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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 06:31

Nous avons vu précédemment comment quelques catholiques français en accord avec des religieux de la Compagnie de Jésus, avaient en peu de temps mis en place un Vœu National qui visait à l’érection d’une église dédiée au Sacré-Cœur de Jésus et cela à Paris. Ils avaient réussi à obtenir l’approbation du Pape Pie IX. Encore fallait-il présenter la chose aux autorités religieuses de France et au peuple français tout entier. Le vœu, tout en étant national stipulait l’érection du temple du Sacré-Cœur à Paris. Or la capitale qui avait connu, au lendemain de la guerre avec la Prusse, les désordres de la Commune, n’était point sympathique à la Province. D’autre part les pouvoirs publics avaient aussi des adversaires au projet chez un certain nombre d’anticléricaux bien déclarés.

Heureusement les premiers promoteurs tinrent bon, en particulier le fameux Monsieur Legentil, et le Père Ramière qui avait derrière lui les innombrables associés de son groupement de l’Apostolat de la Prière qui avait été fondé à Toulouse. Quant à Monsieur Legentil il trouve un allié décidé et pittoresque dans son beau-frère Monsieur Hubert Rohault de Fleury. Il compare l’œuvre du Vœu National à un char auquel est attelé un noble coursier, M Legentil, et un mulet enragé lui-même tirant à hue et à dia. Il manque le cocher. On va le trouver dans le nouvel archevêque de Paris, Monseigneur Guibert. Celui-ci venait du siège de Tours où il avait fréquenté beaucoup d’hommes politiques, le gouvernement de Défense Nationale ayant été transféré dans cette ville durant le siège de Paris. Au début de son intronisation à Paris, Mgr Guibert avait accordé à l’œuvre une bénédiction affectueuse : ces mots polis n’engageaient à rien. Mais il y avait le mulet enragé qui fit le siège de l’archevêque lequel en le voyant arriver disait plaisamment « Ah ! voilà le Sacré-Cœur ». Eh bien, le Sacré-Cœur finit par l’emporter. Au début de janvier 1872, l’archevêque de Paris demandait un rapport et priait l’attelage de compléter son Comité : soyez douze comme les Apôtres et revenez me voir dans quelques jours. Enfin le cocher était prêt.

Aux membres de ce Comité, le 18 janvier 1872, Mgr Guibert adressa une lettre qui était la consécration officielle du Vœu National. « Cette entreprise, déclare-t-il dans ce document mémorable, mérite d’être encouragée, et je ne puis qu’applaudir à la pieuse pensée qui l’a inspirée…Vous désirez qu’un temple dédié au Sacré-Cœur de Jésus s’élève dans Paris qui n’en possède aucun sous ce titre, ce temple dans votre pensée doit être un monument d’expiation, et la France entière sera appelée à contribuer à cette œuvre par les dons des fidèles. En même temps ce sanctuaire du Sacré-Cœur deviendrait devant Dieu l’expression d’une supplication générale pour que les jours de nos épreuves soient abrégés et adoucis et que du Cœur si aimant de l’adorable Rédempteur des hommes sorte notre régénération spirituelle et temporelle…Rien n’est plus chrétien ni plus patriotique qu’un tel vœu. C’est de la France que le mal qui nous travaille s’est répandu dans toute l’Europe ; c’est aussi de la France, où a pris naissance la dévotion au Sacré-Cœur, que partiront les prières qui doivent nous relever et nous sauver. » Le prélat, après avoir remarquer que la future Basilique préserverait la capitale comme un paratonnerre sacré et se dresserait comme un acte public de contrition et de réparation, terminait par ces paroles : « Enfin vous avez pour objet, dans votre pieuse entreprise, la délivrance du chef de l’Eglise, captif dans sa demeure et dépouillé d’une souveraineté nécessaire au libre exercice de son ministère. Il faut, pour cela, une victoire sur les ennemis de la religion et, pour l’obtenir, vous voulez associer à cette intention le mérite des offrandes de vos souscripteurs et les prières qui s’élèveront du nouveau temple. C’est là une idée d’autant plus juste que le salut ne peut venir que du ciel. »

Mgr Guibert fut un peu difficile à convaincre et à entraîner : mais une fois décidé il prit la chose tellement à cœur, qu’il doit être considéré comme le fondateur légal de l’œuvre dont le signe couronne à présent les hauteurs de Montmartre.

Notre histoire actuelle ne nous invite-t-elle pas à faire avec toujours plus de ferveur cette prière : « Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous. » Amen

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