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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 07:30

   Après avoir offert le pain et l’avoir déposé sur le corporal, la patène étant remisée sous le corporal, le prêtre se dirige avec le calice recouvert du linge appelé purificatoire vers le côté de l’autel qui pour l’assemblée des fidèles est à droite et qu’on nomme parfois côté de l’épître, parce que c’est de ce côté qu’est lu ce texte. Il essuie avec précaution la coupe du calice avant d’y déposer le vin qui a été amené par les servants de messe ainsi qu’un peu d’eau. Ce mélange demande qu’on s’y arrête. Pourquoi cet ajout d’un peu d’eau ?

   La première raison est que le vin dont s’est servi Jésus le soir du Jeudi-Saint était coupé d’un peu d’eau. Ainsi en usaient les Juifs dans le repas pascal. Ce fait est appuyé en outre sur le témoignage unanime des plus anciennes liturgies et des saints Pères (on appelle ainsi les anciens écrivains des débuts de l’Eglise dont l’autorité fait foi en de nombreux domaines.)

   L’autre raison (une deuxième) est donnée par la prière qui accompagne cette action. Cette prière rappelle que Dieu avait créé la nature humaine d’une manière admirable : rappelons-nous Adam et Eve avant leur péché - mais il l’a réformée d’une manière plus admirable encore en chargeant son Fils lui-même de cette restauration. « L’amour, la sagesse, la puissance de Dieu éclatent avec une splendeur incomparablement plus grande dans la rédemption que dans la création. » L’Eglise nous fait chanter dans l’Exsultet de la nuit pascale « nihil nobis nasci profuit, nisi redimi profuisset » Il nous eût été d’aucun profit de naître si nous n’avions eu celui d’être rachetés.

   Entre parenthèses, voilà de quoi rassurer ceux qui se demandent si c’est un bien que d’être apparu sur cette terre. Profiter de l’amour rédempteur du Christ ne peut se comparer à être resté dans le néant.

Or c’est bien cela que marque le mélange de l’eau et du vin. Le vin élément noble et précieux est le symbole de la divinité de Jésus - l’eau substance si mobile est le symbole de l’humanité fragile et inconstante. Or Notre Seigneur a voulu unir dans sa personne l’une et l’autre afin de nous permettre à nous d’être transformés : les gouttes d’eau versées dans le calice se perdent dans le vin, en prennent les propriétés. Ainsi du contact avec Jésus nous sommes pénétrés de sa grâce divine.

   Il est à remarquer d’ailleurs qu’avant de la faire tomber dans le calice, le prêtre bénit l’eau. Puisque cette eau est l’image des chrétiens elle a besoin de recevoir cette marque qui la relève alors que le vin n’a pas besoin de cette élévation puisqu’il représente NS qui par son union avec son peuple ne reçoit aucun bien mais plutôt le comble de tous dons.

   Il faudrait aussi noter une 3ème raison de ce mélange de l’eau et du vin. Dans la liturgie grecque quand le prêtre prépare les offrandes il transperce le pain d’un coup d’une petite lancette tandis qu’au même moment un diacre verse dans le calice le vin et l’eau en disant : Un des soldats lui transperça le côté de sa lance et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Il y a donc là une référence à l’Evangile et la liturgie grecque pense à ce sang précieux symbolisé par le vin, et à l’eau qui coula du flanc transpercé du Sauveur.

   Ayant ainsi préparé le calice, le prêtre revient avec lui au milieu de l’autel pour en faire l’oblation. Il l’élève à la hauteur de ses yeux lesquels sont fixés pendant ce temps sur la Croix. Le prêtre ne fera plus ici mention de son indignité et au lieu de parler au singulier comme à l’oblation de l’hostie, il parle au pluriel « Nous vous offrons, Seigneur, le calice du salut » C’est qu’en effet, à présent, par ce fameux mélange de l’eau avec le vin, la communauté des fidèles est directement représentée.

Il offre le calice du salut. C’est comme nous l’avons vu pour l’hostie. Il y a anticipation. Le calice ne sera réellement celui du salut que lorsque le sang de Jésus y aura pris la place du vin. Mais le sacrifice est déjà engagé par l’oblation du calice et de l’hostie d’où l’importance de l’offertoire que nous avons signalée il ya quelques semaines.

   En offrant le calice le prêtre emploie une bien jolie expression quoique quelque peu mystérieuse. Il dit en effet que ce calice monte vers la divine majesté « cum odore suavitatis » avec une odeur de suavité. On hésite la plupart du temps à donner cette traduction mot à mot. On la remplace par exemple par « un parfum agréable » ou « d’agréable odeur ». Or cette expression est fréquente dans les textes bibliques et a été souvent reprise dans toutes les liturgies. Ainsi Noé, quand le déluge est terminé, et qu’il est sorti de l’Arche, s’empresse d’offrir un sacrifice à Dieu et le Seigneur dit le texte sentit une odeur de suavité et il dit : Je ne répandrai plus ma malédiction sur la terre. Il est bien évident que le sacrifice que nous préparons, que le sang du calice de la Divine Victime sera reçu avec encore plus de complaisance par le Seigneur ! Rien de plus suave que l’odeur de ce Sang du Sauveur qui afflue au Cœur de notre Seigneur.

   Le prêtre reposera alors le calice, comme il l’avait fait pour l’hostie, en traçant avec lui, au-dessus du corporal le signe de la Croix : c’est le même sang qui va couler sur l’autel qui jaillit autrefois sur la Croix des plaies du Sauveur.

   Voyez mes frères comme il y a matière à une profonde réflexion dans tous ces gestes, dans tous ces rites exécutés au cours de notre messe. Nous les gardons précieusement. A chaque messe faites-les vivre dans votre cœur ! Amen

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