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19 juillet 2020 7 19 /07 /juillet /2020 18:03

Le dimanche d’aujourd’hui nous montre deux images opposées : une image guerrière et une image pacifique.

    La première est une image guerrière. Le livre des Exercices de saint Ignace en donne une vive peinture. Nous voyons la plaine de Babylone. Sur un trône de feu et de fumée est assis le roi du monde, Lucifer. Il rassemble tous ses soldats. Il leur donne l’ordre de s’en aller dans tout pays et dans toute ville pour tenter les hommes. Ils doivent jeter leurs chaînes et tendre leurs filets pour soumettre beaucoup de sujets à leur roi. Lucifer indique aussi à ses soldats les moyens de captiver les hommes. C’est d’abord, par le désir des biens terrestres ; puis, par la recherche du vain honneur du monde : cela les conduit à l’orgueil indomptable. Nous voyons les soldats de Lucifer s’en aller pour exécuter avec zèle leur mission. Si nous nous demandons quelle est la solde des soldats de Lucifer, nous apprenons avec horreur que l’unique solde de ces soldats, c’est la mort, la mort éternelle. Nous voyons une autre réunion de guerriers. C’est dans la plaine de Jérusalem. Là aussi, un trône est érigé. Sur ce trône est assis le Roi Jésus-Christ : «  Tous les peuples applaudissent, car terrible est le grand Roi de l’univers entier » (Intr.). Il enrôle ici aussi des soldats pour son service. Il les envoie conquérir et agrandir le royaume de Dieu. Ils doivent aller dans toute ville, dans toute maison. Le Christ, lui aussi, indique les moyens de soumettre les hommes à son empire : ses soldats doivent les amener au mépris du monde, à l’acceptation de la souffrance et de la croix, et enfin à l’humilité. Si nous demandons quelle est la récompense des soldats du Christ, on nous répond : c’est la vie éternelle. Est-ce que l’Église nous laisse le choix entre ces deux récompenses ? Non, nous avons déjà choisi. Déjà, dans le baptême, nous avons renoncé au service de Lucifer. Quand le prêtre nous demanda : Renoncez-vous au démon, nous avons répondu : j’y renonce. Nous avons reconnu de tout cœur le Christ pour notre véritable Roi. Si l’Église a mis sous nos yeux cette image, c’était simplement pour que nous nous rappelions avec gratitude notre délivrance du joug de l’esclavage. Le dimanche est un jour de Pâques, un jour de baptême. Renouvelons nos promesses du baptême. Ne soyons pas des traîtres, des déserteurs, en adhérant tantôt à un parti, tantôt à l’autre. Rangeons-nous aujourd’hui de toute notre âme sous les étendards du divin chef de l’armée du ciel.

   La seconde image est une image pacifique. Nous entrons dans un beau jardin bien entretenu où se trouvent des arbres fruitiers innombrables. Dans ce jardin, le jardinier et ses aides travaillent inlassablement. A travers le jardin coule un ruisseau qui apporte la fraîcheur aux arbres. Le soleil brille avec une chaleur douce ; il fait mûrir les pommes rougissantes. Or, le maître de la maison vient trouver le jardinier. Tous les deux examinent un arbre qui a bien des feuilles, mais ne porte aucun fruit. Le maître secoue pensivement la tête et dit : « Il y a des années que je viens ici pour chercher des fruits sur cet arbre et je n’en trouve pas. Abats-le donc. Pourquoi occupe-t-il la terre ? » Le jardinier intercède auprès du maître : « Maître, laisse-le encore debout cette année. Je creuserai tout autour et je mettrai du fumier. Peut-être portera-t-il des fruits dans l’avenir. Sinon, tu pourras le faire abattre » (Luc, 13, 7 sq.). Le père de famille se laisse toucher. Tous les deux s’en vont. Ils voient les arbres chargés de beaux fruits et se réjouissent dans leur cœur. — Comprenons-nous cette seconde image ? Dans la première, il nous fallait choisir entre le Christ et le diable. Dans la seconde, nous entrons dans le jardin de l’Église. Chaque chrétien est un arbre de ce jardin. Le jardinier, c’est le Christ qui plante, nourrit, lie et appuie les arbres. Le ruisseau a jailli de la plaie du côté du Christ et coule dans les sacrements à travers le jardin de l’Église. Le soleil est le Saint-Esprit qui fait mûrir les fruits. Or, le père de famille circule avec le jardinier à travers les rangées d’arbres. Maintenant, Dieu le Père et le Christ visitent notre âme. Ils l’examinent en tenant compte non de la belle couronne de feuilles, mais des fruits, c’est-à-dire : des bonnes œuvres. Ils s’arrêtent devant un arbre. C’est moi. Hélas ! J’ai bien des feuilles, mais peu ou pas de fruits. Le Père de famille me regarde avec sévérité, mais le Christ prie pour moi. Il prie en ce moment à la messe ; il rappelle sa Croix.

Saint Paul nous présente dans une puissante antithèse deux images : l’esclave du péché et l’esclave de Dieu. Autrefois, avant notre conversion, nous étions soumis à la tyrannie du péché et nous mettions toutes nos forces à son service. Maintenant, nous servons Dieu et nous devons mettre notre âme, notre corps et notre vie à son service. C’est là la véritable liberté. Le fruit d’une telle vie, c’est la sainteté, et sa fin est la béatitude éternelle. « Mais maintenant que vous êtes délivrés du péché, vous avez comme fruit la sainteté, et comme fin la vie éternelle ». Ce sont là des paroles que le monde entier devrait méditer.

   Jésus parle, dans l’Evangile des tentateurs (faux-prophètes) et nous indique à quels signes nous les reconnaîtrons : leurs œuvres. Que veut nous dire l’Église ? Elle nous enseigne à distinguer la véritable vie chrétienne de la fausse. On reconnaît l’arbre à ses fruits ; de même on reconnaît le vrai chrétien non pas à ses paroles pieuses, mais à la manière dont il accomplit la volonté de Dieu. Gardons-nous donc de l’illusion ; sommes-nous un bon arbre avec de bons fruits ?

   Le fruit du Saint-Sacrifice est, aujourd’hui, la force et la grâce d’accomplir la volonté de Dieu, d’être un esclave de Dieu, un bon arbre. Amen

 

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