui fait intervenir auprès de nous des gens pervertis, etc…Son seul but est donc notre perte.

   Mais on peut tenter aussi en vue du bien lorsqu’on éprouve dans le but de constater et de manifester notre vertu. En ce sens, Dieu nous tente. Il entend ainsi éprouver la patience, la résistance des siens à travers de multiples combats ou afflictions afin de proposer des exemples de vertus, et de les récompenser ensuite par ses dons éternels. Dans ce sens, l’ange Raphaël dit à Tobie, serviteur fidèle de Dieu, qui connut entre autres l’épreuve de la cécité « Parce que vous étiez agréable à Dieu, il était nécessaire que la tentation vint vous éprouver. »

   Quand donc on demande à Dieu de ne pas nous ‘conduire dans la tentation » il ne peut être question que de la sollicitation au mal. Nous venons de voir que ce n’est pas Dieu qui peut provoquer une telle espèce de tentation : sa sainteté et sa bonté y sont totalement opposées. Or la traduction « ne nous soumets pas à la tentation laisse croire justement que Dieu devient tentateur…ce qui est irrecevable et de ce fait blasphématoire !...

   Mais il ne peut être question non plus de réclamer de Dieu de n’être jamais tenté par le démon. En effet, par une disposition mystérieuse, Dieu laisse une certaine liberté aux esprits mauvais pour être causes de ces épreuves parfois terribles qui nous font frôler le précipice du mal. Or c’est dans cette tentation que nous nous connaissons nous-mêmes, c’est dans ces coups portés à notre équilibre spirituel toujours fragile que nous nous humilions sous la main puissante de Dieu et que, combattant généreusement, nous méritons la couronne impérissable de gloire.

   Alors que demandons-nous au juste ?

Evidemment, d’être toujours assisté par le secours divin afin de ne pas consentir à la tentation en nous laissant séduire par elle en l’acceptant comme un état de fait qui nous laisserait passifs et permettrait notre chute : le fameux « on n’y peut rien » que l’on entend prononcer en raison de tant de circonstances dont on s’accommode parce que l’on n’a pas envie d’y remédier !...

   Il faut bien prendre garde à la paresse spirituelle et ce qui est pire à la duplicité qui guette tant d’âmes et qui leur fait demander du bout des lèvres une chose qu’au fond elles ne désirent pas sincèrement parce qu’elle mettrait fin à leur secrète attache au péché.

   Cette demande du Pater est extrêmement exigeante : elle nous oblige au renoncement à nos passions, elle nous contraint à la résistance habituelle aux tentations mauvaises, elle nous astreint à ne pas nous écarter de la voie du Seigneur. Si nous nous attachons sérieusement à ce « ne nous laissez pas succomber à la tentation » c’en est terminé de toute compromission avec le mal ! Nous sommes en marche sûre vers la sainteté authentique…nous entrons dans les rangs de ces fidèles dont nous fêtons le triomphe au jour de la Toussaint, de ces victorieux marqués au front du sceau du Dieu vivant.

« Ce n’est ni par l’oisiveté, le sommeil, le vin, la bonne chère, les plaisirs, que l’on triomphe de Satan, mais par la Prière, le travail, les veilles, la tempérance et la vertu de Pureté » (Cat. Du Concile de Trente)

   Pas de lâcheté…mais non plus pas de suffisance ou de témérité ! Si nous avons résolu temporairement les difficultés en triomphant des tentations, disons-nous bien que cette force avec laquelle nous avons terrassé Satan ou ses satellites, c’est de Dieu qu’elle venait, et je vous cite ici les magnifiques paroles du cat. De Trente qui s’appuie sur des passages du livre des Rois et du Ps 17 : « C’est Dieu qui fait de nos bras comme autant d’arcs d’airain ; qui dans sa bonté, brise l’arc des forts et revêt de force les faibles ; qui prend notre Salut sous sa protection ; dont la droite nous soutient ; qui forme nos bras au combat et nos mains à la guerre. »

   Nous terminerons par un texte de l’Apocalypse, sur une vue de la gloire du ciel dans laquelle nous serons introduits si nous avons su vaincre. En ces temps, il reste si nécessaire de fixer notre regard sur la récompense qui nous est promise pour notre encouragement sans doute, mais aussi pour l’affermissement de notre foi dans ces biens qui seuls valent la peine d’un combat, la vraie lutte pour la vraie vie :

« Voici le temps du Salut, de la Puissance et du Règne de notre Dieu, et de la Puissance de son Christ, parce que (Satan) l’accusateur de nos frères a été précipité et qu’ils l’ont vaincu, par le sang de l’Agneau » (Apoc. 12/10). Amen

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 06:41

   « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

   En réfléchissant sur cette demande du Pater, nous n’avions considéré que la première partie « et dimitte nobis debita nostra ». Nous avions présente à l’esprit la parabole de l’Evangile du serviteur endetté qui suppliait son maître de patienter. Le maître usait alors de miséricorde et faisant taire sa justice remettait entièrement la dette. Ainsi nous-mêmes devant Dieu !

Il nous fallait d’abord reconnaître notre dette, c’est-à-dire nos fautes – faire entrer en nous la contrition amère et profonde et enfin savoir, avec confiance, que remplis des dispositions voulues nous étions pardonnés.

   Aujourd’hui nous examinons la presque terrible deuxième partie de la même demande « sicut et nos dimittimus debitoribus nostris », et nous rejoignons le même serviteur de la parabole qui, grâcié par son maître, va user de dureté et d’incompréhension pour un de ses égaux qui lui doit une petite somme.

   Jésus a bien présenté sa parabole. Sciemment il indique la dette du serviteur comme énorme (10.000 talents =55millions d’AF, ~90.000 €) : car nos péchés (même ceux que nous jugeons légers à notre sens) constituent une lourde dette vis-à-vis de la justice et de la sainteté et de la bonté offensées de Dieu.

   L’autre serviteur, le collègue, l’égal, a contracté une petite dette de cent deniers (à peine100F ~17 €) et cependant il ne tirera pas le moindre regard de pitié de son créancier !

   Comme les autres compagnons des 2 hommes, nous sommes révoltés par la sécheresse du cœur et la cruauté du 1erserviteur. Son maître le sera encore plus qui, cette fois, le condamnera sans merci !

   La leçon est claire, manifeste, et Jésus-Christ conclut sans effort : -ainsi vous traitera mon Père céleste si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur- Ainsi s’éclaire la demande « comme nous pardonnons… »

Ce « comme » peut s’entendre de deux façons :

-ou bien il marque la comparaison : de même que nous pardonnons les injures, les outrages, de même aussi le Seigneur nous pardonne nos offenses

-ou bien il marque la condition : si nous pardonnons, le Seigneur nous pardonnera !

Les deux choses sont également nécessaires, mais il faut avouer que la seconde exige de nous une haute vertu !

   Oui, haute vertu, puisque vertu divine : le pardon accordé à ceux qui nous offensent « fait briller en nous une ressemblance particulière avec Dieu Notre Père qui s’est réconcilié avec les hommes ses ennemis acharnés, en les rachetant de la damnation éternelle par la mort de son propre Fils.

   Haute vertu encore parce que nous sommes soumis à toutes sortes de passions et qu’il nous est difficile de réagir contre elles. Ainsi souvent on entend dire : je pardonne, mais je n’oublie pas ! Parole mauvaise et maladroite si elle marque la volonté de ne pas abandonner sa rancune…parole vraie et significative de l’état d’esprit de ceux qui se sentent dans « l’impossibilité d’épuiser jusqu’au dernier souvenir des injures reçues » Il leur faudrait dire alors « je pardonne, mais je suis dans l’impossibilité d’oublier ».

   Qu’à ce moment-là, on se rassure ! Il est nécessaire, en effet, de reconnaître que notre sensibilité se trouve profondément atteinte par les injures ou injustices que nous subissons. Or notre sensibilité échappe en beaucoup de ses manifestations et de ses réactions au contrôle de la volonté : c’est l’opposition constante entre la chair et l’esprit ; or Dieu nous demande avant tout de diriger vers Lui notre volonté.
   Persistons dans le devoir, dans la volonté sincère de pardonner les injures et d’aimer le prochain. Et puis souvenons-nous, pour calmer nos appréhensions et ne pas céder au découragement

-que cette prière, nous la faisons au nom de toute l’Eglise, et qu’il y a des saints, des âmes justes (nombreux sans doute) mettant en pratique cette demande. Ils compensent ce que les autres ne font pas ou ne peuvent pas faire et ainsi se réalise la communion des saints !

-que dans cette formule nous réclamons certainement la grâce de nous réconcilier avec ceux qui nous ont offensés afin de pouvoir leur pardonner du fond du cœur.

-il y aura enfin une troisième façon de remplir loyalement cette demande. Rappelons-nous la parole de l’archange Raphaël (que nous fêterons bientôt), au jeune Tobie « L’Aumône délivre de la mort, c’est elle qui lave les péchés et fait trouver la miséricorde et la Vie éternelle »

   Faire aux pauvres tout le bien possible…mais se rappeler que la meilleure aumône est celle de notre miséricorde, de vouloir du bien à ceux qui ont fait du tort, à nous ou aux nôtres, dans nos biens, notre réputation et dans notre personne.

   Je vous rappelle cette anecdote de la vie de St Jean de Kenty que nous fêterons dans 8 jours. Se rendant à Rome, des bandits le dévalisent…sur leur demande, il déclare ne plus rien posséder. Mais ayant repris sa route, il se souvient d’avoir cousu quelques pièces de monnaie dans la doublure de son manteau. Jean court après les voleurs et leur propose ce supplément. Touchés par la candeur et la bonté du Saint, ils lui rendent tout ce qu’ils lui avaient dérobé.

Le fait est confondant, mais la folie des saints rejoint toujours la sagesse de Dieu : il sera bon de nous en souvenir et de nous faire miséricordieux : car « Bienheureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront miséricorde » Amen.

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 07:13

   Celle que nous honorons aujourd’hui n’est autre que la Sainte Vierge Marie, la Mère du Christ que nos frères des Eglises d’Orient surnomment magnifiquement la Théotokos. Autrement dit, « celle qui enfante Dieu, le Fils de Dieu, Jésus Christ » qu’en Occident nous appelons la « Mère de Dieu » : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs... » Nous nous souvenons de ces paroles du Christ en croix à Saint Jean : « Voici ta mère. » (Jean 19, verset 27) et de la réponse en acte de Saint Jean icône dans ce texte de l’Eglise naissante : « A partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Ibid.) La tradition catholique a toujours vu dans ce verset bien plus qu’une anecdote : Marie est confiée par le Christ lui-même à l’Eglise pour qu’elle devienne maintenant la mère de l’Eglise. Celle qui a enfanté Jésus peut maintenant enfanter les chrétiens, mais aussi les accompagner de saprésence maternelle, les encourager. Celle qui a, selon les trois ou quatre série de mystères du Rosaire, répondu oui à Dieu à l‘Annonciation, à Cana, au pied de la croix, entre l’Ascension et la Pentecôte peut nous apprendre à accueillir, nous aussi, le Christ dans nos vies et à l’offrir à ceux que nous rencontrons tant il est vrai que notre trésor ne saurait être cachémais plutôt offert à tous !

   Dès lors, non seulement la Vierge Marie est la mère du Christ, elle est la mère de l’Eglise et la reine des apôtresque nous avons décidé d’être en ratifiant notre baptême par notre confirmation et en communiant au Christ à l’eucharistie où nous le reconnaissons vivant et présent puisque nous lui disons « amen », oui Seigneur : songeons-y tout à l’heure quand nous nous avancerons près de l’autel !

    Beaucoup de personnes pensent que la prière du rosaire(le chapelet n’en est qu’une partie !) est répétitive, désuète et manque d’originalité, puisqu’il est entendu que la prière doit elle aussi être toujours nouvelle et attractive comme dans les publicités qui vantent perpétuellement des nouveautés ! Vous n’avez peut-être pas toujours sur vous comme Sainte Bernadette ou les bergers de Fatima un chapelet.

Pourtant, cela n’empêche pas d’utiliser les dix doigts de ses deux mains pour méditer une dizaine de chapelet à l’occasion ! Et, cela, tout le monde peut le faire, croyez-moi ! Le pape Jean-Paul II dans sa lettre apostolique consacrée au Rosaire (16 octobre 2002) nous a invités à méditer plutôt qu’à réciter, le chapelet comme « l’un des parcours traditionnels de la prière chrétienne qui s’attache à la contemplation du Christ » (N° 18), comme « un résumé de l’Evangile » (N° 19). Peut-on dire mieux ?

   Une page d’Evangile de St Luc (18, versets 1 à 8) nous présente la fameuse parabole du juge inique qui finit par se laisser toucher par une pauvre veuve à force d’insistance. Saint Luc, de manière osée prend cette situation caricaturale en exemple pour répondre à certaines de nos questions qui constituent, il faut bien le reconnaître de sérieux obstacles à la foi : « Pourquoi, lorsque je m’essaie à prier, ai-je le sentiment que Dieu ne m’entend pas, ne s’intéresse pas à moi ? » « Pourquoi Dieu semble-t-il sourd à nos appels ? »

   La prière du chapelet ne nous offre-t-elle pas une réponse à travers le verset 7 : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers Lui jour et nuit ? » Pourquoi Dieu devrait-il répondre sur le champ à ce que nous appelons ‘nos prières’ pourtant si souvent expédiées ? A ceux qui ne veulent pas d’une prière prolongée, cette page d’Evangile nous dit : Attarde-toi un peu dans ta prière, prends donc un peu de temps, toi qui t’attardes si souvent à tant de choses futiles ! A ceux qui expédient leur chapelet et que l’on n’arrive pas à suivre tellement les dizaines filent, l’Evangile nous dit de crier, de prier jour et nuit en nous tournant vers le Seigneur plutôt qu’en manipulant un moulin à prière. Laissez passer devant vos yeux, dans votre cœur et dans votre mémoire les grandes scènes de l’Evangile et que vos doigts s’arrêtent quand le moteur commence à s’emballer !En contemplant le Christ, en regardant la Vierge qui médite, qui écoute, et qui prie, mettez votre foi dans le Seigneur alors le Christ quand Il reviendra vous trouvera, nous trouvera, fidèles et confiants et joyeux. Amen.

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 12:39

 

 

« Qu’est-ce qu’on pourra bien dire de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus ? Elle n’a rien fait ! »

 

Par ces paroles, une sœur du Carmel de Lisieux se demandait ce que la Mère Prieure allait bien pouvoir raconter dans la notice biographique, traditionnelle au Carmel, que l’on écrirait sur cette moniale insignifiante qui était en train d’agoniser dans l’infirmerie du Carmel de Lisieux pendant l’été 1897. « Elle n’a rien fait » 

 

   Enfant du Père, Thérèse « n’a rien fait », comme un zéro. Le chemin de vie de Thérèse n’est-il pas en effet une longue descente vers ce zéro dont elle parle dans l’une de ses lettres au Père Roulland : « Travaillons ensemble au salut des âmes ; moi je puis faire bien peu de chose, ou plutôt absolument rien si j’étais seule, ce qui me console c’est de penser qu’à vos cotés je puis servir à quelque chose ; en effet le zéro par lui-même n’a pas de valeur, mais placé près de l’unité il devient puissant, pourvu toutefois qu’il se mette du bon côté, après et non pas avant !… C’est bien là que Jésus m’a placée et j’espère y rester toujours, en vous suivant de loin, par la prière et le sacrifice » (LT 226). Être un zéro… cette expression peut être redoutable si elle est mal interprétée. Mais il ne s’agit pas pour Thérèse de complexe d’infériorité, de soif morbide d’anéantissement, de masochisme, ni de peur de l’engagement. Non, ce n’est pas cela. Mais voyons, Thérèse était carmélite ! Et qu’est-ce qui fait le fond de la vie au Carmel ? L’oraison et la vie fraternelle. Et est-ce que ce ne sont pas précisément deux lieux où nous pouvons rapidement expérimenter que nous sommes des zéros, voire même des triples zéros ? Nous ne savons pas prier, si l’Esprit de Dieu ne vient pas à notre secours et prier lui-même en nous, en criant : « Abba, Père ! » Nous ne savons pas aimer les autres comme le Seigneur le désire si nous ne recourons qu’à nos forces humaines.

 

Nous ne savons pas faire, mais il faut y consentir, tout au long de nos vies, et « voilà le difficile : il faut consentir à rester pauvre et sans force », comme l’écrit Thérèse dans une autre de ses lettres (LT 197). Dans l’humble quotidien de sa vie de carmélite, Thérèse a découvert qu’être un zéro, ce n’était pas forcément être un nul ou un raté. Dans la lumière de Jésus, c’est bien plutôt être du nombre de ces tout-petits auxquels le mystère du Royaume est révélé : « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ». Et – c’est encourageant pour nous ! – c’est dans ses derniers écrits qu’elle nous en livre le secret : « Seigneur, vous savez bien que jamais je ne pourrais aimer mes sœurs comme vous les aimez si vous-même, ô mon Jésus, ne les aimiez encore en moi », et un peu plus loin : « [Votre amour] est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur… pour vous aimer comme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, ô Jésus ».

 

   Nous ne savons pas faire, mais il nous faut y consentir. Consentir à ne pas arriver par nos propres forces à faire ce que nous avons à faire, même ce à quoi nous sommes appelés ou à quoi nous nous sommes engagés. Consentir à dire « oui » à l’œuvre de Dieu en nous, comme Jésus, dont l’existence tout entière a été un « oui » au Père, jusqu’à la croix : « Oui, Père, tu l’as voulu ainsi en ta bonté… », « Oui, mon fardeau est léger… ». C’est ce qu’a fait Thérèse à son tour, à la suite de Jésus, à travers toute chose : à travers les joies et les lumières du quotidien, à travers aussi les larmes et le sang… Dire « oui » au Père avec Jésus, pour recevoir la grâce d’être configuré à la ressemblance du grain de blé tombé en terre – un zéro, d’une certaine façon – qui, s’il meurt, porte beaucoup de fruit.

 

   Qu’est-ce qu’on pourra bien dire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ? Elle n’a rien fait… que dire « oui » à la volonté et l’œuvre de Dieu en elle. Qu’elle nous obtienne cette même grâce. Amen.

 

 

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 18:11

Parler de la Croix Glorieuse c’est parler de la joie des chrétiens. Avant le Concile on disait le triomphe de la Sainte Croix en utilisant le mot « triomphe », en référence, par exemple, au triomphe d’un général romain ayant remporté une grande victoire. Il entrait dans Rome et le peuple romain l’acclamait en lui faisant un triomphe.
   Cette fête de la Croix Glorieuse, fêtée le 14 septembre, date des premiers siècles de l’Eglise. En ce temps là les nations qui occupaient la Palestine ne permettaient pas facilement aux chrétiens de vénérer l’endroit où la croix de Jésus avait été plantée en terre, le tombeau où l’on l’avait enterré, le jardin de la Résurrection. Or, il se trouve qu’au IV° siècle, Constantin, empereur de Rome se convertit au christianisme et les chrétiens purent alors retrouver la sainte Croix et bâtir, en 335, une basilique sur les lieux saints.
   La croix fut alors portée en triomphe. Ce fut comme la joie des Rameaux. On lui fit un triomphe !
   L’exaltation de la croix c’est littéralement Jésus « élevé », Jésus mis en croix ; comme dit l’évangile de Jean : « ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ». Sur le mât au désert, il y avait un objet en bronze à la forme de serpent. Le serpent qui rampe et qui tue est bien l’image du péché ; ce serpent qui a trompé Eve et Adam sur les intentions de Dieu. Mettre une représentation du serpent sur le mât c’est exhiber ce qui était dissimulé, c’est le mettre à distance et, déjà, lui enlever de sa nocivité en nommant l’origine du mal. C’est l’initiative de Dieu pour la guérison.
   Sur la croix, il y a le corps de Jésus élevé à la vue de tous. Le regarder de l’extérieur c’est voir la faute, la honte du genre humain, c’est voir un corps humilié, quelqu’un dont on préfère se détourner à cause de la laideur et de l’horreur.
   Le regarder comme les premiers chrétiens l’ont vu c’est voir au-delà de l’apparence : l’agneau, le Serviteur souffrant. Car c’est l’agneau innocent qui est là : lui qui a imploré le pardon de Dieu pour ceux qui l’ont rejeté et mis à mort. Sur lui se concentrent les refus de l’humanité, les violences : « Dieu l’a fait pour nous péché » écrira saint Paul aux Corinthiens. Saint Jean dira en citant l’Ecriture : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ».
   Le mystère est que la transformation du Serviteur en image de péché est justement ce qui révèle sa justice et que cette révélation transforme le cœur des spectateurs et des accusateurs. C’est le pardon et la guérison du cœur qui permet à l’homme de reconnaître dans le Serviteur souffrant que l’on a rejeté, l’innocent que Dieu avait envoyé. A commencer par le centurion de l’armée romaine : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ».
   Parler de l’exaltation de la croix c’est dire que Jésus mis en croix a été glorifié ; comme dit l’épître aux Philippiens de ce jour : « Dieu l’a élevé au dessus de tout… »
   Dans l’histoire des hommes, nous les chrétiens, nous sommes fiers de la croix du Christ car nous y reconnaissons le signe de la vie : du bois de la croix a été partagé à toute l’humanité un fruit qui guérit, le fruit de l’arbre de vie du jardin de la Genèse. Que notre seule fierté, comme dit l’apôtre, soit la croix de notre Seigneur Jésus Christ.

    Parce que les chrétiens sont des êtres de chair et de sang, les chrétiens ont dit leur amour du Christ en dressant des croix au carrefour des chemins, en embrassant la croix, en la fleurissant, en l’acclamant, en la mettant dans leur maison, en la portant sur eux.
    La guérison du cœur est un don qui nous vient du ciel et le don qui vient du ciel demande un travail de notre part qui est le travail de croire : croire que Jésus a remporté la victoire sur le mal et sur la mort. Seule la croix guérit véritablement car elle guérit de la mort, alors que les signes précédents, l’image du serpent, ne faisaient que la retarder. Le triomphe de Jésus c’est d’être glorifié dans son corps ressuscité et de nous entraîner avec lui dans sa vie.
   Les chrétiens, lorsqu’ils sont touchés par le malheur, brutalement ou de manière lancinante sont appelés à garder les yeux fixés sur le Christ, croyant qu’il nous entraîne vers la vie. Nous ne savons pas comment mais nous le croyons même si l’angoisse monte de tous côtés. Voilà le mystère de la croix glorieuse dans nos vies. Amen

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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 20:46

En Occident le 7ème siècle se déroule dans le calme : on s’emploie principalement à convertir les barbares dont les invasions sont désormais stabilisées. L’Orient chrétien voit fondre sur lui les Perses d’abord, puis bientôt la terrible conquête des Arabes musulmans qui déferlèrent même sur toute l’Afrique du Nord et jusque sur l’Espagne !

   Constantinople est demeurée libre, mais elle va retomber dans ses fameuses querelles qu’on a appelées byzantines (du nom de Byzance que portait encore cette ville). Y régnait alors un certain empereur Léon III surnommé l’Isaurien, qui avait brisé l’assaut des Arabes et sauvé la chrétienté occidentale. Avec vigueur et habileté, il s’était ensuite appliqué à réorganiser l’empire au point de vue politique et administratif. Il voulut aussi se lancer dans les réformes religieuses. L’empereur se laissait influencer par des doctrines plus qu’hérétiques, mais d’autre part il avait le souci de s’imposer à toute autre autorité même celle du Pape. Les moines étaient puissants et populaires, il s’appuya sur ces derniers pour entreprendre la destruction des saintes images. En 726, il publie un édit ordonnant cette destruction. Or le culte des images était fort développé. Il nous faut en parler pour le comprendre : établissons d’abord une distinction. Il existe un usage des images des saints : soit comme ornement des églises, soit comme moyen d’instruire les fidèles, soit comme stimulant pour la piété. Le culte va beaucoup plus loin que le simple usage. En effet il comporte des hommages extérieurement rendus à ces images. Or les briseurs d’images, qu’on appelle les iconoclastes, protestèrent parfois contre l’usage des images, mais toujours ils en combattirent le culte. Pendant près de 120 ans l’empire d’Orient allait être profondément bouleversé par cette question : un grand nombre d’évêques tombèrent dans l’hérésie, les moines résistèrent héroïquement, il y eut de nombreux martyrs. Il est évident que Rome ne pouvait demeurer étrangère ou indifférente à cette explosion de violence qui troublait l’ordre de la foi lui-même car l’Eglise était accusée d’idolâtrie. En l’an 787, fut convoqué le 2ème concile de Nicée qui devait être le 7èmeconcile œcuménique.

   Les Pères définirent exactement le culte dû aux images. Nous allons nous y arrêter, car de nos jours, on a assisté à un nouvelle vague d’iconoclasme : combien de statues disparues de nos églises, combien de tableau descendus, d’images retirées à la vue des fidèles…

La déclaration des Pères du concile commençait ainsi : « Nous décidons de rétablir, à côté de la Croix précieuse et vivifiante, les saintes et vénérables images…,à savoir l’image de Jésus-Christ Notre Seigneur, Dieu et Sauveur, celle de notre Souveraine immaculée, la Sainte Mère de Dieu, des anges honorables et de tous les pieux et saints personnages, car plus on les regarde longuement à travers la représentation de l’image, plus ceux qui les contemplent sont excités au souvenir et au désir des prototypes (c’est-à-dire des originaux, donc de ceux qu’elles représentent).

Suivent alors des précisions qui ont l’avantage de fixer notre foi quant au culte des saints.

   Si vous avez suivi un catéchisme un peu complet vous avez dû apprendre que selon la dignité des personnes auxquelles il est rendu le culte se différencie :

-à Dieu est rendu un culte d’adoration (qu’on appelle latrie –ce mot se retrouve dans idolâtrie=culte d’adoration rendu aux idoles)

-aux saints est rendu un culte de vénération (qu’on appelle dulie)

Cependant ici intervient une nouvelle distinction

+ou bien le culte est rendu à Dieu ou aux saints directement, c’est le culte absolu.

+ou bien il est rendu aux images, c’est un culte relatif, car en fait ce n’est pas l’image à proprement parler qui est vénérée, mais bien l’objet qu’elle représente. 

Ainsi les Pères de Nicée concluaient qu’on pouvait « approcher de l’encens et des lumières (des saintes images) comme c’est la pieuse coutume des anciens. Car l’honneur témoigné à l’image passe au prototype (à la personne représentée) et celui-là qui vénère l’image vénère la personne qu’elle représente. »

   La chose est donc claire et les saintes images auront leurs défenseurs ardents et zélés, les iconophiles (amis des images) qui s’opposent aux iconoclastes (briseurs d’images). Le plus célèbre d’entre eux fut St Jean Damascène (de Damas) : le dernier des saints d’Orient à avoir reçu le titre de Docteur de l’Eglise. Il écrivit entre autre ouvrages 3 Discours Apologétiques contre ceux qui rejettent les saintes images dont nous garderons la conclusion :

les avantages des images et de leur culte sont multiples :

-elles instruisent, rappellent les bienfaits divins et nous excitent à la piété : nous sommes ici en présence simplement de l’usage des saintes images. Voici maintenant pour le culte :

-elles sont aussi le canal de la grâce, sorte d’intermédiaire entre le prototype (le personnage représenté) et le fidèle, ayant sur le don même du secours d’en-haut une certaine part. Nous comprenons mieux de ce fait le respect dont doit être entourée l’image elle-même !

   Bien entendu, cela n’exclut pas une considération d’art. Il faut que ceux qui prennent la responsabilité de fabriquer des statues ou de produire des images aient assez de goût pour que leurs œuvres ne soient pas trop indignes de ceux qu’elles ont la prétention de représenter. Il est sûr que parfois, surtout à une époque encore proche (et même maintenant…) on n’a pas été gâté en ce domaine de l’art religieux. Les Orientaux qui ne connaissent pas les statues, mais seulement les images peintes ont eu beaucoup plus de chance que nous : la haine des iconoclastes contribua à maintenir dans une uniformité presque immuable la production des images : on admire toujours leur caractère vraiment sacré, intérieur, mystérieux et mystique ! Et même les icônes sont devenues une sorte de mode : il y a là un danger si on ne sait pas, comme en d’autres domaines, aller voir les choses au fond.

   Gardons de cet exposé la conscience que dans le culte des saints, nous avons à puiser beaucoup de confiance, de sécurité et donc de joie. Aimons recourir aux saints, admirons-les, envions-les, mais aussi imitons-les. Amen

 

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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 07:08

   « Voilà l’inexplicable mystère du jour glorieux de la Mère de Dieu, d’autant plus digne de louange qu’il est unique parmi les hommes en raison de l’Assomption de la Vierge. »

   Par ces lignes à la fois sobres et déjà remplies d’exultation nos ancêtres, jadis en France, introduisaient la solennelle louange de Marie montant au ciel. Tout le texte mérite d’être cité, mais il demande aussi qu’on s’y arrête pour le savourer. Cette fête dépasse de beaucoup l’imagination des hommes et aussi merveilleux qu’en soit l’objet, il demeure une réalité de notre foi, réalité tellement sure et raisonnable que le Pape Pie XII, en faisait un dogme absolu de foi pour tous les catholiques, le 1erNovembre 1950.

   Continuons donc les attendus de notre louange.

« Ce jour produit un non moindre étonnement de la mort  (de Marie) qu’il n’en porte par l’allégresse unique de son bienheureux enfantement. »

Dans les plans de Dieu tout se tient, dans les gloires de Marie tout est surprise, mais aussi enchaînement de grâces extraordinaires. Notre Dame, sollicitée par son Dieu, a consacré au Seigneur son intégrité de vie, sa virginité, et cependant elle obtient un Fils : exemple qui n’a jamais eu et qui n’aura jamais son pareil – Sa mort non plus !

   Puisqu’ici rien n’est du sort commun des hommes, livrons-nous à des pensées et à une admiration hors pair et laissons-nous convaincre par ces successifs encouragements :

« Frères très aimés, par un tressaillement spécial de (tout notre être), par une affection aux formes multiples, par un dévouement fidèle, livrons-nous à la prière avec un cœur attentif. »

   Constatez qu’il n’y a rien de plus contraire au véritable esprit de prière que l’ennui. Trop souvent les chrétiens s’ennuient à prier : parce qu’ils ne savent pas se mettre en état de prière leurs dispositions sont mal prises. Vous avez ici, en quelques mots, une règle pratique et combien bénéfique.

-nous sommes invités à un tressaillement spécial (le mot latin désigne un trépignement, un bond) ; s’arracher aux soucis ordinaires, s’abstraire des bruits, faire taire les passions, oui bondir vers Dieu et sa cour céleste, habiter déjà en esprit au royaume auquel nous nous savons destinés.

-ensuite produire une affection aux formes multiples ; nous avons une sensibilité qui doit savoir trouver son chemin vers le cœur de Dieu, celui de Jésus, celui de Marie : nous nous en servons bien pour flatter nos amis et plaire à ceux qu’on aime.

-puis entrer dans un dévouement fidèle : le Seigneur, la Sainte Vierge ne constituent pas des relations occasionnelles : ils doivent devenir l’objet constant de nos soins, de notre amour.

   Notre cœur portera-t-il attention à tout ceci ? Si oui, nous sommes prêts à recueillir les fruits particuliers de cette solennité.

   « Aidés par son intercession, que nous soyons protégés par elle qui est reconnue Vierge féconde, bienheureuse dans sa maternité, éclatante par ses mérites, fortunée dans son départ vers le ciel »

Comme nous pouvons aisément nous retrouver dans ce langage, car qui serait assez ignorant ou si orgueilleux qu’il n’aille pas solliciter Marie. Disons que nous arrivons si souvent devant elle en suppliants malheureux dans leurs peines multiples, mécontents de leur sort, parfois déçus d’un bonheur enfui qui aurait pu pourtant être néfaste, mais parfois aussi terriblement angoissés, courbés sous l’épreuve. Et l’on sait qui l’on va trouver : la Sainte Vierge, la Mère aimante et tendre, la privilégiée de Dieu, la puissante Reine des Cieux. Qu’il vous soit loisible aujourd’hui de vous représenter tous ces titres par lesquels vous considérez Marie, ces gloires dans lesquelles vous l’aimez.

   Vous avez toujours raison quand vous approchez d’elle, mais tenez à lui exprimer tous les motifs de votre espérance envers elle, qui est définitivement espérance envers Dieu qui l’a faite sa sublime dépositaire.

   Il nous reste encore une chose à considérer : la plus importante en ce jour et vous devez le comprendre facilement.

« Supplions la miséricorde de notre Rédempteur : qu’il daigne introduire le peuple ici présent en ce lieu où il a fait passer pour son honneur la Bienheureuse Vierge Marie. »

   Pour tous s’imposera aujourd’hui le devoir de regarder loyalement, avec foi, le but du voyage terrestre. De Dieu nous tenons la vie, de lui aussi nous l’attendons. Car il y a l’existence caduque d’ici-bas qui s’écoule pour beaucoup insignifiante et vide – ou bien orgueilleuse et souillée – pour d’autres (ceux qui l’ont considérée pour ce qu’elle est) méritoire et même sainte et héroïque. Mais la vraie vie, celle qui déjà contenue en germe dans la grâce, s’épanouira dans la vision divine…qui en tient compte, qui s’en soucie ?

   Oui, il nous faut toute la miséricorde de notre Rédempteur, cette pitié profonde et tendre que sa Mère sait nous rendre encore plus douce, il nous faut cette miséricorde pour assrer notre passage, passage dans l’honneur, passage pour l’honneur, celui dont Dieu gratifie les siens, comme il en a comblé à l’infini Marie, sa fille bien-aimée, Mère très belle de son Fils, notre Mère, à présent, puisque, Lui, Jésus nous a confié à elle, au moment de sa Rédemption.

 « Qu’il daigne donc nous accorder cette grâce, lui-même qui vit et règne, Dieu, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles. » Amen !

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10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 18:49

   Le 5ème siècle nous a donné l’occasion de parler de St Augustin. Nous aurions pu y suivre également le terrible raz de marée que subit l’Occident chrétien quand les barbares déferlèrent sur nos pays latins l’Italie, la France, l’Espagne et jusque sur l’Afrique du Nord : nous le disions St Augustin mourut au 3ème mois du siège de sa ville épiscopale d’Hippone par les Vandales.

   Ce furent les Huns campés entre l’Oural et la Volga qui poussèrent vers l’Europe les Wisigoths d’abord, l’un de leurs chefs Alaric s’empara de Rome en l’an 410, tandis que son frère s’installais à Toulouse, -puis les Germains qui déferlèrent sur la Gaule établissant leurs divers peuples les Francs, les Burgondes et les Vandales à travers ce pays. Enfin les Huns eux-mêmes sous la conduite du fameux Attila (le fléau de Dieu) s’ils n’eurent guère de succès, entraînèrent cependant avec eux les Ostrogoths dont le chef Théodoric prit le nom de roi d’Italie. Tous ces barbares sont païens et ceux qui ont été touchés par le christianisme l’ont été par l’hérésie arienne. Une retentissante conversion changera cependant la situation, celle du chef des Francs, Clovis. En 496, au cours d’une bataille contre les Alamans il pousse vers le Dieu de Clotilde, sa femme, la célèbre supplication « Si tu me donnes la victoire, je croirai en toi et me ferai baptiser » A Noël suivant Clovis était au baptistère de Reims avec 3000 de ses guerriers.

   L’année précédente avait eu lieu un petit drame, apparemment de fort peu d’importance, comme il s’en passe souvent dans la vie des adolescents. Un certain Benoît, né à Nursie en Italie, envoyé par ses parents à Rome pour étudier, fit une fugue. Il avait 15 ans. Mais le motif de cette fugue, lui, n’était pas tellement banal : Benoît quittait Rome à cause des mauvais exemples qu’il y rencontrait. Il gagna la montagne, à Subiaco et sous la conduite d’un moine du nom de Romain, il vécut là 3 ans, inconnu de tous. Mais des pâtres de la région le découvrirent un beau jour et sa réputation de sainteté attira, malgré sa jeunesse, des disciples avides de perfection.

   Petit à petit des monastères s’établirent sous sa direction, une douzaine, où se retrouvaient des gens de toutes races et de toutes conditions : de ces Goths envahisseurs rudes et illettrés aux nobles romains dont les deux plus célèbres sans doute  furent un enfant Placide et un adolescent déjà raisonnable (dit St Grégoire) Maur, qui deviendraient les plus zélés collaborateurs de St Benoît. On n’en finirait pas de raconter les histoires tantôt terribles et tantôt délicieuses qui survinrent à l’homme de Dieu.
   En 529 (donc à 49 ans) il alla se fixer au mont Cassin : et le monastère qu’il fonda en cet endroit est l’un des plus célèbres de la chrétienté. Sa sœur, Scholastique, dirigeait dans la même région un monastère de religieuses. La dernière entrevue entre le frère et la sœur est demeurée célèbre : ne pouvant obtenir de son frère une prolongation de leurs pieux entretiens, Scholastique pria et obtint du ciel un tel orage que Benoît ne put quitter la maison où ils se trouvaient jusqu’au lendemain matin. Ste Scholastique mourut d’ailleurs 3 jours plus tard le 10 février 543, saint Benoît la suivit de près, le 21 mars.

   46 ans plus tard, les Lombards mirent à sac le mont Cassin, ce qui détermina les Orléanais et les Manceaux à aller chercher les reliques des Saints Benoît et Scholastique pour les sauver d’une perte irréparable : le corps de St Benoît fut déposé à Fleury sur les bords de la Loire, c’est l’origine de l’abbaye de St Benoît sur Loire. Le corps de Ste Scholastique fut amené à Le Mans, et depuis ce jour la sainte est patronne perpétuelle de la cité.

   St Benoît a été appelé à juste titre le patriarche des moines d’Occident. Il établit une Règle qui est restée l’exemplaire parfait de la vie monastique, mais en même temps un ferment de vie tel qu’il serait à l’origine de l’éducation des barbares par l’emploi qu’en ferait ses disciples.

   Voici, à titre d’exemple, les lignes qui introduisent cette Règle : « Ecoute, ô mon fils, l’invitation du Maître et incline l’oreille de ton cœur…afin de revenir par le labeur de l’obéissance à Celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. A toi donc s’adresse maintenant mon discours, qui que tu sois qui renonces à tes propres volonté pour servir sous le vrai roi le Seigneur Jésus-Christ et prends les armes fortes et glorieuses de l’obéissance. »

   Ces prescriptions ne conviennent-elles pas à tous les chrétiens ? Cependant les moines trouveront ensuite les lois propres à leur vie de telle sorte qu’ils ne soient laissés à aucun moment du jour ou de la vie dans l’ignorance de leurs devoirs. Ces prescriptions seront assez sévères pour dompter la nature, mais en même temps assez modérées pour ne pas la décourager : n’est-ce pas là une marque d’authentiques sagesse et équilibre ?

   Dans le monastère la hiérarchie est fortement constituée : il y a un chef incontestable, l’Abbé, aidé par des officiers de son choix. Le travail manuel aussi bien qu’intellectuel est imposé à tous. La prière occupe une grande place : elle porte le nom d’Opus Dei (Œuvre de Dieu) c’est la célébration de l’Office divin répartie sur les heures principales de la journée pour les sanctifier.

   Dans la Règle on trouvera enfin énumérés les autres moyens de sanctification, les vertus particulièrement recommandées : obéissance, recueillement par le silence, humilité. En notre temps qui se dit celui de l’efficacité, en notre vie qui ne croît pas pouvoir échapper à l’activité fiévreuse et débordante, la vie des moines paraît à certains, inutile et même mauvaise – à d’autres, elle demeure incompréhensible en raison de son rythme ou de ses occupations – des chrétiens qui se croient bien intentionnés regrettent qu’ils ne s’occupent pas de ministère extérieur – beaucoup s’étonnent du succès qu’à encore cette vie auprès des jeunes – d’autres enfin, et sans doute seront-ils de plus en plus nombreux, se réjouissent de trouver dans les monastères fervents l’équilibre, la paix, la prière, la beauté liturgique qui leur sont si souvent refusés autre part.

    Les moines retranchés du monde ne sont pas des égoïstes, des misanthropes ou des lâches. Ils pratiquent le haut service de Dieu pour garder aussi à leurs frères des raisons d’espérer.

« Comme il y a une jalousie amère et mauvaise qui éloigne de Dieu et conduit à l’enfer, il y a une bonne jalousie qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la Vie éternelle. Cette jalousie-là les moines doivent s’y adonner, sous la brûlure de l’amour… (suivent alors les conseils de charité fraternelle qui se terminent ainsi) : qu’ils ne préfèrent absolument rien au Christ : daigne celui-ci nous conduire en communauté à la vie éternelle ». Quel plus beau souhait et comment de St Benoît n’arriverait-il pas à toutes nos communautés chrétiennes, et à la nôtre. Gardons-le et que Dieu nous donne sa réalisation. Amen

 

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