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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 06:46

   La fin approche de plus en plus : le royaume de Dieu parvient à la maturité parfaite. Extérieurement, il ressemble à l’arbre puissant, les peuples de la terre habitent dans ses branches. Intérieurement, il pénètre, comme le levain, l’homme tout entier. Nous apportons notre concours à ce double travail par le saint apostolat et notre sanctification personnelle. A l’approche de la fin de l’année liturgique, faisons un examen de conscience pour voir si nous méritons, nous aussi, la louange que notre mère, l’Église, nous adresse dans l’Épître.

   On éprouve une consolation sans pareille quand on suit, en qualité de chrétien, le développement et l’activité de l’Église à travers les siècles. Elle est sortie du cénacle comme un petit grain de sénevé, puis s’est propagée sans arrêt, d’abord à Jérusalem, ensuite en Palestine, pour être portée plus tard par saint Paul dans le monde païen. Au premier siècle, il n’y a déjà plus une ville de l’empire romain où elle n’ait posé le pied. 300 ans de persécutions n’ont pas pu arrêter sa marche pacifique ; le sang des martyrs fut la semence des chrétiens. La voici qui parvient chez les peuples germaniques ; toujours le même spectacle : peu de siècles après, ils étaient devenus chrétiens. Et ce n’était pas là une simple croissance extérieure, mais aussi une transformation intérieure. La face du monde s’est véritablement renouvelée. Pensons seulement à l’esclavage, à la condition de la femme, de l’enfant. Le christianisme a vraiment agi comme un levain dans le monde.

   Pourtant, si édifiante que soit cette contemplation, pour nous, amis de la liturgie, elle est encore trop extérieure. Le grain de sénevé est le Christ mystique qui atteint la taille d’un arbre puissant. Chaque saint, qui lui a été incorporé par le baptême, forme un rameau et le demeure après sa mort. Le nombre des élus est déterminé par Dieu ; aussitôt que le dernier rameau sera fixé sur l’arbre du Christ mystique, la mission de l’Église sera terminée. Maintenant, à la fin de l’année liturgique, nous regardons l’arbre pour voir dans quelles proportions le sénevé s’est développé. — Le levain, c’est la vie divine en nous ; elle doit pénétrer tous les domaines. Les saints nous font mieux comprendre ce que cela signifie. Toute leur vie en a été pénétrée. Mais nous avons trouvé la voie pour réaliser, nous aussi, personnellement, cette double parabole. Il convient particulièrement à la fin de l’année liturgique de nous demander : Comment le Christ a-t-il grandi en nous ? Comment a-t-il agi en nous à la manière d’un levain ? Ici, nous pouvons nous faire l’application de l’Épître : avons-nous « une foi agissante, un amour prêt au sacrifice, une espérance ferme en Notre Seigneur Jésus Christ ? » — Encore une pensée : L’Eucharistie est aussi un grain de sénevé ; elle est le levain. Tous les dimanches, le Divin Semeur jette ce grain dans notre âme et, pendant la semaine, ce grain doit devenir un arbre qui porte feuilles, fleurs et fruits. Tous les dimanches, la « femme », l’Église, mêle à la farine de l’âme le levain de l’Eucharistie (le mot fermentum désignait, dans la primitive Église, l’Eucharistie envoyée par le Pape) ; maintenant notre âme a besoin d’un levain. C’est le rôle de l’Eucharistie : elle n’est pas un arbre, ni un pain levé, mais un petit grain et un levain ; elle est une force et une grâce qui ne deviennent efficaces qu’avec la collaboration de la volonté humaine.

   Puisse donc la messe d’aujourd’hui, semblable au levain, agir en nous, « en nous purifiant, en nous renouvelant, en nous dirigeant, en nous protégeant » (Secr.). Amen

 

 

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 13:55

« Ramassez l’ivraie pour la brûler, portez le bon grain dans mon grenier. »

   Ce dimanche, célébré à la fin de l’année liturgique, présente dans son Évangile de très belles pensées. Que signifiait l’Évangile de l’ivraie dans le temps après l’Épiphanie ?

L’interprétation de la parabole se divise en trois parties :

 Les semailles du froment et de l’ivraie.

 La conduite du maître envers l’ivraie pendant la croissance.

 La récolte ou moisson.

 

   Au temps de l’Épiphanie, c’est plutôt la seconde partie que nous considérions. Nous voyions le Christ, en Juge et Roi sage et patient, laisser croître et mûrir la bonne et la mauvaise semence. Mais, maintenant, à l’automne liturgique où nous avons les yeux fixés sur la fin de la vie et du monde, le Seigneur nous montre le ciel et l’enfer. L’Église soulève aujourd’hui le voile de l’au-delà ; elle nous fait jeter un regard dans l’abîme fumant de l’enfer, et aussi lever les yeux vers les bienheureux dans le ciel. En outre, l’Église nous apprend à comprendre le mystère du mal ; car, justement dans les derniers temps, à la fin du monde, le mal relèvera encore une fois la tête. Enfin nous pensons que, aujourd’hui aussi, à la messe, le Christ veut jeter dans nos âmes la bonne semence, le froment divin ; celui-ci doit croître dans une vie bien chrétienne (pensée de Pâques).

    Les chants psalmodiques sont du XXIIIe dimanche après la Pentecôte ; ils nous sont donc déjà connus. Quiconque aime approfondir ces morceaux les entend résonner de tous les thèmes de l’automne liturgique (depuis la crainte et le pèlerinage terrestre jusqu’à la nostalgie et au désir du ciel). Les lectures nous montrent deux images de l’Église qui s’opposent, l’une gracieuse, l’autre sévère, une image idéale et une image réaliste. Dans l’Épître, saint Paul nous décrit l’idéal de la vie chrétienne. C’est une communauté de saints que pare toute une couronne de vertus ; la charité y commande en reine, à sa suite marche la paix du Christ. L’Apôtre nous fait jeter un regard sur la vie cultuelle et sur la vie privée. La parole de Dieu règne dans toute sa richesse au sein de cette communauté ; nous l’entendons chanter des psaumes et des cantiques spirituels ; mais, en leur particulier, ses membres vivant en toutes choses au nom de Jésus. L’Évangile nous montre une image toute différente : nous voyons encore une communauté de chrétiens, mais là avec des faiblesses humaines, des péchés, ainsi que de graves scandales, de la tiédeur, de l’indifférence, de la jalousie chez les chrétiens ; nous en éprouvons de la peine. Toutefois le Sauveur nous aide à résoudre le problème du mal dans l’Église et dans les âmes.

    En ce qui nous concerne, efforçons-nous de réaliser parfaitement en nous et autour de nous l’image idéale ; en ce qui concerne les autres, essayons d’imiter la patience de Dieu à l’égard du mal et à ne pas nous en scandaliser ; mais pensons aussi à l’enfer. Amen

 

 

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 16:32

   Le Temps après la Pentecôte est le symbole du long pèlerinage de l’Eglise vers le ciel, et les derniers dimanches, qui en sont comme les dernières étapes, nous font entrevoir la fin des temps. Au Bréviaire on lit les prophètes qui annoncent la fin du monde.

   Lorsque les Chaldéens eurent emmené les Juifs en captivité à Babylone, Jérémie parcourut les ruines de Jérusalem en exhalant ses Lamentations. Mais il prophétisa aussi l’avènement du Messie qui devait restaurer toutes choses. Ezéchiel prophétisa en plein exil la volonté de Dieu de sauver son peuple. Daniel, qui était aussi parmi les captifs de Babylone, déclare au roi Nabuchodonosor que la petite pierre qu’il a vue en songe renverser la statue d’or, d’argent, de fer et d’argile, et devenir elle-même une grande montagne, est en réalité la figure du Christ dont le royaume consumera tous les royaumes et subsistera éternellement.

   Le prophète Osée, quant à lui, annonça que Dieu mettrait fin au royaume d’Israël et qu’à un peuple qui n’était pas son peuple il serait dit : Vous êtes les fils du Dieu vivant, et qu’ensuite les fils de Juda  et les fils d’Israël se réuniraient ensemble et se donneraient un seul chef : paroles, dit St Augustin, qui sont une prophétie de la vocation des Gentils et de la réunion définitive des Juifs et des Gentils, à la fin du monde, en un seul et grand peuple racheté par le Christ.

   Toute la messe d’aujourd’hui s’éclaire à la lumière de ces prophéties. L’Introït est emprunté à Jérémie qui annonce la fin d’une captivité dont celle de Babylone n’était que la figure. Quel encouragement ne devons-nous pas trouver dans cette pensée : un jour viendra qui marquera la fin de notre exil et l’Eglise, en nous le rappelant, tient à nous assurer que « les pensées du Seigneur sont des pensées de paix ». Le Graduel est un chant de délivrance. Le De Profundis de l’Alléluia, repris à l’offertoire, est un appel lancé dans la détresse mais sûr d’être exaucé (Comm.)

   St Paul nous invite dans l’épître à abandonner le goût des choses de la terre pour nous attacher à celles du ciel, et à vivre ainsi déjà dans le ciel « dont nous sommes les citoyens et d’où nous attendons le Sauveur ». L’Eglise, qui fait écho à son appel, en nous demandant de « rester ferme dans le Seigneur », se souvient aussi de la faiblesse humaine pour nous faire implorer de Dieu le pardon de nos péchés et son aide pour n’y pas retomber (Or. et Postc.)

   L’évangile, qui est un double récit de guérison et de résurrection, dit également la grande miséricorde et la puissance du Seigneur ; la fin du monde, en même temps que la manifestation de la justice divine, sera la révélation d’une rédemption incomparable dont les miracles du Christ peuvent ici-bas nous donner quelque idée mais dont la claire vue seule pourra nous révéler toute la grandeur et l’étendue.
   Cette œuvre immense de salut, songeons que nous y sommes mêlés et qu’elle se joue actuellement pour nous. Demandons à Dieu avec l’Eglise qu’il daigne, dans sa bonté, « continuer en nous l’œuvre que, sans mérite de notre part, il y a commencée ». (Secr.) Amen

 

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 17:32

   En célébrant la Toussaint, l'Eglise nous redit que nous sommes tous appelés à la sainteté. D'où l'extrême importance de comprendre aussi bien que possible ce qu'est un saint ou en quoi consiste la sainteté.

     Qu'est-ce qu'un saint ? Réponse spontanée d'un adulte : un personnage exceptionnel, canonisé, qui fait l'objet d'un culte. Réponse délicieuse d'un enfant à cette même question : les saints sont de grandes statues en plâtre, debout, sur un piédestal.

     Si vous considérez la littérature pieuse et de pure dévotion particulièrement peu crédible, on dira que les saints révèlent leur vocation exceptionnelle dès leur plus tendre enfance et même parfois avant leur naissance. Mais la sainteté officiellement reconnue débute au IVe siècle. Au commencement étaient les martyrs… Tout au long de l'histoire, les critères ont évolué selon les papes et selon les périodes. La reconnaissance de la sainteté fut d'abord populaire, vox populi, vox Dei. Elle fut ensuite épiscopale, puis enfin papale. Et le terme "canonisé" n'apparaît qu'au début du XIe siècle (1016).

     Il y a aussi une géographie de la sainteté canonisée et des politiques de canonisation. Depuis quelques années, par exemple, dans la ligne de la promotion du laïcat suscitée par Vatican II, Rome se préoccupe davantage de la canonisation de saints laïcs.

     Cette histoire ne manque pas de surprises. Ainsi, Jeanne d'Arc, jugée d'abord par une centaine de prélats et de théologiens, qui l'ont condamnée à être brûlée vive, après avoir théologiquement établi qu'elle était - selon les termes mêmes de l'époque - : "menteresse, abuseresse du peuple, blasphémeresse de Dieu, idolâtre, cruelle, dissolue, invocateresse de diables, hérétique et schismatique". Elle fut cependant béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Comme l'écrivait un historien : "Portée au bûcher au nom de l'orthodoxie, elle a été ensuite portée sur les autels au nom de l'orthodoxie".

     Tout cela n'est pas sans intérêt. Mais ce qui doit surtout nous intéresser aujourd'hui c'est la sainteté ordinaire. Il y a les héros, il y a aussi les fantassins. C'est cette sainteté qui nous concerne tous et directement, parce qu'il s'agit d'abord et avant tout d'une vocation commune.

     Strictement, Dieu seul est saint. La Bible le proclame et le répète. Mais elle proclame et répète aussi au nom du Seigneur : "Vous serez saints, parce que je suis saint". Ou encore : "Soyez saints, car je suis saint", "Sanctifiez-vous et soyez saints", "Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait", dira Jésus. Et S. Paul : "Dieu nous éduque pour nous communiquer sa sainteté".

     Si par la foi, qui est un amour, nous entrons en communication avec Dieu qui est sainteté parfaite, celle-ci se communiquera à nous dans la mesure même où grandira notre communion avec lui. "Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es". Plus nous nous laissons envahir par l'Esprit de Dieu, et donc du Christ, plus nous lui sommes fidèles, plus nous lui ressemblons, plus nous progressons en sainteté.

     La vocation normale du chrétien n'est pas de se contenter de ce qui est strictement nécessaire ou prescrit. La foi est un dynamisme d'amour. Sa qualité se juge à la qualité de la communion et de ce qui en découle dans le comportement personnel et social.

     Tout combat qui nous fait sortir de la médiocrité est croissance de la sainteté. Elle est une union toujours plus grande à Dieu dans le Christ, et donc une participation de plus en plus consciente à la vie de Jésus.

     Ce qui veut dire aussi que nous ne sommes pas tous appelés à la même sainteté, c'est-à-dire au même type d'union au Christ, ni à la même plénitude de vie chrétienne, ou à la même perfection de la charité. Est saint ou sainte, celui ou celle qui, dans les limites de ses caractéristiques propres, de ses qualités et des circonstances personnelles, s'ouvre à la Bonne Nouvelle et se conforme au Christ.

     Il est donc totalement faux de croire que les saints canonisés par l'Eglise le sont à cause de grâces extraordinaires, comme le don de miracles et de prophétie, ou des faveurs mystiques spéciales. Les saints ne sont pas non plus des totalement "parfaits". En fait, il n'y a pas de différence essentielle entre la sainteté héroïque et la sainteté commune. Ce sont des hommes et des femmes qui s'efforcent au jour le jour et en tout d'être fidèles à l'amour de Dieu et du prochain. Il y eut des saints, même canonisés, de tempérament un peu rude pour eux et pour les autres. J’ajouterai: Parfois, ce ne sont pas les saints que l'on devrait canoniser, mais ceux qui vivent avec eux… N’est-ce pas très réconfortant pour nous.

     Mgr Fulton Sheen, un grand spirituel qui fut archevêque de New York, affirmait tout simplement : "L'homme de Dieu ne dépense pas plus d'énergie pour vivre en saint que n'en dépensent le directeur d'une agence de publicité, un athlète ou une femme qui veut à tout prix rester jeune et mince. La différence réside seulement dans le sens des valeurs". C'est donc à la portée de tous.

C'est dans la célébration de la Sainte Messe que nous constituons par excellence le peuple saint, celui qui est rassemblé par l'amour et qui le rayonne dans la vie quotidienne. Amen

 

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 18:06

 "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin des temps".
   Telles sont les dernières paroles du Christ ressuscité dans l'évangile de saint Mathieu. Elles nous aident à pressentir les dimensions inouïes du mystère que l'Église fête aujourd'hui, comme pour couronner l'année liturgique : le mystère du Christ Roi, de la royauté du Christ.
   Dire : le Christ est Roi, c'est affirmer, à un premier niveau, que le Christ, comme Dieu et dans son humanité glorifiée, a pouvoir non seulement sur la terre, mais sur le cosmos tout entier, sur tous ces mondes que l'homme commence à explorer, sur tous les mondes dont nous connaissons l'existence et où nous n'irons jamais, et sur tous les mondes que notre science n'a pas encore découverts. Déjà le Christ en est le Seigneur.
   Dire : le Christ est Roi, c'est proclamer aussi qu'il est le maître de l'histoire pour tous les peuples et dans tous les temps, et qu'il mène souverainement le destin de chaque homme, de chaque couple, de chaque famille, de chaque communauté, en suscitant, dans le cœur de chacun, le meilleur de sa liberté, et en faisant concourir tous les événements au bien de ceux qui l'aiment.
   Dire : le Christ est Roi, prier le Christ Roi, c'est reconnaître que l'amour du Christ lui donne tous les droits; c'est reconnaître que le Christ a le droit de nous aimer comme il veut, autant qu'il veut. C'est aussi reprendre avec courage, et avec bonheur, le chemin que librement nous avons choisi pour l'aimer et le suivre.
   Pourquoi est-ce inouï de proclamer: "le Christ est Roi, le Christ est Seigneur ?" Certains diraient volontiers : puisqu'il est Dieu, c'est normal ! C'est vrai en un sens, mais celui que fêtons comme notre Roi, c'est le Fils de Dieu qui est aussi le fils de Marie, c'est le Christ vrai Dieu et vrai homme ; et c'est donc un vrai homme qui est Seigneur du monde et de l'histoire, le vrai homme Jésus Christ, qui est né de la Vierge, qui a souffert, qui est mort et qui par sa résurrection est entré dans la gloire, libéré désormais de toutes les contraintes de l'espace et du temps. Le maître du monde et de l'histoire a dit "maman" à une femme de la terre, et c'est ce même Jésus Christ qui a tout pouvoir dans le ciel.
   Bien des gens, il est vrai, même parmi les chrétiens, pourraient s'offusquer de cette fête du Christ Roi, en disant : cette seigneurie du Christ sur l'histoire n'est vraiment pas évidente !" Et de fait elle n'est pas facile à discerner, et elle fait appel à notre foi. Mais Jésus nous a prévenus d'avance, lorsqu'il a répondu à Pilate : "Ma royauté n'est pas de ce monde". C'est la seigneurie du Ressuscité, qu'il est impossible d'évaluer comme on évalue le pouvoir sur la terre. La royauté de Jésus n'est pas un royaume découpé sur une carte, que l'on défend avec des troupes et que l'on enrichit à coups de milliards.
   "Ma royauté n'est pas d'ici", précise Jésus, et il la décrit aussitôt comme le rayonnement de la vérité (Jn 18,17). Or la vérité, selon Jésus, ce n'est pas un système ni une théorie, mais ce que Dieu est dans son mystère et ce qu'il a dans le cœur pour le salut des hommes. La vérité que Jésus apporte, c'est une vie qu'il nous offre et un chemin qu'il nous propose : le grand raccourci vers l'amour du Père. Le Christ Roi a un grand commandement, mais il n'impose jamais rien. Simplement il appelle, il invite, il encourage : "Qui m'aime me suive !"

   Quant à nous, qui l'avons aimé et qui voulons le suivre, le Christ nous met au service de sa seigneurie : lui qui a été "le témoin fidèle" (Ap 1,5; 3,14) fait de nous les témoins de la vérité, les témoins de l'amour de Dieu pour le monde. Tel est le roi, tels aussi ses amis et ses serviteurs : son style de royauté sera aussi le style de notre témoignage: nous n'imposons rien, nous proposons l'offre de Jésus.
   La fête du Christ Roi ne célèbre pas le triomphe de l'Église, mais bien plutôt l'entrée de l'Église dans l'œuvre universelle du Christ miséricordieux. Nous qui sommes dans le monde, envoyés au monde, consacrés pour la gloire de Dieu et le salut du monde, nous annonçons un Messie crucifié, un Seigneur qui a porté le poids de nos misères. Mais dans ce Seigneur si proche de nous, nous reconnaissons avec allégresse, avec enthousiasme, le maître du monde et de l'histoire, "afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre, et dans le monde des morts, et que toute langue proclame : "Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ". Amen

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 06:40

   La Liturgie, en son automne, nous montre le Christ à son retour, et aujourd’hui, comme roi miséricordieux et magnanime dans le pardon, sévère dans le jugement. Si nous voulions définir ce dimanche, ce serait : la vie chrétienne à la lumière du second avènement.

   Le second avènement du Christ est le grand jour de la reddition des comptes ; Dieu est royal dans le pardon ; il est prêt à pardonner ici-bas les péchés si nous pratiquons le pardon dans la charité. Si donc nous voulons obtenir un jugement de miséricorde, nous devons nous assurer dès ici-bas la possession de la charité qui pardonne, afin qu’elle plaide pour nous. Ceux qui sont durs et impitoyables seront sévèrement punis. L’acte magnanime que le Roi Jésus a accompli jadis en mourant sur la croix est rappelé aujourd’hui au Saint Sacrifice ; il nous remet la dette immense de nos péchés ; en retour de ce don, nous devons pratiquer l’amour du prochain.

   L’Offertoire de cette messe est particulièrement beau ; il constitue aujourd’hui tout un récit : la patience de Job, une illustration de l’Épître. Ce Job patient, c’est l’Église ; c’est nous aussi ; il représente les combats de la vie ; l’enfant de Dieu est sur terre un enfant disgracié que « Satan cherche afin de le tenter ». Par conséquent, ne nous attendons pas à trouver le bonheur sur terre ; la souffrance est une grande grâce de Dieu qui nous permet de demeurer sur terre en étrangers; que les amertumes de la vie soient notre offrande au Saint Sacrifice. Et dans l’antienne de la communion, notre âme laisse échapper un cri d’ardent désir vers la terre de notre espérance, hors du champ de bataille de la vie d’ici-bas.

   La messe de ce dimanche peut être illustrée par une image formant triptyque : au milieu, le divin Juge à son second avènement (Ev.) ; d’un côté, le combattant revêtu de son armure, au mauvais jour (Épître) ; de l’autre, Job, l’homme patient (Off.). En découlent trois leçons : la Vie chrétienne à la lumière du second avènement, en rapport avec : a) l’amour du prochain (le pardon dans la charité), b) le combat dans la tentation, c) la patience dans les souffrances.

a) Au milieu se tient donc le Juge éternel ! Il nous faut examiner la saisissante image. Le Juge si miséricordieux et pourtant si sévère ! D’un mot il nous remet l’énorme dette — mais nous ne voulons pas pardonner aux hommes leurs légères offenses. Tout se révolte en nous devant cette comparaison, et nous considérons comme une juste satisfaction que l’homme impitoyable soit puni. Et pourtant, cet homme, c’est nous ! Leçon : Nous devons pratiquer le pardon charitable si nous voulons trouver un juge clément. Le Christ a fixé cette leçon dans le Notre Père...

b) La vie est un combat ; ce fut le thème de plusieurs dimanches après la Pentecôte ; toutefois, il est exposé aujourd’hui en considération de la fin. C’est la volonté de Dieu que nous gagnions le ciel en combattant  (« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »). Nous sommes dans l’Église militante. L’ennemi, c’est le démon, le monde, la chair, le moi. Toutefois, dans ce combat nous ne sommes pas seuls. L’Église nous arme (l’épître nous revêt d’une armure complète). La messe du dimanche est la meilleure école de combat pour le combat de la semaine : La parole de Dieu, dans la première partie de la messe, est pour nous bouclier et épée ; le sacrifice et la communion nous donnent force et grâce. L’immolation du Christ est l’expression la plus haute du combat héroïque de notre chef, le Christ, sur le champ de bataille du Golgotha.

   L’Église nous donne donc une triple leçon à la lumière de la justification passée : pratiquons le pardon charitable ; combattons le bon combat et persévérons dans la patience comme Job. Amen

 

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 18:03

   Nous venons d’entendre l’évangile du Centurion. Aussi, aujourd’hui je voudrais vous poser une interrogation sur la place de la prière dans notre vie. Pourquoi doit-elle être si grande ?...Pourquoi faut-il prier ?...

   C’est bien simple ! Il faut prier d’abord parce que Dieu est Dieu et que nous ne sommes que des hommes, ses créatures. Des êtres qui ont tout reçu : la vie, le mouvement, l’être…Des gens qui ont tout reçu et qui ont besoin de tout. A chaque instant et toujours ! Indigents de salut plus encore que de tout le reste…La demande constante est le signe même de notre condition, de notre dépendance absolue sur tous les plans. Et la louange, aussi nécessaire que continue, ne pourra jamais égaler l’ampleur du don reçu.

   Comme chrétiens, il faut aussi prier, parce que le Seigneur Jésus nous a demandé de le faire. De le faire sans jamais nous lasser. A l’image de la veuve auprès du juge corrompu ou de l’ami importun qui ne craint pas de déranger même en pleine nuit. A l’image de Jésus lui-même qu’on voit se retirer sur la montagne et passer la nuit à prier Dieu. Comme il sait que c’est difficile, il nous a même appris comment prier et nous a laissé la plus belle de toutes les prières…

   Toujours comme chrétiens, il faut encore prier parce que si nous prétendons être les enfants du Père, les amis de Jésus, et que nous ne trouvons jamais un moment pour le passer en leur compagnie, nous nous trompons nous-mêmes sur la qualité de notre amour. Que penser d’un ami qui n’aurait jamais le temps de sortir en compagnie de son ami ?...Alors qu’il est pourtant là, qu’il se tient à la porte et qu’il frappe et qu’il ne veut qu’une chose : manger avec nous, parler avec nous de tout et de rien, comme un ami le fait avec son ami…

   Nous avons encore une nouvelle raison de prier : l’exemple des saints : St Dominique, St Benoît, et bien d’autres évidemment qui suivaient l’exemple de Jésus, passant leurs nuits en prière et nous laissant des gestes d’homme qui exprimaient la prière de leur cœur. Mais il ne s’agit pas d’une simple mimique ! Que nous soyons prêtres, religieux ou simples laïcs, notre parole ne saurait avoir sa vérité, sa densité, que si elle est nourrie d’une méditation ‘croyante’, il va de soi, et prolongée. Une méditation où le cœur doit entrer tout autant que l’intelligence si nous voulons inviter sans provoquer, partager sans imposer, offrir sans blesser…

   Il faut prier enfin comme tous les croyants. Comme croyants membres d’une communion qui dépasse de beaucoup les limites perceptibles à l’œil nu de l’Eglise catholique. Comme des gens écrasés par la misère du monde et qui savent qu’au-delà de tout ce que nous pouvons faire - comme les combattants que Moïse soutenait de sa prière - le salut ne se trouve qu’en Dieu seul. Comme des gens assoiffés de justice et de paix et qui, à défaut de pouvoir agir autrement, savent que le combat de la prière reste la seule arme pour obtenir de Dieu qu’il tienne enfin la promesse du Magnificat et qu’il mette fin à l’écrasement des pauvres par les riches, des faibles par ceux qui ont la puissance et la force, et qui ferment leurs oreilles à la voix des malheureux - au nom de leur bon droit…

   Dieu ne baisse pas les bras. Ce sont ceux de Moïse qui se fatiguent ! Dieu ne baisse pas les bras. Mais nous ?... Prenons-nous les moyens de tenir les bras dressés vers le ciel ?... Amen

 

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3 septembre 2023 7 03 /09 /septembre /2023 14:48

   « Il y a des hommes tout à la passion des biens passagers, ignorant les biens éternels ou y étant insensibles, dit St Grégoire le Grand. Sans regret des biens d’en-haut qu’ils ont perdus, ils se félicitent, les malheureux ! de posséder ceux d’ici-bas. Formés pour la lumière de la vérité, ils n’y élèvent jamais les yeux de l’âme ; jamais un désir, un élan vers la contemplation de l’éternelle patrie. S’abandonnant aux jouissances où ils se sont jetés, ils affectionnent comme étant leur patrie un triste lieu d’exil, et au sein des ténèbres ils sont tout aussi joyeux que si une brillante lumière les éclairait. Les élus, au contraire, aux yeux de qui les biens passagers n’ont aucune valeur, recherchent ceux pour lesquels leurs âmes ont été créées. Retenu dans ce monde par les liens de la chair, chacun d’eux cependant se transporte en esprit au-delà de ce monde et prend la résolution salutaire de mépriser ce qui passe avec le temps  et de désirer les choses qui demeurent ».

   L’Ecriture Sainte nous présente Job comme le type de l’homme détaché des biens de cette terre : Job souffrit avec patience et dit : « Si nous avons reçu les biens de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas les maux ? Dieu m’a donné ces biens, Dieu me les a ôtés ; que le nom du Seigneur soit béni ! »

   La messe de ce dimanche s’inspire de ces mêmes pensées. L’Esprit-Saint que l’Eglise a reçu aux fêtes de la Pentecôte, a formé en nous un homme nouveau qui s’oppose aux tendances du vieil homme, qui sont : les convoitises de la chair et la recherche des richesses par lesquelles on peut les satisfaire. L’Esprit de Dieu est un esprit de liberté qui, en nous rendant enfants de Dieu, notre Père, et frères de Jésus, Notre-Seigneur, nous dégage de la servitude du péché et de la tyrannie de la cupidité. « Ceux qui sont au Christ, écrit St Paul, ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises. Marchez donc selon l’Esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair, car la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair ; ils sont opposés l’un à l’autre » (Ep.) « Nul ne peut servir deux maîtres, dit aussi Jésus, car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la richesse. »

   Il convient toutefois de préciser que ce que Dieu condamne, ce n’est pas la richesse (en elle-même, car il en faut bien pour vivre !) mais l’attachement aux biens de cette terre et leur mauvais emploi.

  St Augustin explique très bien : « Quiconque est esclave des richesses est soumis à un maître dur et méchant. Tout entier à ses convoitises, il subit la tyrannie du démon. Et certes, il ne l’aime pas, car qui peut aimer le démon ? Mais cependant il le supporte. D’autre part il ne hait pas Dieu, car personne, dans le fond de sa conscience, ne peut haïr Dieu, mais il le méprise, c’est-à-dire qu’il ne le craint pas, comme s’il était assuré d’être pardonné. L’Esprit-Saint met en garde contre cette négligence et cette sécurité pernicieuse, lorsqu’il dit par le Prophète : ‘Mon fils, la miséricorde de Dieu est grande’ (Eccl. 5,5), mais sache ‘que la patience de Dieu t’invite à la pénitence’ (Rom. 3,4)… Si donc quelqu’un veut aimer Dieu et faire en sorte de ne pas l’offenser, qu’il ne pense pas pouvoir servir deux maîtres ; qu’il ait une intention droite sans aucune duplicité. C’est là l’idée qu’il faut se faire de la bonté du Seigneur ; cherchez donc Dieu dans la simplicité et la droiture de votre cœur » (3è noct.)

   Cherchons donc avant tout le royaume de Dieu et sa justice et le reste nous sera donné par surcroît (Ev., comm.), comme nous y invitent tous les chants de cette messe qui sont l’expression d’une confiance totale et d’un abandon filial entre les mains de Dieu. Amen

 

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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 17:57

   La messe d’aujourd’hui présente deux aspects, deux impressions opposées. Le premier aspect est grave, triste : c’est la prière. Le second est joyeux : c’est l’action de grâces. Deux pièces sont particulièrement importantes pour comprendre la messe du dimanche dans sa forme actuelle. Ce sont d’abord les trois chants tirés du psaume 73 (Intr., Grad., Comm.) ; ces chants nous donnent le ton principal et l’impression fondamentale du jour. C’est ensuite l’Évangile qui est un beau « mystère ».

   Parlons de l’Évangile. Nous voyons dix lépreux qui sont guéris par le Christ. Neuf, après leur guérison, ne reparaissent plus ; le dixième, un Samaritain, revient vers le Seigneur pour le remercier. Que veut nous dire l’Église avec ce récit ? Nous avons ici un exemple classique du « mystère ». L’intention première de l’Église n’est pas de nous donner un enseignement concernant la reconnaissance. Elle veut, en nous représentant la guérison des dix lépreux dont un seul revient pour remercier, dérouler devant nos yeux une image de la messe d’aujourd’hui et de son efficacité salutaire. Le dimanche est un jour de Pâques, un jour de baptême. La messe est un renouvellement de la grâce du baptême, une cérémonie d’action de grâces pour notre conversion. Rappelons-nous que, dans l’ancienne Église, les adultes étaient baptisés dans la nuit de Pâques. L’Église a devant les yeux les baptisés qui, dans les fonts baptismaux, ont été guéri de la lèpre du péché originel. Or chaque dimanche est un renouvellement de la grâce du baptême. La sainte Eucharistie continue l’œuvre du baptême ; elle est le développement et le perfectionnement de la grâce du baptême.

   On trouve, au reste, dans l’Évangile d’aujourd’hui, une belle allusion à l’Eucharistie : « Louant Dieu à haute voix, il tomba la face contre terre et le remercia » (eucharistôn autô) Eucharistie veut dire action de grâces. La messe du dimanche est un office d’action de grâces : les heureux privilégiés de la grâce remercient Dieu de les avoir guéris de la lèpre du péché. Puissions-nous voir, en effet, dans cette image, la signification de l’office du dimanche ! Le dimanche est le jour où nous devons louer Dieu à haute voix, le remercier de la grâce du baptême. C’est en même temps pour notre âme un jour de maturité dans lequel elle reçoit : « l’accroissement dans la foi, l’espérance et la charité » (Or.), « l’accroissement de la rédemption éternelle » (Postc.).

   Cela nous fait comprendre l’Évangile. Dans cet étranger, le seul reconnaissant parmi les dix lépreux, nous nous reconnaissons, nous qui venons aujourd’hui assister à la messe. Aujourd’hui le Seigneur « entre dans le castel » de l’Église ; nous « allons au-devant de lui » et il nous guérit de la lèpre du péché ; il veut nous donner de nouvelles grâces au Saint-Sacrifice et dans la sainte communion.

   Tel est l’aspect joyeux et lumineux de l’Évangile. Il a aussi un aspect triste et sombre. Le Seigneur se plaint de l’ingratitude des neuf autres lépreux guéris. Il désigne ici les chrétiens tièdes. Ces chrétiens ont reçu le baptême, mais ils ne pratiquent plus leur christianisme, ils n’assistent pas à la messe du dimanche (dans les grandes villes, il n’est pas exagéré de parler des neuf dixièmes). Cette plainte du Seigneur forme la transition qui nous amène aux chants mélancoliques du psaume 73. Toute la messe s’éclaire. La prière mélancolique pour nos frères égarés constitue le ton fondamental (c’est à l’Introït, à l’Évangile et à la Communion que la douleur est le plus sensible). C’est l’aspect sombre qui fait contraste avec la lumineuse action de grâces de la messe et la joie du baptême qui s’y exprime. C’est dans cette impression changeante que nous chantons comme une plainte le Kyrie, que suivent l’allégresse et l’action de grâces du Gloria. La belle oraison demande une véritable vie chrétienne. « L’accroissement dans la foi, l’espérance et la charité » est le renouvellement et l’augmentation de la grâce du baptême. Nous demandons non seulement d’accomplir les commandements, mais encore de les aimer.

   Pour l’intelligence de la messe d’aujourd’hui, il est nécessaire de connaître le psaume 73 dans son entier. Le psaume est un des plus sombres du psautier et contient une phase triste de l’histoire d’Israël : Les païens pénètrent dans le temple, le dévastent, le profanent, le détruisent. Le psalmiste cherche dans l’histoire ancienne un motif de consolation. Dieu a délivré son peuple de l’Égypte, il a anéanti ses ennemis. Il cherche des consolations dans la nature : l’aurore, le soleil, le printemps et ses splendeurs sont des créatures de Dieu. Ainsi réconforté, il envoie vers le ciel une ardente prière pour implorer le secours.

   Nous nous demandons maintenant quelle est la pensée de l’Église dans ce psaume. Le temple profané, c’est elle-même, la sainte Église de Dieu, le corps mystique du Christ, poursuivie par les ennemis, profanée par le péché. Elle songe aujourd’hui à tous ses enfants qui ne remplissent plus jamais leur devoir de reconnaissance, le dimanche. Unissons-nous aujourd’hui aux sentiments de ce psaume et offrons nos intercessions pour tous nos frères indifférents et tièdes. Trois fois nous avons l’occasion de nous associer à ces prières du psaume : à l’entrée dans la maison de Dieu, à l’Évangile et à la Communion. C’est à ces trois moments de la messe que notre compassion est particulièrement excitée. Ah ! disons-nous : ces malheureux ne trouvent plus le chemin de la maison de Dieu ; ils n’entendent plus le joyeux message du Christ ; ils ne goûtent plus la douceur du pain du ciel « qui contient toute suavité » (Comm.). Quant à nous, nous avons voulu, par notre reconnaissance, effacer les rides que le chagrin a creusées sur le front de notre Mère l’Église. Amen

 

 

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 16:09

   Au Bréviaire romain du Pape St Pie X nous lisons ce mois-ci les sentences de Salomon qui, au témoignage même de l’Ecriture, nous sont données « pour connaître la sagesse et la discipline, pour comprendre les paroles de la prudence et pour recevoir les instructions de la doctrine, la justice, l’équité et le jugement… » Salomon n’était que la figure du Christ, la Sagesse incarnée, qui apporte aux hommes la vraie sagesse : « Heureux, dit Notre-Seigneur lui-même dans l’évangile d’aujourd’hui, les yeux qui voient ce que vous voyez ; car beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ils ne l’ont point vu, entendre ce que vous entendez, et ils ne l’ont point entendu ». Heureux, dit St Bède, les yeux qui peuvent connaître les mystères du Seigneur dont il est dit : « Vous les avez révélés aux humbles et aux petits ». Tournons-nous vers le Christ et son Eglise pour recueillir dans leur enseignement cette sagesse supérieure qui doit inspirer toute notre vie. Et Justement : sous la forme d’une parabole, celle du bon Samaritain, Jésus nous explique, à la fois, comment il est venu au secours du genre humain et quelle doit être notre conduite à nous à l’égard du prochain.

   A la suite du péché originel, l’homme est comme un voyageur que des voleurs ont dépouillé de ses biens et laissé à demi-mort sur le bord du chemin. Les prêtres et les ministres de l’ancienne Loi se sont désintéressés de son sort, impuissants qu’ils étaient d’ailleurs à assurer le salut du genre humain. Vint alors le Sauveur, représenté par le bon Samaritain. « En se faisant homme, dit St Bède, il s’approcha de nous, et se penchant sur notre misère, il guérit nos plaies en y versant cette huile et ce vin que sont les sacrements guérisseurs de nos âmes. L’hôtellerie où nous sommes, par ses soin, c’est l’Eglise où Jésus nous a conduits lui-même et où continuent de nous être donnés l’onction de la grâce, l’huile des sacrements, le pain et le vin de son Eucharistie, qui doivent nous permettre de continuer notre route jusqu’au ciel qui est la patrie du genre humain » (d’après l’homélie à matines)

   Ce que Dieu a fait pour nous et ce dont le divin Samaritain nous donne l’exemple, nous avons à le réaliser à notre tour pour notre prochain. C’est notre grandeur en même temps que notre devoir de pouvoir, dans notre charité envers nos semblables, imiter Dieu dans la miséricorde infinie qu’il exerce à notre égard.

   Cet amour du prochain, dont le Christ a fait son grand commandement, a quelque chose de divin : il est surnaturel dans son origine, puisqu’il procède de l’Esprit-Saint, et surnaturel dans son objet, puisqu’il s’adresse à Dieu dans la personne de nos frères.

   Souvenons-nous, en le pratiquant, que notre prochain, ce n’est pas uniquement comme le pensaient les Juifs, ceux qui nous sont proches par les liens du sang, mais quiconque est dans le besoin ; et dans l’amour du Christ qui nous anime, sachons toujours, comme lui, aimer ceux qui nous haïssent et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort. En agissant de la sorte, nous imiterons Notre-Seigneur, et avec lui notre Père de cieux dont le chant d’offertoire de la messe nous dit, aujourd’hui, les pardons sans fin. Amen

 

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