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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 14:46

« Cum venerit ille arguet mundum de peccato et de justitia…de justitia vero quia ad Patrem vado et jam non videbitis me »

   Le 2ème chef d’accusation que le Saint-Esprit fera valoir contre le monde est donc celui de justice. Pour bien entrer dans le raisonnement de Jésus, il importe d’abord de distinguer les sens que peut recevoir ce mot de justice.

   On applique le mot justice à tout ce qui concerne le droit, les lois écrites et les magistrats qui ont la garde de ces lois. Ainsi je dirai : ce criminel a été remis entre les mains de la justice : et il répondra de sa faute devant la justice ; en conséquence celui qui se conduit selon l’ordre, selon la loi se tient dans la justice, il est juste. La justice désigne alors l’intégrité de celui qui se conforme aux règles du législateur : c’est ainsi que dans le langage chrétien la justice se confond avec la sainteté puisqu’elle est une conformité aussi parfaite que possible avec les pensées, les volontés du législateur suprême : Dieu. On dira qu’Adam et Eve se trouvaient dans un état de justice originelle : c’est-à-dire donc, qu’emplis de la grâce et dans une intégrité qui excluait tout désir contraire à la volonté divine, ils devaient vivre dans la sainteté.

   Enfin, la justice c’est cette vertu morale qui incline la volonté à rendre aux autres ce qui leur est dû strictement : c’est la justice-balance qui pèse le plus exactement possible ce qui revient à chacun. Saint Louis, sous son chêne à Vincennes rendait cette justice !

   De quelle justice Jésus parle-t-il ici, à propos de l’action accusatrice du Saint-Esprit ? Eh bien, je pourrais dire qu’il s’agit de toutes ces formes de justice ! Et nous allons en donner la preuve.

  1. Jésus est passé devant la justice des hommes et cette justice et les magistrats qui la détiennent n’ont pas suivi le droit, la règle des lois…mais ce point sera revu dimanche prochain à propos du jugement.
  2. Jésus s’est conduit selon l’ordre aussi bien établi par son Père, que celui établi par les chefs de son peuple. Jésus est le Juste par excellence, marqué de l’intégrité la plus absolue : il est Saint par essence (sa divinité en fait le Saint des Saints) – il est Saint aussi, selon son humanité, par son élévation personnelle dans l’ordre de la grâce : croissance mystérieuse signalée par St Luc quand il dit : « Et Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce auprès de Dieu et des hommes. » Cette justice, Jésus réclamera qu’elle soit reconnue : « Qui de vous me convaincra de péché ? – Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; mais si je les fais croyez à mes œuvres afin que vous sachiez que mon Père est en moi et que je suis dans mon Père » (Jn 10/37)

   Et cette justice sera parfois reconnue : sur la Croix le Bon Larron rappelle à son camarade de supplice : « Lui n’a rien accompli de mal. » Et après le dernier cri de Jésus, le centurion rend gloire à Dieu en disant : « Vraiment cet homme était juste »

  1. La vertu morale de justice est manifeste en Jésus. Même ses ennemis la reconnaissent et la déclarent. Les pharisiens qui viennent le tenter dans l’affaire du tribut à César lui disent : Nous savons que tu ne fais acception de personne, car tu ne regardes pas à l’extérieur des gens. Et eux-mêmes, ces pharisiens, combien de fois entendirent-ils tomber de la bouche de Jésus sur eux ce reproche d’hypocrisie sans qu’évidemment ils puissent le lui retourner !

Mais quelle est cette justice, définitivement, qui sera retenue comme chef d’accusation contre le monde ?

Il nous faut souvenir alors de l’explication que donne Notre-Seigneur : l’Esprit-Saint déclare le monde coupable du chef de justice parce que je vais au Père et désormais vous ne me verrez plus !

   Eh bien, ici, le Christ affirme solennellement sa sainteté, cette justice essentielle qui le mettait en parfaite correspondance à la volonté de son Père. Si Jésus n’avait pas été celui en qui Dieu avait été glorifié, il n’aurait pas été à son tour glorifié en Dieu (St Jean 13/32). Jésus s’en va « c’est pour peu de temps que je suis encore avec vous » disait-il à ses apôtres durant la Cène – et « où je vais vous ne pouvez venir » -du moins précise-t-il à Pierre « tu ne peux me suivre maintenant ».

   Nous avons fêté l’Ascension du Seigneur, elle est le couronnement de son œuvre de Salut, elle est le signe manifeste de l’acceptation du Père de cette offrande inouïe de la vie et de la mort de son Fils bien-aimé. Il fallait que toute justice se fit : elle fut faite : au monde de la reconnaître. Or pas plus que le monde ne se convainc de son péché, pas plus il ne reconnaît la sainteté de Jésus : sa justice !

   Quelques années plus tard, le diacre Etienne, arrêté et comparaissant devant les chefs de son peuple leur enverra courageusement au visage les paroles cinglantes que voici : «  Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles, toujours vous vous opposez à l’Esprit-Saint : tels furent vos pères, tels vous êtes vous-mêmes. Lequel des prophètes n’ont-ils pas persécuté ? ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste, celui que maintenant vous avez livré et dont vous êtes devenus les meurtriers » (Actes 7/51…) Et quelques instants plus tard St Etienne mourra à son tour, sous les pierres qu’ils lui jetteront, mais pas sans avoir eu la suprême consolation de voir ici-bas le Juste Jésus : « Voici que je vois les cieux entrouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Jésus attend déjà son martyr, son témoin : « Et moi, je vous le dis, le maître se ceindra, fera mettre à table ses serviteurs et il les servira » (St Luc 12/37)

   Et voilà prononcé la 2ème condamnation du monde : il ne croit pas en Jésus – il ne reconnaît pas sa Justice !

   Apprêtons-nous à recevoir le Saint-Esprit que Jésus nous envoie d’auprès du Père. Cette semaine exerçons-nous à ranimer ses dons ou plutôt demandons-lui de leur redonner cette vigueur qui ne devrait jamais nous quitter mais qui nous sera de plus en plus indispensable ! Amen

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