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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 14:40

   Nous disions, il y a 15 jours, dans notre dernier entretien sur la Messe, qu’elle est un Sacrifice, par représentation du Sacrifice de la Croix, et que cette représentation est essentiellement un acte sacramentel. Saint Thomas d’Aquin citant Saint Augustin s’exprime ainsi : Une seule fois le Christ a été immolé en lui-même et cependant quotidiennement il est immolé dans le sacrement.

   Rappelons tout d’abord que le sacrifice, qui apparaît comme l’acte par excellence de la religion, exige l’immolation, car « tout sacrifice est une oblation, offrande volontaire à Dieu, mais la réciproque n’est pas vraie » (St Thomas). Pour que l’oblation devienne un sacrifice, il faut qu’elle soit faite en vue du sacrifice, lequel comporte essentiellement l’immolation.

   Ceci dit, pour bien comprendre que la Messe ne saurait être présentée comme la simple offrande du sacrifice autrefois immolé, et encore moins comme une prière à Dieu pour qu’il accepte le sacrifice du Christ accompli sur la Croix (explication qui fut celle d’un frère de Taizé…)

   Cependant, il nous faut noter aussi fortement que l’oblation, et elle seule, fait de l’immolation un sacrifice. Car c’est elle qui lui donne son sens. En effet, c’est le péché qui rend la mort nécessaire : l’homme en versant son sang doit rendre à Dieu le bien qu’il avait voulu lui dérober c’est-à-dire la vie. Mais ce n’est que l’offrande qui en est faite à Dieu en esprit de réparation qui fait de cette mise à mort un sacrifice, un acte tournant à la gloire de Dieu en même temps qu’au salut et à la sanctification de l’homme : cela, dans l’Ancienne Alliance, l’homme le faisait à l’aide d’animaux. Dans la Nouvelle Alliance, le Christ, Fils de Dieu, le fera de lui-même.

   Ceci étant rappelé et acquis, nous allons en revenir au fait que la Messe étant un Sacrifice parce qu’elle est la représentation sacramentelle de celui de la Croix : cela suppose maintenant que nous comprenions bien ce qu’est un sacrement. Le sacrement est avant tout un signe (nous avons appris cela au catéchisme !), mais un signe qui est un instrument entre les mains de Dieu pour produire un effet que nous appelons la grâce. Or il ne produit que ce qu’il signifie et qu’en le signifiant. Ceci demande une explication que nous allons appliquer immédiatement et directement à la Messe elle-même.

   Dans le sacrement, il y a d’abord « le signe sacramentel lui-même » (sacramentum tantum) dans sa réalité sensible et perceptible et dans sa valeur de signification : matière, geste, parole.

   Dans la Messe, il y a d’abord « le signe sacramentel lui-même ». Saint Thomas dit que c’est le pain et le vin (la matière), offerts précise-t-il, mais il ajoute aussi l’ensemble des gestes, l’ensemble des paroles par lesquels l’Eucharistie est célébrée. Nous en tirons la conclusion que c’est cet ensemble qu’il faut considérer pour voir ce qui se fait dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire pour voir comment elle est un Sacrifice. Car, nous le savons déjà, le Sacrifice exige oblation et immolation (et ce que nous n’avons pas encore dit, mais que nous allons ajouter dès maintenant, une communion à la victime pour que le sacrifice arrive pleinement à sa fin, nous en reparlerons…)

    Or dans la Messe existent bien des cérémonies, des gestes, accompagnés de paroles prétendant constituer une offrande, une oblation = l’Offertoire, et d’autres gestes et paroles prétendant constituer une immolation = le Canon ; ce que nous prouverons par la suite.

   Faisons une remarque : que deviennent dans cet exposé l’ensemble des cérémonies qui précèdent l’offertoire : prières – chants – lectures – sermon – Credo ? Saint Thomas explique que cette partie a pour fonction de préparer le peuple à la célébration du mystère. Mais sans doute faudrait-il voir comment et pourquoi c’est une préparation. Il faut se rappeler que l’Ancienne Alliance de Dieu et du Peuple d’Israël avait pour base la Loi que le Seigneur avait donné à Moïse « Maintenant si vous écoutez ma voix…vous serez mon peuple particulier parmi tous les peuples » (Ex. 19/5). Qu’en serait-il de la Nouvelle Alliance si elle n’exigeait pas elle aussi la connaissance de la volonté de Dieu et de ses promesses : toutes choses que nous retrouvons exprimées dans cette 1ère partie de la Messe appelée avant-messe ou Messe des Catéchumènes. (on dit maintenant liturgie de la parole…)

   Nous avons donc expliqué aujourd’hui *que si la Messe représente le sacrifice de la Croix c’est par le moyen du sacrement ; *que dans un sacrement ce qui doit d’abord être retenu c’est le signe, signe sensible, perceptible à travers une chose matérielle, des gestes et des paroles (signe à travers lequel Dieu va agir et uniquement dans le sens voulu par ce signe) ; *or dans la Messe les signes accumulés sont du pain et du vin offerts, des cérémonies et des paroles qui toutes s’ordonnent dans le sens d’une offrande et d’une immolation, donc d’un sacrifice !

   Il nous restera à voir la réalité qui se fait dans le signe, c’est-à-dire une immolation en vue d’arriver à une réalité qui se fait dans la vie, c’est-à-dire là aussi une immolation. Nous serons parvenus alors au terme de l’explication que nous recherchions : comment la Messe est-elle un Sacrifice.

   Vous le voyez, cette démarche intellectuelle est ardue, et cela est normal, puisqu’il s’agit d’un mystère. Et le Saint Curé d’Ars ne nous a-t-il pas prévenus que si nous comprenions ce mystère, nous en mourrions….de bonheur ! Amen

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