La révélation du dogme de la Très Sainte Trinité est un de ces secrets que les Hébreux avaient seulement entrevus mystérieusement, mais qui ne fut expressément révélé que dans la Nouvelle Loi. Il regarde la vie intime de Dieu ; or, les choses intimes ne se disent pas à tous, mais seulement aux amis. La connaissance de Dieu trine dans les Personnes et un dans son essence, marque le plus haut sommet de la science théologique et confère au peuple chrétien une perfection et une dignité si grandes qu’on peut bien dire qu’en ce dogme réside l’honneur, la gloire et le salut de l’Église. C’est donc fort à propos, après que l’Esprit Saint est venu instruire le troupeau des fidèles, les initiant à la possession intégrale de la vérité divine, que la famille chrétienne s’élève à la contemplation et à l’adoration ‘in Spiritu et veritate’ de l’auguste Trinité, qui constitue la fin première et essentielle de l’Incarnation du Sauveur et de la rédemption du monde.
Nous reprenons maintenant le sujet qui nous occupe cette année : la Royauté de Jésus et de son Sacré-Cœur, en revenant sur ses demandes à transmettre au roi Louis XIV. Nous avons dit que celui-ci ou bien n’a pas été mis au courant des demandes de Jésus adressées à Ste Marguerite-Marie, ou bien qu’il a été fait obstruction à leur réalisation soit par une faiblesse royale soit par une conjuration contre elles.
Je vous avais signalé que cependant dès le temps de Louis XV, grâce à la reine Marie Leszczynska, une fête nationale du Sacré-Cœur avait été célébrée le 20 juin 1766 après que, sur les instances de la pieuse reine, le pape Clément XIII avait accordé à notre pays l’usage liturgique de la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Ensuite, aidée de son fils, le Grand Dauphin, la reine avait fait ériger une chapelle du Sacré-Cœur à Versailles : ainsi le Cœur de Jésus était entré à la Cour de France. Mais il restait beaucoup à faire : je vous le rappelle : -la construction d’un édifice où sera le tableau du Sacré-Cœur. -dans ce temple, devant ce tableau, le roi entouré de sa cour fera acte solennel de consécration ; -le Sacré-Cœur sera peint sur les étendards et gravés sur les armes.
Chose curieuse, c’est Napoléon qui se croyant assuré d’établir sa domination en Occident, écrivait le 26 novembre 1808 à l’archichancelier de son empire l’ordre de préparer des plans et des souscriptions pour élever un temple à la Paix sur la butte Montmartre. On était encore loin des desseins du Sacré-Cœur, mais le nom de Montmartre se trouvait déjà avancé !
Les années vont passer. En 1870 la guerre éclate : les défaites succèdent aux défaites. Paris est cerné. Or récemment on a publié les lettres de Marguerite-Marie. La France va se tourner vers le Sacré-Cœur. Dieu voulait se servir du monarque pour l’exécution de son dessein. Mais il n’y a plus de monarque sur le trône de France. Nul ne peut personnifier la France. Alors ?
Eh bien, alors, le Seigneur allait susciter quelques hommes qui prendraient en charge l’idée et la réalisation de la construction de la basilique que nous nommons maintenant le Sacré-Cœur de Montmartre.
Je vous le raconterai à grands traits, car la chose est assez compliquée. Elle se cristallisera autour d’un texte fameux qui s’appellera le Vœu National au Sacré-Cœur de Jésus. « Cette œuvre dira plaisamment l’un de ses protagonistes est un char qui sera conduit plus tard par un habile cocher ; en commençant il n’y avait point de cocher mais deux chevaux ou plutôt un noble coursier tirant paisiblement et, à côté, un mulet enragé tirant comme un entêté à hue et à dia…mais entraînant toute la boutique »
Quand les Français s’y mettent, ils sont capables de grandes choses !
Loué soit Jésus-Christ. Amen !
