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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 06:32

   La tempête sur la mer : Demandons-nous, d’abord, ce que cet Évangile signifie. Qu’est-ce qui a déterminé l’antique liturgie à choisir ce passage pour le dimanche que nous célébrons aujourd’hui ?

   a) y a-t-il dans l’apaisement de la tempête une « manifestation » du Seigneur ? Si le 2ème dimanche après l’Epiphanie, l’Église nous a présenté le miracle des noces pour nous montrer la gloire du Christ, c’est-à-dire sa divinité, le miracle d’aujourd’hui n’est pas moins propre à cette fin. Représentons-le nous. C’est la nuit. Les douze hommes rament. Soudain s’élève une tempête furieuse. Ces marins expérimentés connaissent sans doute la perfidie de la mer, mais cette fois, ils sont désemparés. Ils réveillent le Maître endormi. Jésus se lève, avec majesté et calme, il commande aux éléments en fureur et ceux-ci lui obéissent comme des chiens qui se couchent aux pieds de leur maître. Cette vision du Seigneur commandant avec puissance, les disciples ne l’oublieront pas de leur vie. C’était donc bien une «  manifestation » du Seigneur. — Mais était-ce bien l’intention de l’Église de nous montrer cette manifestation ?

   b) Ou bien l’Église voulait-elle représenter dans cette tempête les persécutions et les combats auxquels elle est elle-même en butte ? La barque de Pierre a toujours été considérée comme une image de l’Église du Christ. Comme le petit bateau, l’Église est de tout temps ballottée par la tempête, mais « les portes de l’enfer n’ont pas prévalu contre elle ». On a sans cesse vu, au cours des siècles, le Seigneur, qui semblait endormi, se lever, commander aux vagues et à la tempête et faire apparaître le calme et la paix.

   c) Ou bien pensons-nous à l’âme chrétienne en particulier ? Elle aussi est un petit bateau exposé à la rage du vent et des flots. Quel cœur chrétien est à l’abri des combats extérieurs et intérieurs ? Ce sont des afflictions de toutes sortes, des tentations, des souffrances, des persécutions. L’enfer conspire sans cesse contre le royaume de Dieu dans l’âme. L’Église pense-t-elle à ces tempêtes ? L’oraison du jour pourrait nous le faire croire, c’est une explication de l’Évangile.

   L’ermite saint Antoine avait été violemment tenté par le démon, mais avait résisté courageusement. Il vit enfin briller une lumière et demanda : « (Où étais-tu, Seigneur ? » Une voix lui répondit : « J’étais là, Antoine, mais j’attendais pour voir ton combat ; puisque tu as courageusement résisté, je serai toujours ton aide. » Que cela soit une consolation pour nous, combattons vaillamment et, en temps voulu, le Christ viendra et commandera à la tempête.

   d) Pourtant l’Église a peut-être voulu nous faire entendre les premiers accents du drame de la Passion. La pensée fondamentale du cycle de Noël était celle-ci : Le Christ a fondé sur la terre le royaume de lumière. Maintenant l’Église nous prépare au cycle pascal, dans lequel nous verrons d’abord la lumière combattue par les ténèbres. Cet accent de la Passion se fait déjà entendre légèrement à travers le temps de Noël, aujourd’hui il retentit dans le mugissement des flots en fureur. Nous ne tarderons plus guère à voir le Sauveur environné des flots de la douleur, il sera englouti par eux, mais il sortira vainqueur.

   e) C’est peut-être cette dernière pensée qui nous rapproche le plus de l’intention de la liturgie. L’Évangile est une image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche est un dimanche de Pâques. Chaque dimanche nous célébrons la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Alors même que, pendant la semaine, nous aurions été ballottés par la tempête et les flots, à la messe du dimanche le Seigneur monte à bord de la nacelle, il commande à la tempête et achève la victoire de sa Résurrection. Chaque dimanche notre âme s’approprie quelque chose de cette victoire pascale. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du Baptême jusqu’au dernier combat et à la victoire finale.

   La vie chrétienne est une tempête sur la mer. Comme le bon Dieu traite parfois rudement ses enfants ! C’est qu’il n’est pas comme ces mères déraisonnables dont la tendresse consiste à caresser et à gâter leurs enfants. Il est le premier à appliquer le principe de la Sainte Écriture : Celui qui aime son enfant n’épargne pas la verge. Et c’est pour notre bien. Les enfants de Dieu supportent mal les jours heureux ici-bas. L’histoire de l’Église et l’histoire particulière des âmes le prouvent. Comme l’Église était grande au temps des persécutions ! Les chrétiens détestés, persécutés, méprisés extérieurement, étaient, parfaits et saints. Mais, au moyen âge, quand l’Église brilla de son plus grand éclat et que les empereurs et les rois la dotèrent de biens terrestres, la lumière intérieure pâlit de plus en plus. Oui, il est bon pour nous, chrétiens, que notre situation extérieure ne soit pas trop bonne. Il est vrai que nous avons besoin de ce que le Sauveur exigea de ses disciples pendant la tempête sur le lac : une foi forte et une ferme confiance en Dieu. « Pourquoi avez-vous si peu de foi ? » La grande souffrance, les grandes épreuves, la grande misère peuvent être un remède, mais aussi un poison. Certains trouvent dans les souffrances, de nos Jours, le chemin qui mène à Dieu ; mais, pour beaucoup, la crise économique est un poison qui apporte la mort de l’âme. Priez, mes frères, pour tous ceux qui sont éprouvés, afin que leur misère et leur souffrance les purifient et les sanctifient. Aimons à penser surtout et souvent à ceux qui sont, comme nous, membres du corps du Christ et qui sont en butte à la tempête sur la mer. Voyons tel enfant de Dieu, qui est, à cause de sa foi, condamné aux travaux forcés. Jour après jour, sans dimanche, sans messe, sans communion, il lui faut abattre des arbres ; il est à peine vêtu, mal nourri et, sous le fouet des soldats, il s’avance peu à peu vers la mort. Combien de fois ces pauvres gens doivent crier vers le ciel : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. » Pour ces pauvres, qui sont en même temps des riches, nous devons prier, afin qu’ils demeurent forts, afin qu’ils soient vainqueurs. Car leur souffrance nous profite à tous. Ils accomplissent et achèvent ce qui manque au corps du Christ. Mais ce n’est pas seulement dans ces pays où sévit la persécution. Chez nous, dans notre entourage, il y a des « tempêtes sur la mer », il y a la misère et les autres souffrances qui anéantissent. Portons secours là où nous le pouvons. Amen

 

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23 janvier 2023 1 23 /01 /janvier /2023 06:41

Le sens de ce 3ème dimanche après l’Epiphanie  est celui-ci : Les Gentils et les pécheurs entrent dans le royaume de Dieu.

    La journée d’aujourd’hui reste complètement sous l’influence du mystère de l’Épiphanie. Dans les paroles et les chants de l’Église, nous voyons apparaître les trois principaux personnages ou groupes qui prennent part à la visite royale. L’Introït les signale brièvement : « Adorez le Seigneur, vous tous qui êtes ses anges ; Sion a entendu sa voix et s’est réjouie ; les filles de Juda ont été dans l’allégresse, le Seigneur est Roi... » Le Christ-Roi, Sion, c’est-à-dire l’Église, les filles de Juda qui représentent les enfants de l’église, voilà ce dont parle le texte liturgique.

   En outre, la liturgie décrit la vie dans l’Église : le Baptême, l’Eucharistie, la charité. Y a-t-il rien de plus beau que ces trois joyaux ? Le Baptême est représenté dans la guérison du lépreux. C’est une image qu’aimait beaucoup l’ancienne Église (les antiennes de Benedictus et de Magnificat ne traitent que de ce sujet). C’est le grand thème pascal que reprend si souvent le dimanche (cf. aussi l’Offert.). A l’Eucharistie font allusion ces paroles du Christ « être assis à table avec Abraham, Isaac et Jacob ». La belle Épître traite de la charité. Enfin la liturgie nous dit encore, à propos de l’Église, que les pécheurs (le lépreux) et les Gentils (le centurion) ont la première place dans le « royaume de Dieu » sur la terre.

   Nous-mêmes, nous sommes représentés aujourd’hui par les filles de Juda « les filles de Juda sont dans l’allégresse ». Nos sentiments sont donc des sentiments de joie. Quelle en est la raison ? C’est que nous sommes des enfants de Dieu, rachetés du sang de Jésus-Christ : « La main du Seigneur me soutient, je ne mourrai pas mais j’ai la vie divine... » Nous sommes encore représentés par les deux figures de l’Évangile, le lépreux et le paralytique. Quelle leçon ne nous donne pas le lépreux ! Comme il est modeste et humble : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Il ne demande pas. Il se contente d’avoir confiance ; c’est avec cette foi profonde et cette confiance, que nous devons venir aujourd’hui dans la maison de Dieu. Le centurion nous apparaît sous des traits particulièrement sympathiques. Il est le porte-étendard de la gentilité, il reçoit le Roi qui « fait son entrée », en notre nom. De quelles vertus n’est-il pas orné ! Il a de la charité pour son esclave, il est humble. Lui, le fier Romain, il n’ose pas approcher du Christ. Il a la foi : « Je n’ai pas trouvé une telle foi en Israël » - le sens du devoir professionnel. C’est un soldat, de la tête aux pieds ; il exige l’obéissance, mais il sait aussi obéir. Nous comprenons que l’Église ait élevé à cet homme un monument impérissable, en empruntant ses paroles, au moment de la communion : « Seigneur, je ne suis pas digne... » C’est donc avec le centurion que nous approchons de la sainte Table.

   Pécheurs et païens ? Ce sont justement les deux catégories dont nous avons le moins à nous occuper, diront certains. Les pécheurs se sont séparés de Dieu, ce sont des rebelles qui se sont soulevés contre le divin Roi ; quant aux païens, ils ne savent rien de Dieu et n’appartiennent pas au royaume du Christ. Que viennent donc faire ces deux catégories de gens dans l’aimable temps de Noël ? Si nous lisons la vie de Jésus d’après les évangiles, nous verrons comment Jésus s’est comporté justement à l’égard des pécheurs et des païens. Il est à remarquer que ce sont justement les « pieux et les saints » du judaïsme, les Pharisiens, les Scribes et même les prêtres, qui ont montré de l’hostilité envers le Seigneur. Ce sont eux également qui l’attachèrent à la Croix. N’est-il pas tragique de voir que c’est un païen comme Pilate qui voulut arracher le Christ des mains des Juifs acharnés et qui finalement fut forcé, contre sa volonté, de le condamner à la croix ? Par contre, le Seigneur est reçu avec enthousiasme par les pécheurs et les païens. Nous pourrions citer une série d’exemples. Le brave centurion de Capharnaüm ne s’estime pas digne que le Seigneur « vienne sous son toit ». La Chananéenne païenne crie avec supplication vers le Seigneur pour obtenir la guérison de sa fille. Avec quelle foi, la femme païenne, atteinte d’un flux de sang, touche la robe du Seigneur ! Avec quelle sincérité, le païen guéri, du pays de Gérasa, supplie le Seigneur de lui permettre de le suivre. Enfin les Mages païens vinrent du lointain Orient vers Bethléem pour adorer le Roi des Juifs nouveau-né, alors que le Roi Hérode et le grand conseil ne bougent pas le petit doigt pour répondre au message. Et après l’Ascension du Christ, les Apôtres et particulièrement saint Paul firent la même expérience sans cesse renouvelée. Les Juifs repoussèrent la bonne nouvelle que les païens accueillirent avec enthousiasme.

   Ayons pour les pécheurs et les païens les mêmes sentiments que le Christ. Ne soyons pas des pharisiens qui n’ont que des regards de mépris pour les pauvres gens. Ce n’est pas par des disputes et des contestations que nous arriverons à les amener à nous ; nous n’arriverons à aucun résultat par des actes inamicaux et des condamnations. Nous n’avons pas besoin d’abandonner un iota de nos principes ; mais la fidélité à nos principes est compatible avec une tolérance de la charité. Ne jugeons pas les hommes d’après les doctrines théoriques de leur parti ou de leur confession. Dans la vie réelle, nous sommes beaucoup plus rapprochés et la charité est le chemin qui mènera à leur cœur... Ce n’est pas par l’apologétique, la dogmatique et la casuistique que nous convertirons le monde ; mais, comme le Sauveur, par la charité, la compréhension et la compassion. Nous autres, catholiques, nous sommes toujours portés à nous poser en juges et à condamner, et nous sommes souvent tout près du pharisaïsme. Il y a beaucoup de bon dans l’âme de ceux qui ne pensent pas comme nous, mais nous ne le voyons pas. La résolution pratique de cette semaine devrait donc être celle-ci : Dans nos relations avec ceux qui ne pensent pas comme nous, inspirons-nous de l’esprit du Christ. Amen

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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 17:09

   Dans le premier miracle de Notre Seigneur, aux noces de Cana, l’Église veut mettre encore en lumière devant le monde son « Épiphanie ». « Il manifesta sa gloire », lit-on à la fin du récit, c’est-à-dire il manifesta sa divinité, par son miracle. Cet Évangile est plein d’édification. Quelle charmante image du Sauveur il nous présente ! Le Christ est ami de la joie, il prend part aux fêtes de famille et les sanctifie ; son premier miracle est fait pendant les noces. Et dans Marie nous voyons la plus noble image de la femme et de la mère, partout secourable, prévoyante, serviable, modeste, ne montrant pas de susceptibilité quand on n’accorde pas ce qu’elle demande ; ce que dit saint Paul dans son beau cantique de la charité s’applique parfaitement à elle : la charité est patiente, bienveillante, ne connaît pas l’aigreur. Marie par son intercession a obtenu le premier miracle. L’Évangile contient encore de profondes pensées mystiques. La merveilleuse antienne de Benedictus, aux Laudes, le jour de l’Épiphanie, dit : « Aujourd’hui l’Église est unie au céleste Époux... » Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, nous rencontrons fréquemment l’image des noces et de l’Épouse. Le Christ est l’Époux et l’Église est l’Épouse. Chaque messe est comme une noce, la table nuptiale y est dressée.

   Maintenant, après ce temps de fêtes, demandons-nous quelle est l’intention de l’Église, qui nous présente aujourd’hui le miracle des noces Cana. Le miracle est un événement historique et l’Église cherche certainement à nous édifier par les actions de Notre Seigneur et de la Sainte Vierge. Cependant ce n’est pas là son but principal. L’Église raconte le passé mais elle pense au présent. Elle veut nous dire : ce qui s’est passé, il y a 2000 ans, s’accomplit encore mystiquement en nous et particulièrement, actuellement, à la messe. Le Christ ne se contente pas d’avoir changé, il y a 2000 ans, de l’eau en vin, il veut faire aujourd’hui quelque chose de semblable et d’une réalité plus élevée. Nous pouvons même aller plus loin. Le miracle que Notre Seigneur fit alors, il le fit moins pour le miracle lui-même qu’en considération de l’avenir. Tous les miracles de Jésus, toute sa vie, ne sont qu’une image de son action dans son Église, car le but de toutes ses œuvres terrestres était le salut des hommes. Nous pouvons donc dire que le premier miracle du Christ, à Cana, est un symbole de ce que le Christ accomplit dans son Église, de ce qu’il veut accomplir aujourd’hui, à la messe. Nous comprenons maintenant quelle importance a pour nous la vie du Christ. Nous apprenons par là ce que le Christ veut faire parmi nous. Les circonstances historiques nous apprennent quelle attitude nous devons avoir devant cette action du Christ. Il s’ensuit que nous devons vivre cet épisode évangélique et, pour ainsi dire, jouer notre rôle dans cette scène. Représentons-nous comme les hôtes ou même l’époux ou l’épouse. Le Christ et sa Mère sont au milieu de nous. Cela n’est que fiction dira-t-on ; mais il y a une réalité, c’est le don de la grâce, c’est le salut qui nous est accordé aujourd’hui.

   L’Eglise nous fait célébrer, à la messe, les noces de Cana d’une manière vivante. 

   Où est-il question à la messe des noces de Cana ? En deux endroits : à l’Évangile et à la Communion. Que signifie cela ? Par l’annonce liturgique de l’Évangile, l’Église ne se contente pas de nous raconter un événement de la vie du Christ, mais elle met symboliquement le Christ et cet événement devant nous. Car ce n’est pas en vain que l’Église entoure la lecture de l’Évangile des plus grandes marques d’honneur qui ne peuvent s’adresser qu’au Christ regardé comme présent (les cierges, l’encens, le baiser, l’attitude debout, les signes de croix, l’ambon). Ainsi donc, dans l’Évangile, l’Église nous représente aujourd’hui le premier miracle. Ce miracle se reproduit d’une manière plus élevée encore dans l’Eucharistie. D’où vient que l’Église fait chanter, pendant le banquet eucharistique, quelques phrases de l’Évangile (et autrefois, quand le chant de la Communion avait toute son étendue, elle les faisait répéter sans cesse, peut-être jusqu’à dix fois) ? Pourquoi cela au moment le plus sacré, quand Notre Seigneur s’unit à notre âme et devient un avec elle ? N’y a-t-il pas là une déviation ? Non, l’Église dit : Voyez, c’est maintenant la vérité, le Seigneur a gardé jusqu’à maintenant le meilleur vin de l’Eucharistie, le miracle se réalise d’une manière plus haute au Saint-Sacrifice et dans la Communion. Voyez les grandes choses que Dieu fait pour nous ! Amen

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8 janvier 2023 7 08 /01 /janvier /2023 17:26

« Surge ! quia venit lumen tuum » (Debout, car elle vient ta lumière) « Unigenitum tuum gentibus stella duce revelasti jam te ex fide cognovimus… » (vous avez révélé votre Fils aux Nations guidées par une étoile, déjà nous vous connaissons par la foi) dit l’oraison collecte de cette messe.

Mes frères, nous sommes des croyants (c’est-à-dire des gens qui ont connaissance des vérités de la Foi et qui les acceptent), mais nous sommes aussi des Fidèles (c’est-à-dire des gens qui se fient en ces vérités et donc qui y conforment leur vie, et les entretiennent avec amour)

   En cette solennité de l’Epiphanie, que demander de plus précieux au Seigneur que cette Foi qui a inspiré aux Mages leur démarche. Nous pourrions parler longuement de la Foi qui a guidé les Mages beaucoup plus que l’Etoile encore qui leur était apparue. Retenons simplement cette particularité de la vraie Foi : la promptitude à suivre la vocation du ciel. « Nous avons vu…et nous sommes venus »

Chercher Dieu, dit St Jean Chrysostome, de la manière efficace et solide dont le cherche une âme fidèle, ce n’est plus raisonner ni délibérer, c’est exécuter et agir : d’où il s’ensuit que quand on délibère, quand on consulte et qu’on raisonne, quelque intention qu’on ait de trouver Dieu, le cherchant toujours, ou, pour mieux dire, se flattant toujours de le chercher, on ne le trouve jamais.

   Les Mages ont vu leur étoile, mais animés d’une foi vive, ils n’écoutèrent rien de ce qui pouvait les retenir. Nous avons vu et nous sommes venus : paroles, dit encore St Jean Chrysostome, qui expriment admirablement la force et l’opération de la grâce, puisqu’il est vrai que dans l’affaire du salut tout dépend de certaines vues à quoi la grâce est attachée, ou plutôt en quoi consiste la grâce même.

   « Marchez, a dit Notre Seigneur, pendant que vous avez la lumière » c’est ce que font les Mages. Ils marchent parce qu’une lumière secrète pénètre intérieurement et touche leurs cœurs, tandis qu’un nouvel astre brille extérieurement à leurs yeux.

   Si vous voulez, mes frères, laisser agir le Seigneur, le même prodige se produira pour vous. Dieu a bien des manières de faire paraître des étoiles au firmament de nos vies. « Pour une étoile que voyaient les Mages, dit Bourdaloue, mille raisons nous convainquent, mille exemples nous confondent, toutes les Ecritures nous parlent : tant de docteurs nous instruisent…Ne dirons-nous jamais comme les Mages : nous avons vu et nous sommes venus !

   Oui, j’ai vu, je vois aujourd’hui ce que Dieu demande de moi et c’est pour cela que dès aujourd’hui je m’engage et je commence à l’accomplir…Pendant que j’en ai encore le temps…

   Dieu m’éclaire maintenant et je ne puis savoir s’il m’éclairera demain, ni s’il y aura même un lendemain pour moi ?

   Alors suivons les Mages, reconnaissons notre Grand Dieu. Amen

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 18:28

   En la fête de la Circoncision, Octave de la Nativité, Notre Seigneur reçut le nom de Jésus. « On lui donna le nom de Jésus que l’ange avait indiqué avant qu’il fut conçu dans le sein de sa mère ».

Parole de l’évangéliste saint Luc.

   Saint Pierre nous en donne la signification théologique : « Aucun autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvé ».

   Ainsi, dès l’orée de sa vie, la mission de cet enfant est précisée. Sa mission est une mission de rédempteur. Il vient pour sauver les hommes.

   L’Eglise en fait une expression de son dogme : « Qui propter nos homines et proter nostram salutem, descendit de coelis ».

Et saint Pierre est parfaitement explicite. Il est le seul Sauveur, le seul Rédempteur. Il rejoint ainsi l’expression, elle aussi parfaitement explicite,  de saint Jean : « …afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3 16)

   L’Eglise  - remarquez bien : je ne dis pas : « pour l’Eglise » comme si cela était une  simple opinion de l’Eglise primitive, née de la prise de conscience par les Apôtres du mystère de l’enfant de la crèche….cette manière de dire aurait un relent très fort de modernisme -   Non. Je dis : l’Eglise affirme que le salut est en NSJC et en aucun autre. Il est le seul Dieu, le seul Sauveur.

   Le Psalmiste nous exhorte : « Chantez à Dieu un cantique nouveau Cantate Domino omnis terra. Chantez Dieu et bénissez son nom. Annoncez au milieu des nations son salut », « Car le Dieu est grand et digne de louange. Quoniam Dominus magnus et laudabilis nimis. Car il a fait les cieux. La splendeur et la magnificence sont devant Lui. La puissance et la majesté sont dans son sanctuaire ».

   Dieu est venu. Il reviendra, cette fois dans la gloire et la force et non plus dans la faiblesse de l’enfant pour juger avec justice les peuples selon sa fidélité. Et ce ton de la joie est exprimé de nouveau dans le psaume 97 souvent chanté en ce temps de Noël : « Chantez à Dieu un cantique nouveau, Car il a fait des prodiges, Sa droite et son bras saints, Lui ont donné la victoire. Dieu a manifesté son salut, Il s’est souvenu de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d’Israël. Toutes les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu. Poussez vers Dieu des cris de joie, Vous, habitants de la terre Faites éclater votre allégresse au son des instruments. »

La joie ! C’est là un sentiment qui doit être en notre cœur en raison de la Rédemption.

   Sans doute, il est bon de s’affliger de ses péchés, mais à condition que ce ne soit pas à tous les instants de la vie. Il faut faire alterner avec ce souvenir  - (qu’on appelle componction) -, la mémoire plus heureuse des bontés de Dieu car la tristesse continuelle endurcit le cœur et risque de le jeter au mortel désespoir.

Souvenez-vous !

    La compassion divine est plus grande que n’importe quelle faute…A l’exemple du juste, ayez de vous-même une conscience humiliée, mais de Dieu une connaissance heureuse (ou joyeuse)

Oui ! Gardez sans cesse mémoire des bienfaits du Seigneur.

Ils sont trop nombreux, me direz-vous ! Il est vrai.

   Mais qu’au moins le principal de ces bienfaits, c’est-à-dire l’œuvre de votre Rédemption ne quitte jamais votre mémoire.

C’est ce que nous rappelle la fête du saint Nom de Jésus que nous célébrerons demain.

Méditons tout cela, et notre cœur, malheureux de ses péchés, saura chanter allégresse et reconnaissance. Amen.

 

 

 

 

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25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 18:46

   «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et le jour s’est levé sur ceux qui habitaient la région des ombres de la mort… Car un Petit Enfant nous est né, et un Fils nous a été donné. » (Isaïe 9)

   L’office divin des Matines de Noël, d’une richesse splendide, trop peu connue hélas des fidèles nous avertit qu’aux ténèbres et à l’ombre de la mort succède la grande lumière entourant le Petit Enfant qui nous est né, le Fils qui nous a été donné !

   C’est en effet une bien sombre histoire que celle de l’humanité. Nous avons quelque peu cherché à la retrouver, durant notre Avent, en nous remémorant la triste chute d’Adam notre premier père.

   Malgré les angoisses présentes nous pouvons redire au chef de notre humanité « Réjouis-toi, Adam, notre Père » car nous savons bien maintenant qu’en te promettant ton Sauveur, Dieu nous a tous comblés de la joie de Noël.

   Un chant de noël de France, du 17ème s, d’un ton et d’une allure sarcastique ayant pour titre : ‘Le démon assurément…’ prive Adam de se réjouir longtemps d’une victoire qu’il avait fort mal assurée. Seulement pour que la victoire soit totale, retenons la consigne : « Quand nous vivons saintement, au ciel Dieu nous enlève…et qu’ainsi plaise à Dieu qu’au firmament notre bonheur s’achève ! »

   Un autre noël (du pays de Galles) chante : « Adam avait tout pour vivre heureux avec les fruits permis, Tenté par Belzébuth ne sut pas obéir ; Avec lui nous voilà bannis du ciel divin. Mais vint le jour de Noël, le jour de la bonté de Dieu, Alors la joie vers nous descend du ciel ! »

   Voilà pourquoi nous devons rendre grâces comme le chante un noël de Sologne, qui nous demande aussi de ne pas oublier de prier pour tous, y compris pour les âmes prisonnières du Purgatoire, au nombre desquelles nous pourrons redouter de nous trouver un jour…

   L’Enfant de Bethléem nous a aimés…. Nous pouvons le voir nous tendant les bras, dans sa petite crèche nous regardant de ses yeux humains, nous offrant la grâce de son sourire. S’il est grand et redoutable dans sa divinité, il s’est fait, dans son humanité, tout petit et tout proche. Jésus naît, et avec lui nous naissons, ou plutôt nous renaissons. En vie divine ; tandis que lui, il naît en vie humaine. « Le Sauveur du monde, né aujourd’hui, lisons-nous, à la postcommunion de cette messe, est l’auteur de notre naissance divine ». Comprenons les adjurations de Saint Léon : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité ! devenu participant de la nature divine, ne retourne pas en ton ancien état d’esclave, par une conduite de dégénéré…Souviens-toi que tu as été arraché au pouvoir des ténèbres pour être transféré au royaume divin de la lumière. » (Serm. I de Nativit.)

Joyeux Noël à tous auprès de l’Enfant Jésus. Amen

 

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18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 17:29

   Quand Adam reçut la vie des mains de Dieu, il détenait une nature humaine très élevée en perfections de toutes sortes et par-dessus tout surélevée par la grâce sanctifiante. Nous avons vu qu’il l’a fait déchoir en la séparant de Dieu, il l’a découronnée, blessée, non seulement pour lui mais pour tous ses enfants. Désormais et pour toujours c’est une nature, dans ce nouvel état de déchéance, qui sera transmise par la génération. Ainsi le péché commis par l’unique père du genre humain, le péché d’Adam, passe inéluctablement en chacun de ses enfants. Ainsi nous a-t-il détournés de Dieu dans notre nature même qui n’est plus en état de l’aimer comme il convient.

   Et devant cette situation irrémédiable en elle-même et par elle-même vont se dresser la miséricorde et l’indulgence de Dieu. Il parle à Adam et à Eve promettant cette postérité victorieuse qui écraserait la tête de Satan. Et le doux temps arrive de nouveau pour nous où nous revivons cette merveille. Nous l’avons chanté « Cieux répandez d’en haut votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le JUSTE. Que la terre s’ouvre et qu’elle germe le SAUVEUR. »

« Qu’il soit anathème celui qui soutient qu’un tel péché puisse être enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre remède que par le mérite de l’unique médiateur, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a réconciliés à Dieu dans son sang, ayant été fait pour nous justice, sanctification et rédemption. » (concile de Trente)

   « Réjouis-toi, Adam, notre Père ! » C’est par ces paroles, par cette injonction de St Bernard que nous introduirons notre Noël, cette année ! Oui car il a plu à Dieu de prendre occasion du péché d’Adam pour nous donner son propre Fils et avec lui toutes les autres grandeurs inséparables de l’Incarnation rédemptrice.

   Sans doute, notre sensibilité se révoltera-t-elle toujours devant la souffrance, les souffrances qui dérivent pour nous de la faute originelle. Sans doute jusqu’à un certain point le mal restera-t-il une énigme même pour les croyants. Sans doute regretterons-nous la perte de la justice originelle et de ses avantages incontestables. Mais cela, définitivement, est vain. Ce qui est vrai et ce à quoi il nous faut nous rallier c’est au chant de l’Exultet de la Nuit Pascale qui proclame « ô péché d’Adam certainement nécessaire, ô heureuse faute qui a mérité d’avoir un tel et si grand Rédempteur ! »

   « La seule aspiration qui convienne est de tendre vers Dieu de tout notre amour, dans notre état de chute et de rédemption ; car notre nature est coupable en Adam et justifiée en Jésus-Christ ; terriblement déchue et plus admirablement relevée ; gâtée au jardin d’Eden et réparée au jardin des Oliviers et sur la colline du Calvaire ; blessée par l’orgueil et guérie par l’obéissance du Fils de Dieu jusqu’à la mort. »

« Réjouis-toi, Adam, notre Père ! » Et nous évoquerons quelques unes des grandeurs que nous a valu cette faute pourtant détestable mais porteuse de si éclatants témoignages d’amour de la part de Dieu :

-l’histoire de sa sollicitude pour le petit peuple élu qu’on appelle à bon droit l’Histoire Sainte.

-les soupirs et les promesses des saints patriarches et des saints prophètes.

-la femme bénie entre toutes, la seule préservée de la faute pernicieuse, la Toute Pure, l’Immaculée Vierge Marie.

- le mystère inconcevable de la Sainte Incarnation.

-l’Eglise, Mère et éducatrice des Saints.

-l’ardeur des apôtres, la charité des martyrs, la fidélité des vierges, le courage persévérant des chrétiens fervents, les larmes de la pénitence, la dignité et le pouvoir des prêtres.

-le jour bienheureux du second Avènement de notre Sauveur dans sa Gloire où ceux qui auront cru en le Seigneur Jésus et pratiqué sa Loi seront glorifiés en Lui, nouvel Adam, et transfigurés à jamais.

 

   « Réjouis-toi, Adam, notre Père ! » Réjouissez-vous, réjouissons-nous, mes frères ! car il est beau que nous ayons été aimés de cette manière et que dans une semaine, de nouveau, apparaissent à nos yeux éblouis et à nos âmes transportées, la bénignité et l’humanité de notre Dieu Sauveur. « Mon cœur et ma chair défaillent, ô Dieu de mon cœur » dit le psaume. Et St Bernard d’ajouter « Oui, je le déclare bienheureux et saint, celui à qui il a été donné d’éprouver quelque chose de semblable en cette vie mortelle, ne fut-ce que rarement ou même une fois, à la dérobée, l’espace d’un instant. » Que Noël vous apporte cet instant, Amen !

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 17:53

   La Bible nous dépeint Adam se cachant au plus creux du jardin d’Eden après sa faute. Alors que le Seigneur passait à la brise du soir, il dût l’appeler…Ainsi nous est suggéré d’une façon simple mais combien réaliste la honte du fils qui a failli à l’ordre de son père…il ne tient plus à le rencontrer, il le fuit. Mais quelle vaine pensée ! Peut-on jamais fuir le regard de Dieu ? Cependant nous dit l’excellent commentateur que fut Dom Calmet « Dieu cherche Adam, comme s’il ne savait pas où il est. Il veut lui donner une occasion de reconnaître sa faute. »

   Dans notre petite suite de considérations sur le péché originel pour nous faire préparer la fête de Noël, nous aurons avantage aujourd’hui à nous arrêter sur la gravité de la faute de notre premier père. « Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : Tu peux manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »

   Sans doute chacun de vous connait-il par cœur ce passage du livre de la Genèse. Nous l’avons retenu tel quel, il nous avait frappé au temps de notre enfance ! Et puis peut-être quelques-uns, ébranlés par des considérations et des déclarations ou mal comprises ou maladroites (sinon parfois malveillantes) certains, dis-je, ont laissé tomber ce remarquable récit et l’ont négligé, ou remisé dans le tas des vieilles légendes de leur enfance. Que tous nous entendions, en ce moment, cet avertissement lucide et rassurant : « La manière dont Moïse raconte cette histoire de la chute est tout à fait particulière. Il se sert d’expressions figurées et énigmatiques (au sens propre : figures et énigmes) et il cache sous une espèce de parabole le récit d’une chose très réelle et d’une histoire la plus sérieuse et la plus importante qui fut jamais. » (Dom Calmet). Ainsi donc, n’allons point penser que ces premiers chapitres du Saint Livre seraient une sorte de fiction inconsistante. Ils rapportent des évènements tout ce qu’il y a de plus réels, tout ce qu’il y a de plus historiques, de plus effectivement arrivés, de plus incontestablement survenus à un moment du temps et dans un lieu de la terre, sinon toutes les formulations de notre foi tournent court. Bien sûr, la Genèse, avec l’inspiration du Saint-Esprit, l’a mis en scène dans un récit en quelque manière poétique, mais le concile de Trente, assisté par le même Saint-Esprit, et s’appuyant sur le texte de l’Apôtre St Paul, l’a défini en termes abstraits, de sorte que nous savons très bien ce qui s’est passé !

   L’état de justice originelle ne devait être conservé et transmis qu’à une condition expresse : persévérer dans la grâce de Dieu et obéir à son commandement. Dieu soumit nos premiers parents à une épreuve et leur imposa un précepte, un précepte non purement intérieur mais adapté à leur nature composée de spirituel et de sensible = ce que signifie cet arbre, appelé à bon droit du bien et du mal : puisque manger de son fruit les faisait connaître le mal qu’ils ignoraient encore, eux qui étaient établis dans l’unique bien.

   Egarés par le démon, Adam et Eve se portèrent à un tel excès d’orgueil qu’ils prétendirent se faire par eux-mêmes juges et arbitres du bien et du mal, indépendamment de toute autorité divine.

   Le voilà donc cet arbre mystérieux que l’on a d’une manière trop simpliste et parfois même ridicule et incongrue affublée d’une pomme ! Le mot latin ‘poma’ signifie fruit en général. En fait c’était un fruit de mort, comme toute rébellion en fait cueillir aux arbres empoisonnés disposés le long de notre route terrestre.

   Etait-ce un arbre réel ? La liturgie si parlante de la Passion et des Jours Saints oppose sans cesse l’arbre par le bois duquel Satan a jadis triomphé à celui par lequel le Christ le vaincra c’est-à-dire l’arbre de sa Croix : ainsi dit la préface de la Croix « vous avez placé, Seigneur, le salut du genre humain dans le bois de la Croix pour faire jaillir la vie, là même où la mort avait pris naissance. »

   Car c’est bien le drame. La mort plane à partir de ce jour sur tous les hommes. La mort corporelle avec ses préliminaires, la maladie, la fatigue, le déclin des forces. La mort spirituelle par la perte de l’état de grâce, cette participation, incompréhensible et sans fin admirable, à la sainteté de Dieu. Tout est perdu ! Une déchéance incalculable dont nous ne pouvions plus jamais nous relever. Car rien ne subsistant en Adam des dons de Dieu, il demeure dans l’impossibilité absolue de nous transmettre quoi que ce soit de surnaturel. Il ne nous livrera que du naturel et encore du naturel de basse qualité, du naturel blessé, flétri, disons dénaturé.

   Comprenons bien cependant ; ce n’est pas comme péché personnel d’orgueil commis par Adam que le péché originel est transmis, mais selon le détournement de la volonté et la séparation de Dieu qui faisait corps nécessairement avec ce péché d’orgueil.
   C’est Adam et Eve qui, seuls, ont voulu faire les dieux et ont enfreint le précepte de Dieu – Cependant la conséquence, l’état de séparation de Dieu qui était impliqué dans ce péché d’orgueil affectait une fois pour toutes la nature elle-même et devait se transmettre avec la nature elle-même et par le même moyen, par la génération.

   Je termine forcément sur cette tragique constatation ; c’est de là que nous repartirons dimanche prochain pour retrouver l’espérance, espérance invincible : déjà marquée dans l’antienne de la communion de ce jour « Prenez courage : voici notre Dieu qui vient et il nous sauvera. »

   Mais comprenons à quel point nous avons besoin de faire nôtres les soupirs de l’Avent, à quel point nous touchons la misère et l’impuissance pour pouvoir et devoir crier : « Venez, Seigneur, et ne tardez pas ! » Amen.

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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 06:40

« Succurre cadenti surgere qui curat populo – Venez au secours de ce peuple allant à la chute qui cherche à se relever. »

   Ainsi, chaque année, nous chantons à la Vierge Marie cet appel au temps de l’Avent ! Ce peuple c’est nous, peuple chancelant et qui pourtant garde le souci de son relèvement. Nous devons savoir, par les données de notre foi, que cette triste situation d’instabilité a son origine dans la nuit des temps. On l’appelle d’une expression connue le « péché originel » ! Mais du péché originel on ne parle plus guère, ou de façon fort vague.

   Alors, attachons-nous simplement, humblement, fidèlement à examiner ce que nous dit la Foi, notre Foi chrétienne, sur Adam, notre Père. Préparons notre Noël, avec notre lointain ancêtre : sans doute avons-nous bien à lui reprocher, mais puissions-nous aussi redécouvrir ce que nous lui devons !

   Arrêtons-nous d’abord auprès du berceau d’un petit enfant : avons-nous le droit, devant ce petit être rayonnant et tendre de dire : c’est un pécheur ! Pensons à nous maintenant : un jour nous avons compris pour la 1ère fois la signification de ces mots terribles : mort, enterrement, cimetière ; un jour nous avons saisi la cruauté de la douleur ; un jour nous avons pris conscience de ces conflits intérieurs qui nous déchirent et nous humilient, nos passions ! A-t-on raison de nous enseigner que tout cela est la conséquence d’une première faute ?

   Eh oui, on a raison de nous enseigner tout cela : telle est la doctrine qui nous vient de Dieu par son Eglise. L’Ecriture Sainte, parole de Dieu, nous livre tout cela. La Sainte Eglise nous demande formellement de le reconnaître comme vérité de foi. « Qu’il soit anathème = il n’y a pas de formule plus nette et plus dure pour rejeter du sein de l’Eglise celui qui ne veut pas admettre la vérité qu’elle proclame = qu’il soit anathème celui qui ne confesse pas la vérité suivante : Adam, le premier homme ayant transgressé dans le paradis le précepte de Dieu, a perdu immédiatement la sainteté et la justice dans laquelle il avait été constitué ; il a encouru par l’offense de cette prévarication la colère et l’indignation de Dieu, et par le fait même la mort dont Dieu l’avait menacé auparavant, et avec la mort la captivité sous la domination de celui qui possède, depuis ce moment, l’empire de la mort, c’est-à-dire le diable ; Adam, par l’offense de cette prévarication a éprouvé un changement qui l’a réduit à un état inférieur du point de vue de son être tout entier : dans son corps et dans son âme »  Ce texte est une des définitions du concile de Trente.

   En voici un autre qui le complète. « Si quelqu’un dit que la prévarication d’Adam n’a été préjudiciable qu’à lui seul et non pas à sa descendance, et que la sainteté et la justice qu’il a perdues, il les a perdues uniquement pour lui et non pas aussi pour nous ; ou si quelqu’un soutient qu’Adam souillé par ce péché de désobéissance, a transmis seulement la mort et les peines corporelles à tout le genre humain et non pas également le péché, qui est la mort de l’âme, que celui-là soit anathème. Il est en effet en opposition avec l’Apôtre qui déclare : ‘Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort est-elle passée à tous les hommes du fait qu’en lui tous ont péché !’

   Et c’est la même doctrine que le Pape Paul VI a repris dans sa Profession de Foi de la clôture de l’Année de la Foi : « Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle, commis par lui, a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. »   

   Ainsi saurons-nous reconnaître une triple vérité :

1)-le péché originel n’a pas eu de réalité qu’en Adam. Nous aussi nous avons perdu la sainteté et la justice qui lui avaient été conférées.

2)-le péché originel ne se réduit pas à la nécessité de mourir et aux peines corporelles. C’est le péché lui-même qui nous est transmis : et le péché est la mort de l’âme.

3)-l’apôtre St Paul, dans son Epître aux Romains, dénonce bien le péché originel, commis par un seul homme Adam et transmis à tous les hommes solidaires de leur premier père.

   Nous aurons passé notre temps, ce matin, à bien fixer le fait du péché originel et de ses conséquences. Sans doute est-ce aride et déprimant…Mais n’avons-nous pas, en commençant, demandé à la Vierge Marie, l’heureuse, bienheureuse, exemptée du péché d’Adam, de venir à notre secours car son peuple prend le souci de se relever. Tout au long de la semaine nous contemplerons l’Immaculée, la sainteté et la justice retrouvées intactes en Elle, et ainsi aurons-nous plus l’occasion de nous éblouir que de nous assombrir. Amen

 

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 18:05

   Le temps de l’Avent dans lequel nous entrons aujourd’hui a comme finalité de nous préparer aux fêtes de la Nativité du Fils de Dieu le 25 décembre, mais pas seulement. Le temps de l’Avent nous prépare à 3 venues essentielles du Seigneur dans notre vie : celle qui s’est déroulée dans l’histoire, il s’agit de la naissance de Jésus ; celle qui ne cesse de se dérouler dans notre temporalité : Dieu ne cesse de venir à nous de multiples manières, je vais surtout m’arrêter sur cet aspect-là pour aujourd’hui ; et dernière venue du Seigneur : celle à la fin des temps, venue que nous attendons et à laquelle nous nous préparons.

   Pour nous préparer à la venue du Seigneur : il s’agit de nous réveiller et de réveiller en nous le désir de Dieu. St Paul le dit dans la lecture : « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de notre sommeil. » L’Evangile l’évoque aussi : « Tenez-vous donc prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Nos manières de vivre peuvent avoir comme conséquence de nous endormir ou de nous laisser endormir. C’est le sens de l’évocation des modes de vie au temps de Noé : « On mangeait, on buvait, on se mariait. » Oui, tout va bien dans le meilleur des mondes…sauf qu’on vit sans Dieu. On se laisse conduire par la vie, par les évènements. C’est le risque que nous courons lorsqu’une société met Dieu de côté. Et, lorsque Dieu est mis de côté, il est toujours remplacé…par n’importe quoi !

   Deux exemples peuvent illustrer l’endormissement dont je parle. Regardez par exemple le monde politique. Il y a quelque chose de pas très juste dans ce que nous voyons, de tout bord politique que ce soit. C’est qu’on a l’impression qu’on attend de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie ! Dit autrement, on a remplacé l’attente du Messie par l’attente de sauveurs : hommes politiques, sportifs, vedettes… Si Dieu était présent dans nos sociétés, on n’attendrait pas de nos hommes politiques qu’ils soient le Messie. Et on se laisse endormir et manipuler. Attention à l’anesthésie des consciences ! Ces dérives sont le révélateur de l’absence de Dieu et d’un endormissement général.

   Un autre phénomène caractérise l’endormissement général de notre monde : les écrans. La place que prennent internet, les écrans de tout genre, source d’information, les ordinateurs, les jeux. Ces activités sont chronophages : elles mangent notre temps. Et alors, bien souvent, nous n’avons plus de temps pour prier, le temps pour Dieu. Il faut saisir la grâce du Temps de l’Avent pour prier plus régulièrement, plus généreusement, plus gratuitement, pour réveiller en nous le désir de Dieu, de sa venue et de sa rencontre.

   Depuis sa Résurrection, Jésus ne cesse de venir à nous. Pour nous préparer à rencontrer le Seigneur dans notre vie, au terme de notre vie, il faut tout d’abord apprendre à le reconnaître lorsqu’Il se manifeste dans notre vie actuelle. Et bien souvent, nous ne nous en rendons pas compte de manière immédiate. C’est après coup que nous nous interrogeons et que nous nous disons : mais peut-être le Seigneur me disait-Il quelque chose à travers cet évènement ?

   Quand nous parlons de prière, il est important aussi de relire sa vie en présence de Dieu, à la lumière de Dieu, à l’image de la Vierge Marie qui « gardait et méditait tous ces évènements dans son cœur. » Pour ce faire, il faut se souvenir de plusieurs choses. Tout d’abord, quand on est chrétien, rien n’est le fruit du hasard. Dieu est partout. Ensuite, il faut garder dans son cœur que Dieu habite de sa présence nos rencontres, nos échanges et tous les évènements que nous vivons. Même les plus douloureux et incompréhensibles ; et je dirais même : surtout les plus incompréhensibles, les plus douloureux! C’est souvent dans le temps que l’on se rend compte de la densité, de la profondeur que révèle telle ou telle rencontre, tel ou tel évènement. Et c’est en les méditant dans son cœur, en les présentant au Seigneur, en regardant ce qui en a découlé, que l’on s’ouvre à ce que le Seigneur nous a dit ou nous a donné.

      Deux mouvements se rencontrent : celui de Dieu d’abord qui vient à nous : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra », et celui de l’homme qui marche vers Dieu : « Des peuples nombreux se mettront en marche vers la montagne du Seigneur. » C’est en fait, en nous ouvrant aux multiples venues du Seigneur dans notre vie, que nous avançons et allons vers Lui. Notre marche vers Dieu ne se fait qu’à la mesure de notre ouverture à ses venues.

   Profitons de cette première semaine de l’Avent pour nous réveiller de nos torpeurs, pour soigner nos temps de prière, pour prendre le temps de relire nos journées, nos vies, en n’oubliant pas de présenter au Seigneur tout ce que nous ne comprenons pas ou n’avons pas compris. Le temps de l’Avent est un temps de marche vers la Lumière. Que la Vierge Marie nous aide à nous ouvrir à cette Lumière qui éclaire et révèle la présence de Dieu en nous. Amen !

 

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