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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 06:59

   Cette fête, instituée par Pie IX dès le début de son pontificat, fut plus tard rendue obligatoire pour toute l’Église, à l’époque où, après l’occupation de Rome par les troupes de Victor-Emmanuel II, le Pontife déclara saint Joseph patron de la famille catholique opprimée, et confia à son patronage la défense de l’Église. L’objet de cette solennité est la fonction spéciale, mystérieusement confiée au très pur Époux de Marie, en vertu de laquelle, de même qu’il tenait la place du Père éternel dans la sainte Famille de Nazareth et en exerçait la ‘patria potestas’ sur Jésus et Marie, il entoure maintenant de ses soins paternels l’Église catholique, extension et continuation de la société domestique de Bethléem et de Nazareth. En d’autres termes, le décret de la Sacrée Congrégation des Rites daté du 8 décembre 1870, où saint Joseph est déclaré Patron de l’Église universelle, n’est pas tant une libre élection de Pie IX, comme cela arrive parfois pour d’autres saints, choisis comme patrons de cités ou d’instituts, que la reconnaissance authentique d’un mystère évangélique et d’une disposition ineffable de Dieu envers la famille catholique.

    La fête du patronage de saint Joseph fut d’abord fixée au 3ème dimanche après Pâques ; mais quand, lors de la réforme liturgique de Pie X, on voulut restituer à l’office dominical la préséance sur celui des saints, celui de saint Joseph dut lui aussi céder sa place, et on le fixa au mercredi précédent. En compensation, la fête fut élevée à l’honneur de solennité de première classe suivie d’une octave. Dans la semaine du Bon Pasteur, l’Église célébra donc la grande fête d’un autre Bon Pasteur, la fête de saint Joseph, patron de l’Église universelle. Lui qui reçut en dépôt les deux plus grands trésors de Dieu, Jésus et Marie, est aussi le protecteur de l’Église, le corps mystique du Christ, l’Épouse du Christ. La fête du19 mars célèbre davantage la personne de saint Joseph et sa sainteté. Aujourd’hui, nous faisons du patronage du saint le mystère de la fête. Le culte de saint Joseph n’est pas encore très ancien. En Occident, il apparaît au XIVe siècle dans quelques Ordres religieux, par exemple chez les Servites (1324), les Franciscains (1399). Une nouvelle impulsion est donnée à ce culte par les grands prédicateurs de pénitence, comme saint Vincent Ferrier (+1418), saint Bernardin de Sienne (+1444). Dans les temps modernes, sainte Thérèse montra un grand zèle pour le culte de saint Joseph. Peu de temps après la canonisation de la sainte, la fête de saint Joseph fut élevée au rang de fête d’obligation ! Je vous le disais, en 1847, Pie IX institua la fête du patronage de saint Joseph, le troisième dimanche après Pâques, pour l’Église universelle. Pie X donna une octave à cette fête et la transféra au mercredi qui suit le deuxième dimanche après Pâques. On sait que le mercredi est le jour particulièrement consacré au père nourricier de Jésus. — (Sans vouloir aucunement faire tort au culte de saint Joseph, il serait très désirable, selon l’esprit de la liturgie, de transférer cette fête en dehors du temps pascal.)        

    Mais, après avoir reconnu officiellement les associations chrétiennes des travailleurs italiens le 11 mars 1945, Pie XII, s’adressant le 1er mai 1955 à 200.000 ouvriers rassemblés sur la place Saint-Pierre à Rome, leur déclara qu’il instituait une fête de Saint Joseph, ouvrier. Cette fête serait célébrée chaque année le 1er mai en sorte qu’elle puisse exercer, sur tous les travailleurs sans exception, sa bienfaisante influence dans le sens voulu par l’Évangile et préconisé par l’Église. Instituée donc en 1955, et remplaçant la fête du Patronage de St Joseph, cette fête fut un échec pastoral. En dehors du commentaire de St Albert le Grand aux Matines (3ème nocturne), on peut constater ce que devient la liturgie lorsqu’elle est considérée non plus comme le but de la pastorale mais comme un simple outil de celle-ci. Elle n’est d’ailleurs pratiquement plus célébrée…même si le 1er mai demeure la fête du travail !!!   

   L’Octave, composée sous saint Pie X, a fait appel aux plus grands docteurs de l’Antiquité chrétienne (saint Augustin, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome) et du Moyen-âge (saint Jean Damascène, saint Bernard et saint Bernardin de Sienne) pour méditer le mystère de la place de saint Joseph dans le salut et la filiation de Notre-Seigneur.

   Ecoutons pour terminer Saint Bernardin de Sienne, dans cet extrait d’un beau sermon sur saint Joseph : « Entre Marie et Joseph, il y eut un véritable mariage contracté sous l’inspiration divine. Or, dans le mariage, il y a une telle union des âmes, que l’homme et la femme sont considérés comme ne faisant qu’une personne et, par suite, réalisent ce qu’on peut appeler l’unité suprême. Ceci étant, comment peut-on se figurer que le Saint-Esprit aurait choisi, pour former une telle union avec l’âme de la Sainte Vierge, une âme qui ne lui aurait pas été entièrement semblable par la pratique des vertus ? C’est pourquoi je crois que .saint Joseph eut la plus pure virginité, la plus profonde humilité, l’amour le plus ardent et le plus grand zèle pour Dieu, ainsi que la contemplation la plus élevée. La Vierge savait que celui qui lui était donné par le Saint-Esprit, comme époux et comme gardien fidèle de sa virginité, partagerait son amour et sa sollicitude respectueuse pour le divin Enfant. C’est pourquoi elle aima saint Joseph de toute l’affection de son cœur et très sincèrement. Joseph eut pour le Christ un très ardent amour. Quand il tenait le Christ dans ses bras ou qu’il s’entretenait avec lui, qui douterait que le Christ, enfant ou adulte, n’ait produit et imprimé dans son cœur d’ineffables sentiments de douceur ? Combien de doux baisers n’a-t-il pas reçus de lui ? Avec quelle douceur n’entendait-il pas le petit Enfant balbutiant le nom de père ? Quelle suavité quand il recevait les tendres embrassements de Jésus !... » 

   Faites-nous mener, ô Joseph, une vie sans tache et qui soit toujours en sécurité sous votre patronage. Amen. Alléluia.

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