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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 06:07

   Ce début du mois de novembre avec sa fête de la Toussaint que beaucoup de gens assimilent à une fête des Morts nous remet en évidence cette réalité : tous nous mourrons. C’est le lendemain de la Toussaint que l’Eglise commémore ses fidèles défunts : le 2 novembre. Mais tout le mois reste imprégné de ce souvenir : novembre est le mois des Morts. Je voudrais, ce matin, aborder un sujet qui touche directement la mort. 

   Plusieurs d’entre vous m’ont déjà posé la question : que faut-il penser de l’incinération ? dont on voit la pratique se répandre…

   D’abord un peu de vocabulaire : le fait de brûler le corps d’un mort s’appelle ou crémation ou incinération. Le mot crémation (du latin cremare = brûler) désigne l’usage de brûler les morts au lieu de les inhumer (les mettre en terre). Le terme évoque l’image du four brûlant où l’on jette le cadavre (qu’on se rappelle les sinistres fours crématoires…) Le terme incinération (dans lequel on trouve le mot cinis = cendre) indique l’effet de cette combustion : la réduction du corps en cendres. Le rite de l’inhumation s’est implanté partout chez les chrétiens dès les origines de l’Eglise. La coutume en sera partout respectée comme une règle donnée par les Apôtres et cela jusqu’au 19ème siècle. En France, c’est sous l’influence de la franc-maçonnerie que l’idée de la crémation va être lancée : un certain docteur Blatin, (Maire de Clermont-Ferrand, puis Grand Maître du Grand Orient !) d’idées farouchement anti-religieuses, va faire adopter l’amendement suivant à la liberté des funérailles : « Tout citoyen, majeur ou mineur émancipé, peut adopter l’inhumation ou l’incinération pour son mode de sépulture ». On est en novembre 1887. L’année précédente, l’Eglise sentant venir le danger, avait formulé l’interdiction de donner son nom aux sociétés qui ont pour but de promouvoir l’usage d’incinérer les cadavres humains…D’ailleurs les fidèles qui auraient fait choix de la crémation seront privés de la sépulture ecclésiastique. En 1892, on ira jusqu’à interdire la célébration publique de la messe pour le repos de leur âme. Bien entendu les cendres des incinérés ne seront pas déposées en terre bénite et le clergé s’abstiendra de toute participation aux rites funéraires. Donc, c’est clair, désaveu total de l’Eglise pour ce genre de funérailles : ainsi s’exprimait le Code de Droit Canonique jusqu’à sa réforme…

   Le Nouveau Code parle ainsi : « L’Eglise recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ai été choisie pour des raisons contraire à la doctrine chrétienne » (Can. 1176 § 3) Comme en beaucoup d’autres dispositions, on constate cette variation dans le sens d’une permissivité qui n’est plus favorable ni à une tradition jamais transgressée, ni au sens chrétien du respect dû au corps du chrétien. C’est bien un des grands maux et des grands malheurs de notre temps d’entrer dans un mouvement de libéralisme qui met à mal l’esprit religieux avec lequel on envisageait tant de démarches et tant de gestes propres à notre foi chrétienne. Il est évident que ceux qui ont préconisé l’incinération l’ont fait pour substituer au symbolisme spiritualiste et chrétien de l’inhumation, un symbolisme matérialiste et païen. Le respect dont la foi chrétienne entoure le corps a des raisons profondes. L’homme vit corps et âme. 

    Au moment de son baptême le chrétien voit son corps sanctifié avec son âme : vos corps ne sont-ils pas devenus les temples du Saint-Esprit ? S’il est serviteur de l’âme, le corps n’a-t-il pas droit aux avantages de l’âme ? Sans doute est-il temporairement corruptible, mais il ne doit pas demeurer abandonné à la mort, laissé à la pourriture. Lorsque nous portons en terre le corps de nos défunts, nous savons qu’il est promis à la résurrection. Les rites de l’absoute ont, en quelque sorte, annoncé ce mystère. L’Eglise purifie ce corps avec de l’eau bénite, elle l’entoure du parfum de l’encens. Voilà celui qu’on a pu appeler ‘le complice’ de l’âme, le voilà qui va prendre possession de sa tombe, lieu bénit pour un objet lui-même saint. Le cimetière, mot grec qui signifie l’endroit où l’on dort, est véritablement le champ du repos où le corps du fidèle sommeille en attendant son réveil ! Rien à voir avec cette destruction du crématoire qui est, paraît-il, une véritable vision d’enfer pour un anéantissement total du corps dont on ne saura plus très bien que faire des cendres : les garder dans une boîte, ou les répandre sur une portion de terrain…

   Vous voyez Notre Seigneur, arrivant à Béthanie, et n’ayant plus devant lui que le tas des cendres de son ami Lazare ! Je pense que cette page d’Evangile écrite pour la glorification de Jésus, n’aurait jamais figuré dans nos Saintes Ecritures…

   Nous sommes à une époque d’occultation lamentable des choses les plus naturelles et les plus normales. On grignote peu à peu les réflexes les plus spontanés pour les remplacer par des considérations qui font perdre à nos contemporains toute référence religieuse. C’est ce qui est le plus grave.

   Qu’on aille visiter les catacombes romaines avec leurs centaines de kilomètres de galeries au long desquelles s’alignent ces ‘loculi’, ces emplacements creusés dans le sol souterrain, fermés par des plaques d’argile ou de marbre portant les symboles chrétiens et l’on comprendra que c’est bien là que réside le respect des corps.

   Tout en respectant ceux qui font le choix de l’incinération, bien souvent pour des raisons qui leur échappent, ne nous laissons pas fasciner par les clichés modernes et athées sur la crémation. Et dans l’attente de la résurrection :

-allons visiter régulièrement les cimetières qui sont des lieux saints ?

-allons fleurir nos tombes.

-allons, à l’occasion, empêcher nos maires et nos ministres de ravager ces lieux saints pour en faire des parkings, des jeux de boules ou des immeubles de grand standing !

Là encore et toujours, soyons fiers de notre Foi ! Amen

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