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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 17:58

   Nous avions donné (dimanche dernier) le sens exact du mot Paraclet sous lequel NSJC désigne l’Esprit Saint qu’il enverra. Son rôle, indiqué par ce nom sera celui d’un avocat conseil ou d’un avocat défenseur. Ainsi étions-nous introduits par un langage approprié dans les sphères de la jurisprudence, du droit. D’ailleurs dans la suite de son exposé, Jésus ne quittait pas ce domaine. Il y a beaucoup de traductions, plus ou moins claires, du passage de l’Evangile de St Jean 16/8-11. Le lectionnaire officiel que nous utilisons donne celle-ci : « Et lui quand il viendra, il confondra le monde au sujet du péché, de la justice et du jugement… » Ce n’est pas très satisfaisant. J’avoue n’avoir pas trouvé mieux que celle que je vous livre maintenant : « Quand il sera venu, il mettra le monde dans son tort, du chef de péché, du chef de justice, et du chef de jugement. » En effet, quand on a reconnu quelqu’un comme coupable, on retient contre lui ce qu’on appelle un chef d’accusation, c’est-à-dire le point principal sur lequel on l’accuse.

   Voilà donc dans la pensée de Jésus le Saint Esprit Paraclet retenant contre le monde dans lequel il pénètre 3 chefs d’accusation : le péché, la justice, le jugement. Sans doute glisse-t-on facilement sur ce passage de l’Evangile parce qu’il est ardu, mais il me semble que Jésus n’a pas parlé ce jour-là à ses Apôtres pour que nous autres laissions tomber ces précieuses indications qui précisent aussi nettement le but de l’irruption de l’Esprit dans le monde.

   Oui, je dis bien, dans le monde ! Ah ! ce monde dont on nous parle tant aujourd’hui avec la crainte maladive de le contrarier : il faut s’ouvrir au monde, il faut être à l’écoute du monde, ne nous coupons pas du monde, regardons le monde et, bonheur suprême, ayant saisi l’appel du monde, l’Eglise, enfin, va au monde !!!

   Evidemment si l’on entend par monde l’ensemble des gens qui vivent autour de nous, (comme lorsqu’on dit : j’ai rencontré du monde aujourd’hui…) nul doute qu’il nous est nécessaire de tenir compte de toutes ces personnes au contact desquelles la Providence de Dieu nous a mis, nous autres chrétiens.

   Mais ce n’est pas cela le monde que l’on conçoit dans les déclarations actuelles, c’est bien, hélas ! ce monde honni et maudit par NS lui-même. Ce monde à l’esprit perverti, incapable de revenir sur sa hargne envers Dieu parce que pourri d’orgueil et de suffisance, enfoncé dans les intempérances de la luxure, assoiffé de richesses et de bien-être, rejetant tout esprit d’obéissance à un Dieu qu’il veut ignorer ou dont il proclame, avec les arguments illusoires de sa vaine science, l’inutilité et la nocivité.

   C’est ce monde que Jésus a condamné – dont il a voulu se séparer et séparer les siens ; « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui eût été à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde et qu’au contraire je vous ai choisis et retirés du monde, à cause de cela le monde vous hait » c’est ce monde dont le Prince est Satan, celui dont je vous disais qu’il est le singe de Dieu !...

   C’est donc ce monde que le Paraclet déclarera à son tour coupable. Et le premier chef d’accusation retenu contre le monde sera le péché. Quel péché ?

   Nous voilà, de nouveau, arrêté par une difficulté de langage. On emploie en effet le mot péché aussi bien au singulier qu’au pluriel. Je dirai même qu’on a pris la singulière manie de l’employer surtout au singulier : si je regarde les traductions du missel, je trouverai à tout coup le péché, alors que me référant au latin je vois le mot ‘peccata’ qui est un pluriel : dans le Gloria je remarque 2 fois de suite « qui tollis peccata mundi » traduit ‘toi qui enlève le péché du monde’ au lieu de ‘les péchés du monde ; même formule répétée 3 fois dans l’Agnus Dei. Dans la présentation de la Sainte Hostie avant la communion même phénomène ! On ne dira pas qu’il y a là une distraction, qui couterait à chaque fois une faute à un débutant en latin…mais on reconnaîtra, au contraire, une volonté arrêtée de changer un texte par un autre. Eh bien, est-ce que cela a tellement d’importance ? Réfléchissons un instant : quand, à l’habitude, je parle du péché, je ne fais que désigner d’une façon générale cette désobéissance à la loi de Dieu qui entraîne la culpabilité de celui qui s’y laisse aller. Mais si je me mets à parler du péché du monde, je sors d’un terme de définition pour passer à une idée particulière qui a rapport à une conception intellectuelle et morale du problème du mal. Le péché du monde c’est un péché d’un genre particulier : il pourrait être la somme de tous les péchés de tous les pécheurs ! ou si vous préférez l’état de péché dans lequel se trouve le monde depuis Adam ! mais ce sens ne correspond guère au sens précisé ailleurs par Jésus et que nous allons examiner à l’instant.

   Non, je crains fort que cette traduction « le péché du monde » n’ait versé ici dans la tendance socialisante de notre époque : l’individuel disparaît au profit de la masse. Mais un chrétien lucide se doit de flairer le danger : s’il n’y a plus les péchés de chaque homme pécheur, mais une espèce de péché collectif, de péché épidémique dont on ne porte que par nature la responsabilité et non plus aussi par détermination personnelle de la volonté, alors il n’y a plus trop à s’en inquiéter : le pécheur est plus un malade qu’un coupable et on pourra se contenter d’un de ces bien pâles regrets si fréquents maintenant.

   Le péché du monde dénoncé par Jésus est celui-ci : « ils ne croient pas en moi ». Autrement dit c’est le refus catégorique de la prédication du Sauveur, de ses œuvres, de sa Personne assurant le Salut. « Si je n’étais pas venu et si je ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché : mais maintenant, ils n’ont pas d’excuse pour leur péché. » Est-ce assez clair ?

   Il y a ce péché du monde : ce refus de l’orgueil, de l’entêtement, de la vaine science qui nie tout mystère. Péché irrémissible parce que il est le résultat d’un aveuglement, désiré, voulu, consommé : c’est le fameux péché contre le Saint-Esprit : celui de la mauvaise foi, de l’endurcissement du cœur qui aboutira à l’impuissance pour l’âme de retrouver les dispositions requises pour le pardon de Dieu ! (St Matt. 12/31…)

   N’allons pas charger de ce péché du monde Notre Seigneur Jésus qui a pris ses distances par rapport à ce péché pour lequel il ne peut rien et qui consommera au dernier jour la ruine du Royaume de Satan !

   Concluons : il ne s’agit pas bien sûr pour nous de craindre d’être visés par ce péché du monde, mais bien plutôt d’en prendre fortement le contre-pied pour demander à l’Esprit divin de trouver en nous des âmes vivantes de la Foi. Le sacrement de confirmation nous fait parfaits chrétiens : le chrétien est d’abord le disciple du Christ : il écoute Jésus, il cherche à pénétrer son enseignement, il s’y applique, il le savoure, il en fait le soutien de son activité spirituelle, mais même matérielle. Passons, mes frères une semaine dans la méditation plus fréquente de l’enseignement de Jésus par l’Evangile – dans la pratique précise, chaque jour, d’une de nos actions, de nos attitudes posées dans la Foi reçue et aimée, à l’exemple de Ste Jeanne d’Arc que nous célébrons aujourd’hui. Amen

 

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