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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 06:30

   Dimanche dernier, je vous avais précisé que nous allions nous pencher sur l’une des demandes du Sacré-Cœur de Jésus qui aurait enfin sa réalisation. On allait élever un temple où son image serait honorée. Ce temple sera la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Il y a au point de départ un père de la Compagnie de Jésus, un Jésuite comme on a coutume de dire. Il s’appelle le P. Henri Ramière. Né à Castres en 1821, il publiera de nombreux ouvrages dans lesquels sa pensée constante est de proclamer non seulement le caractère individuel de la dévotion au Cœur de Jésus, mais bien plus sa portée sociale. La royauté sociale de Jésus-Christ, tel était le but que le P. Ramière voulait poursuivre de toutes ses forces. En dehors de la société chrétienne, il n’y a aucune société possible : « Ou Jésus-Christ ou la Barbarie » C’est net.

   Mais déjà le P. Ramière entrevoyait que l’amour de la France qui ne pouvait ressusciter qu’à la condition de se tourner vers Celui auquel elle était redevable de son existence et de toutes ses gloires….que cet amour allait de pair avec l’amour de l’Eglise. « Ne séparons jamais les intérêts de ces deux patries », écrivait-il. Le Père allait encore préciser sa pensée : il voyait comme nécessaire une expiation et une réparation, car la France était coupable, à la suite desquelles : une consécration au Sacré-Cœur. Cette grande idée allait être précisée par un autre Jésuite : le Père de Boylesve. Chose digne de grand intérêt, c’est le 17 octobre 1870, alors qu’il prêchait à la Visitation de Le Mans le panégyrique de Marguerite-Marie béatifiée 6 ans plus tôt, qu’il insista sur ce désir manifesté par Notre Seigneur à l’une de ses confidentes, Marie de Jésus, en 1823, de l’érection d’un temple expiatoire au Divin Cœur. Le lendemain de ce sermon, mémorable le P. de Boylesve composa une feuille intitulée « Le triomphe de la France par le Sacré-Cœur de Jésus ». L’opuscule du Père se répandit à foison. A Poitiers, il tomba dans les mains d’un parisien qui avait quitté la capitale investie par les armées prussiennes, Monsieur Alexandre Legentil. Celui-ci écrivit au Père de Boylesve pour l’entretenir d’un projet formé par les Parisiens pour obtenir la délivrance de leur ville. Ce vœu était analogue à celui que les Lyonnais avaient fait à Fourvières. Les habitants de Lyon l’avait adressé à la Sainte Vierge, les Parisiens voulaient faire leur vœu au Sacré-Cœur.

   Bien entendu les Pères Ramière et de Boylesve accueillirent ce projet avec empressement. Je n’entre pas dans les détails des échanges qu’eurent entre eux ces cœurs dévoués à une grande cause, mais on aboutit à une première rédaction d’un texte intitulé « Vœu National au Sacré-Cœur de Jésus pour obtenir la délivrance du Souverain Pontife et le salut de la France ». Il faut se rappeler que la Révolution en Italie avait chassé le Pape des états qu’il y possédait et que celui-ci était pratiquement prisonnier dans Rome.

   Pour présenter l’œuvre au peuple chrétien avec succès, il fallait une approbation solennelle de l’autorité religieuse. Le P. Ramière songe à la demander directement au Pape Pie IX. On allait recourir à un membre du Tiers-Ordre de St Dominique, M. Rohault de Fleury qui s’en rapporterait au Maître général des Dominicains le P. Jandel, lequel jouissait de l’estime du Souverain Pontife. Il obtint facilement la bénédiction pontificale.

   Sans doute fallait-il encore s’accorder sur certains détails pour arriver à une rédaction définitive du Vœu National : la voici. On était au début de l’année 1871. « En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore ; en présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l’Eglise et du Saint-Siège et contre la personne sacrée du Vicaire de Jésus-Christ ; nous nous humilions devant Dieu et, réunissant dans notre amour, l’Eglise et notre Patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés ; et pour faire amende honorable de nos péchés et pour obtenir de l’infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le pardon de nos fautes ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons, lorsque ces grâces nous auront été accordées, de contribuer selon nos moyens, à l’érection à Paris, d’une église dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. »

   Quelques mois plus tard Monsieur Legentil reconnaissait « Si c’est travailler au salut de la France que de travailler à la liberté de l’Eglise, c’est aussi préparer les victoires de l’Eglise que d’assurer la résurrection de la France. »

    Que Dieu nous accorde d’être bien persuadés de cette vérité. Amen

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