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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 06:45

Après les grandes victoires d’Orléans, de Beaugency et de Patay, Jeanne d’Arc n’a plus qu’un souci : gagner Reims au plus vite pour hâter l’heure où s’accomplirait la promesse qu’elle avait reçue du Ciel de voir couronner sous ses yeux l’héritier légitime du trône de France. Le lundi 27 juin 1429 elle donne le signal du départ. L’épouse de Charles VII, Marie d’Anjou était venue rejoindre le Dauphin pour l’accompagner dans la ville du sacre et être couronnée à ses côtés. Hélas voilà que celui-ci renonce à se faire accompagner de son épouse. Il faut sans doute reconnaître là une des nombreuses manœuvres du favori du roi le sire de la Trémoille. Ce personnage est un triste sire qui abuse en permanence de la confiance du roi qui en a fait son favori. La Trémoille est immensément riche et cependant il fait des prêts usuraires à son souverain qui, lui, est pauvre. Il se fait verser des dons scandaleux à l’occasion de services rendus. Ses relations avec la cour de Bourgogne et le régent Bedford sont plus ou moins avouables. D’un mot, le pauvre Dauphin entretient un traître, un serpent auprès de lui. En éloignant la Reine, La Trémoille sait qu’il prive Jeanne d’une alliée, elle croit en sa mission et garde au cœur un véritable culte pour l’Envoyée de Dieu. Le mercredi 29, jour de la St Pierre, le roi se met enfin en route. Il est entouré de chefs vaillants et expérimentés, heureusement la plupart amis de Jeanne, et de 12.000 hommes d’armes. Le 1er juillet, on arrive sous les murs d’Auxerre : Jeanne voulait prendre la ville d’assaut, mais les habitants traiteront avec La Trémoille, achetant ses bonnes grâces en lui versant 2000 écus. Il fit conclure à Charles un arrangement boiteux. En principe, donc, les habitants de Troyes agiraient comme ceux d’Auxerre, de Châlons et de Reims. Or Troyes était occupée par un corps de cinq à six cents Anglo-Bourguignons sous le commandement d’officiers choisis par Bedford. La garnison de Troyes vint à la rencontre des Français : elle fut repoussée. Le roi Charles écrivit une lettre par laquelle il avertissait de son intention de traverser la ville le lendemain même. De son côté Jeanne avait écrit aux habitants de Troyes. Quand les envoyés du roi se présentèrent avec sa lettre, on leur refusa l’entrée de la ville mais on accepta le message pour en discuter les termes. La délibération conclut qu’on avait fait allégeance au duc de Bourgogne et que même si les Troyens avaient bon vouloir d’admettre l’armée royale, la troupe anglo-bourguignonne qui occupait leur cité était de taille à imposer sa volonté. Quand à la lettre de Jeanne on s’en moqua. On traita la Pucelle de hâbleuse, plusieurs la déclarèrent possédée de Satan : on jeta sa missive au feu.

L’armée royale allait piétiner devant la ville. Les pauvres soldats manquaient de ravitaillement, la moitié n’avait pas mangé de pain depuis huit jours. Plusieurs étaient morts de faim, les autres se jetaient dans les champs d’alentour pour dévorer les épis de blé encore verts ou des fèves qui se trouvaient là en quantité. Le conseil du roi convoqué sans la présence de Jeanne prit la décision de rebrousser chemin. Heureusement un coup retentit à la porte du conseil : on ouvrit, c’était Jeanne qui venait d’être avertie par ses voix. On lui exposa quand même la délibération. Séance tenante Jeanne se tourna vers le Dauphin :

-Croirez-vous à mes paroles, Sire.

-Je ne sais dit-il. Si vous me dites chose raisonnable et profitable, je vous croirai volontiers.

-Serai-je crue, répète l’héroïne

-Oui, selon ce que vous direz.

-Noble Dauphin, ordonnez à vos gens d’assiéger Troyes et ne tenez pas de plus longs conseils car, au nom de Dieu, avant trois jours je vous introduirai dans cette ville, par amour ou par force et la fausse Bourgogne sera bien stupéfaite.

-Jeanne, répliqua le chancelier Regnault de Chartres, d’un air incrédule, si l’on était certain d’y être dans six jours, on attendrait bien, mais je ne sais si ce que vous dites est vrai !

« Peinée du peu de confiance qui accueille des affirmations venant non d’elle-même, mais de ses Saintes, la Pucelle fixa le monarque de son œil inspiré :

-Cessez de douter, s’écrie-t-elle. Demain vous serez maître de la ville.

En sortant du Conseil Jeanne s’active en tous sens. Elle fait construire des retranchements pour l’artillerie. Dès qu’un ouvrage est terminé on passe à un autre. On va travailler toute la nuit. Au matin sa voix retentit « A l’assaut » . Or, soudain, les portes de la ville s’ouvrent : on voit apparaître l’évêque et les principaux bourgeois qui demandent à capituler. En voyant les travaux organisés par la Pucelle, les habitants avaient été pris de panique. Le roi se montra facile : les soldats anglo-bourguignons auraient la vie sauve et se retireraient le lendemain matin avec armes et bagages. Le souverain, la cour et la garnison française pénétrèrent dans la place et quelque temps après l’armée royale la traversait toute entière. L’annonce de l’accord fut accueillie avec une joie débordante : les habitants accourent en foule vers les tentes des Français : on s’embrasse, on fraternise. C’est le bonheur d’un peuple rentré dans le devoir, c’est surtout la récompense de la loyale soumission du roi aux ordres de Dieu.

Il restait aux habitants de Troyes à écrire à ceux de Reims pour leur détailler ces évènements et les engager à suivre leur exemple. En même temps que les habitants de Reims recevaient cette missive ; il leur en arrivait une autre de Charles VII les engageant à se préparer à son arrivée pour son sacre. « Nous vous ordonnons, sommons et requérons encore une fois au nom de la fidélité et de l’obéissance que vous nous devez, de vous disposer, ainsi que vous y êtes tenus, à nous faire en cette ville de Reims, la réception que vous avez faite à nos prédécesseurs » Donné en notre ville de Troyes, le 11 juillet. Signé Charles.

En ce jour de fête, admirons comme notre Roi céleste s’occupe de ceux qui sont à Lui. Amen

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