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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 06:33

Nous avons dit que le projet de vœu national, avait d’abord reçu la bénédiction du pape Pie IX, puis le soutien plénier de l’archevêque de Paris Mgr Guibert.

Les promoteurs de la construction du Sacré-Cœur vont ensuite faire appel fin 1872 à l'Assemblée nationale afin que l'église soit reconnue comme étant d'utilité publique. C'était le seul moyen semblant possible pour acquérir les terrains nécessaires, propriétés de la ville et de nombreux particuliers. Après des débats houleux, la loi d'utilité publique est votée le 24 juillet 1873 par 382 voix sur 734[].

Elle offre à l'archevêque de Paris (Mgr Guibert) la possibilité de se porter acquéreur des terrains sur la colline de Montmartre, par voie d'expropriation si nécessaire : les terrains visés derrière l'église Saint-Pierre, sont occupés par des guinguettes, un champ de foire et des jardinets. Il est aussi prévu que l'église « sera construite exclusivement avec des fonds provenant de souscriptions » et « sera à perpétuité affectée à l'exercice public du culte catholique[] ».

Le texte exact de la loi est[ ] celui-ci :

« Art. 1er. Est déclarée d'utilité publique la construction d'une église sur la colline de Montmartre, conformément à la demande qui en a été faite par l'archevêque de Paris, dans sa lettre du 5 mars 1873 adressée au ministre des cultes. Cette église, qui sera construite exclusivement avec des dons provenant de souscriptions, sera à perpétuité affectée à l'exercice public du culte catholique.

Art. 2. L'emplacement de cet édifice sera déterminé par l'archevêque de Paris, de concert avec le préfet de la Seine, avant l'enquête prescrite par le titre II de la loi du 3 mai 1841.

Art. 3. L'archevêque de Paris, tant en son nom qu'au nom de ses successeurs, est substitué aux droits et obligations de l'administration, conformément à l'art. 63 de la loi du 3 mai 1841 et autorisé à acquérir le terrain nécessaire à la construction de l'église et à ses dépendances, soit à l'amiable, soit, s'il y a lieu, par expropriation.

Art. 4. Il sera procédé aux mesures prescrites par les titres II et suivants de la loi du 3 mai 1841 aussitôt après la promulgation de la présente loi. »

On peut dire que cette construction s'inscrit dans le cadre d'un nouvel « Ordre moral » promu par les conservateurs dans l'Assemblée nationale de 1871.

La construction de la basilique du Sacré-Cœur est associée aussi aux événements de la Commune de Paris, et on trouve dans des documents officiels et des ouvrages d'universitaires, la thèse selon laquelle elle aurait été construite pour « expier les crimes des communards ».

Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique, car c'est là que débuta l'insurrection le 18 mars lorsque les troupes d'Adolphe Thiers viennent enlever à Paris les canons qui y étaient entreposés. Après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury fit explicitement le lien:

« Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément-Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer. »

On ne trouve pas de mention de cette motivation, on s’en doute, dans le texte de loi voté par l'Assemblée Nationale, mais déjà à l'époque elle était dénoncée par l'opposition ![

En 1873, le comité de l'Œuvre du Vœu National et le cardinal de Paris décident que le choix de l'architecte se fera par concours. À cet effet, un programme est rédigé à l'intention des candidats. Certains éléments sont imposés : le site, un budget limité à sept millions de francs, une crypte, une statue monumentale du Sacré-Cœur très visible et placée à l'extérieur.

Soixante-dix-huit projets sont rendus par quatre-vingt-sept concurrents regroupés en soixante-seize équipes. Charles Garnier et six Grands prix de Rome figurent notamment parmi les candidats. Leurs maquettes sont exposées sur les Champs-Élysées.[

L'architecte Paul Abadie gagne le concours de la construction du Sacré-Cœur. Abadie conçoit une basilique romano-byzantine (avec dôme, clochetons et campanile) en réaction au style néo-baroque. À sa mort en 1884, il est remplacé par Honoré Daumet (1884-1886) lui-même remplacé par Charles Laisné (1886-1891), architecte dans le même temps, de la cathédrale de Gap, qui fait intervenir dans la réalisation de vitraux le peintre-verrier Émile Hirsch, tout comme il le fera à Gap.

Nous terminerons dimanche prochain ce rapide survol historique de cette incroyable entreprise pour la gloire du Cœur de Jésus. Amen

 

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