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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 06:38

   Rien ne peut nous traduire plus fidèlement l’esprit de la fête de l’Epiphanie que la liturgie qui se fait le devoir de nous en instruire. J’en prends à témoin l’antienne du Magnificat des 1ères Vêpres (que l’on célèbre en préparation : donc le 5 janvier au soir pour le lendemain 6 qui est le jour de la fête)

   Voici cette antienne : « Les Mages, voyant l’étoile, se dirent l’un à l’autre : Voici le Signe du Grand Roi. Allons, et recherchons-le et offrons-lui en présents, l’or, l’encens et la myrrhe. Alléluia ! »

Voici le Signe du GRAND ROI.

L’Epiphanie est une fête royale. Les Mages ne se sont pas trompés. La preuve en est qu’à leur arrivée à Jérusalem, ils ne posent qu’une question : Où est celui qui est né Roi des Juifs. C’est la tournure de la phrase latine (plus explicite que la tournure française habituelle : où est le Roi des Juifs qui vient de naître) qui met bien en lumière le caractère royal du nouveau-né qu’ils recherchent. Il est né Roi des Juifs, donc il le restera (à moins qu’on ne le détrône). Mais justement, on ne le détrônera pas, car on ne pourra pas toucher à son Règne.

   L’Ange Gabriel l’avait clairement précisé à la Vierge Marie : il régnera sur la maison de Jacob (la maison de Jacob, c’est le peuple d’Israël : ils seront les premiers sujets du Roi, même s’ils ne veulent pas le reconnaître). Et, trente trois ans plus tard, sans rien savoir de la démarche des Mages, Pilate, le Romain, posera la question « Es-tu le Roi des Juifs ? » et malgré les dénégations des chefs de ce peuple, Pilate retiendra ce titre pour le poser sur l’écriteau de la Croix : Jésus, Nazaréen, Roi des Juifs.

   De toutes façons, ô Juifs, si vous n’en voulez pas, nous païens nous le prenons pour notre Roi, car les païens, en la personne des Mages, l’ont reconnu. Et l’Eglise nous dit en ce jour que les Mages sont les prémices de la Gentilité : c’est-à-dire les premiers non-juifs à venir reconnaître le Roi, celui qui est né ROI ! Et il n’est pas question que nous reniions nos ancêtres !

   Tout au contraire, avec les Mages nous arrivons à Bethléem. Nous les voyons d’abord se prosternant devant l’Enfant pour l’adorer, geste habituel aux Orientaux par lequel ils rendent hommage soit à la divinité, soit à un grand personnage : les deux ici, car leurs présents vont en témoigner et durant toute l’octave de l’Epiphanie, l’Eglise nous le redit à travers ses textes liturgiques : « Trois sont les présents précieux que les Mages ont offert au Seigneur et ils comportent en eux-mêmes de divins mystères : dans l’or est montré la puissance du Roi, dans l’encens considère le Grand-Prêtre et dans la myrrhe la sépulture du Seigneur ».

   Ainsi, prenons-y garde, la Royauté de Notre Seigneur que nous exaltons cette année, ne va pas sans qu’il intervienne pour nous en remplissant son office, sa charge de Grand-Prêtre intermédiaire unique et nécessaire entre son Père et nous parce qu’il est son Fils, destiné à offrir le Sacrifice sans tache, ce qui se fera sur la Croix, dans sa mort suivie d’une sépulture d’où il sortira glorieux, son œuvre achevée. Les Saints Mages nous ont entraînés dans un sillage lumineux. Avec eux redisons aujourd’hui Vive Jésus, notre Roi. Amen

 

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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 07:31

   Quelle joie de fêter le Saint Nom de Jésus!

Ce Nom béni entre tous, que nous utilisons dans notre prière et qui revient constamment dans la prière liturgique de l'Eglise qui s'adresse au Père céleste "par Jésus le Christ"!

    Jésus! Imaginons avec quelle tendresse, la Sainte Vierge Marie prononçait ce Saint Nom que portait Son Petit garçon!

   Jésus! Imaginons avec quelle émotion, chargée de confiance, le prononçaient celles et ceux qui croisaient Sa route et bénéficiaient de Sa Présence!

   Jésus! Ce Nom -ce Saint Nom!-, ne suffit-il pas à lui seul pour notre méditation? Nom plus efficace que tous les discours! Nom plus éloquent que tous les livres! Nom venu du Ciel, Trésor de ceux qui aiment!

   Saint Bernard de Clairvaux dira que le Saint Nom de Jésus "est la nourriture de l’âme, la consolation de ceux qui sont dans la tristesse, la proclamation du Pardon pour les pécheurs".

   Le Saint Nom de Jésus vient nous redire, aujourd'hui encore, comment Dieu nous accompagne et ce qu'Il continue de faire pour nous et pour notre Salut!

   Aux mortels que nous sommes -dira Guerric d' Igny- "Dieu a préféré Se montrer Petit Enfant et paraître plus aimable que redoutable... Comme il est doux et savoureux de penser et de penser encore à l'Enfant-Dieu... c'est là un remède énergique et efficace pour guérir et apaiser ce qui peut se trouver d'aigreur en nos cœurs, d'amertume dans nos paroles, de raideur dans nos comportements... Là se retrouvent la pensée et le souvenir de la Divine Douceur, il ne peut demeurer de la place pour la colère ou la tristesse; au contraire, toute indignation, toute amertume, toute méchanceté, s'écarteront de nous". (Sermon pour la Nativité).

   Saint Paul nous dit que nous devons toujours agir, que ce soit par la parole ou par l'action, au nom de Jésus. "Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père." (Colossiens 2. 17)

   De cette façon, tout ce que nous faisons devient un acte d'amour et de mérite et, de plus, nous recevons des grâces pour accomplir nos actions parfaitement.

   Nous devons par conséquent nous efforcer de prendre l'habitude de dire, "Jésus, Jésus, Jésus", très souvent chaque jour. Nous pouvons le faire en nous habillant, en travaillant – peu importe ce que nous faisons – tout en marchant, dans les moments de tristesse, chez nous et dans la rue, partout.

   Rien n'est plus facile si nous le faisons méthodiquement. Nous pouvons le dire chaque jour un nombre incalculable de fois.

   Gardez à l'esprit que chaque fois que nous disons "Jésus", 1) nous rendons gloire à Dieu, 2) nous recevons de grandes grâces, 3) et nous aidons les âmes du Purgatoire.

   Pour terminer j’emprunte cette prière à saint Alphonse-Marie de Liguori : (7ème méditation sur le Nom de Jésus) : 

   "Jésus, ce Nom, si je me trouve froid ou tiède dans Ton Amour, il me rendra la ferveur en me faisant souvenir de l'Amour que Tu as eu pour moi. Je T'aime, ô Jésus! Tu es et Tu seras toujours, je l'espère, mon Unique Amour. Je veux T'invoquer aussi souvent que possible! Je veux mourir avec Ton Saint Nom sur les lèvres car c'est un Nom d' Espérance, de Salut et d'Amour!

   O Marie, obtiens-moi la Grâce d'invoquer sans cesse Ton Nom et celui de Ton Divin Fils! Jésus et Marie, secourez-moi! Jésus et Marie, je vous aime! Jésus et Marie, je remets mon âme entre Vos Mains!". Amen.  

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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 07:30

   Dans quelques jours nous allons multiplier à l’envi les souhaits de « Bonne Année ». Je vais me permettre de prendre une petite avance puisque c’est le dimanche que je vous retrouve les plus nombreux…

   2016 ! Cela me fait penser qu’il y a 20 ans nous célébrions le 1500ème anniversaire du Baptême de notre Patrie… Et comme celle-ci semble toujours plus oublier sa vocation de Fille aînée de l’Eglise, je vais donc commencer par vous souhaiter une bonne année de ferveur chrétienne, c’est-à-dire une année au long de laquelle vous allez disposer toutes choses pour vivre selon votre qualité de chrétien authentique. Or cette qualité vous est donnée tout simplement par une définition du catéchisme. Je prends celle qui se trouve dans le Catéchisme de Saint Pie X : « Quel est le vrai chrétien ? Le vrai chrétien est celui qui est baptisé, qui croit et professe la doctrine chrétienne. »

   Tout part du baptême ; il nous importe donc de revenir à notre propre baptême. La définition nous signale deux choses également indispensables : croire et professer la doctrine chrétienne : donc la foi dans le cœur et la profession par les lèvres.

   La simple obligation de croire exige rigoureusement que l’on connaisse au moins les articles les plus élémentaires du catéchisme chrétien. Tout doute ou toute indifférence (à plus forte raison toute ignorance ou tout rejet) sur cette question capitale, c’est la destruction de la racine même de la foi.

   Quant à la nécessité de professer extérieurement et ouvertement cette même foi, les principes que pose l’Eglise n’obligent point ses fidèles à se considérer comme des prêtres qui seraient en chaire ou dans un confessionnal ! Il faut considérer l’affaire à un double point de vue :

1) il n’est jamais permis au chrétien de rien faire, ni de rien dire, ni de rien écrire qui soit une négation de sa croyance : c’est l’aspect négatif ;

2) mais d’autre part ce précepte de professer sa foi n’oblige pas à toute heure et à tout moment. Saint Thomas d’Aquin est très clair là-dessus : « ce qui est de nécessité de salut c’est de professer sa foi à son heure et en son lieu, à savoir quand, par l’omission de cette déclaration de sa croyance, on ferait un préjudice à l’honneur dû à Dieu ou à l’utilité religieuse et morale du prochain. Par exemple, si quelqu’un étant interrogé sur sa foi, se taisait et qu’on pût en conclure qu’il n’a pas la foi, ou que la foi n’est pas vraie, ou qu’il pût résulter de ce silence que le prochain fût détourné d’embrasser la foi ou exposé à la perdre ; alors l’honneur de Dieu et l’utilité du prochain demandent que le chrétien ne se contente pas de l’adhésion intérieure de son âme à la vérité divine, mais il doit la confesser extérieurement. »

   Il le doit en vertu de l’enseignement même de Jésus : « Je vous déclare que quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le reconnaîtra aussi au dernier jour devant les Anges de Dieu. Mais si quelqu’un me renonce devant les hommes, il sera renié devant les Anges de Dieu ».

   Or combien de soi-disant chrétiens, à l’heure présente, cachent systématiquement leur appartenance à la foi chrétienne. Selon une remarque du Cardinal Pie ils disent volontiers « A chacun son rôle, nous sommes laïques et nous ne sommes pas prêtres ». Le mot laïque qui désigne un chrétien non clerc n’équivaut pas au nom de païen : ne lui faites pas l’outrage de le rendre synonyme d’apostat !

   Voilà, mes frères, une longue remarque préliminaire ; il vous est indispensable de la recevoir et de la comprendre. C’est pourquoi j’en fais un vœu véritable à votre intention. Vœu d’autant plus pressant qu’il y a en notre temps une véritable conspiration pour exclure tout homme qui s’en tient à cette foi en vertu de son baptême. Nos frères soumis à la persécution active dans les pays soumis au régime communiste ont connu cette exclusion et ont même été de nombreuses fois purement et simplement liquidés. C’est encore vrai en beaucoup de lieux sur cette terre. Plus traitreusement le même sort nous guette et nous arrive en raison de l’apostasie de nos pays anciennement chrétiens. Alors il nous faudra de plus en plus de courage et même d’audace pour demeurer ce que nous sommes.

   Ce vœu se double de tous ceux qu’on a l’habitude de se présenter en ces jours : santé (la santé peut souvent être un élément de fermeté), prospérité, paix et consolation dans votre vie familiale et professionnelle : ce n’est pas indifférent et superflu que nous en fassions aussi l’objet de nos prières. En tous les cas, ils seront inclus dans la mienne à votre intention.
   Malgré les sombres nuages qui se sont accumulés sur toutes les formes de vie de notre pays : vie politique, vie sociale, vie religieuse, gardez vos cœurs dans l’espérance et dans la joie qui est celle que les jours de la Nativité de Notre Seigneur nous apportent. « La lumière brillera aujourd’hui sur nous, car le Seigneur nous est né et il s’appelle l’Admirable, Dieu, Le Prince de la Paix, le Père du siècle futur : lui dont le règne n’aura pas de fin » (Isaïe). Amen

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25 décembre 2015 5 25 /12 /décembre /2015 19:12
 

   Des millions de chrétiens en cette nuit, se sont réjouis, des millions de chrétiens, en ce jour, comme nous-mêmes se réjouissent de la naissance de Jésus. Dans des milliers de cœurs, cette fête, c'est la fête de la douceur, de la paix, de l'innocence. Cette fête est une de celles qui est le plus chère à nos cœurs parce que c'est la fête de cet Enfant en qui, semble-t-il, se résument toute l'enfance, toute la douceur, toute l'innocence du monde. Et nous sommes émus par cette fête de Noël par ce mystère d'enfance et d'innocence.

   Pourtant je crains que beaucoup de chrétiens, et peut-être d'une certaine manière nous-mêmes, nous n'allions pas jusqu'au bout de la signification de cette fête. Car cet enfant dont nous célébrons l'anniversaire de la naissance, il y a plus de deux mille ans, n'est pas seulement le symbole merveilleux, le résumé parfait de cette joie, de cette pureté que nous mettons sous le mot d'enfance. Il n'est pas là seulement pour nous rappeler qu'il y a en nous quelque chose qui demeure de l'enfant, malgré toutes les tristesses, malgré toutes les inquiétudes et tous les péchés. Il n'est pas là seulement pour nous apporter la paix, à nous qui vivons dans un monde déchiré, un monde de violence. Cet Enfant, qui est né, il y a plus deux mille ans, vous venez de l'entendre dans l'évangile de saint Jean, c'est le Verbe de Dieu, le Fils unique de Dieu. Ce Verbe qui s'est fait chair, cette Parole qui a pris chair, ce jaillissement du cœur de Dieu, c'est le Verbe qui, éternellement, avant le commencement, était auprès de Dieu qui, éternellement, avant le commencement, était Dieu. C'est Dieu Lui-même qui se fait homme. Je ne sais pas si nous nous rendons compte de la portée extraordinaire de ce message qui nous est donné, de la plénitude de cette bonne nouvelle qui nous est annoncée, de l'incroyable et incommensurable richesse qui est ainsi confiée à notre cœur : Dieu l'infini, l'absolu, le créateur, la source et la fin de toute chose, Dieu s'est fait homme. Dieu est venu à notre rencontre. Dieu s'est fait proche, Dieu s'est fait notre frère, notre semblable, l'un de nous. Dieu est là, près de nous, parmi nous, à notre portée : Emmanuel, Dieu avec nous.

   Sans doute, en avons-nous trop pris l'habitude, et peut-être aussi ne mesurons-nous pas la portée extraordinaire de cette annonce qui nous est faite en ce jour de Noël ! Pour les hommes, Dieu c'est le mystère, c'est quelqu'un d'infiniment lointain, inconnaissable, indescriptible. Dieu est tellement haut, tellement élevé au-dessus de nous que, dans toutes les religions, on s'est efforcé, pour tenter de rejoindre ce Dieu insaisissable, de façonner à l'intérieur de notre monde ce qu'on appelle la zone du sacré, c'est-à-dire un secteur particulier de l'espace, du temps, une catégorie d'objets, de personnes, mise à part, retirée de la vie courante, pour tant bien que mal, symboliser cet éloignement de Dieu, symboliser que Dieu est tout autre, sans commune mesure avec rien de ce que nous pouvons connaître, et toucher, et pour qu'ainsi cet espace, ce temps, ces objets, ces personnes, sacrés, retirés de la vie courante puissent servir de tentative pour s'approcher d'un peu plus près de ce Dieu infiniment lointain.

   Dieu est tellement lointain que, même dans l'Ancien Testament, même dans la religion révélée de la Bible, l'interdiction majeure est celle de faire quelque représentation que ce soit de Dieu, pour qu'on ne puisse surtout pas le confondre avec quelque chose que nous puissions toucher, voir, sentir. Dieu est tellement loin que lorsqu'on interroge bon nombre de chrétiens sur Dieu, ils n'osent même pas dire quelqu'un, cela leur semblerait déjà trop proche, mais quelque chose, au-dessus de nous ! Mais que ce quelque chose nous connaisse, que ce quelque chose se préoccupe de nous, puisse avoir un rapport avec ces créatures infimes que nous sommes, bien peu arrivent à le concevoir, à l'imaginer. Pour l'immense majorité de ces gens, qui sont pourtant des chrétiens, peut-être pas très pratiquants, mais chrétiens d'éducation, d'origine, de tradition, Dieu reste cet infiniment lointain, pas toujours personnel, peut-être seulement une puissance, une force, un infini, quelque chose qu'on ne peut pas atteindre.

   Et pour nous, souvent, même nous qui sommes ici rassemblés dans cette église ce matin, même nous qui sommes croyants et qui essayons de tout notre cœur et de toutes nos forces de pratiquer, de mettre en pratique, de mettre dans notre vie cette foi à laquelle nous adhérons, combien de fois, quand nous prions, quand nous nous tournons vers Dieu, n'avons-nous pas le sentiment de nous tourner vers quelqu'un de tellement infini, de tellement éloigné que nous pouvons seulement nous prosterner devant Lui en silence ?

   Or, voilà la bonne nouvelle de Noël, c'est que ce Dieu que les hommes croyaient infiniment lointain, ce Dieu qui leur semblait échapper de toute manière à leurs prises, ce Dieu qu'on ne pouvait surtout pas représenter, qui n'avait rien de commun avec tout ce qui se touche et se voit, ce Dieu, voilà qu'Il est là, entre nos mains, tout petit, un enfant, un homme, notre semblable, notre frère. Et l'apôtre Jean pourra s'écrier, émerveillé : "Ce que nous avons touché de nos mains, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos oreilles ont entendu, ce que nous avons contemplé du Verbe de Dieu ". Oui, Dieu s'est fait tellement proche qu'on peut le toucher, qu'on peut le voir, qu'on peut entendre les paroles de sa bouche, et ces paroles ont une intonation, elles traduisent des sentiments qui sont semblables à ceux que nous connaissons dans notre propre cœur. Oui, Dieu est plein de tendresse pour nous, Il nous parle comme à des amis comme à des frères : Oui, Dieu est là. Dieu est entre nos mains. Tout en restant l'infini, tout en restant le créateur, la source et la fin de toute chose, Dieu nous révèle qu'Il est aussi l'infiniment proche, l'infiniment tendre, l'ami intime de chacun de nous.

   Je ne sais pas si nous nous rendons compte de l'importance bouleversante de cette nouvelle qui nous est donnée et qui nous est rappelée chaque année en la fête de Noël, cette bonne nouvelle qui est l'évangile, dont la proclamation transforme complètement toute l'histoire des hommes parce qu'elle transforme complètement la relation de l'homme avec Dieu. Maintenant Dieu est là, Dieu est avec nous. Et je suis surpris d'entendre quelquefois, sous prétexte de bonne volonté et d'ouverture du cœur, dire que toutes les religions se valent, que toutes les croyances, qu'il s'agisse de la foi musulmane, de la foi juive, de la foi bouddhique, de la foi chrétienne, tout cela, c'est au fond des variantes de la même recherche de Dieu. Certes dans le cœur de chaque homme vraiment croyant, dans ce cœur droit, ouvert, sincère, qu'il soit musulman, juif, bouddhiste ou chrétien, il peut y avoir la même intensité de désir de Dieu, la même intensité de rencontrer ce qui est au centre et au cœur de toute vie, de toute existence et de toute réalité. Certes, il peut y avoir le même élan vers Dieu. Mais cette bonne nouvelle qui nous a été donnée par Jésus, cette bonne nouvelle qui est au centre de notre foi chrétienne, est incommensurable à ce que toutes les religions ont pu dire de Dieu, à ce que tous les hommes ont pu, avec le meilleur d'eux-mêmes, essayer d'imaginer de Dieu. Qui a osé penser à un Dieu si proche que notre Dieu s'est fait proche de nous ? Qui aurait pu imaginer que l'infini ce soit un homme, mon frère ? Qui aurait pu avoir l'audace de pareille pensée, si ce n'était pas Dieu Lui-même qui était venu nous le dire ? et pas seulement nous le dire avec des paroles, mais nous le dire en étant Lui-même cet homme, cet Homme-Dieu, Jésus, Emmanuel, Dieu avec nous.

   Alors, ressentons comme une joie infinie, comme un privilège extraordinaire, comme une grandeur merveilleuse, cette révélation qui nous a été faite, nous qui avons le bonheur d'être chrétiens. Non pas pour nous sentir supérieurs aux autres, mais pour comprendre à quel point Dieu nous a fait confiance pour nous confier un tel message : que nous en vivions, que cela pénètre et transforme et transfigure notre vie, et que nous ayons le désir que tous les hommes, nos frères, puissent eux aussi connaître cette bonne nouvelle. Eux qui cherchent Dieu avec autant et, quelquefois peut-être plus de désir et d'intensité que nous ne le faisons, tous ces hommes qui auraient tellement besoin et qui seraient tellement heureux de savoir que Dieu s'est fait proche, que tous ces hommes puissent apprendre de notre bouche, de nos lèvres, par notre vie, cette bonne nouvelle qui nous a été confiée. Noël c'est la chose la plus merveilleuse du monde. Ne laissons pas passer cette fête sans entrer de toutes nos forces dans ce mystère qui nous est donné, sans nous laisser pénétrer et remplir par sa joie et sa lumière rayonnante. Dieu est au cœur de notre vie, Dieu nous prend entièrement dans sa vie, Il demeure en moi et je demeure en Lui. Que le Seigneur  Jésus soit béni !

AMEN

 

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 14:23

  Dimanche dernier, nous avons suivi le prophète Daniel dans sa vision des quatre animaux qui représentent quatre empires qui se succèderaient sur la scène du monde, et la vision terminale d’un Fils de l’homme dans lequel nous n’avons pas eu de mal de reconnaître le Messie, donc Jésus lui-même qui a choisi ce vocable de Fils de l’homme pour se désigner, ce que l’on retrouve 80 fois dans les Saints Evangiles. Puis j’avais abordé une autre vision du prophète, sans doute la plus célèbre de son livre, mais aussi l’une des plus célèbres de tout l’Ancien Testament. C’est la vision de 70 semaines. Je vais d’abord vous en rappeler le texte : « Soixante dix semaines ont été décrétées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour que la prévarication soit abolie, que le péché trouve sa fin, que l’iniquité soit effacée, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies et que le Saint des Saints retrouve l’onction. Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’au Christ-Chef, il y aura 7 semaines et 62 semaines… et après 62 semaines le Christ sera mis à mort et le peuple qui doit le renier ne sera plus à lui. Un peuple avec un chef qui doit venir détruira la ville et le sanctuaire…Il (le Christ) confirmera l’alliance avec un grand nombre pendant une semaine et au milieu de la semaine les victimes et le sacrifice cesseront, l’abomination de la désolation seront dans le Temple et la désolation durera jusqu’à la consommation et jusqu’à la fin. »

   Les chiffres, les nombres, énoncés dans cette vision semblent être d’une grande précision et cependant on aura beaucoup de mal à dater les évènements prévus à partir de ces nombres. Cela tient essentiellement à l’indication que l’Ange donne au début : « Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem… » Or les livres saints mentionnent quatre décrets royaux permettant aux Juifs de reconstruire leur capitale ruinée.

   Mais encore, ce n’est pas là que réside la principale difficulté. Celle-ci vient de ce que les spécialistes se sont divisés sur l’interprétation des faits signalés dans la prophétie.

   Nous n’allons pas nous lancer dans l’étude des systèmes des diverses interprétations : nous ne faisons pas, au cours d’un sermon, une classe de ce qu’on appelle l’exégèse. Le mieux, et ce qui est de beaucoup le mieux, c’est que nous suivions l’interprétation traditionnelle des grands écrivains que l’on nomme les ‘Pères de l’Eglise’.

 Voyons donc cela assez rapidement.

D’abord le terme « semaines » employé par l’Archange Gabriel qui parle au prophète Daniel. Le mot semaine a « sans discussion possible le sens particulier de semaines d’années et non de semaines de jours ». Une semaine d’année représente donc 7 années. L’archange signale donc qu’il y aura 7 semaines, puis 62 semaines. Or au bout des 7 premières semaines, c’est-à-dire 49 ans, les places et les murs de Jérusalem seront rebâtis en des temps d’angoisse. Or l’on sait que l’histoire entière de la reconstruction de Jérusalem, après l’exil à Babylone, est un long récit d’oppositions sans cesse renouvelées de la part des Samaritains et des autres peuplades voisines de la Judée. Après les 7 semaines prévues pour la reconstruction de Jérusalem, arrivent 62 semaines, c’est-à-dire 434 ans. Que se passera-t-il alors ? Le texte est clair : « Après 62 semaines, le Christ sera mis à mort…

  La mort de Jésus est donc bien prévue et bien affirmée avec la participation effective de son peuple qui se retranche ainsi de lui (ah ! c’est bien à l’inverse de ce que, depuis longtemps déjà on cherche à nous prouver, pour nous en persuader, que le peuple juif n’est pour rien dans la mort du Christ !!!) Il s’en suivra une nouvelle ruine, la plus désolante qui soit puisqu’elle sera définitive.

   Dans le texte du prophète il est fait mention d’une autre semaine au cours de laquelle le Christ confirmera l’alliance et fera cesser les victimes et le sacrifice. On peut voir là, sans une correspondance précise de date, l’inauguration de la Nouvelle Alliance qui est le point de départ de la religion chrétienne, avec la cessation des sacrifices anciens qui d’ailleurs ne pourront plus avoir lieu puisque l’abomination de la désolation sera dans le temple et que celui-ci sera définitivement détruit.

   Voilà donc, tracée à grands traits cette incomparable prophétie livrée par Daniel. Un commentateur fait remarquer : « Si le problème (des dates) n’est pas complètement résolu, faute de données tout-à-fait sûres, il l’est suffisamment pour nous garantir que Jésus-Christ, et lui seul, a réalisé l’oracle. D’ailleurs, ajoute-t-il, en citant Bossuet dans son Discours sur l’Histoire Universelle, Dieu a tranché lui-même la difficulté. Un évènement manifeste nous met au-dessus de tous les raffinements des chronologistes, et la ruine totale des Juifs qui a suivi de si près la mort de Notre Seigneur, fait entendre aux moins clairvoyants l’accomplissement de la prophétie. »

 Nous ne nous rangerons pas au rang de ces moins clairvoyants, quand il s’agit de reconnaître ici notre Roi Jésus à qui le prophète assigne le nom de Christ-Chef, selon l’hébreu, c’est-à-dire Prince ! Venez Seigneur Jésus Prince de la Paix. Amen 

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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 10:37

   Nous allons continuer de préparer Noël en nous reportant aux prophètes (l’Avent ne nous rappelle-t-il pas la longue attente du Sauveur dans l’Ancien Testament, attente entrevue par les prophètes envoyés par Dieu à son peuple Israël). Nous n’oublions pas que nous avons pour objectif de reconnaître la Royauté de Jésus. Aussi nous avons retenu le premier dimanche, la prophétie d’Ezéchiel qui nous présente le Messie à venir sous les traits du Bon Pasteur, mais qui a l’héritage royal de David, son ancêtre et sa ‘figure’.

   Aujourd’hui, nous allons consulter le prophète Daniel. Son personnage éminemment sympathique, mériterait que nous nous arrêtions longuement à le connaître. Si Dieu le veut nous réserverons cette découverte pour plus tard. Son nom, Daniel, signifie « Dieu est mon défenseur ». Membre de la tribu de Juda, peut-être de sang riyal, il fit partie du convoi de déportés emmenés à Babylone en 605 avant le Christ. Il était alors âgé de 14 ans. Avec plusieurs des compagnons de son âge il fut élevé à la cour du roi Nabuchodonosor. De très bonne heure, son étonnante sagesse lui valut l’accès aux plus hautes charges puisqu’il fut nommé gouverneur de la province de Babylone. Le roi lui avait changé son nom en celui de Baltassar, nom tout à fait païen, ce qui dut lui être par contre très douloureux.

   Les visions de Daniel sont célèbres. Quelques-unes touchent directement les rois de Babylone ou de Perse sous lesquels il se trouvait. Nous retiendrons d’abord la vision des quatre animaux : une lionne, un ours, un léopard, et le 4ème dont il ne précise pas la ressemblance mais qui est une bête terrible, étonnante et extraordinairement forte. A la suite, Daniel va voir Dieu lui-même, qu’il appelle l’Ancien des jours, assis sur un trône de feu, entouré de myriades d’Anges, et voici que se présente un autre personnage que le prophète désigne sous le nom de Fils de l’homme, à qui le Seigneur donne puissance, honneur : tous les peuples de la terre le serviront, sa puissance est une puissance éternelle qui ne lui sera point ôtée et son royaume ne sera jamais détruit.

   Pour peu que vous vous rappeliez l’office de la Fête du Christ-Roi, vous retrouvez là toutes les expressions dont l’Eglise se sert pour exalter la Royauté de Jésus. C’est donc qu’elle a reconnu dans la vision du prophète l’annonce du Règne du Christ. D’ailleurs pas l’Eglise seulement, mais Notre Seigneur lui-même s’assimile à ce personnage appelé Fils de l’homme. Combien de fois dans l’Evangile Jésus se désigne-t-il sous ce titre, et les 3 évangélistes St Matthieu, St Marc et st Luc n’ont pas manqué de rapporter la réponse de Jésus au grand-prêtre Caïphe quand il lui demande : Je t’adjure de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ! « Tu l’as dit, du reste, je vous le dis, vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance (c’est-à-dire de Dieu) et venant sur les nuées du ciel »

   Une autre vision de Daniel vaut qu’on s’y attarde. C’est la très fameuse vision des 70 semaines. C’est l’Ange Gabriel qui est envoyé au prophète. Daniel est en prière : il s’attarde longuement à reconnaître que Dieu a été patient envers son peuple et ses rois, mais que sa justice est sans critique possible quand le châtiment s’est appesanti sur eux. « Et voilà dit le prophète que l’homme Gabriel que j’avais vu au commencement vola rapidement…il me parla : Daniel je suis venu pour t’instruire ». D’abord quelques remarques : si Daniel dit l’homme Gabriel c’est parce que l’ange lui était déjà apparu sous l’apparence d’un homme. Ce qui n’est pas unique chez les anges. Nous en avons de multiples exemples. Par contre Daniel précise qu’il vola vers lui. Cette remarque pourra bien nous tranquilliser quand nous nous permettons de représenter les anges avec des ailes. Dès les écrits du prophète Isaïe, les Séraphins, qui constituent le degré le plus haut de la hiérarchie angélique, sont pourvu d’ailes mystérieuses dans la vision dont ce prophète bénéficie de son côté. Mais ne nous attardons pas sur ce point.

   Que va annoncer l’Archange. Voici « Soixante dix semaines ont été décrétées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour que la prévarication soit abolie, que le péché trouve sa fin, que l’iniquité soit effacée, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies et que le Saint des Saints retrouve l’onction. Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’au Christ-Chef, il y aura 7 semaines et 62 semaines… et après 62 semaines le Christ sera mis à mort et le peuple qui doit le renier ne sera plus à lui. Un peuple avec un chef qui doit venir détruira la ville et le sanctuaire…Il (le Christ) confirmera l’alliance avec un grand nombre pendant une semaine et au milieu de la semaine les victimes et le sacrifice cesseront, l’abomination de la désolation seront dans le Temple et la désolation durera jusqu’à la consommation et jusqu’à la fin. »

   Nous voilà devant un texte essentiel. Au passage vous avez pu relever des indications qui vous reportent à la personne de Jésus. Nous en reparlerons dimanche prochain.

   Mais dès maintenant, voyez comme Notre Seigneur connaissait bien le prophète et comment il tenait compte de ses affirmations. Il y a trois semaines (dernier dimanche après la Pentecôte) dans le passage de l’Evangile dans lequel notre Maître nous parle de la ruine de Jérusalem, avant d’aborder celui de la fin du monde, Jésus donc prend le texte du prophète : « Quand vous verrez l’abomination de la désolation, prédite par le prophète Daniel. »

Oh ! cher prophète comme vous nous avez bien parlé de notre Sauveur et de notre Roi. Nous vous retrouverons avec plaisir dimanche prochain. En attendant, avec vous nous redisons « Vive Jésus, notre Roi ! » Amen

 

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 19:42

   Vous avez entendu parler déjà, je suppose, de l’Année jubilaire de la Miséricorde qui doit s’ouvrir très exactement mardi prochain en la solennité de l’Immaculée Conception. Avant de vous en parler avec les paroles mêmes du Saint Père, je dois vous informer d’une grande surprise qui nous est réservée pour dimanche prochain ! En effet, à l’occasion de l’ouverture de la Porte Sainte de la cathédrale, Monsieur le Curé-Doyen a eu la géniale idée, paraît-il inspirée par le Saint Père, de donner rendez-vous à toute la Paroisse St Arnoux, à 10h, en l’église des Cordeliers, pour gagner ensuite l’église cathédrale en procession. Je n’ai aucunement été consulté : vous apprécierez, comme moi, le procédé. Nous devrons donc attendre que l’église soit libérée pour célébrer notre messe dominicale. Ne soyez pas surpris de ce contretemps. C’est sans doute pour nous contraindre à exercer la Miséricorde…

J’en arrive maintenant aux paroles du Pape François dans sa lettre apostolique Misericordiae Vultus, ou bulle d’Indiction de ce Jubilé extraordinaire :

1. Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ep 2, 4) après avoir révélé son nom à Moïse comme    « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6) n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. Lorsqu’est venue la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.

2. Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.

3. Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace. L’Année Sainte s’ouvrira le 8 décembre 2015, solennité de l’Immaculée Conception. Cette fête liturgique montre comment Dieu agit dès le commencement de notre histoire. Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1, 4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne. En cette fête de l’Immaculée Conception, j’aurai la joie d’ouvrir la Porte Sainte. En cette occasion, ce sera une Porte de la Miséricorde, où quiconque entrera pourra faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. Le dimanche suivant, troisième de l’Avent, la Porte Sainte sera ouverte dans la cathédrale de Rome, la Basilique Saint Jean de Latran. Ensuite seront ouvertes les Portes Saintes dans les autres Basiliques papales. Ce même dimanche, je désire que dans chaque Eglise particulière, dans la cathédrale qui est l’Eglise-mère pour tous les fidèles, ou bien dans la co-cathédrale ou dans une église d’importance particulière, une Porte de la Miséricorde soit également ouverte pendant toute l’Année Sainte. Au choix de l’Ordinaire du lieu, elle pourra aussi être ouverte dans les Sanctuaires où affluent tant de pèlerins qui, dans ces lieux ont le cœur touché par la grâce et trouvent le chemin de la conversion. Chaque Eglise particulière est donc directement invitée à vivre cette Année Sainte comme un moment extraordinaire de grâce et de renouveau spirituel. Donc, le Jubilé sera célébré à Rome, de même que dans les Eglises particulières, comme signe visible de la communion de toute l’Eglise.

   Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.

   Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avec son Fils Jésus. Son chant de louange, au seuil de la maison d’Elisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50). Nous étions nous aussi présents dans ces paroles prophétiques de la Vierge Marie, et ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine.

Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne.      Adressons lui l’antique et toujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus.

   Que notre prière s’étende aussi à tant de Saints et de Bienheureux qui ont fait de la miséricorde la mission de leur vie. Cette pensée s’adresse en particulier à la grande apôtre de la miséricorde, Sainte Faustine Kowalska. Elle qui fut appelée à entrer dans les profondeurs de la miséricorde divine, qu’elle intercède pour nous et nous obtienne de vivre et de cheminer toujours dans le pardon de Dieu et dans l’inébranlable confiance en son amour.

 

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 14:23

Nous entrons dans le Temps de l’Avent : ne pourrait-on pas dire que de tous les temps liturgiques, celui-ci est empreint d’une douceur toute particulière. Pourquoi ? Parce qu’il est le temps de l’espérance. Or l’espérance chrétienne est une vertu, donc selon le sens latin de ce mot, une force qui se traduit par un mouvement vers un bien à obtenir. Pensez en ce moment à tous ces petits enfants qui ont fait le choix de leurs cadeaux de Noël ! Pourtant ce bien à obtenir est un bien ardu, donc difficile à obtenir. Il est possible de l’atteindre, mais comme le fait remarquer St Tomas d’Aquin, « dans la nature de l’espérance entre une certaine assurance de conquête ». Evidemment qui dit conquête, dit lutte préalable. On pourrait faire une objection : « Vous nous dites que ce temps de l’Avent, temps de l’espérance, est empreint d’une douceur toute particulière. Mais n’y a-t-il pas opposition entre la douceur et la lutte ? Ce pourrait être vrai, mais dans ce cas on oublierait que l’enjeu de la lutte c’est de posséder le bien suprême, c’est de posséder Dieu. « Dresse ton espérance vers le bien de tous les biens, dit St Augustin : c’est Lui qui sera ton bien ». Le temps de l’Avent nous prépare à acquérir notre Sauveur, disons même à conquérir notre Sauveur. Quoi de plus doux pour l’âme chrétienne ?...

Nous avons, depuis plusieurs semaines, cherché à déterminer la Royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ, telle que lui-même l’a définie. Nous n’en avons pas terminé. Au contraire, nous allons continuer à la préciser davantage. Car cette Royauté de Jésus a été prédite tout particulièrement par les Prophètes et j’aime bien durant l’Avent, me tourner vers ces prophètes qui, s’ils eurent le devoir de faire de cinglants reproches au peuple de Dieu, à Israël, peuple élu, ils eurent aussi l’encourageante et exaltante mission de lui parler de relèvement, de restauration.

Alors ceci étant dit, je vais commencer aujourd’hui à consulter avec vous le prophète Ezéchiel. D’abord, quelques précisions sur son personnage. Sans pouvoir l’affirmer définitivement, mais avec une grande probabilité, le prophète naquit vers 622 avant Jésus-Christ. Son nom signifie « Dieu fortifie », nom plein d’espérance comme vous le voyez. Il fut prêtre au service du Temple, mais en 597 il se trouvait au nombre des 10 000 notables que le Roi de Babylone, Nabuchodonosor emmena en captivité. Tout son ministère allait donc s’exercer sur la terre d’exil. Ezéchiel ne cessera d’exhorter ses concitoyens, exilés comme lui, à la pénitence pour les infidélités qui avaient causé leur malheur ; à les réconforter aussi par les visions de restauration que Dieu lui révèle !...

Comme il nous faut aller vite, restons aujourd’hui à contempler sa célèbre vision du Bon Pasteur. Ce titre « Bon Pasteur » vous fait immédiatement penser à Jésus. Vous avez raison, puisque Lui-même s’inspirera de la magnifique page du Prophète. Voyons cela ! Le Seigneur, Dieu le Père, va d’abord s’adresser à ceux qu’il appelle les « pasteurs d’Israël ». « Fils de l’homme dit-il à Ezéchiel, prophétise sur les pasteurs d’Israël et dis leur : Malheur aux pasteurs d’Israël qui n’ont fait que se paître eux-mêmes » Et Dieu de passer en revue toutes leurs prévarications, leurs forfaits. Ils sont responsables de ce que leurs brebis errent maintenant à l’aventure, en proie aux bêtes sauvages.

Quoique ce ne soit pas le but que je poursuis, je ne puis m’empêcher de penser et de vous faire penser à une situation présente qui s’apparente à celle que décrit le prophète. Nous aussi, chrétiens fidèles, nous pouvons gémir de cet abandon de sollicitudes que nous font souffrir trop souvent nos pasteurs et qui nous laissent ainsi aller à l’aventure, en proie à la haine et aux sévices de ceux avec lesquels ils préfèrent pactiser.

Le Seigneur avertit son prophète qu’il va mettre fin à ce lamentable état: il va destituer les mauvais bergers et prendre lui-même en mains la conduite de son troupeau. Oh, mes frères, pourquoi ne pas prier qu’il en soit ainsi maintenant ! Et toujours, selon les dires du prophète, Dieu va exclure tous les éléments mauvais désignés sous le nom de béliers, boucs, ou encore brebis grasses qui abusent de leur force et privent les plus faibles. Quelle purge, Seigneur, oserai-je m’exclamer et combien il nous tarde qu’elle se pratique aussi dans votre Eglise !

Le travail du Seigneur n’est pas terminé. Le troupeau ainsi épuré, Dieu va en confier la garde à un Pasteur Unique. Voici le texte : « Je leur susciterai un seul Pasteur, et il les fera paître, -mon serviteur David, c’est lui qui les paîtra, et c’est lui qui sera pour elles un Pasteur ».

Examinons bien ce texte, et ne nous méprenons pas. Malgré que Dieu parle de David, ce ne peut être de lui dont il est question ici : il y a longtemps qu’il est mort. N’oublions donc pas que c’est un prophète qui nous parle. De par la science de Dieu le prophète est instruit des évènements futurs. « Mon serviteur David » c’est le Messie…c’est le Sauveur à venir, c’est le Roi futur dont David est en quelque sorte l’exemplaire.

L’Ange Gabriel n’a pas raconté à la Sainte Vierge une histoire abracadabrante quand il lui a dit, à propos de son Enfant « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. » On pourrait aussi bien dire que jamais Jésus n’a occupé le trône de son ancêtre. Et pourtant c’est bien en Jésus que se parfait le Règne, le Royaume. Où Dieu avait-il été chercher David : au milieu des brebis. Le plus jeune fils de Jessé, celui que le prophète Samuel devait oindre comme roi, ce jeune garçon de 16 ans était berger. Et quand le Fils de Dieu atteindra les rivages de notre terre, il ira naître à Bethléem : il vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur dans la ville de David, dit l’Ange aux bergers dans la nuit de Noël.

Le Christ Seigneur, c’est-à-dire, le Roi promis, constitué : « Mon serviteur David, sera prince au milieu de mes brebis, moi le Seigneur, j’ai parlé ». Et je n’ai pas parlé pour ne rien dire. Le Roi David avait pensé construire le Temple de Jérusalem. Eh bien, non ! C’est Dieu qui bâtira une maison à David et il lui fit dire par le prophète Nathan : « Ta maison et ta royauté seront pour toujours assurées devant toi ; ton trône sera affermi pour toujours. »

Il y a des gens qui se méfient des prophéties (j’entends des authentiques) parce que Dieu pose des délais à leur réalisation. Mais le Seigneur arrive toujours à ses fins. Suffit-il d’attendre ? Il faut aussi prier et agir pour que Dieu en hâte le cours. Qu’en cette première semaine de l’Avent, le prophète Ezéchiel garde nos esprits et nos cœurs dans l’espérance : Douce espérance, vers nous Dieu va venir, chante un beau cantique de l’Avent…et vive Jésus notre Roi ! Amen

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23 novembre 2015 1 23 /11 /novembre /2015 06:43

   Nous venons de lire une longue page d’Evangile, la plus longue de toutes celles qui nous sont citées en cours d’année. D’une manière habituelle, les fidèles disent de ce passage du Saint Evangile : c’est l’Evangile de la fin du monde. Cette dénomination est en partie exacte…mais en partie seulement. Car aussi bien les auteurs spirituels que les écrivains ecclésiastiques (dont les plus anciens portent le titre de ‘Pères de l’Eglise’)- aussi bien que les interprètes les plus qualifiés et les plus sérieux que nous nommons exégètes, tous s’accordent pour reconnaître dans ce texte, deux parties bien distinctes.

   Une partie touche la ruine de Jérusalem - l’autre partie effectivement la fin du monde. Il y a donc pour une claire compréhension de ce texte à distinguer ce qui revient à chacun de ces deux évènements. C’est la première difficulté.

   Ainsi qu’on l’a marqué, la ruine de Jérusalem est, non pas la fin du monde, mais la fin d’un monde, ce monde dominé par l’élection du peuple d’Israël qui devait recevoir le Sauveur et devenir par le fait même le flambeau du monde. Or Israël est déchu de sa prérogative en raison du rejet qu’il a opéré : St Jean nous le dit en deux lignes au début de son Evangile : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Israël va donc disparaître et le signe tangible sera la ruine de Jérusalem et de son Temple. Jésus prévient et donne des signes : on pourra donc prévoir cette ruine « comme on escompte la venue de la belle saison d’après l’éveil printanier du figuier…on pourra donc avant la catastrophe prendre la fuite et se mettre à l’abri. D’ailleurs la ruine n’est pas éloignée « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive ! » Les évènements ayant eu lieu, il nous est d’autant plus facile d’en reconnaître l’annonce dans le discours de Jésus.

   Quant à l’autre partie de la prophétie : elle concerne la fin du monde, de ce monde que nous habitons, coïncidant avec le dernier avènement du Fils de l’homme.

   Nous allons d’abord noter qu’aucune date, même approximative ne nous en est donnée. Lorsque Jésus eut fini son discours, les disciples l’interrogèrent : Dites-nous quel sera le signe quand toutes ces choses seront près de s’accomplir ? - La réponse de Jésus : « Pour ce jour et cette heure personne ne les connait, pas même les Anges du ciel : il n’y a que le Père » (Comprenons que Jésus, Fils de Dieu, ne peut ignorer le jour où il paraîtra sur les nuées du ciel - cependant, comme révélateur des secrets de son Père, il n’a pas reçu mission de nous révéler ce temps). Et même, Jésus va fournir une référence historique pour s’expliquer « Comme aux jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. Car, comme ils étaient aux jours d’avant le déluge, mangeant, buvant, se mariant et mariant leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et qu’ils ne surent rien de la venue du déluge jusqu’à ce qu’il arriva et les emporta tous : ainsi sera l’avènement même du Fils de l’homme ».

   Mais que faut-il penser des signes précurseurs que Notre Seigneur énumère dans son discours ? Il semblerait, vu l’insistance avec laquelle Jésus avertit ses fidèles que certains de ces signes n’apparaîtraient pas comme tellement décisifs que l’on puisse en tirer un indice certain de l’approche de la fin du monde. Ainsi, quand Jésus dit : parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira -‘(Cette déclaration précède le passage que nous avons lu) -que peut-on dire sinon que notre temps actuel pourrait bien sembler en passer par là : la perte de la foi attisée par les faux prophètes qui sont légion en notre monde, d’autant plus dangereux et ‘performants’ qu’on n’en retient que ce qui flatte les foules, cette perte de la foi - et donc de la vérité - entraîne immanquablement celle de la charité, c’est-à-dire, en premier lieu, l’amour de Dieu, qui est oublié, absent, en attendant d’être renié et repoussé.

   Jésus prévoit aussi l’annonce de son Evangile « Cet Evangile du Royaume sera prêché dans le monde entier en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin ». Il est aisé de constater que la diffusion de l’Evangile a été pratiquement universelle. Mais que constate-t-on aussi : que de plus en plus la contestation s’est répandue dans les rangs mêmes du catholicisme, faisant fi de toute la tradition de l’Eglise, de son enseignement, de son autorité, de l’éducation qu’elle avait su donner pour pratiquer la piété et la morale.

   Et puis, si Jésus n’en parle pas ici, l’apôtre St Paul, lui, annonce solennellement la conversion des Juifs : « Par leur chute, le salut est arrivé aux Gentils…si leur chute a été la richesse du monde, que ne sera leur plénitude…leur réintégration sinon une résurrection ? » Apparemment, ce point du programme ne se réalise pas ! pour le moment !

   Enfin, il y a l’apparition de l’Antéchrist et l’apostasie qu’elle entraînera, qui dépassera celle que nous connaissons et que nous subissons actuellement.

   Je n’ai encore rien dit des phénomènes, qu’on appellerait maintenant cosmiques, auxquels Notre Seigneur semble donner une grande importance. Ces phénomènes toucheraient le soleil, la lune, les étoiles ; St Luc y ajoute la mer et ses flots - toutes choses qui feraient « sécher les hommes de frayeur » (nous lirons ces paroles dimanche prochain). Je n’en ai rien dit parce qu’il semble que ces phénomènes seraient les derniers avant l’apparition du « signe du Fils de l’homme » et l’arrivée de Jésus lui-même.

   Sans être directement contestés (ce qui serait grave) ces évènements font l’objet d’interprétations très prudentes de la part des exégètes, qui, pour les expliquer s’en remettent à un genre littéraire appelé prophétique ou apocalyptique ou eschatologique, dont je trouve d’ailleurs qu’ils usent (comme on nous demande de le faire pour le vin) avec beaucoup de modération !

   Le mot ‘eschatologie’ vient du grec ‘ta esXata’ qu’on traduit en français « les dernières choses » et qui peut donc s’appliquer à la fin du monde. De nos jours, on ne peut nier que le chrétien moyen soit peu préoccupé de problèmes eschatologiques. Hélas ! oui. Mais prenons y garde : d’autres s’en occupent et le nombre de sectes qui préparent leurs adeptes à la fin du monde est en croissance continuelle. Il ne s’agit pas de faire, de notre côté, de la surenchère. Mais, si en fêtant le dernier dimanche d’octobre la Royauté de NSJC nous savions qu’elle ne sera pleine et entière que dans son Royaume, le Ciel, nous devons en préparer en quelque sorte la proclamation solennelle qui aura lieu en ces jours-là où il reviendra avec puissance et majesté sur les nuées du ciel, au-dessus de cette terre qu’il a arrosée de son Sang.

   Ce que Dieu veuille que nous fassions avec un réel enthousiasme. Amen

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16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 06:44

   Nous l’avons dit, dimanche dernier, c’est sa divinité qui fonde la royauté de Jésus, ce que nous dit très bien le cantique par lequel nous chantons la Royauté de Jésus : Parle, commande, règne...

Au 2ème couplet : ‘Vrai Roi, tu l’es par la naissance, Vrai Fils de Dieu, le Saint des Saints, Et ceux qui bravent ta puissance, Jésus, sont l’œuvre de tes mains.’

   La naissance dont il est question, c’est la génération éternelle par laquelle le Père engendre son Fils : il est Dieu, né de Dieu, né du Père avant tous les siècles, nous fait affirmer le Credo que nous allons chanter tout à l’heure.

   Il nous faut encore revenir à l’admirable dialogue qui a lieu entre Pilate et Jésus au moment où il est conduit devant le gouverneur romain. Les chefs du peuple juif venaient de l’accuser de soulever le peuple se réclamant d’un pouvoir royal. C’est donc la première question que va lui poser Pilate : « Tu es le Roi des Juifs ». Jésus ne lui répond pas directement sinon par une remarque : « Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » Cette réponse a le don de piquer Pilate dans son orgueil de romain. Comment pourrait-il, lui, entrer dans les disputes de ce peuple qu’il méprise : « Est-ce que je suis Juif, moi ? » Il ne considère qu’une chose, c’est qu’on a conduit Jésus devant son tribunal « Ta nation et les grands-prêtres t’ont livré à moi. Qu’as-tu fait ? »

   Pilate montre qu’il ne pense qu’à un complot, à une simple agitation politique. Jésus semble alors vouloir le rassurer : « Mon Royaume n’est pas de ce monde » La preuve « Si mon royaume était de ce monde mes fidèles auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. Vous le voyez bien maintenant que mon royaume n’est pas d’ici ». Jésus s’est donc efforcé de rassurer le fonctionnaire romain. Jésus pouvait se rappeler à ce moment-là la crainte dont fut envahi le roi Hérode quand il vit paraître devant lui les Mages qui recherchaient le Roi de Juifs qui vient de naître, disaient-ils.

Hérode craint qu’on lui prenne sa couronne car il pense que la royauté de cet enfant est comme la sienne, une royauté de ce monde. Mais personne n’a pu, sur le moment, rassurer Hérode. C’est l’Eglise qui s’en charge quand elle fait chanter à l’Epiphanie l’hymne Crudelis Herodes : « Cruel Hérode, pourquoi crains-tu l’avènement d’un Dieu-Roi ? Il ne ravit pas les trônes mortels celui qui donne le royaume céleste ».

« Mon Royaume n’est pas de ce monde ! »

   Quand le Pape Pie XI publiait son encyclique fixant la date du Christ-Roi, il entendait repousser le laïcisme, le laïcisme qui nie les droits de Dieu, qui les évacue de la vie et des entreprises du monde temporel dans lequel nous menons notre existence.

   Le laïcisme découle naturellement du libéralisme. Le libéralisme, lui, restreint les droits de Dieu, par souci, soit disant, de ne pas confondre les domaines spirituel et temporel, pour ne pas imposer au monde une réalité qu’il n’accepterait pas, par crainte, par timidité, bien plus par lâcheté ! Le libéralisme a engendré un état de fait bien actuel. Nos radios et nos chaînes de télévision nous abreuvent de débats où souvent des catholiques qui se disent pratiquants déclarent sans trouble qu’ils n’auraient d’aucune façon voulu empêcher les autres de penser et d’agir différemment d’eux. Cette position érigée en doctrine met un point final à toute espèce d’apostolat, de prosélytisme (mot qui fait horreur !). Comment Jésus peut-il assurer son Règne avec de tels sujets, je ne dirai pas avec de tels fidèles…car à ce niveau-là il n’y a plus trace de fidélité. On est à cent lieues des paroles de Ste Gertrude qui avait reçu de NS cette instruction « parfois Dieu engage ses élus à accomplir des actions qui seront pour d’autres un objet de scandale ; les élus cependant ne doivent pas omettre ces actes dans l’espérance d’avoir la paix avec les méchants, parce que la véritable paix consiste dans la victoire des bons sur les mauvais » Voilà donc à quoi il faut s’en tenir !

   Reprenons donc l’interrogatoire de Jésus par Pilate. Jésus a rassuré, en quelque sort le procurateur romain : « Mon royaume n’est pas de ce monde » et l’argument qu’a employé Jésus c’est qu’on n’a vu personne se lever pour empêcher qu’il soit livré aux Juifs. Pas d’émeutes, pas de complot, pas de bagarres politiques. Vous le voyez donc bien que mon royaume n’est point de ceux qu’on voit ici-bas.

   Pour autant Jésus n’a pas nié qu’il fût roi. Et Pilate reste sur sa faim. Il va donc reposer la question. « Alors tu es donc Roi ? » Malgré ce que tu viens de me dire, quand même tu es Roi, tu te dis Roi ?

   La réponse de Jésus va tomber avec une fierté souveraine ? « Vous le dites, je suis Roi ! » Et Jésus d’ajouter une phrase dans laquelle il faut reconnaître deux parties, sinon il y aurait une redite : Ego in hoc natus sum (1ère partie), et ad hoc veni in mundum (2ème partie).

La première partie se traduira : Moi c’est pour cela que je suis né. Nous allons dans un bon mois célébrer la naissance de Jésus. Qui est Jésus ? c’est le Fils de Dieu qui vient sur terre, et pour quoi y faire ? La réponse semble bien se trouver là. « Je suis Roi et c’est pour cela que je suis né ». Je suis né pour établir mon Règne. Et en annonçant à la Vierge Marie sa future maternité l’Ange Gabriel multiplie les annonces du règne de son Enfant : « Vous allez concevoir en votre sein, et vous enfanterez un Fils et vous l’appellerez du nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé le Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera éternellement sur la maison de Jacob et son Règne n’aura point de fin ».

Cet enfant est constitué Roi. Il pourra donc affirmé : Je suis né pour cela.

Nous en resterons là pour aujourd’hui. Il nous restera à expliquer plus tard la 2ème partie de la réponse de Jésus qui touche le caractère principal de son Règne : le Règne de la Vérité qui est si maltraitée de nos jours. Amen

 

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