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14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 18:49

« Cumque intuerentur in caelum euntem illum dixerunt, alleluia ! »

   A sa façon, cette antienne des Vêpres et des Laudes de l’Ascension nous introduit dans une joie inattendue et presque incompréhensible : la joie du départ de Jésus. Elle se chante en écho à la finale de l’Evangile selon St Luc « Tandis que  (Jésus) les bénissait, il s’éloigna d’eux et il était emporté vers le ciel. Quant à eux, après s’être prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem avec grande allégresse. » Joie inattendue et presque incompréhensible et cependant annoncée et promise par le Maître à ses Apôtres « Vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie…et personne ne vous ravira votre joie. » Je vous rappelai, l’autre dimanche, l’avertissement du Seigneur à ses Apôtres : il vous est utile que je m’en aille ! Comment alors Jésus ne permettrait-il pas que dès son départ, une paix profonde, une joie insoupçonnable entrassent dans l’âme des siens ? Nous aurons d’ailleurs, à revenir sur ce sujet quand nous aborderons, dimanche prochain, le 2ème chef d’accusation que le Saint-Esprit présente contre le monde coupable : celui de la justice.

   Ainsi donc, cette Ascension du Christ, qui aurait pu faire la désolation de ses Apôtres et nous laisser, nous autres, au-delà de leur peine, dans la nostalgie du regret, ainsi donc cette Ascension est et demeure pour tous les fidèles de Jésus un mystère d’allégresse !

   Tout dans cette solennité nous invite à la joie : mais voyons-en quelques-uns des accents et quelques-uns des motifs, afin qu’elle sonne juste, qu’elle éclate largement en nos prières, en nos chants, en nos sentiments.
   Nous suivrons les deux premières strophes de l’hymne admirable de cette fête « Salutis humanae Sator » :

Auteur du salut des hommes

Jésus volupté des cœurs

Fondateur du monde racheté

Et chaste lumière de ceux qui vous aiment.

 

Par quelle clémence êtes-vous vaincu

Pour que vous portiez nos crimes ?

Pour qu’innocent vous subissiez la mort

Pour que vous nous arrachiez à la mort ?

 

  • « Auteur du salut des hommes. »

Alors que l’Ascension achève le cours terrestre de la vie de Jésus, qu’il nous est bon de retourner à son premier instant, à cette Incarnation, le mystère de la Sainte Incarnation, qui valut l’annonce angélique à Marie d’abord « Tu lui donneras le nom de Jésus », à Joseph ensuite « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés », aux bergers enfin « Il vous est né aujourd’hui un Sauveur ». Et voilà le nom qui couvre de sa douceur la rude tâche entreprise par le Fils de Dieu.

  • « Jésus, volupté des cœurs. »

Il est sans timidité le pieux poète qui vous interpelle ainsi ! Volupté, mot appliqué désormais aux plaisirs malsains ou troubles de l’homme pervers : mais pourquoi ne pas lui redonner ses lettres de noblesse et témoigner au bien-aimé Jésus la surabondante joie, les sentiments débordants que le cœur épris d’amour vrai ne peut plus contenir ?

  • « Fondateur du monde racheté. »

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre…et il vit que toutes les choses qu’il avait faites étaient bonnes ! Mais nous, nous savons la suite et comment la créature la plus parfaite ici-bas, l’homme, avait dans son orgueil, rompu l’harmonie, avait souillé la beauté, avait saccagé même l’œuvre de la grâce ! Mais Dieu qui avait créé l’homme d’une manière admirable, l’allait racheter d’une manière plus admirable encore. Le Fils de Dieu prenait place comme chef de toute Principauté et de toute Puissance, après avoir « employé son unique vie, si utilement, pour le Salut » de tous.

  • « Chaste lumière de ceux qui vous aiment. »

Car il y a les troubles du monde, qui ne vous suivant pas, ne peut avoir la lumière de vie. Il y a les faux éclats de la vaine science, le mirage des doctrines perverses et le miroitement obsédant des idées au goût du jour. Mais la lumière pure et sans déclin nous la chantons dans la bienheureuse nuit de Pâques « nuit illuminée comme le jour, nuit qui est mon illumination dans les délices qu’elle me procure puisqu’elle me rend mon Rédempteur. »

  • « Par quelle clémence êtes-vous vaincu ? »

Oserai-je ainsi considérer comme vaincu, celui que tout ce temps de Pâques acclame comme vainqueur ? Et pourtant si Jésus est plus fort que la mort : mort qui détruit le corps puisqu’il est ressuscité, mort qui pèse sur l’âme quand les péchés l’ont privée de Dieu, oui, Jésus plus fort que la mort puisqu’il a détruit notre mort, Jésus Roi victorieux est vaincu par sa clémence, cette sorte de faiblesse du cœur aimant qui comprend tout, qui supporte tout, qui rachète tout. Alors à nos esprits, qui devraient être surpris, interdits, confondus devant pareille acceptation, à nos esprits se présentent les humiliations de la douloureuse et infamante Passion du Christ.

   Au jardin de l’Agonie et sur le chemin du Calvaire la clémence vous a vaincu :

  •  pour que vous portiez nos crimes ;

   Au prétoire de Pilate et sur la Croix du Golgotha la clémence vous a vaincu

  • Pour qu’innocent vous subissiez la mort.

   A votre dernier souffle, au Sitio ‘j’ai soif’, et au Consummatum est ‘tout est consommé’, la clémence vous a vaincu pour que vous nous arrachiez à la mort !

   Quelle peut être grande ma joie, qu’elle doit être pleine ma reconnaissance quand je m’arrête à détailler tant de prévenances d’amour, tant de preuves de confiance. Et si Jésus monte vers le ciel, mon âme exulte de le voir retourner au Père, rentrer dans sa gloire et m’attirer quand même à Lui sans relâche : quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. « O Jésus, monté aux cieux, que mon âme et mon cœur volent vers vous et se fixent en vous dans le Ciel tandis que mon être terrestre suivra son chemin, portant sa Croix, mettant à profit les heures qui coulent sans retour, de cette unique vie où se prépare et se mérite la béatitude éternelle ! » Amen, Alléluia !

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